Israël - 31 juillet 2011
Kidnappée et séquestrée par Israël du 8 au 13 juillet
Par Fatima Ghouadni
Fatima Ghouadni est française et habite à Bordeaux. Elle est originaire de la tribu des Ouled Merah (Ghriss, ex-Thiersville, wilaya de Mascara, Algérie)
J'ai souhaité répondre à l'invitation des organisations palestiniens qui nous ont proposé de les rejoindre, en Palestine occupée, du 8 au 16 juillet, et j'avais prévu de rester une semaine de plus, jusqu'au 21 juillet. Je souhaitais visiter Jérusalem, me joindre aux activités de la mission et témoigner ainsi de mon soutien à la cause palestinienne, aux justes revendications du peuple pour le droit au retour, le droit à se libérer de l'occupation sioniste, le droit à vivre en paix sur sa terre, à y circuler librement, comme n'importe quel autre peuple qui dispose de son destin.
C'est dans cet état d'esprit que je me suis inscrite avec beaucoup d'espoir à "Bienvenue en Palestine" mais l'expérience a vite tourné au cauchemar à cause de la pathologie de la toute-puissance que développe l'Etat israélien et de son mépris des êtres humains.
Le retour du groupe à Toulouse, le 14 juillet
Vendredi 8 juillet 2011 - Arrivée vol Alitalia Rome/Tel Aviv à l'aéroport Ben Gourion à 13h40
Nous étions trois, Joël, Claudine et moi-même. Nous sommes arrivés normalement, sommes passés par le "tube" et juste avant de sortir de ce "tube" pour entrer dans le couloir en vitres qui mène au hall d'arrivée, nous voyons un groupe d'environ 8 personnes en uniforme bleu marine et chemise bleu clair. Ils se sont regardés et nous encadrent instantanément, 3 devant nous, 3 dernière nous et 1 de chaque côté. Nous avons marché quelques mètres avec cette escorte, qui s'est effacée très vite. Pour gagner du temps et nous permettre de laisser arriver tous nos compagnons, nous sommes allés nous rafraichir quelques minutes.
Puis nous sommes partis dans la zone de présentation des passeports pour l'obtention du visa d'entrée. Comme nous savions qu'ils pratiquaient la ségrégation, nous avions décidé d'un commun accord que les gens "colorés" ou au nom à consonance arabe passerait en premier pendant que les "blancs" restaient à l'arrière pour s'assurer qu'il ne nous arrive rien de fâcheux. Nadia (de Belgique), qui était dans un autre groupe, m'a rejoint dans la file. J'avance jusqu'au guichet et je présente mon passeport à l'employée. Elle me demande mon nom, que je lui indique, le prénom de mon père et ensuite le prénom de mon grand-père et elle me demande de lui écrire ces prénoms. Je lui demande si elle veut aussi le nom de ma mère, et elle me répond que non, ce qu'elle veut savoir, c'est où je vais. Je lui réponds que je vais à Bethléem. A ce moment là, elle m'a fait signe de patienter et j'ai eu l'impression qu'elle cherchait mon nom sur son ordinateur. Puis immédiatement, elle m'a à nouveau fait signe de patienter et il m'a semblé, à voir le mouvement vers l'avant de son corps, qu'elle appuyait sur un bouton ou une sonnette. Aussitôt deux hommes en uniforme gris m'ont encadrée, l'un est passé du côté du guichet pour prendre mon passeport, ils se sont fait un signe et le second a disparu. Celui qui avait mon passeport m'a demandé de le suivre et nous sommes allés dans une salle d'attente, toujours dans le hall d'entrée, où se trouvaient déjà une trentaine de personnes.
Je rentre, et un policier en tenue bleu marine et chemise bleu clair me demande de m'asseoir. Je lui demande pourquoi je suis là et il me répond dans un français parfait que c'est "pour faire des vérifications". Je lui demande lesquelles, et il me répond, "peut-être que vous-même vous les ignorez". Il me dit : "Cela ne va pas durer longtemps, voulez-vous de l'eau ?" Je lui dis que oui, et il me porte un verre d'eau. Je me rends compte que je ne connais personne des gens présents dans cette salle, en attente comme moi, jusqu'au moment où Nadia, qui était ma voisine au guichet des visas, arrive. Je comprends en la voyant entrer que "l'écrémage" avait commencé et que peut-être les autres personnes qui étaient là étaient des militants de la mission que je ne connaissais pas. Le policier est revenu et nous a dit : "Dès que les vérifications sont faites, on vous appellera pour vous remettre votre passeport et vous pourrez partir." Il a commencé à appeler des gens que je voyais sortir, sans savoir où ils allaient. Quand mon tour est venu, il m'a appelé par mon nom, Fatima Ghouadni, et je l'ai suivi par un escalier étroit jusqu'au premier étage, dans une salle où se trouvaient déjà une soixante de personnes.
Je ne connaissais personne, le groupe étant constitué des militants belges arrivés par le vol précédent, vers 12h30. Le policier a disparu et j'ai été "accueillie" par un groupe d'une dizaine d'hommes en uniforme gris sombre et certains en civil, à qui le policier avait transmis mon passeport en le déposant dans une corbeille.
Je suis restée dans cette salle au moins 3 heures, au cours desquelles d'autres militants nous ont rejoints, au fur et à mesure qu'arrivaient les avions transportant les militants, où nous avons été filmés et photographiés en permanence. A un moment donné, fatigués par ces prises de vue continues, les policiers ont posé les caméras sur un réfrigérateur, orientées vers nous, et filmant automatiquement de façon continue.
Les officiers ne cessaient de nous demander de changer de place, nous indiquant à côté de qui nous devions aller nous asseoir. Tous les quarts d'heure, il fallait changer pour aller s'asseoir à côté d'une autre personne. "Vous, là, vous vous mettez là, ensemble". "Vous, là, vous ne restez pas ensemble".
Pendant ces 3 heures, ils nous ont indiqué plusieurs fois : "Ceux qui ont soif auront à boire dans cinq minutes et vous aurez aussi vos passeports." Nous n'avons eu ni l'un ni l'autre.
Kidnappée et séquestrée par Israël du 8 au 13 juillet
Par Fatima Ghouadni
Fatima Ghouadni est française et habite à Bordeaux. Elle est originaire de la tribu des Ouled Merah (Ghriss, ex-Thiersville, wilaya de Mascara, Algérie)
J'ai souhaité répondre à l'invitation des organisations palestiniens qui nous ont proposé de les rejoindre, en Palestine occupée, du 8 au 16 juillet, et j'avais prévu de rester une semaine de plus, jusqu'au 21 juillet. Je souhaitais visiter Jérusalem, me joindre aux activités de la mission et témoigner ainsi de mon soutien à la cause palestinienne, aux justes revendications du peuple pour le droit au retour, le droit à se libérer de l'occupation sioniste, le droit à vivre en paix sur sa terre, à y circuler librement, comme n'importe quel autre peuple qui dispose de son destin.
C'est dans cet état d'esprit que je me suis inscrite avec beaucoup d'espoir à "Bienvenue en Palestine" mais l'expérience a vite tourné au cauchemar à cause de la pathologie de la toute-puissance que développe l'Etat israélien et de son mépris des êtres humains.
Le retour du groupe à Toulouse, le 14 juillet
Vendredi 8 juillet 2011 - Arrivée vol Alitalia Rome/Tel Aviv à l'aéroport Ben Gourion à 13h40
Nous étions trois, Joël, Claudine et moi-même. Nous sommes arrivés normalement, sommes passés par le "tube" et juste avant de sortir de ce "tube" pour entrer dans le couloir en vitres qui mène au hall d'arrivée, nous voyons un groupe d'environ 8 personnes en uniforme bleu marine et chemise bleu clair. Ils se sont regardés et nous encadrent instantanément, 3 devant nous, 3 dernière nous et 1 de chaque côté. Nous avons marché quelques mètres avec cette escorte, qui s'est effacée très vite. Pour gagner du temps et nous permettre de laisser arriver tous nos compagnons, nous sommes allés nous rafraichir quelques minutes.
Puis nous sommes partis dans la zone de présentation des passeports pour l'obtention du visa d'entrée. Comme nous savions qu'ils pratiquaient la ségrégation, nous avions décidé d'un commun accord que les gens "colorés" ou au nom à consonance arabe passerait en premier pendant que les "blancs" restaient à l'arrière pour s'assurer qu'il ne nous arrive rien de fâcheux. Nadia (de Belgique), qui était dans un autre groupe, m'a rejoint dans la file. J'avance jusqu'au guichet et je présente mon passeport à l'employée. Elle me demande mon nom, que je lui indique, le prénom de mon père et ensuite le prénom de mon grand-père et elle me demande de lui écrire ces prénoms. Je lui demande si elle veut aussi le nom de ma mère, et elle me répond que non, ce qu'elle veut savoir, c'est où je vais. Je lui réponds que je vais à Bethléem. A ce moment là, elle m'a fait signe de patienter et j'ai eu l'impression qu'elle cherchait mon nom sur son ordinateur. Puis immédiatement, elle m'a à nouveau fait signe de patienter et il m'a semblé, à voir le mouvement vers l'avant de son corps, qu'elle appuyait sur un bouton ou une sonnette. Aussitôt deux hommes en uniforme gris m'ont encadrée, l'un est passé du côté du guichet pour prendre mon passeport, ils se sont fait un signe et le second a disparu. Celui qui avait mon passeport m'a demandé de le suivre et nous sommes allés dans une salle d'attente, toujours dans le hall d'entrée, où se trouvaient déjà une trentaine de personnes.
Je rentre, et un policier en tenue bleu marine et chemise bleu clair me demande de m'asseoir. Je lui demande pourquoi je suis là et il me répond dans un français parfait que c'est "pour faire des vérifications". Je lui demande lesquelles, et il me répond, "peut-être que vous-même vous les ignorez". Il me dit : "Cela ne va pas durer longtemps, voulez-vous de l'eau ?" Je lui dis que oui, et il me porte un verre d'eau. Je me rends compte que je ne connais personne des gens présents dans cette salle, en attente comme moi, jusqu'au moment où Nadia, qui était ma voisine au guichet des visas, arrive. Je comprends en la voyant entrer que "l'écrémage" avait commencé et que peut-être les autres personnes qui étaient là étaient des militants de la mission que je ne connaissais pas. Le policier est revenu et nous a dit : "Dès que les vérifications sont faites, on vous appellera pour vous remettre votre passeport et vous pourrez partir." Il a commencé à appeler des gens que je voyais sortir, sans savoir où ils allaient. Quand mon tour est venu, il m'a appelé par mon nom, Fatima Ghouadni, et je l'ai suivi par un escalier étroit jusqu'au premier étage, dans une salle où se trouvaient déjà une soixante de personnes.
Je ne connaissais personne, le groupe étant constitué des militants belges arrivés par le vol précédent, vers 12h30. Le policier a disparu et j'ai été "accueillie" par un groupe d'une dizaine d'hommes en uniforme gris sombre et certains en civil, à qui le policier avait transmis mon passeport en le déposant dans une corbeille.
Je suis restée dans cette salle au moins 3 heures, au cours desquelles d'autres militants nous ont rejoints, au fur et à mesure qu'arrivaient les avions transportant les militants, où nous avons été filmés et photographiés en permanence. A un moment donné, fatigués par ces prises de vue continues, les policiers ont posé les caméras sur un réfrigérateur, orientées vers nous, et filmant automatiquement de façon continue.
Les officiers ne cessaient de nous demander de changer de place, nous indiquant à côté de qui nous devions aller nous asseoir. Tous les quarts d'heure, il fallait changer pour aller s'asseoir à côté d'une autre personne. "Vous, là, vous vous mettez là, ensemble". "Vous, là, vous ne restez pas ensemble".
Pendant ces 3 heures, ils nous ont indiqué plusieurs fois : "Ceux qui ont soif auront à boire dans cinq minutes et vous aurez aussi vos passeports." Nous n'avons eu ni l'un ni l'autre.
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