La réunion de Rabat, décisive pour le dossier syrien
La pression sur ce pays monte d’un cran
Application des sanctions économiques et politiques
La percée diplomatique marocaine se confirme de jour en jour. Et c’est probablement l’une des victoires incontestables que le gouvernement sortant pourra revendiquer à son tableau de chasse. Après le dossier libyen, et la lucidité dont ont fait preuve les équipes de Taïeb Fassi Fihri en reconnaissant de manière précoce le gouvernement de transition, ou encore la victoire au Conseil de sécurité, c’est sur la scène arabe qu’elles semblent s’illustrer. Dès aujourd’hui, les caméras du monde entier sont braquées sur Rabat. Et pour cause, le Conseil de la Ligue arabe y tient une réunion extraordinaire sur la Syrie, en marge du Forum de coopération arabo-turc. Le groupement, que l’on taxait pendant des années de coquille vide, retrouve ces dernières semaines une vigueur inédite. Les exactions commises par le gouvernement El Assad lui offre sans doute l’occasion d’une réactivation.
En tout cas, l’ordre du jour de cette rencontre sera consacré à l’examen des mesures prises par le secrétaire général de la Ligue arabe et l’opposition syrienne pour permettre l’arrêt des violences. L’annonce a été faite par Cheikh Hamad ben Jassem, Premier ministre et chef de la diplomatie qatarie à l’issue de la réunion du Caire samedi dernier. Son pays assure la présidence en exercice du Conseil de la Ligue arabe. Il est difficile d’anticiper l’issue de la réunion d’aujourd’hui. Mais il faudra s’attendre à ce que les ministres arabes des Affaires étrangères montent d’un cran dans les mesures de rétorsion contre la Syrie. Rabat servira à entériner la décision de la Ligue arabe et à passer à l’application des sanctions économiques et politiques. En pratique, il faudra voir comment activer la décision de suspendre la participation de la Syrie de toutes les réunions de la Ligue arabe tant que le plan arabe de sortie de crise n’aura pas été mis en œuvre. Cette suspension doit prendre effet aujourd’hui 16 novembre. Normalement, les ambassadeurs arabes accrédités à Damas devraient plier bagages. Le Conseil avait demandé aux pays arabes de retirer leurs diplomates et d’appliquer des sanctions politiques et économiques contre le pouvoir syrien.
Il y a longtemps que les pays arabes ne s’étaient mis d’accord sur un dossier à tel point qu’une expression était devenue célèbre: «les Arabes ont uni leurs voix pour ne pas s’unir». Pour une fois, ils ont décidé de parler d’une seule voix. Une exception qui confirme la règle. En effet, la feuille de route arabe de sortie de crise exige l’arrêt des violences pour protéger les civils, la libération des prisonniers politiques et l’évacuation des villes et des zones en proie à des conflits armés. Dans le package, la Syrie doit permettre aux médias internationaux et aux organisations de la Ligue arabe de pouvoir circuler librement à travers le pays. Après que des avancées soient constatées sur le terrain, un comité ministériel arabe mènera les consultations avec le gouvernement et l’opposition en vue de préparer une conférence de dialogue national dans un délai de deux semaines. Après un accord formel, Damas s’est rétracté et a réclamé un sommet arabe extraordinaire. Considérée comme une diversion pour gagner du temps et continuer à massacrer les populations civiles, la demande a été rejetée.
En attendant, le refus de la Syrie n’a fait que braquer les pays même les plus proches. La Turquie, très engagée dans ce dossier, est sur la même ligne que la Ligue arabe. Son ministre des Affaires étrangères vient de recevoir Burhan Ghalioune, président du Conseil national syrien, instance qui regroupe l’opposition au régime.
Le roi Abdallah de Jordanie est le premier chef d’Etat arabe à demander à Bachar Al Assad de partir. Nabil Al Arabi, secrétaire général de la Ligue arabe, avait tiré la sonnette d’alarme sur «les répercussions catastrophiques d’un échec du plan arabe sur la Syrie et sur la région». Il avait prévenu qu’en cas de poursuites de violences, il sera dans l’obligation d’entreprendre les contacts nécessaires avec les organisations internationales chargées de la défense des droits humains, y compris l’ONU. Amnesty international n’a pas laissé passer l’occasion sans réagir. Ainsi, l’ONG a estimé que la décision de la Ligue arabe devrait susciter une action du Conseil de sécurité de l’ONU.
Sur le plan international, la décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie a été applaudie. Pour Washington, «c’est le bon choix, une position historique qui renforce la pression sur la Syrie». Du côté de l’Union européenne, le soutien est franc. La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, salue les mesures fortes prises par la Ligue arabe à l’encontre de sa population. Son pays «appelle la communauté internationale à entendre le message adressé par les pays arabes, à prendre ses responsabilités et à agir en conséquence pour faire cesser la violence, protéger la population civile et permettre qu’une transition politique s’engage en Syrie».
L’unanimité est incontestable à l’exception du veto de la Russie et de la Chine qui ne veulent pas d’une «Libye-bis». Une occasion pour ces deux pays de rappeler qu’ils sont de grandes puissances.
l'economiste
La pression sur ce pays monte d’un cran
Application des sanctions économiques et politiques
La percée diplomatique marocaine se confirme de jour en jour. Et c’est probablement l’une des victoires incontestables que le gouvernement sortant pourra revendiquer à son tableau de chasse. Après le dossier libyen, et la lucidité dont ont fait preuve les équipes de Taïeb Fassi Fihri en reconnaissant de manière précoce le gouvernement de transition, ou encore la victoire au Conseil de sécurité, c’est sur la scène arabe qu’elles semblent s’illustrer. Dès aujourd’hui, les caméras du monde entier sont braquées sur Rabat. Et pour cause, le Conseil de la Ligue arabe y tient une réunion extraordinaire sur la Syrie, en marge du Forum de coopération arabo-turc. Le groupement, que l’on taxait pendant des années de coquille vide, retrouve ces dernières semaines une vigueur inédite. Les exactions commises par le gouvernement El Assad lui offre sans doute l’occasion d’une réactivation.
En tout cas, l’ordre du jour de cette rencontre sera consacré à l’examen des mesures prises par le secrétaire général de la Ligue arabe et l’opposition syrienne pour permettre l’arrêt des violences. L’annonce a été faite par Cheikh Hamad ben Jassem, Premier ministre et chef de la diplomatie qatarie à l’issue de la réunion du Caire samedi dernier. Son pays assure la présidence en exercice du Conseil de la Ligue arabe. Il est difficile d’anticiper l’issue de la réunion d’aujourd’hui. Mais il faudra s’attendre à ce que les ministres arabes des Affaires étrangères montent d’un cran dans les mesures de rétorsion contre la Syrie. Rabat servira à entériner la décision de la Ligue arabe et à passer à l’application des sanctions économiques et politiques. En pratique, il faudra voir comment activer la décision de suspendre la participation de la Syrie de toutes les réunions de la Ligue arabe tant que le plan arabe de sortie de crise n’aura pas été mis en œuvre. Cette suspension doit prendre effet aujourd’hui 16 novembre. Normalement, les ambassadeurs arabes accrédités à Damas devraient plier bagages. Le Conseil avait demandé aux pays arabes de retirer leurs diplomates et d’appliquer des sanctions politiques et économiques contre le pouvoir syrien.
Il y a longtemps que les pays arabes ne s’étaient mis d’accord sur un dossier à tel point qu’une expression était devenue célèbre: «les Arabes ont uni leurs voix pour ne pas s’unir». Pour une fois, ils ont décidé de parler d’une seule voix. Une exception qui confirme la règle. En effet, la feuille de route arabe de sortie de crise exige l’arrêt des violences pour protéger les civils, la libération des prisonniers politiques et l’évacuation des villes et des zones en proie à des conflits armés. Dans le package, la Syrie doit permettre aux médias internationaux et aux organisations de la Ligue arabe de pouvoir circuler librement à travers le pays. Après que des avancées soient constatées sur le terrain, un comité ministériel arabe mènera les consultations avec le gouvernement et l’opposition en vue de préparer une conférence de dialogue national dans un délai de deux semaines. Après un accord formel, Damas s’est rétracté et a réclamé un sommet arabe extraordinaire. Considérée comme une diversion pour gagner du temps et continuer à massacrer les populations civiles, la demande a été rejetée.
En attendant, le refus de la Syrie n’a fait que braquer les pays même les plus proches. La Turquie, très engagée dans ce dossier, est sur la même ligne que la Ligue arabe. Son ministre des Affaires étrangères vient de recevoir Burhan Ghalioune, président du Conseil national syrien, instance qui regroupe l’opposition au régime.
Le roi Abdallah de Jordanie est le premier chef d’Etat arabe à demander à Bachar Al Assad de partir. Nabil Al Arabi, secrétaire général de la Ligue arabe, avait tiré la sonnette d’alarme sur «les répercussions catastrophiques d’un échec du plan arabe sur la Syrie et sur la région». Il avait prévenu qu’en cas de poursuites de violences, il sera dans l’obligation d’entreprendre les contacts nécessaires avec les organisations internationales chargées de la défense des droits humains, y compris l’ONU. Amnesty international n’a pas laissé passer l’occasion sans réagir. Ainsi, l’ONG a estimé que la décision de la Ligue arabe devrait susciter une action du Conseil de sécurité de l’ONU.
Sur le plan international, la décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie a été applaudie. Pour Washington, «c’est le bon choix, une position historique qui renforce la pression sur la Syrie». Du côté de l’Union européenne, le soutien est franc. La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, salue les mesures fortes prises par la Ligue arabe à l’encontre de sa population. Son pays «appelle la communauté internationale à entendre le message adressé par les pays arabes, à prendre ses responsabilités et à agir en conséquence pour faire cesser la violence, protéger la population civile et permettre qu’une transition politique s’engage en Syrie».
L’unanimité est incontestable à l’exception du veto de la Russie et de la Chine qui ne veulent pas d’une «Libye-bis». Une occasion pour ces deux pays de rappeler qu’ils sont de grandes puissances.
l'economiste
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