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Il a décidé de délocaliser son usine de médicaments en Algérie, Entretien avec le PDG Omar TAZI

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  • Il a décidé de délocaliser son usine de médicaments en Algérie, Entretien avec le PDG Omar TAZI

    Il a décidé de délocaliser son usine de médicaments en Algérie

    Entretien avec Omar TAZI, PDG du laboratoire marocain SOTHEMA

    [IMG]http://www.***********.com/images/articles/M.%20Tazi.jpg[/IMG]


    Vous avez annoncé cette semaine votre décision de transférer votre usine d’insuline en Algérie. Quelles sont les raisons de cette décision ?

    Il faut d’abord préciser que notre décision d’investir en Algérie a été prise depuis 2005. Elle entre dans le cadre de tout un programme qui consiste à créer des filiales dans différents pays africains et arabes. Nous avons commencé par l’implantation d’une usine au Sénégal et sommes en train de lancer une deuxième usine en Arabie saoudite. Notre but est d’encourager la coopération sud‑sud et le transfert de technologie dans le domaine du médicament. En ce qui concerne le transfert de notre chaîne de fabrication d’insuline en Algérie, il s’agit d’une décision qui entre dans le cadre global de notre investissement que je viens de citer.

    Toutefois, ce qui a motivé notre décision c’est le fait que depuis 3 ans, nous avions subi une concurrence déloyale de la part d’un opérateur étranger qui importe son insuline au Maroc. Il a pratiqué du dumping au point de vendre son insuline au ministère de la santé marocain à un prix imbattable (16,8 dhs le flacon, soit 1,5 €). Cet opérateur contrôle également les ventes d’insuline dans les pharmacies. Mais son PPM (Prix public Maroc) est 10 fois supérieur à ses soumissions aux appels d’offres (196 dhs le flacon, 17,52 €,) même s’il s’agit de la même insuline vendue dans le cadre d’appels d’offres. A partir du moment où l’Algérie assure une protection aux fabricants de médicaments, nous avions jugé opportun que le transfert se fasse en Algérie plutôt qu’ailleurs.

    La décision de SOTHEMA concerne également l’arrêt de la fabrication des médicaments issus de la biotechnologie prévus dans nos investissements. Il s’agit de médicaments stratégiques comme les anticancéreux et les anti‑hépatiques. Ces traitements très coûteux seront, comme l’insuline, fabriqués dans notre prochaine filiale algérienne. Cela apportera à l’Algérie une baisse de prix considérables par rapport aux molécules originales importées.


    Avez‑vous déjà entamé les démarches en Algérie pour installer votre usine ?

    Pour l’insuline, pas encore. Mais pour notre filiale en Algérie, c’est déjà fait. Il faut signaler que nous attendons beaucoup d’encouragements de la part des autorités algériennes.


    Quelle sera sa capacité de production et les investissements que vous prévoyez pour ce projet ?

    Dans un premier temps, l’investissement sera réduit. Environ 3 millions d’euros pour un démarrage. Mais, ce montant pourra rapidement être multiplié par 10 durant les années qui suivront l’installation de notre usine. Quant à la capacité prévisionnelle de la filiale, elle sera de 20 millions d’unités, dont 6 pour l’insuline.


    Votre production en Algérie sera‑t‑elle destinée à la fois au marché local et à l’exportation vers le Maroc et d’autres pays ?

    Absolument. Nous avons déjà enregistré nos produits dans plusieurs pays africains et arabes, notamment l’insuline. Cette dernière est exportée dans plusieurs pays comme le Sénégal, le Yémen, etc. Avec un pas en Algérie, nous sommes confiants de mieux maîtriser le marché maghrébin, africain et arabe.


    Vous arrivez en Algérie dans un contexte jugé difficile pour les groupes étrangers à cause des différentes lois sur l’investissement. Pourquoi avoir choisi l’Algérie au lieu d’un autre pays, comme la Tunisie par exemple ?

    La Tunisie, c’est plus difficile. Le contexte post‑révolution n’est pas très favorable à l’investissement. En revanche, l’Algérie s’est dite de plus en plus ouverte pour encourager les IDE. De nos entretiens précédents et récents avec les partenaires algériens, nous n’avons pas ressenti les difficultés dont vous parlez. Au contraire, ils nous ont paru sensibilisés à l’importance d’encourager les investissements étrangers, notamment ceux venant de pays voisins et frères, comme c’est le cas du Maroc. Cela dit, SOTHEMA a toujours exporté ses médicaments en Algérie. Nous n’avons jamais
    eu le moindre problème.


    Avez‑vous obtenu des garanties ?

    Non, pas de garanties. Mais disons que nous étions rassurés. Investir, c’est prendre des risques !


    En Algérie, les projets étrangers doivent être réalisés dans le cadre d’un partenariat 51/49. Quel sera votre partenaire algérien ?

    Depuis notre décision en 2005, nous avons eu plusieurs propositions de partenariat venant de fonds d’investissement algériens, de banques ainsi que d’opérateurs pharmaceutiques algériens. Pour le moment, nous comptons partir seul en Algérie jusqu’à finalisation du projet. Nous avons appris que la loi dont vous parlez est en cours d’amendement. Si elle change, on restera seul. Sinon, on fera la sélection parmi les partenaires avec lesquels nous avons déjà discuté.


    Ne craignez‑vous pas d’éventuelles répercussions si les relations entre l’Algérie et le Maroc venaient à connaître dans l’avenir de nouvelles périodes de tensions ?

    En tous cas, tous les indicateurs politiques et géostratégiques laissent entrevoir une naturalisation des relations entre le Maroc et l’Algérie grâce aux efforts conjugués de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, que Dieu l’assiste, et Son frère Monsieur le président Abelaziz Bouteflika. Les récentes déclarations des responsables algériens et marocains ont été faites dans ce sens. Le fer de lance de cette naturalisation se fera d’abord sur le registre économique. Je pense personnellement que notre décision d’investir en Algérie et la décision éventuelle d’un opérateur algérien d’investir au Maroc ne fera qu’encourager cette union des frères pour le bien de l’Algérie et du Maroc.

    TSA
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