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Tourisme, une porte entrebâillée en Algérie

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  • Tourisme, une porte entrebâillée en Algérie

    En 2005, l’Algérie a accueilli près d’un million et demi de touristes, a-t-on annoncé au Salon international du tourisme et des voyages (SITEV), tenu à Alger du 15 au 19 mai. Aujourd’hui, les pouvoirs publics algériens veulent croire qu’il est possible de faire du tourisme un secteur économique à part entière au sein d’une économie de marché florissante, arrosée de pétrodollars. Le patrimoine, à commencer par le Sahara, du deuxième plus grand pays d’Afrique est aussi énorme que l’enjeu de son ouverture. Mais, entre les grandes intentions ministérielles et les retombées concrètes, la route est encore longue.


    Il est midi à Tamanrasset. Le charter d’Air Méditerranée, bondé d’une centaine de touristes français au look soixante-huitard, atterrit sur le tarmac poussiéreux. Qui pourrait croire, en débarquant sur cette steppe aride, qu’il s’agit d’un pôle stratégique sur lequel mise l’Algérie pour assurer l’envol de son tourisme naissant ?

    Et pourtant. Deux fois par semaine, le vol Paris-Tamanrasset vient grossir les rangs des adeptes du grand Sud, western saharien ponctué de gueltas (oasis) et de sculptures volcaniques taillées dans l’horizon, que traversent encore les caravanes touarègues. Un intarissable vivier de treks et méharées de plus en plus prisées par les voyageurs européens.

    Trois millions de touristes en 2015


    Cet attrait du Grand Sud (18 000 visiteurs en 2005) est l’argument principal de l’optimisme affiché aujourd’hui au ministère du Tourisme algérien quant à l’essor du secteur, notamment au cours du 8e Salon international du tourisme et des voyages (Sitev) d’Alger. « 1 400 000 étrangers ont visité l’Algérie en 2005, soit 8% de plus que l’année précédente, et plus qu’en 1990 », note Abdelkader Gouti, directeur de la coopération et de la communication au ministère, y voyant d’abord le symbole que la parenthèse de la guerre civile (1992-2000) est bel et bien close.

    Car en soi, un million et demi de touristes demeure un maigre effectif. Selon l’Organisation internationale du tourisme (OIT), l’Algérie ne représente que 0,1% du secteur au niveau mondial. Mais tandis qu’entre les années 70 et 90, l’activité touristique, embryonnaire, n’a pas suscité de fol intérêt pour son développement, elle bénéficie aujourd’hui d’une conjoncture radicalement différente : l’ouverture du pays à l’économie de marché et une croissance (+5% en moyenne depuis cinq ans) digne d’un pays émergent.

    Valorisant enfin l’énorme potentiel de son patrimoine, le ministre Noureddine Moussa a affirmé lors du Sitev 2006 sa volonté de rattraper le temps perdu et de faire du tourisme un secteur économique propre pour ne plus se reposer seulement sur la seule poule aux œufs d’or pétrolière. « Nous sommes en négociation avec des investisseurs allemands, américains et émiratis pour un grand complexe balnéaire à 500 millions de dollars près d’Alger », assure M. Gouti. On promet aussi que le tourisme profitera du plan quinquennal 2005-2009, doté d’une enveloppe de 60 milliards de dollars.

    « L’objectif premier, poursuit M Gouti, est de passer de 60 000 à 120 000 lits d’ici 2015 ». L’horizon 2015, c’est aussi trois millions de visiteurs, 1,5 milliard de dollars de recettes et 30 000 emplois potentiels, espère-t-on au ministère, inspiré par le succès des voisins marocain et tunisien. « Des voisins bientôt saturés », estime M Gouti, selon qui « l’Algérie peut s’imposer comme une destination alternative ». Plus de 170 zones d’exploitation touristique ont été établies en vue d’un « tourisme pluriel » : balnéaire (1 200 km de côtes), culturel (vestiges romains), religieux (pèlerinage à l’ermitage du Père Charles de Foucault) et mémoriel (Pieds-noirs).

    Un effort de diversification visant également à ne pas dépendre trop étroitement des aléas sécuritaires, souci numéro un des voyageurs et voyagistes concernant l’Algérie, notamment après l’enlèvement d’otages européens en février 2003 par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). En termes d’image notamment, le développement de son tourisme est un enjeu de taille pour l’Algérie qui souhaite rompre avec un embargo psychologique tenace. Mais au-delà des grandes intentions, la route est longue à parcourir.

    Laxisme des pouvoirs publics ?


    « De belles paroles », estime Mokhtar Zounga. Cet ancien touareg à la stature de boxeur, fondateur en 1972 de la première agence privée de tourisme saharien à Tamanrasset, déplore le laxisme des autorités. « Les agences galèrent avec du matériel ultra vétuste, notamment ces vieilles Toyota à 5 millions de dinars (500 000 euros) trop chères à remplacer. Le manque de carburant nous guette en permanence, la pénurie d’eau est loin d’être réglée, les hôtels sont quasi-inexistants et il n’y a pas de réelle formation pour les guides de tourisme saharien », d’où ces dizaines d’agences clandestines qui fleurissent à l’ombre des tamaris. La surprenante effervescence de la ville (passée de 4 000 à 120 000 habitants en vingt ans), Zounga l’explique par son rayonnement frontalier et la double poussée migratoire venue du nord (pendant la guerre) et du sud (transit des candidats subsahariens à l’eldorado).

    « Ca viendra, positive cette responsable d’agence de voyage parisienne. Mais les chantiers ne manquent pas » : monter un réseau d’offices du tourisme à l’étranger, simplifier les conditions – draconiennes - d’obtention de visas touristiques, améliorer ses infrastructures qui, comme le montre l’opération de fermetures d’hôtels non conformes en avril dernier à Alger, sont loin d’être à niveau. « Rien n’est impossible. Après tout, la Croatie, Cuba et même la Libye voisine y sont parvenus en peu de temps ».

    Par RFI
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