Le petit émirat, riche en pétrole et en gaz, s'impose sur les scènes diplomatique et économique. Ce n'est pas au goût de tous.
"C'est donc de cette boîte d'allumettes que vient tout ce vacarme?" aurait lancé le président égyptien Hosni Moubarak en 2001, en visitant les studios d'Al-Jazira, la chaîne de télévision satellitaire qatarienne capable de mobiliser les foules, de mettre les dirigeants du monde arabe et d'Amérique dans l'embarras. Le raïs déchu pourrait en dire autant aujourd'hui du Qatar lui-même.
Malgré sa petite taille, l'émirat gorgé de pétrole et de gaz, dirigé par le cheikh Hamad ibn Khalifa al-Thani, est incontournable sur les scènes diplomatique et économique. Et ses habitants (1,7 million de Qatariens) sont les plus riches du monde avec un PIB par tête de 80 000 dollars. En Libye, malgré une armée quasiment inexistante, l'émirat a compté bien plus que le reste des pays arabes. Grâce à son argent et à une diplomatie vigoureuse, Doha a aussi poussé ses pions dans les révoltes du "printemps arabe" au Liban, au Soudan, en Syrie et au Yémen.
Sur la scène économique aussi, le Qatar est devenu incontournable. Ses cheikhs siègent aux conseils d'administration des plus grosses firmes européennes, et possèdent de larges parts de la ville de Londres. L'émirat détient un portefeuille d'actifs garni, allant des raffineries de pétrole en Chine aux maisons de couture françaises, en passant par des équipes de football en Europe. En 2022, le Qatar recevra d'ailleurs la Coupe du monde sur ses terres.
Tout cela ne servirait qu'à acheter de l'influence, pointent certains critiques face à la frénésie d'achats menés par Qatar Holdings et le fonds souverain Qatar Investment Authority (qui possède 70 milliards de dollars d'actifs). D'autres voient d'un mauvais oeil la présence, à la sortie de Doha, d'une base militaire américaine, craignant qu'elle n'amenuise la souveraineté de l'émirat.
Une première dame "sociale"
Quant au pouvoir d'Al-Jazira, il est mis en cause par une frange de progressistes, qui jugent que la chaîne encourage le fondamentalisme. Or, contrairement à son voisin saoudien également issu de la branche sunnite du wahhabisme, Doha encourage plutôt une politique de tolérance sociale, notamment grâce aux actions de la première dame, cheikha Mozah. Malgré la forte influence des Frères musulmans, venus d'Egypte et de Syrie dans les années 1960, les dirigeants qatariens se sont toujours montrés plus pragmatiques qu'idéologues.
Pour l'heure, toutes ces critiques n'atteignent pas réellement le régime. Même si l'émir a promis des élections parlementaires libres en 2013, il concentre la plupart des pouvoirs avec son cousin, le Premier ministre, cheikh Hamad ibn Jassim al-Thani - également à la tête de la diplomatie et investi dans de nombreuses affaires du pays -, ainsi qu'avec le prince héritier, Tamim, chef des armées.
Cette concentration a permis à l'émirat de prendre des décisions rapides et efficaces à propos du conflit libyen au moment où d'autres acteurs régionaux, tout comme les Etats-Unis, se sont montrés plus hésitants. "S'il n'y avait pas eu un vide du pouvoir dans la région, le Qatar n'aurait jamais pu prendre une telle importance", observe un jeune homme d'affaires qatarien.
The Economist - London 2011
"C'est donc de cette boîte d'allumettes que vient tout ce vacarme?" aurait lancé le président égyptien Hosni Moubarak en 2001, en visitant les studios d'Al-Jazira, la chaîne de télévision satellitaire qatarienne capable de mobiliser les foules, de mettre les dirigeants du monde arabe et d'Amérique dans l'embarras. Le raïs déchu pourrait en dire autant aujourd'hui du Qatar lui-même.
Malgré sa petite taille, l'émirat gorgé de pétrole et de gaz, dirigé par le cheikh Hamad ibn Khalifa al-Thani, est incontournable sur les scènes diplomatique et économique. Et ses habitants (1,7 million de Qatariens) sont les plus riches du monde avec un PIB par tête de 80 000 dollars. En Libye, malgré une armée quasiment inexistante, l'émirat a compté bien plus que le reste des pays arabes. Grâce à son argent et à une diplomatie vigoureuse, Doha a aussi poussé ses pions dans les révoltes du "printemps arabe" au Liban, au Soudan, en Syrie et au Yémen.
Sur la scène économique aussi, le Qatar est devenu incontournable. Ses cheikhs siègent aux conseils d'administration des plus grosses firmes européennes, et possèdent de larges parts de la ville de Londres. L'émirat détient un portefeuille d'actifs garni, allant des raffineries de pétrole en Chine aux maisons de couture françaises, en passant par des équipes de football en Europe. En 2022, le Qatar recevra d'ailleurs la Coupe du monde sur ses terres.
Tout cela ne servirait qu'à acheter de l'influence, pointent certains critiques face à la frénésie d'achats menés par Qatar Holdings et le fonds souverain Qatar Investment Authority (qui possède 70 milliards de dollars d'actifs). D'autres voient d'un mauvais oeil la présence, à la sortie de Doha, d'une base militaire américaine, craignant qu'elle n'amenuise la souveraineté de l'émirat.
Une première dame "sociale"
Quant au pouvoir d'Al-Jazira, il est mis en cause par une frange de progressistes, qui jugent que la chaîne encourage le fondamentalisme. Or, contrairement à son voisin saoudien également issu de la branche sunnite du wahhabisme, Doha encourage plutôt une politique de tolérance sociale, notamment grâce aux actions de la première dame, cheikha Mozah. Malgré la forte influence des Frères musulmans, venus d'Egypte et de Syrie dans les années 1960, les dirigeants qatariens se sont toujours montrés plus pragmatiques qu'idéologues.
Pour l'heure, toutes ces critiques n'atteignent pas réellement le régime. Même si l'émir a promis des élections parlementaires libres en 2013, il concentre la plupart des pouvoirs avec son cousin, le Premier ministre, cheikh Hamad ibn Jassim al-Thani - également à la tête de la diplomatie et investi dans de nombreuses affaires du pays -, ainsi qu'avec le prince héritier, Tamim, chef des armées.
Cette concentration a permis à l'émirat de prendre des décisions rapides et efficaces à propos du conflit libyen au moment où d'autres acteurs régionaux, tout comme les Etats-Unis, se sont montrés plus hésitants. "S'il n'y avait pas eu un vide du pouvoir dans la région, le Qatar n'aurait jamais pu prendre une telle importance", observe un jeune homme d'affaires qatarien.
The Economist - London 2011
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