Désormais disponible sur le net, un dossier d’archives révèle que pendant dix ans les fédéraux américains ont suivi, sur tous les continents, les pistes laissant penser que le dictateur nazi n’était pas mort dans son bunker de Berlin. Jusqu’à ce que les Soviétiques...
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Durant trente ans, le FBI (Federal Bureau of Investigation) a tenu à jour un dossier secret sur Adolf Hitler. Ce document de 734 pages, aujourd’hui déclassifié et disponible sur le net, contient des discours du Führer, des données relatives à un complot américain destiné à le supprimer dès 1933, des photographies, des coupures de presse, mais également le résultat des nombreuses enquêtes menées le Bureau fédéral américain afin de vérifier toutes les informations laissant croire que le chancelier du Reich avait survécu à la Seconde Guerre mondiale.
A sa lecture, on est stupéfait d’apprendre que jusqu’en 1956 les agents fédéraux et leur directeur, J. Edgar Hoover, ont cru que l’évasion du Führer avait été possible et se sont efforcés de le traquer tandis que le monde entier proclamait sa mort !
Les premiers doutes sur la mort du dictateur nazi apparaissent dès la conférence de Potsdam, en juillet 1945, lorsque Staline déclare au président américain Truman que Hitler s’est échappé de son bunker et se cache à l’Ouest. (Les Soviétiques vont régulièrement accuser leurs anciens alliés de chercher à « recycler » le chef du IIIe Reich dans le cadre de leur lutte contre le communisme.) Le maréchal Joukov, qui a conquis Berlin, a lui-même laissé entendre que Hitler a pu s’enfuir en Espagne par avion avant la reddition de la capitale allemande. Propagande ou inquiétude justifiée ?
Toujours est-il que diverses enquêtes, comme celle menée par le major Trevor-Roper du Renseignement britannique (il a sillonné l’Allemagne et interrogé les survivants du bunker de Berlin), semblent démontrer que Hitler s’est suicidé à la fin du mois d’avril 1945. Mais puisque nul n’est alors capable de produire une photo de son cadavre (les corps de Goebbels et de sa famille, eux, ont été filmés dans les décombres), une autre hypothèse demeure recevable, du moins théoriquement : celle de sa survie. Après son arrestation, Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne en France de 1940 à 1944, déclare d’ailleurs que le dictateur « n’est certainement pas mort » et qu’« un jour il reviendra ».
Le FBI va entreprendre une série de vérifications d’envergure.
Parmi les nombreuses lettres que le Bureau réceptionne, certaines proviennent à l’évidence de déséquilibrés. Ainsi un homme de 77 ans raconte avoir lu une lettre écrite par Hitler en 1947, soit deux ans après son présumé suicide, dans laquelle l’ex-dictateur se moque des naïfs qui croient à son décès. L’enquête démontre qu’il s’agit du délire d’un psychotique ayant seulement voulu faire sensation. En 1948, une dame aperçoit Hitler dans sa pension de famille et s’inquiète auprès des autorités des poursuites judiciaires qu’elle encourt du fait de son éventuelle complicité.
Conclusion du FBI : « Elle est manifestement folle. » Blagueurs ou citoyens trop suspicieux, certains ont vu Hitler dîner à Washington en 1946 ; sauter dans un train pour La Nouvelle-Orléans en 1948 ; acheter des terres dans le Colorado ; ou encore s’installer comme maître d’hôtel à Londres.
Le 15 octobre 1945, un détective amateur, peu rompu aux exigences de l’administration de la preuve, fait le pari que Hitler s’est réfugié à New York, ajoutant : « Il n’existe aucune autre ville au monde où il peut être absorbé si facilement... Je vous donne l’information pour ce qu’elle vaut, évidemment. » Pendant ce temps, un autre limier dilettante le situe dans une ferme isolée de la Suisse allemande.
En 1951, un informateur prétend que Hitler a changé de visage grâce à la chirurgie plastique (détail récurrent chez les correspondants du FBI) et ressemble dorénavant « davantage à un Juif qu’à un Gentil ». Le même mouchard croit que le dictateur a travaillé dans une cafétéria de Miami.
Malgré leur caractère fantaisiste, la plupart de ces dénonciations font l’objet d’une investigation de la part des fédéraux, loin de prendre ces allégations à la légère.
Car d’autres rumeurs, plus sérieuses, alimentent leur scepticisme. Un médecin prétend par exemple avoir soigné Hitler à Saint Louis pour un désordre intestinal. Or, d’après les dossiers médicaux de Hitler que le FBI s’est procuré, celui-ci a réellement souffert de troubles digestifs. De plus, l’information n’a pas été diffusée au public à cette époque.
Mais ce sont les « tuyaux » provenant de l’étranger qui vont pousser les services de Hoover à se lancer, aux quatre coins de la planète, dans une chasse à l’homme qui ne trouve son équivalent que dans la traque du kidnappeur du bébé Lindbergh, au début des années 1930.
Le lieu d’accueil le plus crédible du Führer est l’Amérique du Sud, une contrée devenue après guerre le paradis des anciens nazis en cavale. Selon El Tiempo, un journal publié en Colombie, Hitler s’est échappé avec six hommes habillés en civil dans un sous-marin en partance pour Bogotá. Attendus par des Indiens Guajidos, les exilés, voyageant de nuit, sont arrivés dans le petit port de Magdalena, d’où ils ont pris un cargo en troisième classe, puis une voiture qui s’est dirigée vers Bogotá, ne faisant jamais halte dans le moindre hôtel.
D’après l’informateur, qui signe « Amigo, amigo, amigo » (et n’oublie pas au passage de demander 50 000 dollars pour donner davantage de précisions), Hitler porte des lunettes et s’est laissé pousser la barbe.
Bien que celui-ci soit également signalé au Brésil et au Mexique, les nouvelles en provenance d’Argentine tracassent particulièrement Hoover. Peut-être parce que Juan Perón, chef du gouvernement militaire, puis président à partir de 1946, cultive des idéaux proches de ceux des fascistes, et qu’il a été le partenaire de Fritz Mandl, le magnat pro-nazi des munitions. En tout cas, selon un mémorandum rédigé par un agent du FBI le 4 septembre 1944, c’est-à-dire six mois avant l’hypothétique suicide de Hitler, celui-ci aurait pu envisager de s’y réfugier en cas de défaite.
La note précise même que les autorités argentines ont mis au point des rencontres clandestines avec le chef nazi dans le but d’importer des armes et des techniciens dans leur pays : des fabriques de bicyclettes seraient converties en usines de munitions.
La suite...
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Durant trente ans, le FBI (Federal Bureau of Investigation) a tenu à jour un dossier secret sur Adolf Hitler. Ce document de 734 pages, aujourd’hui déclassifié et disponible sur le net, contient des discours du Führer, des données relatives à un complot américain destiné à le supprimer dès 1933, des photographies, des coupures de presse, mais également le résultat des nombreuses enquêtes menées le Bureau fédéral américain afin de vérifier toutes les informations laissant croire que le chancelier du Reich avait survécu à la Seconde Guerre mondiale.
A sa lecture, on est stupéfait d’apprendre que jusqu’en 1956 les agents fédéraux et leur directeur, J. Edgar Hoover, ont cru que l’évasion du Führer avait été possible et se sont efforcés de le traquer tandis que le monde entier proclamait sa mort !
Les premiers doutes sur la mort du dictateur nazi apparaissent dès la conférence de Potsdam, en juillet 1945, lorsque Staline déclare au président américain Truman que Hitler s’est échappé de son bunker et se cache à l’Ouest. (Les Soviétiques vont régulièrement accuser leurs anciens alliés de chercher à « recycler » le chef du IIIe Reich dans le cadre de leur lutte contre le communisme.) Le maréchal Joukov, qui a conquis Berlin, a lui-même laissé entendre que Hitler a pu s’enfuir en Espagne par avion avant la reddition de la capitale allemande. Propagande ou inquiétude justifiée ?
Toujours est-il que diverses enquêtes, comme celle menée par le major Trevor-Roper du Renseignement britannique (il a sillonné l’Allemagne et interrogé les survivants du bunker de Berlin), semblent démontrer que Hitler s’est suicidé à la fin du mois d’avril 1945. Mais puisque nul n’est alors capable de produire une photo de son cadavre (les corps de Goebbels et de sa famille, eux, ont été filmés dans les décombres), une autre hypothèse demeure recevable, du moins théoriquement : celle de sa survie. Après son arrestation, Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne en France de 1940 à 1944, déclare d’ailleurs que le dictateur « n’est certainement pas mort » et qu’« un jour il reviendra ».
Le FBI va entreprendre une série de vérifications d’envergure.
Parmi les nombreuses lettres que le Bureau réceptionne, certaines proviennent à l’évidence de déséquilibrés. Ainsi un homme de 77 ans raconte avoir lu une lettre écrite par Hitler en 1947, soit deux ans après son présumé suicide, dans laquelle l’ex-dictateur se moque des naïfs qui croient à son décès. L’enquête démontre qu’il s’agit du délire d’un psychotique ayant seulement voulu faire sensation. En 1948, une dame aperçoit Hitler dans sa pension de famille et s’inquiète auprès des autorités des poursuites judiciaires qu’elle encourt du fait de son éventuelle complicité.
Conclusion du FBI : « Elle est manifestement folle. » Blagueurs ou citoyens trop suspicieux, certains ont vu Hitler dîner à Washington en 1946 ; sauter dans un train pour La Nouvelle-Orléans en 1948 ; acheter des terres dans le Colorado ; ou encore s’installer comme maître d’hôtel à Londres.
Le 15 octobre 1945, un détective amateur, peu rompu aux exigences de l’administration de la preuve, fait le pari que Hitler s’est réfugié à New York, ajoutant : « Il n’existe aucune autre ville au monde où il peut être absorbé si facilement... Je vous donne l’information pour ce qu’elle vaut, évidemment. » Pendant ce temps, un autre limier dilettante le situe dans une ferme isolée de la Suisse allemande.
En 1951, un informateur prétend que Hitler a changé de visage grâce à la chirurgie plastique (détail récurrent chez les correspondants du FBI) et ressemble dorénavant « davantage à un Juif qu’à un Gentil ». Le même mouchard croit que le dictateur a travaillé dans une cafétéria de Miami.
Malgré leur caractère fantaisiste, la plupart de ces dénonciations font l’objet d’une investigation de la part des fédéraux, loin de prendre ces allégations à la légère.
Car d’autres rumeurs, plus sérieuses, alimentent leur scepticisme. Un médecin prétend par exemple avoir soigné Hitler à Saint Louis pour un désordre intestinal. Or, d’après les dossiers médicaux de Hitler que le FBI s’est procuré, celui-ci a réellement souffert de troubles digestifs. De plus, l’information n’a pas été diffusée au public à cette époque.
Mais ce sont les « tuyaux » provenant de l’étranger qui vont pousser les services de Hoover à se lancer, aux quatre coins de la planète, dans une chasse à l’homme qui ne trouve son équivalent que dans la traque du kidnappeur du bébé Lindbergh, au début des années 1930.
Le lieu d’accueil le plus crédible du Führer est l’Amérique du Sud, une contrée devenue après guerre le paradis des anciens nazis en cavale. Selon El Tiempo, un journal publié en Colombie, Hitler s’est échappé avec six hommes habillés en civil dans un sous-marin en partance pour Bogotá. Attendus par des Indiens Guajidos, les exilés, voyageant de nuit, sont arrivés dans le petit port de Magdalena, d’où ils ont pris un cargo en troisième classe, puis une voiture qui s’est dirigée vers Bogotá, ne faisant jamais halte dans le moindre hôtel.
D’après l’informateur, qui signe « Amigo, amigo, amigo » (et n’oublie pas au passage de demander 50 000 dollars pour donner davantage de précisions), Hitler porte des lunettes et s’est laissé pousser la barbe.
Bien que celui-ci soit également signalé au Brésil et au Mexique, les nouvelles en provenance d’Argentine tracassent particulièrement Hoover. Peut-être parce que Juan Perón, chef du gouvernement militaire, puis président à partir de 1946, cultive des idéaux proches de ceux des fascistes, et qu’il a été le partenaire de Fritz Mandl, le magnat pro-nazi des munitions. En tout cas, selon un mémorandum rédigé par un agent du FBI le 4 septembre 1944, c’est-à-dire six mois avant l’hypothétique suicide de Hitler, celui-ci aurait pu envisager de s’y réfugier en cas de défaite.
La note précise même que les autorités argentines ont mis au point des rencontres clandestines avec le chef nazi dans le but d’importer des armes et des techniciens dans leur pays : des fabriques de bicyclettes seraient converties en usines de munitions.
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