Une vingtaine d’enlèvements crapuleux, chaque mois, dans l’ensemble du pays. Dont la moitié en Kabylie.
Membre d’une famille prospère d’Azzefoun, une petite ville touristique de Grande Kabylie, Méziane Haddad (45 ans) dirige une filiale du groupe ETRHB, une florissante entreprise familiale spécialisée dans l’hôtellerie et les ouvrages d’art. Jeudi 25 avril, alors que la nuit commence à tomber, il prend sa voiture pour rentrer chez lui. Au détour d’un virage, il tombe sur un faux barrage dressé par une dizaine d’hommes armés, habillés en militaires. Il est enlevé sans coup férir. Le soir même, Méziane prend contact avec l’un de ses frères grâce à un téléphone portable mis à sa disposition par ses ravisseurs. « Je vais bien, ces hommes veulent de l’argent », lâche-t-il.
Les kidnappeurs connaissaient-ils l’itinéraire de leur victime ou sont-ils tombés par hasard sur ce « gros poisson » ? Une chose est sûre : ce ne sont pas des amateurs. Et puis, ils connaissent manifestement le terrain. L’embuscade a été tendue à quelques kilomètres d’un check point permanent des forces de sécurité. Un vrai, celui-là.
Faut-il payer la rançon ou alerter la police, au risque de mettre en péril la vie de l’otage ? Dilemme classique, hélas, en ce genre de circonstance. La famille Haddad choisit la discrétion, mais la presse a tôt fait d’ébruiter l’affaire. Selon certains, le montant de la rançon s’élèverait à 250 millions de dinars (2,7 millions d’euros). Pour d’autres, il ne dépasserait pas 50 millions. Pendant plusieurs jours, les ravisseurs et la famille restent en contact téléphonique. Le 1er mai, Méziane est libéré. Sain et sauf, mais en état de choc. Depuis, ses frères se refusent à tout commentaire : « L’essentiel est que le cauchemar soit fini. »
Qui sont les kidnappeurs ? La famille est convaincue qu’il s’agit d’un « groupe mafieux ». Les services de sécurité penchent pour une bande affiliée au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Quoi qu’il en soit, ce rapt est loin, très loin d’être un cas isolé. Selon des statistiques officieuses, il y aurait en Algérie une vingtaine d’enlèvements par mois, dont la moitié en Kabylie. Les zones les plus touchées sont Boumerdès, Alger, Jijel, Bejaïa et Tizi-Ouzou. Le phénomène prend une telle ampleur que, pour tenter de l’enrayer, le gouvernement va recruter cent mille nouveaux policiers au cours des trois prochaines années. Une enveloppe de 200 milliards de DA (3 milliards de dollars) est par ailleurs prévue pour la modernisation des équipements de la police, de la gendarmerie et des gardes-frontières.
Reste à savoir pourquoi la Kabylie est plus particulièrement touchée. Une source sécuritaire citée par le quotidien El Watan avance deux explications. La première est le climat d’insécurité qui prévaut dans la région depuis les émeutes d’avril 2001. La seconde tiendrait au fait que la population kabyle rechigne désormais à acquitter l’« impôt » imposé par le GSPC : les groupes islamistes auraient trouvé ce moyen de substitution pour financer leurs sanglantes activités.
De fait, le démantèlement d’une dizaine de brigades de la gendarmerie - l’une des principales revendications des contestataires kabyles - a permis aux terroristes et aux voyous de tout acabit d’occuper le terrain. « Sur certains axes routiers, hors des zones urbaines, les groupes armés dressent des faux barrages en toute quiétude. Dès qu’ils tombent sur des personnes financièrement à l’aise, commerçants, hommes d’affaires ou industriels, ils les séquestrent afin de monnayer leur libération », poursuit la même source.
Membre d’une famille prospère d’Azzefoun, une petite ville touristique de Grande Kabylie, Méziane Haddad (45 ans) dirige une filiale du groupe ETRHB, une florissante entreprise familiale spécialisée dans l’hôtellerie et les ouvrages d’art. Jeudi 25 avril, alors que la nuit commence à tomber, il prend sa voiture pour rentrer chez lui. Au détour d’un virage, il tombe sur un faux barrage dressé par une dizaine d’hommes armés, habillés en militaires. Il est enlevé sans coup férir. Le soir même, Méziane prend contact avec l’un de ses frères grâce à un téléphone portable mis à sa disposition par ses ravisseurs. « Je vais bien, ces hommes veulent de l’argent », lâche-t-il.
Les kidnappeurs connaissaient-ils l’itinéraire de leur victime ou sont-ils tombés par hasard sur ce « gros poisson » ? Une chose est sûre : ce ne sont pas des amateurs. Et puis, ils connaissent manifestement le terrain. L’embuscade a été tendue à quelques kilomètres d’un check point permanent des forces de sécurité. Un vrai, celui-là.
Faut-il payer la rançon ou alerter la police, au risque de mettre en péril la vie de l’otage ? Dilemme classique, hélas, en ce genre de circonstance. La famille Haddad choisit la discrétion, mais la presse a tôt fait d’ébruiter l’affaire. Selon certains, le montant de la rançon s’élèverait à 250 millions de dinars (2,7 millions d’euros). Pour d’autres, il ne dépasserait pas 50 millions. Pendant plusieurs jours, les ravisseurs et la famille restent en contact téléphonique. Le 1er mai, Méziane est libéré. Sain et sauf, mais en état de choc. Depuis, ses frères se refusent à tout commentaire : « L’essentiel est que le cauchemar soit fini. »
Qui sont les kidnappeurs ? La famille est convaincue qu’il s’agit d’un « groupe mafieux ». Les services de sécurité penchent pour une bande affiliée au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Quoi qu’il en soit, ce rapt est loin, très loin d’être un cas isolé. Selon des statistiques officieuses, il y aurait en Algérie une vingtaine d’enlèvements par mois, dont la moitié en Kabylie. Les zones les plus touchées sont Boumerdès, Alger, Jijel, Bejaïa et Tizi-Ouzou. Le phénomène prend une telle ampleur que, pour tenter de l’enrayer, le gouvernement va recruter cent mille nouveaux policiers au cours des trois prochaines années. Une enveloppe de 200 milliards de DA (3 milliards de dollars) est par ailleurs prévue pour la modernisation des équipements de la police, de la gendarmerie et des gardes-frontières.
Reste à savoir pourquoi la Kabylie est plus particulièrement touchée. Une source sécuritaire citée par le quotidien El Watan avance deux explications. La première est le climat d’insécurité qui prévaut dans la région depuis les émeutes d’avril 2001. La seconde tiendrait au fait que la population kabyle rechigne désormais à acquitter l’« impôt » imposé par le GSPC : les groupes islamistes auraient trouvé ce moyen de substitution pour financer leurs sanglantes activités.
De fait, le démantèlement d’une dizaine de brigades de la gendarmerie - l’une des principales revendications des contestataires kabyles - a permis aux terroristes et aux voyous de tout acabit d’occuper le terrain. « Sur certains axes routiers, hors des zones urbaines, les groupes armés dressent des faux barrages en toute quiétude. Dès qu’ils tombent sur des personnes financièrement à l’aise, commerçants, hommes d’affaires ou industriels, ils les séquestrent afin de monnayer leur libération », poursuit la même source.
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