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Le paludisme est-il de retour en Algérie ?

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  • Le paludisme est-il de retour en Algérie ?

    Par le Pr. Mostéfa KHIATI

    Assistons-nous à une résurgence du paludisme ou s’agit-il simplement de quelques cas isolés enregistrés au cours de l’année 2004 ? La notification récente de trois cas à Ghardaïa dont deux survenant chez de petits enfants de 18 et 36 mois nous amène à nous poser des questions.

    Il faut tout de même reconnaître qu’un effort remarquable a été consenti au cours des deux dernières années dans le domaine de la prévention. Le programme élargi de vaccination a été réalisé suivant les objectifs assignés et les taux atteints paraissent satisfaisants. La situation épidémiologique a été contrôlée au lendemain du séisme du 21 mai 2003 et le spectre d’une diffusion de maladies transmises par l’eau stoppé. L’apparition de quelques cas de peste dans l’Ouest du pays est restée sans lendemain.

    En dépit de cette évolution apparemment satisfaisante, les erreurs accumulées au cours des années passées et le peu d’intérêt accordé à la politique de prévention, laquelle ne bénéficie que de 2,4 % du budget de la santé, est à l’origine qu’un recul dans le domaine malgré les efforts déployés au cours des derniers mois. La réapparition de cas de diphtérie à la fin des années quatre vingt dix, la multiplication de foyers de typhoïde, la diffusion de la leishmaniose à presque toute l’Algérie du Nord, l’épidémie de conjonctivite et de gale et surtout l’apparition d’une dizaine de cas de peste dans la région d’Oran ont montré les limites de notre politique de prévention même si dans toutes ces situations la responsabilité des collectivités locales est à mettre en première position.

    Dans ce contexte la réapparition de quelques cas de paludisme suscite autant d’inquiétude. Cette maladie a été éradiquée de notre pays vers la fin des années soixante après un long programme de lutte appuyé par l’OMS. Depuis, les cas notés, entre 25 à 50 par an, étaient considérés comme des cas d’importation sans aucune incidence sur la situation épidémiologique nationale.

    Les cas notés à Ghardaïa sont de type falciparum, la forme la plus dangereuse du paludisme et non de type vivax, forme modérée, habituellement présente en Algérie. Le parasite est transmis d’une personne malade à une autre saine par un vecteur qui est la femelle du moustique ou anophèle. S’agit-il dans les cas de Ghardaïa, de parasites transmis par des vecteurs de personnes infectées en dehors du territoire national à des personnes autochtones ? Différentes études ont montré la rareté du type falciparum dans les secrétions de moustique en Algérie, comment expliquer cette soudaine présence ?

    Le paludisme avec la tuberculose et l’infection VIH/SIDA sont aujourd’hui considérés par l’Afrique comme les trois maladies les plus graves et font l’objet de programmes de lutte. Plusieurs sommets africains leur ont été consacrés et un fonds spécial appuyé par des pays donateurs et les institutions internationales a été mis en place. Le paludisme tue tous les ans dans le monde plus d’un million de personnes dont la majorité en Afrique. La présence de la maladie dans la région subsaharienne doit nous laisser toujours en alerte même si la situation épidémiologique est considérée comme maîtrisée dans notre pays.

    Certes, il existe un programme de prévention en matière de paludisme et le dépistage de la maladie au moyen de l’examen d’une goutte épaisse semble toujours pratiqué en particulier dans le Sud du pays, cependant l’actualisation de la cartographie de la maladie n’a pas été faite depuis des années car le département de la santé manque cruellement d’entomologistes pourtant formés en nombre mais pratiquement tous partis à l’étranger. Il existe à l’évidence un relâchement du programme de surveillance du paludisme et les 10 % de lames devant être réalisées tous les ans à titre systématique ne paraissent pas être faites de façon systématique.

    Le paludisme étant considéré comme une maladie des pauvres, il n’a pas suscité l’intérêt des laboratoires de recherche en médicaments. Beaucoup de souches sont résistantes et il est difficile de leur trouver des médicaments efficaces. En Algérie même, tous les médicaments nécessaires ne sont pas toujours disponibles. Ainsi, la microquine réputée plus efficace fait souvent défaut dans les pharmacies des hôpitaux.

    Un partenariat avec des laboratoires de recherche est nécessaire pour non seulement suivre la situation épidémiologique mais également pour chercher et tester de nouvelles molécules thérapeutiques.

    La résurgence ces dernières années de certaines maladies considérées parfois comme disparues ou tout au moins maîtrisées met en relief la nécessité de doter le pays d’observatoires épidémiologiques de veille, lesquels doivent suivre les facteurs susceptibles de favoriser l’émergence ou la réémergence de certaines maladies graves.


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