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Mélenchon répond à Sarkozy : «Nous avions raison en 2005 !»

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  • Mélenchon répond à Sarkozy : «Nous avions raison en 2005 !»

    REPORTAGEEn meeting jeudi soir en Gironde, le candidat du Front de gauche a fustigé le discours du chef de l'Etat à Toulon et mis en garde les socialistes contre «l'alliance au centre, un déguisement de l'alliance avec la droite».


    PAR LILIAN ALEMAGNA, envoyé spécial à Talence (Gironde)


    J
    «Nous aussi on va dire la vérité!» Fin du discours de Nicolas Sarkozy à Toulon, Clémentine Autain s'attarde au bar de la Médoquine, salle de concert de Talence, dans la banlieue de Bordeaux. La militante féministe, en campagne avec Jean-Luc Mélenchon, promet une réponse ferme du candidat du Front de gauche à la présidentielle. A l'extérieur, Mélenchon attaque, devant les caméras, «un discours totalement défensif», un «spectacle déplorable de dissertations socio-économiques devant une foule excitée de réactionnaires.» Le ton de la soirée est lancé.

    Dans la salle, 2500 personnes, drapeaux rouges déployés, attendent leur champion debout. Un coup de Bella ciao et voilà Mélenchon, accompagné de Pierre Laurent, numéro un du Parti communiste et de Clémentine Autain, qui rejoignent la scène. «Merci de vous être abstenu de crier mon nom», débute Mélenchon au micro avant d'entamer son meilleur discours depuis son entrée en campagne en juin. «La grande roue de l'Histoire s'est mise en mouvement et nous y prenons notre part», lance-t-il, d'un ton grave, abandonnant les accents gaulliens de ses derniers meetings pour revenir dans ce registre oratoire estampillé «bruit et fureur» dans lequel il excelle.

    «C'est son bilan dont il a fait la critique!»

    Fustigeant un capitalisme qui «s'est survécu», Mélenchon s'en prend au discours du président de la République à Toulon «qui aurait pu tenir en une seule phrase: "Françaises, Français, je vous prie de m'excuser"». «C'est lui qui a organisé tout ça! C'est son bilan dont il a fait la critique! s'enflamme le député européen. C'est nous qui avions raison en 2005! C'est nous qui avons été les plus sérieux!»

    Deux ans jour pour jour après l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, l'ancien sénateur socialiste met en garde contre «la pente prise par la logique prise» en Europe qui «nous amène de nouveau devant la question de la démocratie». «Le pire est à craindre, avertit-il. La paix en Europe n'est pas un état de nature. C'est le résultat politique d'une volonté politique.» Et pointant les «ferments de division et de haine» contre les étrangers, à l'intérieur et à l'extérieur des frontières, il affirme que c'est un «très mauvais service rendu à la paix et à l'idée même d'Europe de désigner la Grèce, l'Italie, le Portugal et l'Espagne sous le nom de ''Pigs'' qui en anglais veut dire cochons!»

    «Si vous faites les moutons vous serez tondus!»

    Souverainiste lorsqu'il critique le contrôle des budgets des Etats par la Commission européenne, Mélenchon se fait fédéraliste en prônant une «harmonisation fiscale par le haut». «L'austérité ne mène nulle part! embraye l'eurodéputé. Comment expliquez-vous qu'en Grèce, la situation est pire qu'avant alors qu'ils ont fait 7 plans d'austérité!» «Inéluctablement notre tour viendra!», martèle-t-il avant de tacler ses ex-camarades du PS: «Il n'y a pas d'austérité de gauche, l'austérité est toujours de droite.»

    Mélenchon sermonne les siens - «Si vous faites les moutons vous serez tondus!» - et critique l'«affaissement de la première force d'opposition du Vieux continent qu'est le mouvement socialiste» avant de s'adresser aux électeurs traditionnels du PS et des écologistes «pour leur dire que c'est sur eux que reposent une bonne partie de l'écheance». «Nous les appelons à l'aide! s'emporte le candidat Front de gauche. Restez fidèle à vous-même! Aidez-nous! Venez à la rescousse! N'acceptez pas le choix que font vos chefs de vous entraîner dans cette aventure sans issue [...] de l'alliance au centre qui n'est qu'un déguisement de l'alliance avec la droite!» Et pour contrer le «vote utile, vote futile», Mélenchon avertit: «Ceux qui abandonnent leurs convictions en entrant dans le bureau de vote ne doivent pas s'étonner de ne pas la retrouver en sortant.»

    En verve pour ce premier meeting d'importance depuis celui de la Fête de l'Humanité en septembre, Mélenchon termine son festival girondin: «Le grand fleuve de l'histoire s'est mis en mouvement [...] Les demi-portions disparaîtront vite.» Sarkozy le premier. Quant à François Hollande, Mélenchon n'a pas prononcé une seule fois son nom.

    Laurent et les guerres picrocholines

    Avant lui, Clémentine Autain avait appelé les électeurs socialistes, écologistes et anticapitalistes à venir voir du côté du Front de gauche. «Tous ceux qui retrouvent leur boussole sont les bienvenus», a lancé l'ancienne adjointe apparentée PCF à la mairie de Paris, avant de fustiger «l'austérité» que les socialistes et François Hollande proposeraient: «Pour ou contre l'austérité: nous sommes contre et nous devons dire notre chemin [...] Je ne vois pas ce qu'on va pouvoir faire avec des comptes publics qui seront au régime minceur!»

    «Nous, nous sommes clairs, nous ne nous trompons pas d'adversaires, la droite, les marchés financiers, l'austérité», a poursuivi Pierre Laurent après Autain. Le chef des communistes a lui aussi interpellé les voisins socialistes: «Au-delà des luttes intestines et des guerres picrocholines, la première, la seule et unique question qui est posée à chaque responsable politique français comme européen est : de qui sommes-nous les représentants ? Du peuple ou des marchés financiers ? Qui gouverne ? Le peuple ou les marchés financiers ? Pour nous, c'est clair, la gauche n'a qu'un seul camp, celui du peuple.» Dénonçant «l'appel à François Bayrou» de François Hollande, Laurent a demandé «que chacun à gauche entre à nos côtés dans l'arène, non pas du combat politicien, des petits accords de circonstances plus ou moins bâclés, ceux-là sont dérisoires, mais du combat social qui se joue entre les peuples et l'aristocratie financière.»
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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