La réalisation de l’autoroute est-ouest n’a pas été une sinécure pour le groupement chinois Citic-Crcc en charge de la partie centre et ouest. Dans un entretien exclusif à maghrebemergent.info et Le Quotidien d’Oran, le patron du consortium chinois, Wang Jiangsheng, revient sur le détail de la réalisation du « chantier du siècle » aujourd’hui terminé à « 99,95% ». Il évoque les gros problèmes techniques mais aussi les accusations de corruption, qu’il considère comme injustes, et les gros retards de paiements qui ont le groupement dans une situation financière délicate. Et les ont contraints à solliciter les maisons-mères pour mobiliser des fonds propres pour engager les travaux. Un entretien rare et instructif qui donne, une fois n’est pas coutume, le making off chinois de l’Autoroute Est-ouest.
La part dévolue au groupement Citic-Crcc dans la réalisation de l’autoroute est-ouest touche à sa fin. Pouvez-vous nous parler de l'expérience de votre entreprise dans l’environnement algérien? Quels sont les obstacles que rencontre une entreprise en charge d'une réalisation gigantesque?
On a parlé de l’ouvrage du siècle. C’est en effet le plus colossal projet d'infrastructure que l’Algérie ait entrepris. Construire en un peu plus de trois ans une autoroute à 6 voies sur près de 700km dans un paysage escarpé et sismique est une grande première en Algérie et sur le continent africain. C’était un immense défi logistique. Comme l'a souligné très justement M le Ministre Ghoul, ce fût et cela reste une bonne école, comme le démontrent actuellement les discussions en cours au sujet de la nécessaire et juste évaluation des coûts réels de ces travaux. Notre partie du projet traverse 11 wilayas. Il n'était pas possible pour nous de travailler au niveau de chacune des wilayas concernées ; Nous devions et c’est là une première, faire reconnaitre que le projet a un caractère national. Et que de ce fait la fiscalité devait être prise en charge et traitée au niveau national au même titre que l’ensemble des activités administratives.
Autre exemple : La sécurité active. Au début de la réalisation, cette sécurité tardait à être établie pour des raisons multiples .Le groupement n’a pas attendu et a bravé les dangers, avec un courage rare parmi les entreprises étrangères opérant en Algérie, en allant sur des sites de travaux fraîchement déminés par l’armée nationale mais non encore sécurisés. Je peux aussi souligner que le nombre d’engins, machines et autre matériel nécessaire à la réalisation de ce projet, afin d’honorer les délais, dépasse largement l’imagination. C’est la première fois que des délais inferieurs aux délais contractuels ont été tenus. En dépit de ces difficultés, nous avons toujours entretenu des relations de travail excellentes avec le maître d’ouvrage algérien. Je souligne que le Consortium a dû avancer sur fonds propre un montant de plus d’un milliard de dollars US de façon à garantir l’avancement des travaux à la cadence nécessaire pour être dans les délais contractuels. J’insiste sur le fait que notre groupement jouit d’une capacité professionnelle à toute épreuve, qui lui a permis d’acquérir de riches expériences dans la réalisation et la gestion de grands et très grands projets d’ingénierie. Les deux constituants chinois du groupement CITIC et CRCC sont classés parmi les 500 premières entreprises du monde et cela est le reflet convaincant de l’influence positive avérée du groupement. Que ce soit en Chine ou à l’étranger, nous avons déjà réalisé de nombreux projets qui attirent les regards du monde entier et forcent son admiration. En Algérie, nous avons constamment accordé une priorité aux besoins exprimés par le maître d’ouvrage, avec pour règle de conduite : qualité, diligence, rapidité, célérité, efficience et économie. Le groupement a réalisé avec qualité la partie du projet qui lui a été confiée. Dans les délais impartis avec un professionnalisme, une minutie et une économie irréprochables. Et pour le réaliser, 30 de nos compatriotes ont même donné leur vie ! Nous sommes fiers de cette réussite, et satisfaits de voir les Algériens rouler sur cette autoroute que nous avons construite. Concernant les obstacles rencontrés durant la réalisation du projet, j’insiste sur le fait qu’elles sont survenues de toute part et ont été parfois très dures à être résolues. CITIC-CRCC est resté déterminé à les surmonter. La preuve, il a livré dans les délais impartis la partie du projet qui lui a été confié, et qui a été totalement mise en circulation.
Certains ont critiqué le fait que la réalisation de l'autoroute ne s'est pas traduite par un transfert de savoir-faire. Qu’en pensez-vous de cette objection?
Je réfute ces critiques non fondées de manière catégorique. Qu’il me soit permis ici , de relater avec fierté , et sans aucune once de vanité de notre part , que nous-nous sommes engagés à construire à nos frais une école de formation et de gestion des grands travaux au profit de l’Algérie. D’autre part, c’est avec le même élan d’amitié et de solidarité traditionnelles que nous avons accueilli chaque année deux groupes d’étudiants algériens en Chine qui ont bénéficié de stages de formation. En tout, 240 étudiants algériens ont ainsi suivi une formation avancée dans la gestion des grands travaux en Chine. D’autre part, 2/3 des employés sur nos chantiers sont algériens, soit plus de 25.000 personnes et beaucoup ont suivi un apprentissage sur le chantier. Durant toutes ces années, nous avons effectué un transfert total de notre savoir-faire vers la main-d'œuvre algérienne. Nous sommes convaincus que ces ingénieurs algériens formés sur les chantiers de ce projet et ayant parfait leur formation en Chine, seront les experts indispensables à l’Algérie de demain, pour la réalisation de ses prochains projets d’infrastructure. Il y a eu à tous les chaînons de la réalisation du projet, à savoir la phase études, exécution des travaux, gestion, approvisionnement et autres, une participation active du personnel technique et de gestion algérien. Les sous-traitants locaux, assez nombreux d’ailleurs, ont également opéré conformément à nos exigences de qualité et de mode de fonctionnement, et surtout aux normes internationales et prescriptions des contrats.
Quels sont les moyens mobilisés par l'entreprise dans la réalisation de l'ouvrage? Pouvez-vous nous donner des exemples des obstacles techniques que vous avez rencontrés et la manière dont vous les avez surmontés?
Concernant les obstacles techniques, je noterai à titre d’exemple, que les études avant-projet (APD) fournies par le Maître d’ouvrage étaient incomplètes, parce que parfois très anciennes. Cela nous a contraints à les compléter pour pallier aux lacunes existantes dans les APD initiales. Pour la réalisation de ce projet avec la qualité requise, le groupement et la société mère ont effectivement mobilisé plusieurs de leurs experts de haut niveau en matière de travaux d’ingénierie, un grand nombre d’ingénieurs d’études et de travaux et une main d’œuvre ouvrière spécialisée hautement qualifiée. Comme je l’ai déjà dit, ils ont en parallèle fait venir en Algérie des milliers d’engins et équipements modernes dédiés aux travaux. Au plan financier , le groupement s’est retrouvé dans la situation de devoir prendre en charge et de terminer les travaux complémentaires demandés par le maître d’ouvrage non prévus par la Convention Contrat – Programme, à savoir la réalisation du réseau multitubulaire sur tout le tracé de l’autoroute Est-Ouest , et des ponts enjambant les lignes ferroviaires , le rétablissement du réseau routier local , ainsi que la réalisation des échangeurs. Partant du principe de « Priorité au maître d’ouvrage » et par égard à l’amitié entre les deux pays et sans regarder aux difficultés financières liées à des raisons multiples, et affectant lourdement la santé de sa trésorerie, le groupement, a résolument demandé aux sociétés mères de lui prêter main forte. Cette initiative a contribué à créer des conditions garantissant la poursuite des travaux, ainsi que l’agrandissement de facto, du volume des fonds investis dans les projets d’infrastructure en Algérie.
Quant aux nombreux problèmes techniques que le groupement a dû résoudre, il suffit d’en mentionner un, très notoire de surcroît, d’ordre géotechnique, rencontré lors du creusement des tunnels de Bouzegza au lot centre. Il est fort connu que la dite section se trouve dans l’une des structures géologiques les plus compliquées sur tout le tracé de l’autoroute Est-Ouest. La structure géologique est tellement complexe dans cette région que la méthode d’exploitation géologique traditionnelle a été rendue quasiment inutile et les carottes obtenues n’ont guère de valeur directrice pour les travaux. Le groupement devait réaliser dans ces conditions géologiques 04 tunnels. Or, lancer les travaux dans des conditions géologiques aussi incertaines, signifie que l’on est condamné à gérer le risque de glissement à chaque seconde ; et les glissements lorsqu’ils adviennent, s’accompagnent de dommages à la vie humaine et représentent une véritable catastrophe pour le creusement des tunnels. Face à ce sérieux défi, le groupement a adopté la tactique de soutien instantané de la voûte à plein cintre avant tout avancement de l’opération de creusement, et ce grâce à la nouvelle technologie du renforcement de l’ouvrage introduite pour la pratique de cette tactique. De cette manière, le groupement a réussi à percer les tunnels avec qualité et délais respectés.
La part dévolue au groupement Citic-Crcc dans la réalisation de l’autoroute est-ouest touche à sa fin. Pouvez-vous nous parler de l'expérience de votre entreprise dans l’environnement algérien? Quels sont les obstacles que rencontre une entreprise en charge d'une réalisation gigantesque?
On a parlé de l’ouvrage du siècle. C’est en effet le plus colossal projet d'infrastructure que l’Algérie ait entrepris. Construire en un peu plus de trois ans une autoroute à 6 voies sur près de 700km dans un paysage escarpé et sismique est une grande première en Algérie et sur le continent africain. C’était un immense défi logistique. Comme l'a souligné très justement M le Ministre Ghoul, ce fût et cela reste une bonne école, comme le démontrent actuellement les discussions en cours au sujet de la nécessaire et juste évaluation des coûts réels de ces travaux. Notre partie du projet traverse 11 wilayas. Il n'était pas possible pour nous de travailler au niveau de chacune des wilayas concernées ; Nous devions et c’est là une première, faire reconnaitre que le projet a un caractère national. Et que de ce fait la fiscalité devait être prise en charge et traitée au niveau national au même titre que l’ensemble des activités administratives.
Autre exemple : La sécurité active. Au début de la réalisation, cette sécurité tardait à être établie pour des raisons multiples .Le groupement n’a pas attendu et a bravé les dangers, avec un courage rare parmi les entreprises étrangères opérant en Algérie, en allant sur des sites de travaux fraîchement déminés par l’armée nationale mais non encore sécurisés. Je peux aussi souligner que le nombre d’engins, machines et autre matériel nécessaire à la réalisation de ce projet, afin d’honorer les délais, dépasse largement l’imagination. C’est la première fois que des délais inferieurs aux délais contractuels ont été tenus. En dépit de ces difficultés, nous avons toujours entretenu des relations de travail excellentes avec le maître d’ouvrage algérien. Je souligne que le Consortium a dû avancer sur fonds propre un montant de plus d’un milliard de dollars US de façon à garantir l’avancement des travaux à la cadence nécessaire pour être dans les délais contractuels. J’insiste sur le fait que notre groupement jouit d’une capacité professionnelle à toute épreuve, qui lui a permis d’acquérir de riches expériences dans la réalisation et la gestion de grands et très grands projets d’ingénierie. Les deux constituants chinois du groupement CITIC et CRCC sont classés parmi les 500 premières entreprises du monde et cela est le reflet convaincant de l’influence positive avérée du groupement. Que ce soit en Chine ou à l’étranger, nous avons déjà réalisé de nombreux projets qui attirent les regards du monde entier et forcent son admiration. En Algérie, nous avons constamment accordé une priorité aux besoins exprimés par le maître d’ouvrage, avec pour règle de conduite : qualité, diligence, rapidité, célérité, efficience et économie. Le groupement a réalisé avec qualité la partie du projet qui lui a été confiée. Dans les délais impartis avec un professionnalisme, une minutie et une économie irréprochables. Et pour le réaliser, 30 de nos compatriotes ont même donné leur vie ! Nous sommes fiers de cette réussite, et satisfaits de voir les Algériens rouler sur cette autoroute que nous avons construite. Concernant les obstacles rencontrés durant la réalisation du projet, j’insiste sur le fait qu’elles sont survenues de toute part et ont été parfois très dures à être résolues. CITIC-CRCC est resté déterminé à les surmonter. La preuve, il a livré dans les délais impartis la partie du projet qui lui a été confié, et qui a été totalement mise en circulation.
Certains ont critiqué le fait que la réalisation de l'autoroute ne s'est pas traduite par un transfert de savoir-faire. Qu’en pensez-vous de cette objection?
Je réfute ces critiques non fondées de manière catégorique. Qu’il me soit permis ici , de relater avec fierté , et sans aucune once de vanité de notre part , que nous-nous sommes engagés à construire à nos frais une école de formation et de gestion des grands travaux au profit de l’Algérie. D’autre part, c’est avec le même élan d’amitié et de solidarité traditionnelles que nous avons accueilli chaque année deux groupes d’étudiants algériens en Chine qui ont bénéficié de stages de formation. En tout, 240 étudiants algériens ont ainsi suivi une formation avancée dans la gestion des grands travaux en Chine. D’autre part, 2/3 des employés sur nos chantiers sont algériens, soit plus de 25.000 personnes et beaucoup ont suivi un apprentissage sur le chantier. Durant toutes ces années, nous avons effectué un transfert total de notre savoir-faire vers la main-d'œuvre algérienne. Nous sommes convaincus que ces ingénieurs algériens formés sur les chantiers de ce projet et ayant parfait leur formation en Chine, seront les experts indispensables à l’Algérie de demain, pour la réalisation de ses prochains projets d’infrastructure. Il y a eu à tous les chaînons de la réalisation du projet, à savoir la phase études, exécution des travaux, gestion, approvisionnement et autres, une participation active du personnel technique et de gestion algérien. Les sous-traitants locaux, assez nombreux d’ailleurs, ont également opéré conformément à nos exigences de qualité et de mode de fonctionnement, et surtout aux normes internationales et prescriptions des contrats.
Quels sont les moyens mobilisés par l'entreprise dans la réalisation de l'ouvrage? Pouvez-vous nous donner des exemples des obstacles techniques que vous avez rencontrés et la manière dont vous les avez surmontés?
Concernant les obstacles techniques, je noterai à titre d’exemple, que les études avant-projet (APD) fournies par le Maître d’ouvrage étaient incomplètes, parce que parfois très anciennes. Cela nous a contraints à les compléter pour pallier aux lacunes existantes dans les APD initiales. Pour la réalisation de ce projet avec la qualité requise, le groupement et la société mère ont effectivement mobilisé plusieurs de leurs experts de haut niveau en matière de travaux d’ingénierie, un grand nombre d’ingénieurs d’études et de travaux et une main d’œuvre ouvrière spécialisée hautement qualifiée. Comme je l’ai déjà dit, ils ont en parallèle fait venir en Algérie des milliers d’engins et équipements modernes dédiés aux travaux. Au plan financier , le groupement s’est retrouvé dans la situation de devoir prendre en charge et de terminer les travaux complémentaires demandés par le maître d’ouvrage non prévus par la Convention Contrat – Programme, à savoir la réalisation du réseau multitubulaire sur tout le tracé de l’autoroute Est-Ouest , et des ponts enjambant les lignes ferroviaires , le rétablissement du réseau routier local , ainsi que la réalisation des échangeurs. Partant du principe de « Priorité au maître d’ouvrage » et par égard à l’amitié entre les deux pays et sans regarder aux difficultés financières liées à des raisons multiples, et affectant lourdement la santé de sa trésorerie, le groupement, a résolument demandé aux sociétés mères de lui prêter main forte. Cette initiative a contribué à créer des conditions garantissant la poursuite des travaux, ainsi que l’agrandissement de facto, du volume des fonds investis dans les projets d’infrastructure en Algérie.
Quant aux nombreux problèmes techniques que le groupement a dû résoudre, il suffit d’en mentionner un, très notoire de surcroît, d’ordre géotechnique, rencontré lors du creusement des tunnels de Bouzegza au lot centre. Il est fort connu que la dite section se trouve dans l’une des structures géologiques les plus compliquées sur tout le tracé de l’autoroute Est-Ouest. La structure géologique est tellement complexe dans cette région que la méthode d’exploitation géologique traditionnelle a été rendue quasiment inutile et les carottes obtenues n’ont guère de valeur directrice pour les travaux. Le groupement devait réaliser dans ces conditions géologiques 04 tunnels. Or, lancer les travaux dans des conditions géologiques aussi incertaines, signifie que l’on est condamné à gérer le risque de glissement à chaque seconde ; et les glissements lorsqu’ils adviennent, s’accompagnent de dommages à la vie humaine et représentent une véritable catastrophe pour le creusement des tunnels. Face à ce sérieux défi, le groupement a adopté la tactique de soutien instantané de la voûte à plein cintre avant tout avancement de l’opération de creusement, et ce grâce à la nouvelle technologie du renforcement de l’ouvrage introduite pour la pratique de cette tactique. De cette manière, le groupement a réussi à percer les tunnels avec qualité et délais respectés.
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