DÉCRYPTAGE - Bien souvent, ce sont les lobbys qui se chargent de mettre en avant une situation particulière et suggèrent des dérogations. Mais ministres, députés et sénateurs cherchent aussi à éviter de léser certains électeurs.
À trop vouloir cibler la fiscalité et traiter des cas particuliers, le gouvernement et les parlementaires finissent toujours par la rendre incompréhensible pour le commun des mortels. L'affaire de la TVA sur les salades le démontre par l'absurde. Parti d'un motif sinon juste du moins rationnel -éviter de pénaliser les restaurateurs-, les experts de Bercy en sont venus à imaginer que la saladette vendue avec des couverts en plastique au supermarché serait taxée à 7%, et celle sans couverts à 5,5%.
Bien souvent en matière de fiscalité, ce sont les lobbys qui se chargent de mettre en avant une situation particulière et suggèrent des dérogations. Mais tout ne vient pas forcément d'eux. D'eux-mêmes, ministres, députés et sénateurs cherchent à éviter de léser certains électeurs.
Le premier plan d'austérité voté en septembre avait considérablement alourdi la taxe que les ménages doivent payer quand ils vendent un bien immobilier, tout en maintenant l'exonération de taxation pour la résidence principale. Problème, dans les grandes villes, beaucoup de ménages ne peuvent pas acheter l'appartement où ils habitent et sont donc contraints de louer leur résidence principale. En revanche, ils ont pu acquérir une petite résidence secondaire à la campagne… Pour traiter ce cas, les députés ont exonéré de taxes la première cession d'un bien par un ménage locataire de son logement.
L'Allemagne n'est pas meilleure
Mais pour éviter les abus, ils ont ajouté d'autres règles, notamment l'obligation de détenir le bien depuis cinq ans. Surgissait alors un autre cas, celui d'une famille qui, après avoir déménagé, se retrouve propriétaire d'un bien dans son ancienne ville. Un bien qui, du coup, n'était plus sa résidence principale et devenait taxable s'ils avaient envie de vendre vite leur ancienne maison. Les députés ont donc supprimé les délais pour ces cas particuliers. Ce qui aboutit, in fine, à une règle fiscale à tiroirs…
La complexité peut atteindre des sommets lorsque l'État se lance dans l'ultra-ciblage. Ainsi, un ménage qui installe des fenêtres isolantes dans sa maison n'a plus droit à une réduction d'impôt… sauf s'il le fait dans le cadre d'un bouquet d'autres travaux. Travaux bien sûr définis précisément par décret ! L'idée était d'encourager une rénovation générale du logement. En fiscalité aussi, l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Seule consolation: à l'heure de la convergence tous azimuts avec l'Allemagne, notre voisin n'est pas meilleur. Il ferait même pire. 60% de la littérature fiscale publiée dans le monde est consacrée à l'Allemagne. Et 20 à 30% des ménages allemands sont obligés de faire appel à un fiscaliste pour remplir leur déclaration d'impôt. Déclaration qui dépasse souvent les 20 pages…
source: Le Figaro
À trop vouloir cibler la fiscalité et traiter des cas particuliers, le gouvernement et les parlementaires finissent toujours par la rendre incompréhensible pour le commun des mortels. L'affaire de la TVA sur les salades le démontre par l'absurde. Parti d'un motif sinon juste du moins rationnel -éviter de pénaliser les restaurateurs-, les experts de Bercy en sont venus à imaginer que la saladette vendue avec des couverts en plastique au supermarché serait taxée à 7%, et celle sans couverts à 5,5%.
Bien souvent en matière de fiscalité, ce sont les lobbys qui se chargent de mettre en avant une situation particulière et suggèrent des dérogations. Mais tout ne vient pas forcément d'eux. D'eux-mêmes, ministres, députés et sénateurs cherchent à éviter de léser certains électeurs.
Le premier plan d'austérité voté en septembre avait considérablement alourdi la taxe que les ménages doivent payer quand ils vendent un bien immobilier, tout en maintenant l'exonération de taxation pour la résidence principale. Problème, dans les grandes villes, beaucoup de ménages ne peuvent pas acheter l'appartement où ils habitent et sont donc contraints de louer leur résidence principale. En revanche, ils ont pu acquérir une petite résidence secondaire à la campagne… Pour traiter ce cas, les députés ont exonéré de taxes la première cession d'un bien par un ménage locataire de son logement.
L'Allemagne n'est pas meilleure
Mais pour éviter les abus, ils ont ajouté d'autres règles, notamment l'obligation de détenir le bien depuis cinq ans. Surgissait alors un autre cas, celui d'une famille qui, après avoir déménagé, se retrouve propriétaire d'un bien dans son ancienne ville. Un bien qui, du coup, n'était plus sa résidence principale et devenait taxable s'ils avaient envie de vendre vite leur ancienne maison. Les députés ont donc supprimé les délais pour ces cas particuliers. Ce qui aboutit, in fine, à une règle fiscale à tiroirs…
La complexité peut atteindre des sommets lorsque l'État se lance dans l'ultra-ciblage. Ainsi, un ménage qui installe des fenêtres isolantes dans sa maison n'a plus droit à une réduction d'impôt… sauf s'il le fait dans le cadre d'un bouquet d'autres travaux. Travaux bien sûr définis précisément par décret ! L'idée était d'encourager une rénovation générale du logement. En fiscalité aussi, l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Seule consolation: à l'heure de la convergence tous azimuts avec l'Allemagne, notre voisin n'est pas meilleur. Il ferait même pire. 60% de la littérature fiscale publiée dans le monde est consacrée à l'Allemagne. Et 20 à 30% des ménages allemands sont obligés de faire appel à un fiscaliste pour remplir leur déclaration d'impôt. Déclaration qui dépasse souvent les 20 pages…
source: Le Figaro
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