Le testament d’Auguste 2/2
Couverture du magazine américain «Time Magazine», le 22 Août 2011, un mois marqué par les émeutes du Royaume Uni, la crise de l’endettement européen, l’enlisement atlantiste en Libye, la dégradation de la notation économique des Etats-Unis et la tuerie d’OSLO.
Le testament d’Auguste 2/2
René Naba | 16.12.11 | Paris
2001-2011: La décennie qui a signé la fin de cinq siècles d’hégémonie absolue occidentale sur le reste de la planète
Couverture du magazine américain «Time Magazine», le 22 Août 2011, un mois marqué par les émeutes du Royaume Uni, la crise de l’endettement européen, l’enlisement atlantiste en Libye, la dégradation de la notation économique des Etats-Unis et la tuerie d’OSLO.
Le commandant Massoud, Rafic Hariri, Benazir Bhutto, Hosni Moubarak, Zine el Abidine Ben Ali: La décapitation des principaux pivots de l’influence occidentale en terre d’Islam.
Dix ans après son lancement à grand fracas, «la stratégie du choc et de l’effroi» (Shock and Awe) (1) débouche sur un paysage dévasté, tant pour les pays cibles que pour les assaillants. Le bilan des pertes occidentales en Afghanistan et en Irak s’élevait, au 22 août 2011, selon « une estimation extrêmement prudente à 225 000 morts et environ 365 000 blessés ».
Selon cette étude, menée par les professeurs Neta Crawford et Catherine Lutz, au printemps 2011, pour le compte de l’université Brown, le nombre de soldats tués se chiffre à 31 741, dont environ 6000 Américains, 1200 soldats alliés, 9900 Irakiens, 8800 Afghans, 3500 soldats pakistanais ainsi que 2300 membres de sociétés militaires privées, faisant de cette guerre la plus meurtrière pour les États-Unis depuis la guerre du Vietnam et sans doute la plus coûteuse depuis la seconde guerre mondiale (2).
Le coût total des guerres menées par les Etats-Unis en Afghanistan, en Irak et au Pakistan aurait couté la somme astronomique de 3700 milliards de dollars. L’Irak, à lui seul, aura coûté au budget des Etats-Unis la somme de mille milliards de dollars. Ce chiffre ne tient pas compte du coût de l’entretien des 90.000 soldats américains maintenus sur place durant la période de transition. Ni la Corée ni le Vietnam n’avaient coûté autant, alors que la guerre du Vietnam (1960-1975) avait duré quinze ans et que le corps expéditionnaire américain s’élevait à cinq cent mille soldats (3).
Les guerres américaines depuis le 11 septembre 2011 ont couté davantage que la Seconde Guerre mondiale (1940-1945), la plus chère à ce jour (2.000 milliards de dollars en dollars constants/1.500 milliards d’euros). Avec en superposition des dommages collatéraux substantiels de 200.00 civils irakiens tués, près d’un million de blessés et trois millions de déplacés.
L’hypotonie du monde arabe face à la géostratégie tectonique impulsée par les attentats anti-américains du 11 septembre 2001 et la collusion frontale qui s’est ensuivie en Afghanistan et en Irak contre les deux plus importants foyers de percussion de la stratégie régionale de l’axe saoudo américain dans la sphère arabo musulmane a bouleversé le leadership traditionnel arabe. Elle a propulsé au firmament de l’iconographie internationale Oussama Ben Laden, chef d’Al Qaida, l’organisation clandestine transnationale, l’étincelle de ce bouleversement, de même que son compère le Mollah Omar, jamais à court de carburant, le plus célèbre motard de l’histoire de l’humanité en dépit de son handicap oculaire, ainsi que le dignitaire chiite libanais Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, son émule irakien Moqtada Sadr, seul dirigeant irakien frappé d’un triple sceau de légitimité -spirituelle, nationaliste et populaire-, seul dirigeant irakien d’envergure nationale à n’avoir jamais transigé sur ces principes, encore moins pactisé avec ce qu’il considère être ses «ennemis», contrairement aux autres factions irakiennes.
Au vu de cette hécatombe, ce qui devrait hanter l’Amérique désormais, ce n’est pas tant le spectre du Vietnam mais plutôt un sort identique à l’empire d’Alexandre le Grand, dont la Mésopotamie en fut le fossoyeur. A la veille de l’intervention américaine en Irak, George Bush Jr, renouant avec les vieilles habitudes des cow-boys américains, avait édité un jeu de cartes de 52 cartes consignant les 52 dirigeants irakiens les plus recherchés par ses services. Ivre de sa victoire et fier de leur capture, Bush n’avait pas prêté attention au fait que ce jeu de cartes se jouait désormais à contresens et qu’il portait désormais sur les protagonistes américains de la guerre.
La guerre anglo-américaine contre l’Irak a provoqué la destruction d’un des rares états laïcs du monde arabe, l’Irak, et le duo diplomatique franco-américain sur le Liban, la vacance du pouvoir présidentiel du seul pays arabe dirigé par un Président chrétien. Un précédent lourd de conséquences pour l’avenir.
Le grand ordonnateur de ce «chaos constructeur», George Bush, fait déjà précocement l’objet d’un enseignement dans les académies diplomatiques et militaires comme le parfait contre-exemple de gouvernement, assuré de décrocher le titre peu envieux de «pire président de l’histoire américaine», pourchassé dans l’imaginaire du monde par le journaliste irakien Mountazar al Zayédi, le plus célèbre lanceur de chaussures de l’histoire de l’humanité, le Spartacus des temps modernes.
Jacques Chirac, l’opposant à la guerre d’Irak mais rallié à l’aventure américaine du Liban, jouit désormais, pour sa part, d’une retraite confortable mais non paisible dans la résidence précaire de son bienfaiteur libanais. L’ancien président français qui menaçait des foudres de la Justice Internationale les assassins de son milliardaire ami, est, à son tour, en délicatesse avec la justice de son propre pays pour des affaires ayant trait à l’argent illicite dans des responsabilités fictives pour d’emplois fictifs financés pourtant par l’argent bien réel du contribuable français.
Le «grand jeu» afghan pour un «Grand Moyen orient» s’est révélé calamiteux pour ses initiateurs, éradiquant les principaux pivots de l’influence occidentale en terre d’Islam: le commandant Massoud Shah, le Lion du Panshir, en Afghanistan, les deux anciens premiers anciens ministres, Rafic Hariri et Benazir Bhutto, le sunnite libanais en 2005 et la chiite pakistanaise en 2007, deux personnalités situées aux extrémités de l’axe devant servir de levier à l’avènement du «Grand Moyen Orient», tous les deux identiquement carbonisés dans un attentat, victimes majeures du discours disjonctif occidental. Pis, au Liban même, zone de dégagement de la pression américaine sur l’Irak, la disparition de Rafic Hariri a été suivie de la décapitation de ses principaux supports médiatiques sur la scène occidentale, le directeur du journal An Nahar, Gébrane Tuéni, et le journaliste Samir Kassir. Un massacre à la tronçonneuse que n’aurait pu produire le plus méthodique des tueurs en série. Un résultant proprement ahurissant.
Sous tend cet épilogue, le problème majeur du décalage dans la perception que se fait l’Occident de la réalité orientale, particulièrement la vision que se font les intellectuels occidentaux de Benazir Bhutto, tout comme du commandant Massoud Shah ou de Rafic Hariri, qui relève à proprement parler de la psychanalyse. Benazir constitue, pour eux, cliniquement, un fantasme exotique absolu: La belle sultane dévoilée, l’anti burka, le chef du Harem, politiquement parlant. Les intellectuels occidentaux développaient à son égard une sorte de « discours sur la servitude volontaire ».
Héritière d’une dynastie politique dont le destin tragique est sans doute unique au monde, avec quatre personnalités assassinées dont deux anciens premiers ministres, record mondial absolu de tous les temps, cette femme glamour d’une grande «modernité», plutôt que d’impulser une dynamique de changement démocratique de son pays, se donnant en exemple pour la combat de libération de la femme dans le tiers monde arabo-musulman, a versé dans le conformisme d’une gestion bureaucratique empruntant aux sociétés patriarcales leurs méthodes les plus éculées, usant et abusant de son pouvoir au mépris des principes les plus élémentaires de la sagesse politique.
Un décalage identique s’est produit à propos du Commandant Massoud Chah, tué dans un attentat à la veille des attentats anti-américains du 11 septembre 2001. Massoud, apprécié des seuls Français, dont des intellectuels de renom en faisaient un titre de gloire de l’avoir rencontré, quand bien même la rencontre a été virtuelle, uniquement dans l’imaginaire du narrateur du récit de la rencontre. Elève du lycée français de Kaboul, Massoud passe pour avoir fait bénéficier de ses lumières les services français dans le labyrinthe afghan. Hors la France, il a été longtemps quasi inconnu. A sa mort il a été érigé en martyr de la Liberté, de la même manière que Rafic Hariri au Liban, pourtant l’un des principaux bailleurs de fonds des guerres inter-factionnelles libanaises.
Le tropisme occidental à l’égard de l’Islam aboutit à ce que chaque notabilité intellectuelle dispose de sa «minorité protégée»: Le philosophe André Glucksmann, les Tchétchènes, quand bien même son nouvel ami le président Nicolas Sarkozy, est devenu le meilleur ami occidental du président russe Vladimir Poutine, Bernard Henry Lévy, le Darfour, quand bien même son entreprise familiale est mentionnée dans la déforestation de la forêt africaine, et Bernard Kouchner, des Kurdes, les supplétifs des Américains dans l’invasion américaine d’Irak. Comme si ces notabilités cherchaient à compenser leur hostilité aux revendications arabes notamment palestiniennes par un soutien à l’Islam périphérique.
Victime d’un dommage subséquent résultant du retournement proaméricain de son ami français, l’élimination de Rafic Hariri (février 2005) (4) est survenue l’année même du décès de son protecteur, le Roi Fahd d’Arabie, mort six mois plus tard en Août 2005, le mois même où Mohamad Ahmadi-Nijad, le représentant de l’aile dure du régime islamique était élu à la présidence de la République iranienne. L’annonce de la fin de la mission de combat de l’armée américaine en Irak, le 21 août 2010, est intervenue le jour de la mise en route de la centrale nucléaire iranienne de Boucher. Il est des coïncidences fâcheuses qui retentissement comme des victoires pour leurs bénéficiaires.
Couverture du magazine américain «Time Magazine», le 22 Août 2011, un mois marqué par les émeutes du Royaume Uni, la crise de l’endettement européen, l’enlisement atlantiste en Libye, la dégradation de la notation économique des Etats-Unis et la tuerie d’OSLO.
Le testament d’Auguste 2/2
René Naba | 16.12.11 | Paris
2001-2011: La décennie qui a signé la fin de cinq siècles d’hégémonie absolue occidentale sur le reste de la planète
Couverture du magazine américain «Time Magazine», le 22 Août 2011, un mois marqué par les émeutes du Royaume Uni, la crise de l’endettement européen, l’enlisement atlantiste en Libye, la dégradation de la notation économique des Etats-Unis et la tuerie d’OSLO.
Le commandant Massoud, Rafic Hariri, Benazir Bhutto, Hosni Moubarak, Zine el Abidine Ben Ali: La décapitation des principaux pivots de l’influence occidentale en terre d’Islam.
Dix ans après son lancement à grand fracas, «la stratégie du choc et de l’effroi» (Shock and Awe) (1) débouche sur un paysage dévasté, tant pour les pays cibles que pour les assaillants. Le bilan des pertes occidentales en Afghanistan et en Irak s’élevait, au 22 août 2011, selon « une estimation extrêmement prudente à 225 000 morts et environ 365 000 blessés ».
Selon cette étude, menée par les professeurs Neta Crawford et Catherine Lutz, au printemps 2011, pour le compte de l’université Brown, le nombre de soldats tués se chiffre à 31 741, dont environ 6000 Américains, 1200 soldats alliés, 9900 Irakiens, 8800 Afghans, 3500 soldats pakistanais ainsi que 2300 membres de sociétés militaires privées, faisant de cette guerre la plus meurtrière pour les États-Unis depuis la guerre du Vietnam et sans doute la plus coûteuse depuis la seconde guerre mondiale (2).
Le coût total des guerres menées par les Etats-Unis en Afghanistan, en Irak et au Pakistan aurait couté la somme astronomique de 3700 milliards de dollars. L’Irak, à lui seul, aura coûté au budget des Etats-Unis la somme de mille milliards de dollars. Ce chiffre ne tient pas compte du coût de l’entretien des 90.000 soldats américains maintenus sur place durant la période de transition. Ni la Corée ni le Vietnam n’avaient coûté autant, alors que la guerre du Vietnam (1960-1975) avait duré quinze ans et que le corps expéditionnaire américain s’élevait à cinq cent mille soldats (3).
Les guerres américaines depuis le 11 septembre 2011 ont couté davantage que la Seconde Guerre mondiale (1940-1945), la plus chère à ce jour (2.000 milliards de dollars en dollars constants/1.500 milliards d’euros). Avec en superposition des dommages collatéraux substantiels de 200.00 civils irakiens tués, près d’un million de blessés et trois millions de déplacés.
L’hypotonie du monde arabe face à la géostratégie tectonique impulsée par les attentats anti-américains du 11 septembre 2001 et la collusion frontale qui s’est ensuivie en Afghanistan et en Irak contre les deux plus importants foyers de percussion de la stratégie régionale de l’axe saoudo américain dans la sphère arabo musulmane a bouleversé le leadership traditionnel arabe. Elle a propulsé au firmament de l’iconographie internationale Oussama Ben Laden, chef d’Al Qaida, l’organisation clandestine transnationale, l’étincelle de ce bouleversement, de même que son compère le Mollah Omar, jamais à court de carburant, le plus célèbre motard de l’histoire de l’humanité en dépit de son handicap oculaire, ainsi que le dignitaire chiite libanais Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, son émule irakien Moqtada Sadr, seul dirigeant irakien frappé d’un triple sceau de légitimité -spirituelle, nationaliste et populaire-, seul dirigeant irakien d’envergure nationale à n’avoir jamais transigé sur ces principes, encore moins pactisé avec ce qu’il considère être ses «ennemis», contrairement aux autres factions irakiennes.
Au vu de cette hécatombe, ce qui devrait hanter l’Amérique désormais, ce n’est pas tant le spectre du Vietnam mais plutôt un sort identique à l’empire d’Alexandre le Grand, dont la Mésopotamie en fut le fossoyeur. A la veille de l’intervention américaine en Irak, George Bush Jr, renouant avec les vieilles habitudes des cow-boys américains, avait édité un jeu de cartes de 52 cartes consignant les 52 dirigeants irakiens les plus recherchés par ses services. Ivre de sa victoire et fier de leur capture, Bush n’avait pas prêté attention au fait que ce jeu de cartes se jouait désormais à contresens et qu’il portait désormais sur les protagonistes américains de la guerre.
La guerre anglo-américaine contre l’Irak a provoqué la destruction d’un des rares états laïcs du monde arabe, l’Irak, et le duo diplomatique franco-américain sur le Liban, la vacance du pouvoir présidentiel du seul pays arabe dirigé par un Président chrétien. Un précédent lourd de conséquences pour l’avenir.
Le grand ordonnateur de ce «chaos constructeur», George Bush, fait déjà précocement l’objet d’un enseignement dans les académies diplomatiques et militaires comme le parfait contre-exemple de gouvernement, assuré de décrocher le titre peu envieux de «pire président de l’histoire américaine», pourchassé dans l’imaginaire du monde par le journaliste irakien Mountazar al Zayédi, le plus célèbre lanceur de chaussures de l’histoire de l’humanité, le Spartacus des temps modernes.
Jacques Chirac, l’opposant à la guerre d’Irak mais rallié à l’aventure américaine du Liban, jouit désormais, pour sa part, d’une retraite confortable mais non paisible dans la résidence précaire de son bienfaiteur libanais. L’ancien président français qui menaçait des foudres de la Justice Internationale les assassins de son milliardaire ami, est, à son tour, en délicatesse avec la justice de son propre pays pour des affaires ayant trait à l’argent illicite dans des responsabilités fictives pour d’emplois fictifs financés pourtant par l’argent bien réel du contribuable français.
Le «grand jeu» afghan pour un «Grand Moyen orient» s’est révélé calamiteux pour ses initiateurs, éradiquant les principaux pivots de l’influence occidentale en terre d’Islam: le commandant Massoud Shah, le Lion du Panshir, en Afghanistan, les deux anciens premiers anciens ministres, Rafic Hariri et Benazir Bhutto, le sunnite libanais en 2005 et la chiite pakistanaise en 2007, deux personnalités situées aux extrémités de l’axe devant servir de levier à l’avènement du «Grand Moyen Orient», tous les deux identiquement carbonisés dans un attentat, victimes majeures du discours disjonctif occidental. Pis, au Liban même, zone de dégagement de la pression américaine sur l’Irak, la disparition de Rafic Hariri a été suivie de la décapitation de ses principaux supports médiatiques sur la scène occidentale, le directeur du journal An Nahar, Gébrane Tuéni, et le journaliste Samir Kassir. Un massacre à la tronçonneuse que n’aurait pu produire le plus méthodique des tueurs en série. Un résultant proprement ahurissant.
Sous tend cet épilogue, le problème majeur du décalage dans la perception que se fait l’Occident de la réalité orientale, particulièrement la vision que se font les intellectuels occidentaux de Benazir Bhutto, tout comme du commandant Massoud Shah ou de Rafic Hariri, qui relève à proprement parler de la psychanalyse. Benazir constitue, pour eux, cliniquement, un fantasme exotique absolu: La belle sultane dévoilée, l’anti burka, le chef du Harem, politiquement parlant. Les intellectuels occidentaux développaient à son égard une sorte de « discours sur la servitude volontaire ».
Héritière d’une dynastie politique dont le destin tragique est sans doute unique au monde, avec quatre personnalités assassinées dont deux anciens premiers ministres, record mondial absolu de tous les temps, cette femme glamour d’une grande «modernité», plutôt que d’impulser une dynamique de changement démocratique de son pays, se donnant en exemple pour la combat de libération de la femme dans le tiers monde arabo-musulman, a versé dans le conformisme d’une gestion bureaucratique empruntant aux sociétés patriarcales leurs méthodes les plus éculées, usant et abusant de son pouvoir au mépris des principes les plus élémentaires de la sagesse politique.
Un décalage identique s’est produit à propos du Commandant Massoud Chah, tué dans un attentat à la veille des attentats anti-américains du 11 septembre 2001. Massoud, apprécié des seuls Français, dont des intellectuels de renom en faisaient un titre de gloire de l’avoir rencontré, quand bien même la rencontre a été virtuelle, uniquement dans l’imaginaire du narrateur du récit de la rencontre. Elève du lycée français de Kaboul, Massoud passe pour avoir fait bénéficier de ses lumières les services français dans le labyrinthe afghan. Hors la France, il a été longtemps quasi inconnu. A sa mort il a été érigé en martyr de la Liberté, de la même manière que Rafic Hariri au Liban, pourtant l’un des principaux bailleurs de fonds des guerres inter-factionnelles libanaises.
Le tropisme occidental à l’égard de l’Islam aboutit à ce que chaque notabilité intellectuelle dispose de sa «minorité protégée»: Le philosophe André Glucksmann, les Tchétchènes, quand bien même son nouvel ami le président Nicolas Sarkozy, est devenu le meilleur ami occidental du président russe Vladimir Poutine, Bernard Henry Lévy, le Darfour, quand bien même son entreprise familiale est mentionnée dans la déforestation de la forêt africaine, et Bernard Kouchner, des Kurdes, les supplétifs des Américains dans l’invasion américaine d’Irak. Comme si ces notabilités cherchaient à compenser leur hostilité aux revendications arabes notamment palestiniennes par un soutien à l’Islam périphérique.
Victime d’un dommage subséquent résultant du retournement proaméricain de son ami français, l’élimination de Rafic Hariri (février 2005) (4) est survenue l’année même du décès de son protecteur, le Roi Fahd d’Arabie, mort six mois plus tard en Août 2005, le mois même où Mohamad Ahmadi-Nijad, le représentant de l’aile dure du régime islamique était élu à la présidence de la République iranienne. L’annonce de la fin de la mission de combat de l’armée américaine en Irak, le 21 août 2010, est intervenue le jour de la mise en route de la centrale nucléaire iranienne de Boucher. Il est des coïncidences fâcheuses qui retentissement comme des victoires pour leurs bénéficiaires.
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