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De nouveaux états d'urgence, métre par métre .

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  • De nouveaux états d'urgence, métre par métre .

    De nouveaux états d'urgence, mètre par mètre

    C'est l'un des acquis, même bref, du «printemps arabe» : l'espace public est reconquis par le public. Place Tahrir, Avenue Bourguiba, place « verte », etc. L'enjeu de l'espace public est immense dans les dictatures : le dictateur veut en faire son salon, y accrocher ses portraits géants, l'interdire aux marcheurs, grévistes, opposants, indésirables, étrangers et autres dissidents. L'espace public est peint par le dictateur selon les goûts du dictateur qui y met le carrelage qu'il veut, lui donne le nom qu'il veut, y poste le nombre de policiers qu'il veut.

    Du coup, quand le peuple se révolte, le peuple investit cet espace qui est le chez-soi, désormais, du dictateur. En Algérie ? De même : le trottoir est refait par le maire selon ses goûts où les goûts douteux du wali. Partout, il y a des cadenas, des maillages avec des chaînes, des blocs de ciments, des obligations de permis, d'agréments, d'autorisations. Le seul qui n'a pas besoin d'une autorisation pour circuler dans l'espace public c'est le Pouvoir : il est chez lui. Du coup, toute la tension et l'attention des « comic » réformes algériennes a été de restituer au régime l'espace public qui lui a échappé ces derniers temps. Pas l'espace commun d'intérêt commun, mais l'espace public qui menace son autorité. Selon la nouvelle loi sur les associations, les associations risquent d'être dissoutes si elles appellent à la grève, si elles organisent des sit-in près des institutions publiques, alias celle du régime ou si elles « s'ingèrent dans les affaires publiques », vaste concept flou et donc très pratique. Donc, le maigre acquis des Algériens, celui de pouvoir aller s'asseoir près de la Présidence, du palais du gouvernement, d'un ministère trop incompétent ou d'une entreprise ou une APC, va leur être enlevé. Le Pouvoir ne veut pas qu'on s'approche de chez lui : c'est ce que font certains Algériens puissants malgré la loi : ils installent des dos-d'âne selon leur convenance, vous interdisent de stationner près de leurs fenêtres, ferment des routes entières entre leurs villas. C'est ce que veut désormais le régime : des associations domestiques et surtout une affirmation de son autorité, de sa propriété sur l'espace qui est le sien.

    A Oran par exemple : des travailleurs algériens protestent, dans une cimenterie mixte, que les propriétaires d'Oman importent de la main-d'œuvre de l'Inde et du Bengladeh et la payent mieux. Pourquoi en parler ? Parce qu'il s'agit d'illustrer la division de l'espace algérien en trois. 1°- L'espace donné en concession aux étrangers qui en jouissent au point d'importer des Bengalis à la place des Algériens comme main-d'œuvre de base. C'est l'espace multinational que le régime donne pour qu'on lui accorde la paix internationale. Un espace sur lequel les Algériens n'ont aucun droit de regard, au Sud comme au Nord. 2° - L'espace privé du régime : alentour des centres de décisions et des Palais et villas de résidence, Club des Pins, les jardins, les places emblématiques, les rues d'Alger et de toutes les autres villes du pays fermées aux manifestations, les salles de meeting. 3° - L'espace privatisé par les Algériens qui ont les moyens : ruelles entre villas, trottoirs du gardien de parking sauvage, les plages devenues payantes, les devantures des magasins qui prennent ce qui reste des trottoirs, etc.

    A la fin, entre l'espace donné aux multinationales, la terre donnée aux plus puissants et la terre prise par le régime pour ses propres besoins, que reste-t-il aux Algériens qui ne sont pas américains, qui ne sont pas ministres et qui n'ont pas une matraque ou de l'argent ? Réponse : la mer et le ciel. Prier ou immigrer. La chaloupe ou la barbe. Levée d'état d'urgence dans le cadre de « l'ouverture » ? Oui, mais remplacé par plusieurs états d'urgence, mètre par mètre. Jusqu'à ce qu'il ne reste à l'Algérien que la surface qu'il occupe quand il est debout. But des prochaines réformes ? Faire en sorte que les Algériens restent debout sur une seule jambe. Ainsi, le Régime peut récupérer la surface de la chaussure de l'autre jambe levée.


    par Kamel Daoud


    Le Quotidien d'Oran

    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    apparemment tous le monde s'en fou , ils peuvent continuer a én***** le "ghachi" trinquil
    tu tombe je tombe car mane e mane
    après avoir rien fait ...on a souvent le sentiment d'avoir faillie faire ....un sentiment consolateur

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