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D’hier à aujourd’hui, les œufs "Dans les traditions populaires et pratiques magiques"

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  • D’hier à aujourd’hui, les œufs "Dans les traditions populaires et pratiques magiques"

    L'oeuf a joué un rôle marquant dans les traditions populaires et coutumes....d'abord, indispensable à une alimentation équilibrée, il fait aussi l'objet des offrandes et dons et entre dans pratiques magiques....La légende de l'oeuf.

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    les œufs "Dans les traditions populaires et pratiques magiques"

    Depuis qu’elle a été découverte, la poule n’a jamais quitté l’univers de l’homme pour ce qu’elle lui apporte : la viande à bon marché, les œufs reconnus comme reconstituants en vue d’une alimentation équilibrée.

    Cela l’a été vraiment à des époques dites de disette au cours desquelles les peuples pauvres ont été obligés de s’adonner à l’élevage des volailles permettant de vivre sans bourse délier.


    Les aînés se souviennent du temps où leur mère ou leur grand-mère s’occupaient méticuleusement des poules et du ramassage de leurs œufs. La nuit, elles les rentraient pour les enfermer dans des abris de fortune, et le jour, elles les lâchaient dehors ; elles revenaient d’elles-mêmes au bercail. Vivant en liberté et trouvant dans la nature une alimentation adaptée, poules et coqs rouges sont de meilleure qualité. Les coqs qui ont erré en semant la panique parmi les autres animaux domestiques lorsqu’ils atteignent une taille impressionnante, sont particulièrement appréciés en hiver.
    Les œufs de poules élevées à la campagne à l’air libre ont très souvent deux jaunes, parfois même trois.

    Les œufs, indispensables à une alimentation équilibrée

    L’œuf qui entre comme ingrédient précieux dans un grand nombre de recettes culinaires, est indispensable en pâtisserie. Il apporte au hors-d’œuvre le jaune et le blanc qui accentuent le sentiment de la variété des couleurs et des goûts. Et que de plats de la cuisine moderne l’associent à d’autres éléments pour relever les saveurs, améliorer la valeur nutritionnelle ! Et que de gâteaux renommés sont faits à base d’œufs ! Sucre, chocolat, farine, épices ne sont rien s’ils ne sont pas accompagnés de jaune ou de blanc d’œuf. L’œuf s’adapte à tous les modes de cuisson : la vapeur, l’huile, l’eau, le contact avec le chaud. Tout dépend de la manière dont on veut le consommer et du rapport de complémentarité qu’on cherche avec d’autres aliments ou les plantes aromatiques : à la coque, sur le plat, en omelette.
    «Je me souviens bien du temps où, étant enfant, ma mère me gâtait en me gavant d’œufs cuits dans la braise éteinte, ou la cendre chaude», dit un témoin qui remonte à soixante ans en arrière. Ce qu’il nous a dit est si intéressant qu’on a dû le laisser poursuivre en ces termes : «A force de voir nos mamans faire, nous avions fini par apprendre à mettre dans les kanounes des œufs nouvellement pondus. C’était la misère et les œufs étaient bien plus précieux qu’aujourd’hui. Lorsqu’on ne voulait pas jouer la comédie en faisant les malades, on passait à l’action sans demander la permission. A l’époque, il y avait, hiver comme été, un feu de bois. Et comme tous les enfants souffraient du manque, y compris de pain et de galette d’orge, on enfouissait précautionneusement des œufs enveloppés de papiers, dans la cendre brûlante du kanoune. Au bout de dix minutes, on les retirait pour les manger.
    Nos parents qui ne pouvaient rien contre le dénuement, nous obligeaient à dire «Louange à Dieu».
    Dans la cuisine traditionnelle, que de plats sont accompagnés d’œufs ! Celui dont les plus anciens se souviennent le plus, c’est du plat de berkoukes bien huilé et accompagné de ses deux légumes habituels : l’oignon et la pomme de terre. Mais pour donner du goût on ajoute à chacun un à deux œufs durs.

    Rites anciens, offrandes, dons

    On se souvient surtout des œufs dont on faisait don à quiconque, parmi les parents ou les voisins, vous invitait à une fête. Cadeaux et gâteaux devenus aujourd’hui monnaie courante, étaient impossibles ou inconnus. Nous voulons parler des invitations entre membres d’une même famille ou entre parents, sinon entre bons voisins. C’était un devoir sacré que de répondre à une invitation en offrant un couffin rempli de semoule à la surface de laquelle sont disposés les œufs. Et pour que le tout arrivât intact à destination, on coinçait le couffin dans un grand panier qu’une femme, habile et assez forte, devait se charger de porter sur son dos, comme le voulait la coutume. Il nous reste de l’ancien temps des souvenirs précis de rites et pratiques plus ou moins conservés. Par exemple, on continue de faire cuire quarante œufs à un enfant qui fait son premier jour de Ramadhan ; le nombre quarante, qu’on n’arrive à s’expliquer, doit entrer dans la symbolique des coutumes et croyances de nos aïeux. Le matin de l’Aïd Esseghir, on va encore dans les mosquées pour y déposer, au profit des pauvres, toutes sortes de denrées, dont des œufs.
    Il existe des régions où les populations sont restées attachées aux croyances anciennes. On se rend aux mausolées des saints pour y faire des sacrifices, des offrandes : plats de couscous, emssemene, beignets, œufs. Mais ce qui est autorisé là, peut être interdit ailleurs ; il y a des endroits où on se contente d’oindre d’huile d’olive les arbres ou tout autre objet sacré.
    Dans le Chenoua, il fut un temps où les œufs étaient une marchandise d’échange entre les montagnards et les gens de la plaine. Mais la coutume locale voulait que seules les femmes devaient procéder à cette forme de troc sur la place d’un marché. Sur la même place sacralisée et réservée aux femmes, il y avait aussi échange de céréales et poteries.
    Conformément aux rites anciens, la nouvelle mariée transportée sur un mulet ou un cheval était précédée d’une qibla portant une lampe allumée, d’une forme particulièrement significative et sur les bords de laquelle est placé un œuf cru que la nouvelle épouse doit lancer sur la devanture de son domicile conjugal avant d’y pénétrer.
    La même qibla s’occupera aussi des accouchements de chacune ; après chaque mise au monde d’un enfant nouveau-né, elle placera près de la femme couchée à côté de son bébé, un pot de terre contenant un nombre impair d’œufs, du sel, un couteau, de l’encens dans un nouet. Des symboles devant servir à assurer une protection aussi bien à la femme qu’au bébé, et selon la croyance, pour permettre à la maman de se relever le 7e jour. Ce jour-là, les œufs, qui ont séjourné depuis l’accouchement dans le pot de terre, sont cuits et donnés à manger à la qibla et à la maman ; c’est le rite d’expulsion.
    Le septième jour, qui suit l’accouchement, est vécu comme un grand événement. En cette heureuse occasion, on fait porter à la femme la longue ceinture traditionnelle qu’un petit enfant lui enroule plusieurs fois autour de la taille. Ce jour est marqué aussi par le berkoukes qu’on offre à manger aux parents et aux voisins. C’est du couscous à gros grain roulé sur place et pour donner de l’appétit, il est accompagné d’oignons et de pomme de terre, ainsi que d’huile d’olive. C’est un plat d’un goût exceptionnel et ce, d’autant plus qu’il est garni d’œufs.

    [...]

  • #2
    La Suite...

    Les œufs dans les pratiques magiques

    Ne parlons pas des œufs qui entrent dans la composition des drogues que les sorcières de tous les temps mettent en pratique et que l’on fait boire à des personnes ciblées, pour nous consacrer exclusivement aux guérisseurs qui ont encore leur place dans les pays où les superstitions ont gardé toute leur fraîcheur. Les gens parmi les ignorants, particulièrement dans le milieu féminin, croient aux pouvoirs magiques des paroles de ceux qui ne cherchent qu’à nuire.
    En réalité, seul ce qui vous est donné à avaler peut avoir un effet néfaste : provoquer une maladie, rendre stérile, couper des êtres chers, rendre fou. Dieu punit sévèrement quiconque agit de la sorte. Quelques sourates du Coran sont là pour apporter les preuves que tout individu malfaisant est appelé à subir un grave châtiment.
    On revient aux œufs, notre sujet du jour, pour dire que les vrais talebs les utilisent pour rendre inefficace une drogue avalée. Nous en avons des preuves concrètes. A ce sujet, nous vous rapportons le témoignage d’un homme âgé au cours d’une discussion sur les drogues de méchantes femmes, car elles seules les préparent parce que de plus virulentes qu’elles, leur ont transmis les recettes.
    Notre témoin assagi par le poids des ans, nous dit que sa mère, qui sentait avoir bu quelque chose qui la rendait malade, l’avait envoyé chez un taleb installé sur la place d’un marché en plein air en lui remettant 7 œufs qu’elle avait pris soin de faire tourner, au préalable, 7 fois au-dessus de sa tête.
    «Arrivé chez le taleb assis à même le sol, nous dit-il, dans la fraîcheur du matin, je lui fis part du problème de santé de ma mère. Il avait vite compris et aussitôt, il marmonna des paroles en ciblant bien les 7 œufs avant de les casser l’un après l’autre. Le premier œuf avait un contenu noir comme du goudron, le deuxième, une fois cassé, était identique, et ainsi de suite jusqu’au sixième. A chaque fois il invoquait Dieu en lui demandant de punir avec une grande sévérité celle qui en avait été la cause. Le taleb a poussé un soupir de soulagement lorsqu’il trouva normal le 7e œuf. Après que je lui eu tendu le prix de son intervention, il me dit sur un ton serein : «Va chez toi rassuré, ta mère a recouvré la santé.»

    Les œufs dans les expressions, proverbes et légendes populaires

    C’est chez Mohammed Ben Cheneb, dans Proverbes de l’Algérie et du Maghreb, que nous avons choisi cet ancien proverbe toujours d’actualité : «Un œuf, aujourd’hui, vaut mieux qu’une ponte, demain» qui signifie : «La possession d’un bien présent vaut mieux que l’espérance des biens incertains» ou «un tien vaut mieux que deux tu l’auras».
    On dit également dans le langage courant : va te faire cuire un œuf, marcher sur des œufs, mettre tous ses œufs dans le même panier.
    On vous a aussi parlé, un jour, d’un jeune homme très habile mais trop timide. Dans son village, il répondait présent à chaque fois qu’on l’appelait pour divers travaux : colmater une brèche, remettre une porte, remplacer des tuiles cassées, etc. Les gens le remerciaient beaucoup sans juger nécessaire de le payer. Le jeune homme vivait dans la plus grande misère, alors qu’il pouvait être heureux si pour chaque tâche accomplie, il recevait son dû.
    Un vieux sage le fit venir près de lui et lui tint un langage de raison : «Achète-toi, lui dit-il, au marché prochain une poule pondeuse. Attache-la ensuite à un piquet et ne lui donne rien à manger et à boire. Dans quelques jours, tu reviendras m’en rendre compte.» Le malheureux fit exactement ce qui lui était demandé. La poule qu’il s’était achetée lui pondit, dès le lendemain, un œuf ; le surlendemain elle lui en donna un autre. Au matin suivant, il la retrouva morte. Il alla raconter sa mésaventure au sage qui, tout de go, lui répondit : «Cette histoire s’applique à toi, pauvre type.» La leçon avait bien secoué le jeune homme qui avait enfin compris ce qu’il aurait dû faire pour ne pas tomber dans le dénuement.

    - La Nouvelle Republique

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