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La dissidence d'un groupe d'al-Qaida révèle une désintégration interne

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  • La dissidence d'un groupe d'al-Qaida révèle une désintégration interne

    Un groupe terroriste jusqu'alors inconnu a tenté de semer la peur ce mois-ci en revendiquant l'enlèvement de trois Européens dans un camp de réfugiés sahraouis. Au lieu de cela, cette revendication a fait apparaître la nouvelle fragilité d'al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

    Outre sa revendication de ces enlèvements, Jamat Tawhid Wal Jihad Fi Garbi Afriqqiya" (Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest) a déclaré avoir "fait défection" des rangs d'AQMI, conduisant les analystes spécialisés dans les affaires terroristes à penser que le renforcement de la coopération en matière de sécurité entre les pays du Sahel a conduit à une certaine érosion dans les rangs du groupe terroriste.

    "AQMI a déjà commencé à perdre le contrôle de certains leaders non algériens", a expliqué à Magharebia un responsable de l'agence mauritanienne de lutte contre le terrorisme, qui a préféré ne pas être identifié pour des raisons de sécurité.

    "Cela est dû au fait que certains jeunes de différentes nationalités ont rejoint le groupe ces dernières années, et tentent maintenant d'assumer des responsabilités au sein du groupe, chose qui leur est refusée par les leaders algériens", a poursuivi ce membre des services de renseignement.

    Le groupe qui a enlevé les travailleurs humanitaires européens dans les camps de Tindouf serait composé de Sahraouis et de membres originaires d'Afrique de l'Ouest, ainsi que d'Algériens.

    Cette présumée cellule "dissidente" pourrait n'être rien d'autre qu'une tentative de tromper les agences de sécurité du Sahel, en leur faisant croire qu'al-Qaida n'est pas le seul groupe à avoir recours aux enlèvements et aux rançons comme outils du terrorisme.

    La thèse de l'affaiblissement d'al-Qaida est étayée par une autre concernant les membres de cette cellule. Ce nouveau groupe terroriste pourrait être composé de jeunes combattants d'AQMI révoltés contre leurs leaders algériens par suite de leur refus de partager l'argent des rançons.

    Si, comme le suggèrent certains responsables de la sécurité, ce groupe est légitime, ses "défecteurs" auto-proclamés ont effectivement réussi là où le terroriste mauritanien Khadim Ould Semane a échoué. Ould Semane avait tenté de se séparer d'AQMI et de créer une nouvelle organisation "partenaire" indépendante.

    Une demande qui lui avait été refusée par la direction algérienne d'al-Qaida.

    "Cette nouvelle défection pourrait refléter ce qui se produit aujourd'hui dans les pays arabes", a expliqué Dah Ould Hamadi, spécialiste des groupes salafistes et du terrorisme au Sahel.

    Les jeunes, notamment les jeunes terroristes, ont commencé à se retourner contre ce qu'ils estiment être une autorité unilatérale de la part de leurs dirigeants, a-t-il ajouté.

    "Si le Printemps arabe représente une révolte civile contre des dirigeants despotes, les jeunes terroristes pourraient être perçus comme faisant écho à ce sentiment", ajoute-t-il.

    Cela pourrait signifier "le début de la désintégration des groupes terroristes", suggère Ould Hamadi.

    Ce nouveau groupe est dirigé par un Mauritanien, Hamada Ould Mohamed Kheirou (alias Abou Qumqum). La Mauritanie a lancé un mandat d'arrêt international à l'encontre de ce leader terroriste présumé, mercredi 28 décembre.

    Ould Kheirou s'était évadé de sa prison mauritanienne en 2006 en compagnie de Khadim Ould Semane, le leader de la branche d'AQMI en Mauritanie et fondateur du groupe Ansar Allah Almouribitoun.

    Parmi les autres membres se trouvent l'Algérien Ahmed al-Talmasi, considéré comme l'un des principaux chef des jeunes sur le terrain, et le Malien Sultan Ould Badi.

    Les leaders d'AQMI ont tenté de lutter contre ces dissensions internes et de dissuader leurs membres de faire défection. L'une des méthodes a consisté à nommer de jeunes combattants déçus à des postes importants. C'est ainsi qu'en 2009, le Mauritanien Abdel Abderrahman Tandaghi avait été nommé moufti de la région du Sahara en dépit de son jeune âge et de ses différences idéologiques avec la haute direction algérienne.

    Les principaux émirs d'AQMI ont même décidé de diviser l'émirat saharien en cellules quasi autonomes (Masked, Tarik bin Zeyad et d'autres) pour donner à leurs membres plus de titres et de rôles spécifiques.

    L'apparition simultanée de trois chefs de cette organisation naissante est une indication forte de la perte de confiance des membres d'al-Qaida entre eux et envers leurs chefs.

    Elle pourrait aussi être un signe que les jeunes membres d'AQMI préfèrent être des dirigeants que de simples exécutants. Les avantages financiers et autres liés à la position de chef sont plus attirants pour cette jeune génération de terroristes que la seule perspective de suivre les ordres.

    Le groupe dissident remet également en question la pratique commune aux terroristes du Sahel de s'en prendre exclusivement à des ressortissants étrangers.

    "Il est possible que le groupe "Tawhid et Djihad" soit responsable de l'enlèvement du gendarme mauritanien", explique Mohamed Mahmoud Ould Abou El Maali, spécialiste du terrorisme, ajoutant que dans les jours qui ont précédé cet enlèvement, le groupe avait fait part de son intention d'étendre ses activités à l'Afrique de l'Ouest.

    Pour ce nouveau groupe, il n'existe aucune différence entre "un infidèle local et un infidèle apostat". Occidentaux et soldats originaires de la région peuvent tous être enlevés ou abattus.

    Une autre crainte est que les jeunes opérationnels, loin du contrôle des leaders terroristes, puissent froidement exécuter leurs victimes, sans attendre la fin des négociations pour la libération de ces otages. Ils pourraient être tentés de "se faire un nom" en commettant des actes horribles.

    Si ce groupe réussit à mener d'autres opérations terroristes, il pourrait encourager d'autres combattants mécontents à quitter les rangs de l'organisation-mère à tout moment, ce qui constituerait alors un nouveau défi pour les pays du Sahel.

    Mais cela serait également le signe du début d'une désintégration interne d'AQMI.

    Source: Magharebia
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