Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Pékin dénonce les "forces hostiles" de l'Occident qui menacent sa culture

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Pékin dénonce les "forces hostiles" de l'Occident qui menacent sa culture

    Aux premiers jours de 2012, année de transition importante pour le pouvoir chinois, à la tête du pays comme à celle du Parti communiste, le régime vient d'adresser à sa population et au monde extérieur un signe fort démontrant sa crainte de toute agitation sociale et sa volonté de tenir à distance l'influence occidentale.

    Dans le numéro de janvier de la revue théorique du Parti communiste chinois (PCC) Qiu Shi ("rechercher la vérité"), Hu Jintao, le président chinois, se montre très offensif, mettant en garde contre l'"occidentalisation" de la Chine dans le domaine culturel. Ce texte de Hu est extrait d'un discours prononcé, à huis clos, en octobre 2011, lors du dernier plénum du 17e congrès, mais son contenu n'avait jamais été rendu public à ce jour.


    Si la deuxième puissance économique mondiale a retrouvé son rang sur la scène géopolitique, elle n'a pas gagné la bataille des idées et du "soft power", regrette M. Hu : "La puissance culturelle de notre pays et son influence ne correspondent pas encore à sa place internationale."

    Une influence à la hauteur de ses ambitions - grâce aux centres Confucius et aux médias officiels au rayonnement mondial, comme la chaîne de télévision CCTV et l'agence de presse Chine nouvelle - permettrait enfin au géant asiatique de s'affirmer comme une puissance à l'égal des Etats-Unis. Pékin entend atteindre son objectif de "renaissance culturelle". La Chine revendique l'héritage de cinq mille ans de civilisation, entre confucianisme et marxisme-léninisme.


    "La culture occidentale est forte sur le plan international, tandis que nous sommes faibles", insiste le président chinois. "Nous devons reconnaître, prévient-il, que les forces hostiles internationales intensifient leur complot stratégique pour occidentaliser et diviser la Chine, les domaines culturel et idéologique sont leur point principal d'infiltration à long terme."

    Cependant, il ne précise pas dans ce texte comment lutter efficacement contre les films et chanteurs américains alors que les artistes chinois sont soumis à la censure. "Nous devons bien comprendre la gravité et la complexité de la lutte idéologique, être sur nos gardes, rester vigilants et prendre les mesures nécessaires pour prévenir et répondre", poursuit le numéro un chinois, qui prône, pour ce faire, de renforcer le contrôle de l'Internet.


    Répression renforcée


    L'explosion des microblogs dans un pays qui compte 485 millions d'internautes a permis une circulation de l'information et une libération de la parole, malgré la censure. En décembre, les photos et témoignages sur la révolte des villageois de Wukan, dans le sud du pays, contre leurs dirigeants locaux corrompus avaient abondamment circulé sur les différents weibo, versions sinisées de Twitter. En réaction, plusieurs villes, dont Pékin, ont exigé des sites Internet que les usagers s'enregistrent sous leur vrai nom, même s'ils peuvent utiliser ensuite un pseudonyme.


    La date de la publication des propos de Hu Jintao ne doit donc rien au hasard. Elle intervient au tout début d'une période sensible au cours de laquelle le parti redoute toute remise en cause de son hégémonie politique. M. Hu abandonnera son poste de secrétaire général du parti à l'automne - lors du 18e congrès, au profit de son successeur désigné Xi Jinping -, puis celui de président de la République populaire en 2013.


    Pour Philippe Béja, chercheur au Centre d'études et de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, "cette publication donne assurément le la pour l'année qui vient, celle de la succession" :"Le régime veut tenir en main la culture, l'Internet, il ne faut pas que cela bouge, ils sont très inquiets."


    En 2011, le pouvoir a déjà renforcé la répression contre les opposants après une série d'appels à des "rassemblements du jasmin", inspirés du "printemps arabe". En décembre, deux dissidents, anciens du mouvement démocratique de Tiananmen, Chen Wei et Chen Xi, ont été condamnés à neuf et dix ans de prison pour "incitation à la subversion de l'Etat".
    Pour autant, toutes les figures du Web chinois tiennent à relativiser l'idée d'une Chine sur le point de basculer. Le blogueur vedette Han Han, originaire de Shanghaï, symbole de la jeunesse urbaine privilégiée et volontiers critique envers les dirigeants, a publié, fin décembre, trois textes dans lesquels il estime que la Chine n'est pas prête pour une révolution, à l'instar de la Libye ou de l'Egypte.


    François Bougon/le monde
Chargement...
X