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Taza: Pourquoi le quartier el koucha s’est révolté

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  • Taza: Pourquoi le quartier el koucha s’est révolté

    TAZA: POURQUOI LE QUARTIER EL KOUCHA S’EST RÉVOLTÉ
    DNES À TAZA, YOUNESS SAAD ALAMI

    CHÔMAGE, INSALUBRITÉ ET FACTURES D’ÉLECTRICITÉ… LES CAUSES
    MALTRAITÉE, LA POPULATION RÉCLAME LE DÉPART DU GOUVERNEUR

    IL y a des villes où l’autorité semble déconnectée du Maroc moderne et a du mal à se débarrasser des atavismes féodaux. C’est en tout cas ce contre quoi se révolte aujourd’hui une partie de la population de Taza, dans l’espoir de se voir traitée différemment. Il est vrai que, de prime abord, l’accueil des «autorités» de la ville est plutôt spécial, à en juger par le traitement dont L’Economiste a fait les frais. Vendredi dernier, à 14h, une voiture de fonction barre la route à notre envoyé spécial devant le siège de la province. Le chauffeur descend brusquement du véhicule, laissé au milieu de la chaussée, nous coince et nous arrête. «Que faites vous ici? Pour quelle raison prenez-vous des photos? Vous devez au moins avertir les autorités de votre présence…». L’homme très peu amène n’est autre que le caïd du district El Koucha, un responsable territorial dont la circonscription était à feu et à sang 48 heures auparavant. Une des causes d’ailleurs du soulèvement n’est autre que le traitement estimé indigne du gouverneur et de son équipe et dont les habitants de ce quartier demandent le départ. «Il n’y a pas de quoi être surpris», nous dira, en substance, Abdelaziz, un habitant du quartier El Koucha. «A Taza, tout est possible. Le gouverneur qui a reçu, il y a encore quelques jours, une partie des diplômés chômeurs, a menacé de les emprisonner s’ils protestaient à nouveau devant le siège de sa province», ajoutent des habitants très en colère. Ces personnes qui lui ont demandé la réhabilitation de leur secteur (éclairage public, assainissement) ou encore des emplois…, auraient été vertement tancés, jusqu’au dénigrement le plus total, devenu intolérable aux yeux de tous. Une situation difficile à vérifier auprès de Abdelghani Sebbar, le gouverneur en question, et cela, malgré de nombreuses tentatives de prise de contact. Un responsable dont l’ensemble de la population d’El Koucha demande le départ immédiat, tout autant que celui des directeurs de l’ONE et de la Radeta.

    Par ce mouvement de protestation, la population voulait montrer que sa colère continuait, deux jours après les violentes émeutes qui ont éclaté mercredi 4 janvier. A l’origine, une manifestation de diplômés chômeurs, réclamant un emploi. Les manifestants ont été ensuite rejoints par un groupe d’habitants du quartier populaire d’El Koucha qui protestaient contre la hausse des factures d’électricité. Des accrochages entre les deux groupes ont dégénéré, faisant 14 blessés parmi les agents de police et les forces auxiliaires. Un véhicule de la police ainsi que des voitures ont été incendiés. Du côté des habitants d’El Koucha, le bilan fait état de 5 blessés graves qui refusent de se faire soigner par crainte d’arrestation. Les violences auraient aussi dégénéré suite à la bastonnade d’une jeune diplômée enceinte, raconte-t-on auprès de la population. «Les responsables des services de l’ordre ne savent-ils pas qu’ils ont affaire à une population névralgique, majeure, instruite, connectée à Internet et aux chaînes satellitaires, et que parfois, juste un petit sourire ou un geste de compréhension suffit pour apaiser les tensions», crient quelque 400 protestataires, tous issus du quartier qui s’est «révolté» contre «El Hogra», une journée après la nomination du nouveau gouvernement.

    «Nous sommes 1.200 familles. Nous vivons dans ce «douar» rudimentaire, situé à Taza El Ouliya à proximité du siège de la province, depuis plus de 40 ans. Nos rues n’ont jamais bénéficié de projets INDH ou de mise à niveau urbaine. Raison pour laquelle nous avons interdit aux candidats des partis l’accès à notre secteur lors de la dernière campagne électorale», explique un associatif. Et de poursuivre: «Malgré tout, nous sommes fiers de notre quartier qui a donné des hauts responsables de l’Etat comme Mahrad, le patron de la sécurité des palais royaux, mais aussi des médecins, des ingénieurs et tout simplement des Marocains qui représentent un échantillon de ce pays… nous ne demandons qu’à être traités avec dignité».

    A l’entrée du quartier, les premières façades donnent le change, mais une fois à l’intérieur, la réalité ne se cache plus. Des habitations de fortune, des ruelles sous-équipées, absence d’éclairage public, des amoncellement d’ordures, pas même un centre de santé pour près de 8.000 habitants,… et plus haut, une fontaine publique pour s’approvisionner en eau. Pour l’électricité, la facture est salée. Et c’est la principale revendication des habitants. «Nous devons payer des sommes astronomiques à la fin de chaque trimestre», explique Abdelaziz. Selon lui, «n’ayant pas assez de fonctionnaires pour contrôler mensuellement les minuteries et les compteurs, l’ONE comptabilise trimestriellement la consommation». Et du coup, la consommation trimestrielle est facturée toujours au prix de la 3e ou la 4e tranche, est-il constaté. En fait, depuis octobre dernier, nombreux sont les habitants d’El Koucha qui reçoivent des factures ONE dépassant les 1.000 DH, une épicerie ayant même reçu une facture dépassant les 8.000 DH. Une aberration selon les habitants qui parlent aussi d’une facturation non réfléchie. Le bulletin de consommation d’électricité de la mosquée du quartier contient une taxe de 300 DH comme droits de télévision. «Les fidèles accèdent à ladite mosquée pour faire la prière ou pour voir les films?», s’interroge un jeune. Une vieille femme, occupant une seule chambre où son lit jouxte un potager et des toilettes (probablement un bout de cuisine), est obligée de s’acquitter d’une facture de 517 DH. «Après avoir pris notre mal en patience depuis des mois, nous ne supportons plus cette situation et nous n’allons pas payer ces sommes…», concluent-ils.

    Benkirane attendu à Taza
    Aucun répit pour le nouveau chef du gouvernement. Abdelilah Benkirane, qui a déjà effectué une «plongée» au milieu des diplômés chômeurs, devrait se rendre à Taza ce lundi pour tenter de calmer les esprits et surtout d’instaurer le dialogue. Comme il l’avait précédemment souligné lors de son point de presse du 5 décembre, le Premier ministre n’est pas prêt à ouvrir les vannes de la fonction publique à n’importe quel prix. «Je veux surtout leur dire que les postes dans la fonction publique seront accordés selon la compétence et les besoins», avait-il alors déclaré à la presse.

    leconomiste
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