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Mobilisation au Maroc pour L7a9d

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    Cela devrait être le dernier épisode "d'un feuilleton interminable", comme le qualifie son comité de soutien. Mouad Belghouate, de son nom d'artiste L7a9d, comparaissait une sixième fois, mardi 10 janvier, devant le tribunal de Casablanca, au Maroc pour "coups et blessures avec préméditation". L'audience aura duré plus de douze heures, se terminant mercredi à 6 heures du matin. Le rappeur de 24 ans est incarcéré depuis le 9 septembre pour avoir participé à une rixe en bas de chez lui, dans le quartier d'Al Wifak. Magasinier dans une société de câblage, L7a9d est rappeur : il ne commercialise pas ses disques, mais enregistre des vidéos sur Youtube et grave des CD pour son entourage.

    Dans ses textes, El Haqed ("l'enragé" en arabe, son nom écrit en lettres romaines, les chiffres 7 et 9 remplaçant respectivement le H et le Q) n'y va pas avec le dos de la cuillère. Contrairement à d'autres rappeurs marocains, Bigg, M-Snoop ou H-Kayne, L7a9d ne soutient pas la politique monarchique. Au contraire, il participe au Mouvement du 20 février (M20) qui, dans la foulée des révoltes en Tunisie et en Egypte, demandait la fin de "la tyrannie". Dans ses textes, il réclame "ses droits tout de suite", préfère "vive le peuple" à "vive le roi" et précise que dans la Constitution marocaine "le roi est mentionné soixante et une fois, et le peuple qu'une seule fois".

    En juillet dernier, le M20 et L7a9d obtenaient en partie gain de cause puisque l'article de la Constitution garantissant la sacralité du roi a été modifié et remplacé par "le respect dû au roi". Le 9 septembre, ce n'est pas un rappeur concurrent qui vient réclamer des comptes à L7a9d, mais un membre de l'alliance des jeunes royalistes, Mohamed Dali. Celui-ci dit avoir été attaqué par les proches de Mouad, et avoir reçu du rappeur un coup sur la nuque. Lors des audiences, il assure avoir perdu connaissance et ne s'être réveillé que le lendemain. Mais le procès-verbal de la police démontre qu'il a déposé une plainte le soir même de son agression. Ce n'est pas la seule incohérence. Il a obtenu un arrêt de travail de quarante-cinq jours ; or, trente jours après la rixe, il était photographié (le 9 octobre) en train de participer à une manifestation contre le journal Akhbar Al Yaoum, selon le comité de soutien de Mouad.

    Liberté provisoire refusée

    "Ce procès dépasse l'entendement, confie la réalisatrice Maria Karim, qui mène le comité de soutien. On veut faire payer à Mouad sa liberté, sa clarté et sa détermination." Depuis son arrestation, ses avocats ont demandé en vain sa mise en liberté provisoire. Elle lui a été refusée malgré les garanties : pas de passeport, un travail et un domicile fixe. Pour Karim Tazi, industriel dans le textile, directeur de la banque alimentaire au Maroc et mécène des musiques urbaines, le traitement imposé à L7a9d est un message envoyé à ceux qui voudront critiquer le roi à l'avenir, quitte à utiliser la justice : "Voilà, un jeune rappeur qui tient des propos irrévérencieux envers le chef de l'Etat et qui est coffré pour une simple rixe, résume-t-il. Le pouvoir nous dit : "Ne vous trompez pas, nous sommes dans un rapport de force et rien d'autre. Et dans celui-ci, nous vous envoyons un message clair. Nous ne rigolerons pas avec la ligne rouge que constitue la personnalité du roi.""

    Le juge rendra sa décision jeudi 12 janvier, à midi.

    Stéphanie Binet

    le monde
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