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Pétrole et gaz de schiste... Et si une guerre éclatait en 2012 ?

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  • Pétrole et gaz de schiste... Et si une guerre éclatait en 2012 ?

    Dans les années qui ont précédé la Première Guerre mondiale, l'Europe s'est transformée en gigantesque champ de bataille diplomatique. Chaque futur belligérant cherchait à créer des alliances, conclure des traités de non-agression, de coopération, etc. Les regroupements se faisaient par affinités politiques, géographiques, culturelles, religieuses, ethniques... Pour au final aboutir à la création de deux grands camps. La Triple-Entente regroupant la France, l'Angleterre et la Russie. Et celui de la Triple-Alliance, Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie.

    Sur la scène internationale, en ce moment, c'est un peu ce qui se passe avec comme objectif la possession de l'énergie.

    Quand vous y pensez, l'énergie a toujours été un moteur (sans jeu de mot) de nombre d'initiatives humaines, en particulier les guerres. Dans l'Antiquité, il fallait conquérir des esclaves ; dans notre monde moderne, les nations s'étripent politiquement, économiquement et souvent même par la voie des armes pour la possession d'un champ de pétrole ou de mines d'uranium.

    Pensez aux tensions avec l'Iran. Ou encore celles entre la Géorgie et la Russie à propos du gaz ou celles entre les Etats-Unis et Chavez.

    Depuis la fin de la Guerre froide, la possession de l'énergie se cache derrière bien des interventions militaires. Sans vouloir porter d'accusation, difficile de ne pas y voir un motif récurrent de la diplomatie américaine.

    Bref, l'énergie est le nerf de la guerre... économique.

    En 2011, alors que les matières premières, dans l'ensemble, ont connu quelques revers de fortune, le pétrole s'est extrêmement bien porté.

    Et 2012 pourrait être une année chaude pour l'énergie.

    L'Iran, un brasier en puissance
    En parlant de guerre, cela chauffe du côté de l'Iran. Le rafraichissement des relations entre l'Iran et l'Union Européenne est en particulier inquiétant.

    Jusqu'à présent prévalait l'accord suivant : l'Iran, qui est tout de même le quatrième producteur de pétrole au monde, fournissait du pétrole à l'Europe qui, en échange, exportait de l'essence vers l'Iran. L'essence ainsi fournie représente tout de même 50% des besoins iraniens.

    En novembre dernier, les tensions entre les deux partenaires ont tout d'un coup augmenté d'un cran. En réponse à la poursuite du programme nucléaire par l'Iran, la Grande-Bretagne a mis fin à toutes ses relations avec les banques iraniennes.

    Quelques jours plus tard, la foule prenait d'assaut l'ambassade britannique. Ensuite, ce fut l'emballement. La Grande-Bretagne a fermé son ambassade à Téhéran et a exigé la fermeture de l'ambassade iranienne à Londres. La Norvège a suivi son exemple. La France et l'Allemagne ont quant à elles rappelé leur ambassadeur en Iran pour consultation selon la langue de bois diplomatique.

    Quelle augmentation de prix ?
    Depuis, les chefs d'Etat et ministres des affaires étrangères des deux côtés de l'Atlantique évoquent régulièrement sanctions musclées et/ou représailles armées contre l'Iran. Et l'Europe doit se décider sur la fin de l'accord pétrole/essence avec l'Iran.

    L'Otan et/ou les Etats-Unis et/ou Israël décideront-ils d'une attaque contre Téhéran dans les mois qui viennent ? Peut-être... Mais en tout cas, ces tensions internationales ne laissent pas présager une baisse importante du cours du pétrole.

    Si l'Iran exécutait ses menaces de fermer le détroit d'Ormuz, ou si une attaque militaire contre Téhéran était décidée, le baril pourrait connaître une flambée semblable à celle qu'il a connu en pleine révolution libyenne, soit un bond de 20 $ ou 30 $.

    Evidemment, des pays comme l'Arabie saoudite pourraient augmenter leur production pour compenser la fin des exportations iraniennes. Mais rappelez-vous ce qui s'est passé pendant la révolution libyenne, l'OPEP n'avait pas paru particulièrement décidée à ouvrir les vannes de sa production... certains en avaient même conclu que les pays de l'OPEP avaient atteint les limites de leur capacité à produire de l'or noir.

    Ces tensions géopolitiques ne doivent en outre pas nous faire oublier que la tendance haussière repose sur des fondamentaux solides. D'après l'Agence internationale de l'énergie, cette année, la demande de pétrole devrait atteindre un plus-haut à 89,5 millions de barils par jour.

    Quant à l'OPEP, elle semble très bien s'accommoder d'un baril flirtant avec les 100 $. Autant dire que l'ère du pétrole cher ne prendra pas fin en 2012.

    Le gaz aiguise les appétits
    Conséquence d'un baril de pétrole cher, les autres sources d'énergie attisent l'appétit des Etats et des compagnies pétrolières. Et en particulier, le gaz. Vous le savez, le cours du pétrole et du gaz sont corrélés. Quand le brut augmente, le gaz aussi. Et dans le monde du gaz, c'est les grandes manoeuvres.

    Total vient d'annoncer qu'il investissait 2,32 milliards dans le projet d'exploitation de gaz de schiste (shale gas) de la société américaine Chesapeake dans l'Ohio. Investissement qui lui permet de prendre une participation de 25% sur le projet d'exploitation des gaz de schiste lancés par Chesapeake et son partenaire Enervest.

    Ce n'est pas la première fois qu'un tel accord est signé entre le Français et l'Américain. En 2010 déjà, Total avait investi 2,5 milliards de dollars dans un autre projet de Chesapeake, cette fois situé au Texas.

    Avec ou sans la France...
    Vous avez certainement suivi les polémiques qui ont eu lieu ces derniers mois en France sur l'exploitation des réserves de gaz de schiste – dont le territoire national est confortablement pourvu. Les opposants au projet ont souligné la pollution engendrée par une telle exploitation. En effet, le gaz de schiste est inclus dans la roche de schiste.

    Pour le récupérer, une des principales méthodes consiste à injecter de l'eau à haute pression pour fractionner la roche et récupérer le précieux gaz, technique dite de la fracturation hydraulique.

    Or cette technique serait dommageable pour l'environnement, en particulier parce que le gaz et/ou l'eau polluée risquent de contaminer les nappes phréatiques. La technique a donc été interdite en France l'année dernière.

    ... le gaz de schiste se développera
    Quoi qu'il en soit, le gaz de schiste suscite l'intérêt de nombre d'Etats et de compagnies gazières et pétrolières. En particulier les réserves américaines qui ont l'avantage d'être nombreuses, bien exploitées et de bénéficier d'une législation favorable. Conclusion, les Etats-Unis sont progressivement en train de réduire leur dépendance énergétique.

    A peine l'investissement de Total dans le projet de Chesapeake dévoilé que la société chinoise Sinopec, un des géants du secteur, a annoncé sa participation dans le projet de forage de l'Américain Devon Energy en Louisiane, dans l'Oklahoma, le Michigan, le Colorado et le Wyoming. Coût de l'investissement : 900 millions de dollars tout de suite et 1,2 milliard dans les années à venir. Citons aussi les partenariats de Chesapeake avec BHP l'année dernière pour 4,75 milliards de dollars ou encore le rachat par ExxonMobil de XTO Energy pour 41 milliards.

    Bref, le gaz de schiste devient un des axes majeurs de développement de nombre de compagnies. Et c'est compréhensible, puisque c'est une des énergies les moins chères à produire. Le gaz de schiste sera tout particulièrement recherché en 2012, puisque le pétrole devrait demeurer cher, aussi bien pour des raisons fondamentales que conjoncturelles (tensions croissantes au Proche et Moyen-Orient).

    [......]

    Cécile Chevré
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