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Les Amants De Chahrazade

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  • Les Amants De Chahrazade

    Salutations à toutes et à tous. une réaparition sur fonds de promesse négligée. n'est ce pas Morjane!

    Les amants de Chahrazade


    Les amants de Chahrazade est un premier roman d’une centaine de pages écrit par « Salima Ghezali », écrivaine et journaliste née en 1959, responsable de l’hebdomadaire « la Nation », plusieurs fois récompensée par des distinctions prestigieuses (rédacteur en chef de l’année, NEW YORK 1996 – prix du club international de la presse en 1995 – prix Sakharov en 1997 et prix Olof Palme en 1998).

    La romancière, dans son œuvre, nous délivre sa vision sur l’évolution d’un phénomène qui a marqué l’histoire de l’Algérie depuis sa colonisation par la France, les évènements qui s’en sont suivis juste après l’indépendance et bien sur la décennie noire qu’elle traite d’une manière singulière puisque impliquée dans le groupe de ceux qui ont engendré la peur et en même temps dans celui qui a voulu combattre cette peur tout en ayant recours aux mêmes procédés de ceux qui ont semés la peur et la terreur.

    Il me semble, qu’en lisant l’œuvre, Salima Ghezali a bien pris le soin de nous éviter les méthodes traditionnelles de narration d’évènements tragiques et pour le moins destructeurs. Destructeurs d’un espoir, destructeurs d’un équilibre et surtout destructeurs de tous les efforts déployés en matière de reconstruction. A chaque fois que des volontés se manifestent pour ressouder les brèches, l’immobilisme de la majorité des acteurs, le mal qui les habite, la vision erronée des choses prend le dessus sur la bonne volonté et la vision lucide et pertinente.

    Toute cette pléiade de sentiments et d’évènements a été racontée avec une tranquillité déconcertante comme pour nous dire que ce qui s’est passé dans ce pays n’a pu se produire que parce que personne n’a crié gare. Les évènements se succédaient, la société accusait les coups et personne n’était là pour pouvoir analyser les évènements et en tirer les conclusions qui s’imposaient.

    Plutôt que cette manière de traiter les évènements, la société et les individus, par voie de conséquence, se sont occupés plus de choses marginales, sans grande importance plutôt que de combattre les véritables fléaux qui se dessinaient à l’horizon.

    Pour faire parvenir au lecteur son message, la narratrice a utilisé une communauté de Kabylie vivant dans un même espace terrestre en faisant un zoom sur une famille qui comprend en son sein toutes les contradictions que pouvait renfermer un pays comme l’Algérie :

    Chahrazade : la mère des deux acteurs centraux du roman (Athir et Nour) et d’une femme qui s’appelle Fatima (mère aussi de Taous et d’un autre petit garçon). Chahrazade a vécu durant la période coloniale, assisté à l’indépendance du pays et aux évènements qui s’en sont suivis, particulièrement les luttes de pouvoir qui ont fait d’elle une victime ainsi que son mari (envoyés dans un camp de réfugiés au sud du pays). Refusant de s’avouer vaincue, elle décida de laisser tomber son ancien mari et d’accepter de se marier avec un militaire de la période post-coloniale. Une situation qui symbolise fortement à mon sens le grand virage qu’a pris le pays au lendemain de l’indépendance. Une précision toutefois utile à signaler en ce que son fils Athir qu’elle portait déjà dans son ventre au moment de son acception du second mariage avec le militaire était le produit de son premier mari et s’est révélé par la suite être un fondamentaliste.

    Athir : le fils aîné de Chahrazade, produit de son premier mari, dont le nom n’avait d’égal sur la région. Elle l’avait nommée ainsi parce qu’il signifiait une vibration de son ou la lumière dans l’air et même une onde dans la langue de ses aïeux. Athir était un islamiste pur et dur partagé au fonds de lui entre les exigences de ses convictions religieuses extrémistes et la peur de voir les siens emportés par la vague des génocides perpétrés par les groupes terroristes.

    Nour : le second fils de Chahrazade issu de son second mariage. Il ne semblait pas être conscient des véritables dangers qui guettaient sa famille et sa région. Pour preuve, ce passage repris par sa cousine Taous en réponse aux avertissements insistants de son autre cousin Athir plus imprégné des dangers qui les guettaient :

    « Athir à sa cousine : si tu vois quelque chose ou entends le moindre bruit suspect, fuis immédiatement ! N’attends pas, ne dis pas un mot, ne crie pas car nul, en dehors de Dieu, ne sera en mesure de te venir en aide….

    Taous à son cousin Athir : Mon cousin Nour dit qu’on a rien à craindre ici et qu’il n’y a pas de fanatiques en Kabylie…..

    Athir à sa cousine Taous : ton cousin Nour est bien gentil, mais c’est un naïf ».

    Fatma : mère de Taous et d’un autre petit garçon, tout deux rescapés d’un génocide qui a vu leur mère périr suite à une incursion terroriste. Le roman a commencé par cette incursion et s’est terminé en relatant les conséquences de cette incursion qui s’est soldée par le décès de Fatma, plusieurs autres personnes et un feu ravageur.

    Rahma : l’épouse de Athir, femme de caractère, cultivée mais qui n’arrive pas à s’expliquer le comportement de son époux, particulièrement ses absences fréquentes. Rahma qui n’a cessé d’essayer de comprendre sa belle mère Chahrazade et de déchiffrer les énigmes enfermées en son sein et qu’elle ne lui révélait que par petites doses, au fur et à mesure.

    Ahmed : un ancien boxeur, d’une force physique exaltante, membre de la milice constituée pour combattre les groupes terroristes mais dont la seule arme était sa force physique. Il ne faisait aucun appel à son intelligence pour essayer de résoudre les problèmes auxquels il était confronté.

    Tamza : une femme aliénée qui est sortie dans la rue toute nue et qui a subie la réaction violente d’un imam se trouvant sur sa route accompagnée de l’approbation de tous ceux présents à la scène. Un imam qui a mêlé violence et plaisir aux coups qu’il portait à la malheureuse et qui a fini par se trahir lorsqu’un point humide a traversé son qamis en s’affichant à la vue de tous les présents. Tamza fut accueillie par Chahrazade qui a pris soin d’elle.


    Conclusion :

    Plus que les conséquences désastreuses qu’ont pu provoquer les différents évènements qui se sont succédés, la romancière a particulièrement insisté sur le fait que l’espoir demeure toujours. Il est affirmé au début de son récit comme il le boucle également. Il insiste également sur le rôle salvateur de la femme dans les différents évènements qui se sont succédés et celui qu’elle est appelée à jouer dans la perspective d’une nouvelle refondation des nouvelles bases.

    Elle crée même une forme de confusion dans ses symboles en confondant la femme de manière générale et l’Algérie.

    L’œuvre ainsi décrite, mérite qu’on lui établisse un petit parallèle avec « LES BAVARDAGES SU SEUL », roman de Benfodil Mustapha, lui aussi journaliste qui a excellé dans la tâche de description très pointue de l’horreur qu’a provoquée la décennie noire.
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