(1) Témoignage d’une femme de lettre syrienne sur ce qui se passe dans son pays
par Nadia Khost
Le 17 janvier 2012
Victime de milices islamistes violentes qui terrorisent les gens, la population syrienne craint ces opposants armés qui sèment la peur et le chaos. L’écrivaine syrienne Nadia Khost — auteur de nombreux ouvrages d’essais et de nouvelles portant sur l’histoire, l’architecture, la conservation et la protection du patrimoine de la Civilisation Arabe — vit à Damas. Ce qu’elle nous dit ici, sur ce qui se passe véritablement en Syrie, doit être pris très au sérieux. Son témoignage ne correspond en rien à la version des faits qui nous est rapportée par de prétendus « grands reporters » français.
Il n’y a plus de fioul à Alep… les vendeurs ne peuvent que crier leur détresse aux observateurs délégués par la Ligue Arabe : « Nous sommes des travailleurs démunis, les bandes armées coupent les routes, volent le fioul, dérobent ou détruisent nos véhicules… quand ils ne nous tuent pas ! ». Telles sont les vraies raisons de la pénurie qui empêche actuellement les pauvres gens de gagner leur vie. Les bandes armées sévissent là où elles peuvent… Les observateurs écoutent les témoignages des blessés, entendent les pleurs des enfants réclamant leurs pères kidnappés, constatent les blessures portées post mortem, notent les identités, les récits, les lieux, les horaires…
Pendant ce temps, les télévisions syriennes filment à distance et restituent des images d’horreurs, de massacres, que les Syriens ne pouvaient imaginer se produire sur leur sol. Des images qu’ils n’ont jamais connues au cours de leur histoire contemporaine : cadavres mutilés, membres coupés, cœurs arrachés, corps brûlés et manifestement torturés.
Ainsi, le 8 janvier, nous avons tous partagé le malheur et la tristesse d’un groupe d’habitants de la ville de Homs à peine éclairés par les bougies encore allumées et qui, en pleine veillée funèbre en hommage à leurs victimes, se sont vus attaqués par des bandes armées faisant sur leur passage de nouvelles victimes…des morts et des blessés. Toujours à Homs, le 10 janvier nous avons déploré un ingénieur assassiné, son collègue blessé, un enseignant kidnappé. Finalement, ces bandes assassines en sont arrivées à interdire la fréquentation des établissements scolaires dont environ un millier de bâtiments sont désormais en ruines !
Par conséquent, le problème actuel en Syrie n’a rien à voir avec ce qu’affirment les médias occidentaux ; à savoir, un conflit entre une opposition politique qui demande des réformes et un gouvernement qui les refuse. Le problème en Syrie est celui de bandes armées et de groupes de criminels qui sèment le chaos en s’attaquant à une société habituée depuis des décennies à vivre en sécurité. Lorsqu’une infirmière déclare aux observateurs envoyés par la Ligue arabe : « Alors qu’avant nous rentrions chez nous à une heure du matin en toute confiance, à présent nous n’osons plus sortir à la tombée de la nuit », elle résume une réalité inédite en Syrie.
En effet, l’un des buts de l’assassinat de soldats et de policiers est justement la généralisation du chaos. Ce même chaos que Georges Bush a installé en Irak avec comme conséquence prévisible, le démantèlement de l’État et la domination de gangs violents. Dans sa guerre contre la Syrie, l’Occident a adopté ce même projet. La preuve en est que lorsque le gouvernement syrien a annoncé une amnistie générale pour tous ceux qui déposeraient leurs armes, Madame Clinton a interpellé les rebelles en ces termes : « ne rendez pas vos armes ! ».
Toute personne qui voudrait honnêtement s’enquérir de la vérité ne pourrait nier que des tueurs, et d’ignobles criminels, sont utilisés pour répandre la terreur dans le but d’exécuter un projet politique visant l’autorité de l’État, la partition de la Syrie et par là, l’anéantissement de l’un des bastions de la résistance au projet sioniste. En cas de doute, souvenons-nous toujours du projet de l’Organisation Sioniste mondiale : « La désintégration de la Syrie et de l’Irak en provinces ethniquement ou religieusement homogènes… est l’une des priorités d’Israël… le premier pas vers ce but passe par la dissolution de leurs armées ».
Ce but a été atteint en Irak où l’une des premières décisions de Paul Bremer [administrateur civil de l’Irak-2003- Ndt] a consisté à dissoudre l’armée irakienne. C’est aussi ce qui a été prévu pour la Syrie où l’armée est la cible des attaques des bandes armées. Plus de mille soldats et officiers syriens ont été tués ; et pendant que des médias occidentaux et arabes appellent nos soldats à la désertion des officiers ont déclaré dans nos journaux et sont venus nous dire à la télévision syrienne qu’ils avaient été kidnappés, filmés et torturés de manière à fournir les faux témoignages de désertion diffusés par Al-Jazira.
Les méthodes les plus viles sont utilisées pour faire plier le peuple syrien. Ainsi, dans la banlieue de Damas, les bandes armées ont imposé la fermeture des boutiques dans les quartiers de Harasta et de Darayya, sous prétexte de faire respecter ce qu’ils ont présenté comme une consigne de « grève générale », tout en avertissant que celui qui n’obéirait pas serait tué, ou verrait ses enfants kidnappés et tués ! A Deraa, un homme qui a osé refuser a été tué et sa femme a été blessée. A Homs, un commerçant m’a confié qu’après des dizaines d’ordres reçus par téléphone, il a été obligé de fermer boutique.
Après ce genre de mises en scène, les « spécialistes en communication », en collusion avec ces bandes armées, filment les commerces fermés, envoient leurs images à la chaine qatari Al-Jazira qui s’empresse d’annoncer que le peuple syrien a répondu à l’appel à la grève générale, ou encore que les villes ont été vidées de leurs habitants par crainte du régime ! Une autre fois, trois jeunes frères ont été tués dans le seul but de discréditer le service de sécurité syrien et l’armée.
Les Syriens sont douloureusement consternés quand ils entendent ces criminels raconter leurs crimes comme on raconterait une histoire banale et reconnaitre, sans états d’âme, avoir touché de l’argent pour abattre un manifestant. Tout cela pour offrir aux médias occidentaux la confirmation de leur version falsifiée disant que les services de sécurité tuent des manifestants pacifiques !
Cette cruauté et cette sauvagerie est contraire à toutes les traditions syriennes d’amour, de solidarité, de pardon, et de tolérance de ses concitoyens.
Pour le peuple syrien, ce n’est donc plus une question d’opposition politique, mais une question d’existence ! C’est ce qui explique l’ampleur des manifestations spontanées à Damas au soirde la décision de la Ligue Arabe de suspendre la Syrie en tant qu’État membre. C’est ce qui explique également les manifestations spontanées dans toute la Syrie suite à la grande explosion de Kafarsouseh (1).
Tenant compte de ces réalités, celui qui comprend l’Histoire ne peut pas ne pas comprendre que c’est le peuple syrien qui est en train de sauver son pays. Sa voix est désormais plus forte que celle des politiciens. Les femmes qu’elles soient voilées ou non, les jeunes, les vieux, les enfants… tous expriment avec passion leur refus de l’ingérence sous toutes ses formes, condamnent le rôle du Qatar, critiquent la Ligue Arabe, sans épargner Sarkozy, Clinton et Obama.
Aujourd’hui, il est indéniable qu’il y a un peuple syrien dont la conscience politique est aiguisée. Un peuple qui sait qu’il affronte des forces expansionnistes américano-sionistes qui organisent contre lui une guerre diplomatique, militaire, économique et médiatique. Une guerre dirigée par la France et à laquelle participent la Turquie et les pays du Golfe menés par le Qatar. Une guerre dont l’outil militaire est l’organisation d’Al-Qaïda et l’outil politique, quelques opposants syriens de l’extérieur !
Et ce peuple conteste la politique économique, la corruption, et les responsables de pays dont il a été un protectorat. Ce peuple a développé un sens aigu du danger et a parfaitement compris que l’Occident n’intervient certainement pas pour l’avènement de la démocratie et l’avancement des réformes, mais plutôt pour briser la volonté syrienne opposée aux projets occidentaux et sionistes.
Ce peuple magnifique se dresse telle une épée dans une bataille décisive. Il ne cesse de réinventer ses messages en réponse au projet de partition américano-européo-sioniste qui voudrait mettre à profit sa mosaïque ethnique et religieuse, pour arriver à le diviser. Division qu’il refuse ! Ainsi, les kurdes et arabes, réunis en congrès national, ont rejeté à l’unisson toute intervention étrangère. Les musulmans et les chrétiens ont prié main dans la main dans les mêmes églises, des délégations de femmes musulmanes se sont déplacées pour rendre visite au Patriarche maronite du Liban et se porter garantes de la protection des chrétiens d’Orient.
Nous n’ignorons pas que toutes sortes de pressions continueront à s’abattre sur nous pour briser notre volonté, notre dignité, et notre fierté de Syriens. Les sanctions économiques et les bandes armées font partie de ces pressions. Bandes armées qui, pour rendre la vie encore plus pénible à notre peuple, coupent la route aux camions de fioul ; font exploser les pipelines et les conduites de gaz qui alimentent les centrales électriques ; brûlent les établissements publics, les mairies et les postes de police, attaquent les transports de ravitaillement chargés de sucre et de riz à destination des différentes régions du pays, font sauter les chemins de fer…
par Nadia Khost
Le 17 janvier 2012
Victime de milices islamistes violentes qui terrorisent les gens, la population syrienne craint ces opposants armés qui sèment la peur et le chaos. L’écrivaine syrienne Nadia Khost — auteur de nombreux ouvrages d’essais et de nouvelles portant sur l’histoire, l’architecture, la conservation et la protection du patrimoine de la Civilisation Arabe — vit à Damas. Ce qu’elle nous dit ici, sur ce qui se passe véritablement en Syrie, doit être pris très au sérieux. Son témoignage ne correspond en rien à la version des faits qui nous est rapportée par de prétendus « grands reporters » français.
Il n’y a plus de fioul à Alep… les vendeurs ne peuvent que crier leur détresse aux observateurs délégués par la Ligue Arabe : « Nous sommes des travailleurs démunis, les bandes armées coupent les routes, volent le fioul, dérobent ou détruisent nos véhicules… quand ils ne nous tuent pas ! ». Telles sont les vraies raisons de la pénurie qui empêche actuellement les pauvres gens de gagner leur vie. Les bandes armées sévissent là où elles peuvent… Les observateurs écoutent les témoignages des blessés, entendent les pleurs des enfants réclamant leurs pères kidnappés, constatent les blessures portées post mortem, notent les identités, les récits, les lieux, les horaires…
Pendant ce temps, les télévisions syriennes filment à distance et restituent des images d’horreurs, de massacres, que les Syriens ne pouvaient imaginer se produire sur leur sol. Des images qu’ils n’ont jamais connues au cours de leur histoire contemporaine : cadavres mutilés, membres coupés, cœurs arrachés, corps brûlés et manifestement torturés.
Ainsi, le 8 janvier, nous avons tous partagé le malheur et la tristesse d’un groupe d’habitants de la ville de Homs à peine éclairés par les bougies encore allumées et qui, en pleine veillée funèbre en hommage à leurs victimes, se sont vus attaqués par des bandes armées faisant sur leur passage de nouvelles victimes…des morts et des blessés. Toujours à Homs, le 10 janvier nous avons déploré un ingénieur assassiné, son collègue blessé, un enseignant kidnappé. Finalement, ces bandes assassines en sont arrivées à interdire la fréquentation des établissements scolaires dont environ un millier de bâtiments sont désormais en ruines !
Par conséquent, le problème actuel en Syrie n’a rien à voir avec ce qu’affirment les médias occidentaux ; à savoir, un conflit entre une opposition politique qui demande des réformes et un gouvernement qui les refuse. Le problème en Syrie est celui de bandes armées et de groupes de criminels qui sèment le chaos en s’attaquant à une société habituée depuis des décennies à vivre en sécurité. Lorsqu’une infirmière déclare aux observateurs envoyés par la Ligue arabe : « Alors qu’avant nous rentrions chez nous à une heure du matin en toute confiance, à présent nous n’osons plus sortir à la tombée de la nuit », elle résume une réalité inédite en Syrie.
En effet, l’un des buts de l’assassinat de soldats et de policiers est justement la généralisation du chaos. Ce même chaos que Georges Bush a installé en Irak avec comme conséquence prévisible, le démantèlement de l’État et la domination de gangs violents. Dans sa guerre contre la Syrie, l’Occident a adopté ce même projet. La preuve en est que lorsque le gouvernement syrien a annoncé une amnistie générale pour tous ceux qui déposeraient leurs armes, Madame Clinton a interpellé les rebelles en ces termes : « ne rendez pas vos armes ! ».
Toute personne qui voudrait honnêtement s’enquérir de la vérité ne pourrait nier que des tueurs, et d’ignobles criminels, sont utilisés pour répandre la terreur dans le but d’exécuter un projet politique visant l’autorité de l’État, la partition de la Syrie et par là, l’anéantissement de l’un des bastions de la résistance au projet sioniste. En cas de doute, souvenons-nous toujours du projet de l’Organisation Sioniste mondiale : « La désintégration de la Syrie et de l’Irak en provinces ethniquement ou religieusement homogènes… est l’une des priorités d’Israël… le premier pas vers ce but passe par la dissolution de leurs armées ».
Ce but a été atteint en Irak où l’une des premières décisions de Paul Bremer [administrateur civil de l’Irak-2003- Ndt] a consisté à dissoudre l’armée irakienne. C’est aussi ce qui a été prévu pour la Syrie où l’armée est la cible des attaques des bandes armées. Plus de mille soldats et officiers syriens ont été tués ; et pendant que des médias occidentaux et arabes appellent nos soldats à la désertion des officiers ont déclaré dans nos journaux et sont venus nous dire à la télévision syrienne qu’ils avaient été kidnappés, filmés et torturés de manière à fournir les faux témoignages de désertion diffusés par Al-Jazira.
Les méthodes les plus viles sont utilisées pour faire plier le peuple syrien. Ainsi, dans la banlieue de Damas, les bandes armées ont imposé la fermeture des boutiques dans les quartiers de Harasta et de Darayya, sous prétexte de faire respecter ce qu’ils ont présenté comme une consigne de « grève générale », tout en avertissant que celui qui n’obéirait pas serait tué, ou verrait ses enfants kidnappés et tués ! A Deraa, un homme qui a osé refuser a été tué et sa femme a été blessée. A Homs, un commerçant m’a confié qu’après des dizaines d’ordres reçus par téléphone, il a été obligé de fermer boutique.
Après ce genre de mises en scène, les « spécialistes en communication », en collusion avec ces bandes armées, filment les commerces fermés, envoient leurs images à la chaine qatari Al-Jazira qui s’empresse d’annoncer que le peuple syrien a répondu à l’appel à la grève générale, ou encore que les villes ont été vidées de leurs habitants par crainte du régime ! Une autre fois, trois jeunes frères ont été tués dans le seul but de discréditer le service de sécurité syrien et l’armée.
Les Syriens sont douloureusement consternés quand ils entendent ces criminels raconter leurs crimes comme on raconterait une histoire banale et reconnaitre, sans états d’âme, avoir touché de l’argent pour abattre un manifestant. Tout cela pour offrir aux médias occidentaux la confirmation de leur version falsifiée disant que les services de sécurité tuent des manifestants pacifiques !
Cette cruauté et cette sauvagerie est contraire à toutes les traditions syriennes d’amour, de solidarité, de pardon, et de tolérance de ses concitoyens.
Pour le peuple syrien, ce n’est donc plus une question d’opposition politique, mais une question d’existence ! C’est ce qui explique l’ampleur des manifestations spontanées à Damas au soirde la décision de la Ligue Arabe de suspendre la Syrie en tant qu’État membre. C’est ce qui explique également les manifestations spontanées dans toute la Syrie suite à la grande explosion de Kafarsouseh (1).
Tenant compte de ces réalités, celui qui comprend l’Histoire ne peut pas ne pas comprendre que c’est le peuple syrien qui est en train de sauver son pays. Sa voix est désormais plus forte que celle des politiciens. Les femmes qu’elles soient voilées ou non, les jeunes, les vieux, les enfants… tous expriment avec passion leur refus de l’ingérence sous toutes ses formes, condamnent le rôle du Qatar, critiquent la Ligue Arabe, sans épargner Sarkozy, Clinton et Obama.
Aujourd’hui, il est indéniable qu’il y a un peuple syrien dont la conscience politique est aiguisée. Un peuple qui sait qu’il affronte des forces expansionnistes américano-sionistes qui organisent contre lui une guerre diplomatique, militaire, économique et médiatique. Une guerre dirigée par la France et à laquelle participent la Turquie et les pays du Golfe menés par le Qatar. Une guerre dont l’outil militaire est l’organisation d’Al-Qaïda et l’outil politique, quelques opposants syriens de l’extérieur !
Et ce peuple conteste la politique économique, la corruption, et les responsables de pays dont il a été un protectorat. Ce peuple a développé un sens aigu du danger et a parfaitement compris que l’Occident n’intervient certainement pas pour l’avènement de la démocratie et l’avancement des réformes, mais plutôt pour briser la volonté syrienne opposée aux projets occidentaux et sionistes.
Ce peuple magnifique se dresse telle une épée dans une bataille décisive. Il ne cesse de réinventer ses messages en réponse au projet de partition américano-européo-sioniste qui voudrait mettre à profit sa mosaïque ethnique et religieuse, pour arriver à le diviser. Division qu’il refuse ! Ainsi, les kurdes et arabes, réunis en congrès national, ont rejeté à l’unisson toute intervention étrangère. Les musulmans et les chrétiens ont prié main dans la main dans les mêmes églises, des délégations de femmes musulmanes se sont déplacées pour rendre visite au Patriarche maronite du Liban et se porter garantes de la protection des chrétiens d’Orient.
Nous n’ignorons pas que toutes sortes de pressions continueront à s’abattre sur nous pour briser notre volonté, notre dignité, et notre fierté de Syriens. Les sanctions économiques et les bandes armées font partie de ces pressions. Bandes armées qui, pour rendre la vie encore plus pénible à notre peuple, coupent la route aux camions de fioul ; font exploser les pipelines et les conduites de gaz qui alimentent les centrales électriques ; brûlent les établissements publics, les mairies et les postes de police, attaquent les transports de ravitaillement chargés de sucre et de riz à destination des différentes régions du pays, font sauter les chemins de fer…
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