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Béchar: les sels qui tuent les palmiers d'Igli

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    Béchar. Les sels qui tuent les palmiers d' Igli


    le 20.01.12 | 01h00

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    Igli va-t-elle disparaître ?
    La concentration des sels dans l’eau menace la palmeraie du Sud-Ouest algérien. Pour empêcher l’exode massif de la population, des citoyens se mobilisent.


    Igli, à 130 km de Béchar, sur la RN6 B, entre Taghit et Beni Abbès, est l’endroit où naît la Saoura, l’oued qui donne son nom à cette région. En se rencontrant, Zouzfana et Guir, deux écoulements importants du Sud-Ouest algérien, forment la Saoura. L’oued court sur 600 km vers le sud pour se perdre dans la sebkha, les terres salées, de Reggane, dans la région d’Adrar, le Touat. Et pourtant, Igli, jadis point de passage des caravanes chargées de victuailles, souffre d’un manque d’eau ! L’époque des abricots charnus est déjà un lointain souvenir. Les dattes sont toujours aussi délicieuses, mais jusqu’à quand ?
    Larbi Otmane, appuyé par des hydrauliciens, des agronomes, des économistes et géomètres, mène depuis des années un combat pour la construction d’un barrage à 15 km au nord d’Igli. Ibrahimi Kouider, président de l’APC d’Igli, appuie ces initiatives. «Si nous voulons rester dans cette région, il faut tout faire pour avoir de l’eau. Nous perdons chaque année des millions de mètres cubes de ce liquide précieux. Il faut construire un barrage. Une fois le projet achevé, la palmeraie retrouvera vie. Cela permettra aussi le retour de ceux qui sont partis», nous a-t-il expliqué. Selon Larbi Otmane, la salinité des sols, phénomène apparu au début des années 1970, augmente de jour en jour et se propage à une allure inquiétante depuis l’axe des lits de l’oued jusqu’à la rive de l’Erg occidental.

    Tsunami


    «La concentration des sels est née du manque d’eau et de la surexploitation de la première nappe. Nous avons constaté une décimation accélérée de la palmeraie et des oasis. La disparition de la palmeraie est certaine, un jour ou l’autre. La situation est aggravée par la baisse de plus en plus inquiétante de la pluviométrie. Pour maintenir la population à Igli, il est important d’assurer l’approvisionnement en eau. Chaque année, l’eau des oueds se perd. Aussi est-il vital de la retenir. Nous lançons un appel à Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, pour qu’il nous aide. Le barrage permettra de stocker et de conserver l’eau», a déclaré Larbi Otmane. D’après Mohamed Khemliche, chef de daïra d’Igli, le barrage doit être construit au confluent des oueds Zousfana et Guir. «Le dossier existe. Il a été remis dernièrement au wali. Je crois que c’est la seule solution pour l’agriculture, l’irrigation et l’eau potable. Mais il faut adopter des règles pour économiser l’eau», a-t-il plaidé. L’idéal, pour Larbi Otmane, est de construire un barrage à Lakhnague, à l’image de celui de Djorf Torba. L’enjeu est important, en ce sens qu’il faut prévenir un exode massif des populations et éviter que le bassin de la Saoura devienne une zone aride et désertique.

    Les sels dans la terre provoquent, selon lui, la réduction de la productivité agricole, la baisse de la qualité des eaux potables et la déstabilisation des écosystèmes terrestre et aquatique. La capacité des racines à absorber à la fois l’eau et les éléments nutritifs diminue avec la concentration des sels. A titre d’exemple, dans les oasis d’Abouhou, de Touzdit, de Tassa et de Nourya, où la salinité des sols est très élevée, la perte des palmiers dattiers a dépassé le taux dramatique de 70%. Touzdit ressemble à une île après le passage d’un tsunami ! Même le petit paradis de Mazzer, au sud d’Igli, est sérieusement en danger. Oued Guir, qui prend naissance dans l’Atlas marocain, est irrégulier. Durant la saison des pluies, les crues de Guir dépassent parfois 10 000 m3/seconde. Ce qui cause beaucoup de dégâts.

    Ancêtres


    Les gens d’Igli se rappellent des inondations de 1967, 1979, 1990, 2004 et 2008. C’est simple : les crues fortes signifient pour la région un isolement du monde : routes, eau et électricité coupées. Larbi Otmane a confectionné un document d’une quarantaine de pages dans lequel des photos des grandes inondations sont publiées. En 2004, une grande partie de la palmeraie a été déracinée par les eaux en furie. Mostefa Benotmane, militant associatif et grand connaisseur de la faune et le la flore de la région de la Saoura, souligne que depuis la nuit des temps, le souci des habitants d’Igli est de retenir l’eau pour mieux l’utiliser dans l’agriculture. Des digues en terre avaient été construites par le passé, mais n’avaient pas résisté au réveil brutal des oueds. «Nos ancêtres ont décidé de s’installer ici parce qu’ils ont trouvé toutes les conditions de la vie. Nous commençons à perdre ces conditions», s’inquiète Ibrahimi Kouider.

    Existe-t-il des potentialités agricoles à Igli ? «No comment», a répondu le chef de daïra. «La relance de l’agriculture dépend de l’eau. C’est évident. Il faut lutter en urgence contre les pertes aquatiques annuelles. Nous avons plus de 500 ha de terre destinés à l’agriculture, mais les moyens sont toujours aussi faibles. Le soutien de l’Etat est insuffisant. Par le passé, dans les années 1980, Igli produisait des fruits et des légumes. Aujourd’hui, on est loin de cette époque», a répondu le président de l’APC d’Igli. Malgré toutes ces difficultés, la région produit toujours du citron, des figues fraîches et des oranges… Son potentiel dattier est évalué à 48 000 palmiers.

    Fayçal Métaoui


    El Watan
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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