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Yves Lacoste : la conquête de l'Algérie avait des "formes de génocide".

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  • Yves Lacoste : la conquête de l'Algérie avait des "formes de génocide".

    Yves Lacoste, "père" de la géopolitique française et historien revient sur les accusations de génocides en Algérie portée par Recep Tayyip Erdogan. Celui qui a dit que la géographie sert à faire la guerre estime que les massacres de mai 1945 ont fait plus de 100 000 morts.

    Le premier ministre turc Tayyep Erdogan dénonce un génocide de la France en Algérie à partir de 1945. Il affirme que 15% de la population algérienne a été tuée ? Est-ce vrai ?

    Il n’y a aucun fondement historique. Les nationalistes algériens, les patriotes n’ont jamais eu ce discours. Ce qui s’est passé le 8 mai 1945 ce sont les massacres de Sétif qui sont déclenchés par le fait qu’une manifestation pour l’indépendance a mal tourné. Une dizaines d’Européens ont été tués. Cela a entraîné une répression massive mais localisée à une vingtaine de kilomètres autour de Sétif. On a parlé d’une centaine de milliers tués, ce qui est déjà énorme mais qui ne correspond pas du tout à 15% de la population algérienne, sinon cela aurait fait un million de morts.

    Et durant la guerre d’Algérie, peux-t-on parler de génocide ?

    Il y a eu des opérations de répressions mais aussi des opérations destinées à écraser les bases militaires du FLN. Il y a eu aussi des luttes terribles entre le FLN et le MNA. Au lendemain de la guerre on a parlé d’un million de morts, les historiens les plus partisans de l’indépendance de l’Algérie parlent de 500 000 morts sur une population de 9 millions d’habitants musulmans. Ce fut une guerre dure mais pas il n’y avait pas discours génocidaire. Ce n’est donc pas comparable avec le génocide projeté puis mis en oeuvre par l’empire ottoman contre les Arméniens de 1915 à 1917.

    D’ailleurs, le FLN au pouvoir n’a jamais parlé de génocide...

    Le nouveau gouvernement algérien de l’indépendance aurait pu en effet porter plainte aux Nations unies et dénoncer un génocide de fait. Il ne l’a pas fait tout en menaçant périodiquement de porter de telles accusations, notamment lorsqu’il y eu des crises pour la nationalisation du pétrole. Le gouvernement français n’a pas été mis en accusation et le FLN a toujours veillé à pas se laisser déborder par ça. Cela s’explique par le fait que le gouvernement algérien a tenu dès l’indépendance à renouer des liens avec la France.

    Et lors de la conquête de l’Algérie par la France à partir de 1830 ?

    Dans la partie occidentale de l’Algérie, la conquête a été extrêmement dure, à la différence de la partie orientale. Là-bas, les militaires français se sont dans l’ensemble entendus avec les chefs de tribu mise à part lors des combats pour la prise de Constantine. Dans la partie occidentale, Abdelkader, homme remarquable, a eu affaire à des militaires français laissés sans ordre depuis Paris. Certains généraux français, dans les années 1833-37 ont signé ses accords et livrés à Abdelkader un grand stock d’armes. On aurait pu s’orienter vers une entente avec lui.

    Mais...

    Malheureusement, certains généraux arrivés par la suite, notamment Bugeaud, ont démenti leur prédécesseurs. Le territoire reconnu à Abdelkader a été envahi, celui-ci a donc considéré que c’était une violation des accords et a repris la guerre.

    Et donc, que s’est-il passé ?

    Le maréchal Bugeaud a mené une politique de la terre brulée qui a pris des formes de génocide dans l’ouest de l’Algérie. En 1830, la population de l’Algérie était sans doute aux alentours de 3 millions d’habitants. En 1870, on en dénombre 2,5 millions. Les famines, dont certaines sont causés par l’incendie des terres, ainsi que les épidémies expliquent cette chute démographique, ainsi que les opérations de bugeaud.

    Pensez-vous que la loi votée hier au parlement soit une bonne chose ?

    Je déplore que des députés de droite et de gauche pour se faire bien voir de l’opinion et des nombreux Arméniens dont les descendants sont nombreux en France votent une telle loi. Ils auraient mieux fait de décider la création en France d’un centre de recherche sur ce qui s’est passé dans l’empire ottoman et particulièrement en Arménie. Quand les politiques veulent imposer une vision de l’Histoire, les historiens le déplorent. Les historiens juifs dont les familles ont été victime d’un génocide voulu par les nazis disent aussi qu’il ne faut pas s’embarquer dans une législation qui interdise les proclamations antisémites. C’est aux intellectuels d'empêcher la négation des génocides, pas à la loi. Si on commence à dire que la loi décide du déroulement de l’Histoire passée, on arrive à des régimes dictatoriaux.

    Par Le Matin DZ
    Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

  • #2
    Un génocide est l'anéantissement délibéré et méthodique d'un groupe d'hommes, en raison de sa race, de son appartenance ethnique, de sa nationalité ou de sa religion, dans le but de le faire disparaître totalement.
    Si l'on se tient à cette définition, bien sûr qu'il y eut génocide en Algérie ! Deux exemples :
    Les enfumés du Dahra (les Oulad Riah) ont été tué parce qu'ils appartenaient à cette tribu exterminée par le sinistre général Pélissier (en 1845, si je ne m'abuse).
    Le massacre de Zâatcha répond aussi à la définition de génocide... Zâatcha a été rasée de la carte en 1849 par le général Herbillon...
    Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance

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    • #3
      Effectivement Ettargui c'est très juste ! La notion de nombre de morts ne rentre donc pas dans la définition si je ne m'abuse ?
      Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

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      • #4
        Yves Lacoste : la conquête de l'Algérie avait des "formes de génocide".

        Dans les premiers mois de l'invasion de l’Algérie la France a tuer plusieurs centaines de milliers d’algériens ,et si ont doit faire un bilan sur 132 années de colonisation je pense que 1 500 000 morts du coté algeriens n'est pas une aberration .
        Et je ne parle pas de toute les exactions que le peuple algérien a subit...!,ont ne vas pas rentré dans les détailles sa deviendrai glauque .

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        • #5
          @u targui

          Si l'on se tient à cette définition, bien sûr qu'il y eut génocide en Algérie ! Deux exemples :
          Les enfumés du Dahra (les Oulad Riah) ont été tué parce qu'ils appartenaient à cette tribu exterminée par le sinistre général Pélissier (en 1845, si je ne m'abuse).
          Le massacre de Zâatcha répond aussi à la définition de génocide... Zâatcha a été rasée de la carte en 1849 par le général Herbillon...
          non justement !!! tu apportes toi meme la réponse ..; il ne devrait y avoir qu'un seul exemple ... c'est les algériens d'est en ouest !!! et pas des tuerie circonscrites .... ces deux tueries a elles seules ne sauraient constituer un génocide ... pour cela il aurait fallu que ça soit généraliser a tout les habitants de l'algérie.

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          • #6
            Je ne suis qu'à moitié d'accord avec toi, Gironimo
            Dans le cas des Oulad Riah, , il est justifié de parler de génocide car il s'agit d'un groupe, appartenant à une même entité sociale (la tribu), qui a été exterminé. Ce massacre avait scandalisé beaucoup d'intellectuels et hommes politiques français à l'époque, mais l'affaire a vite été étouffée. De plus il y a l'intentionalité : Le général Pélissier savait quel allait être le résultat de sa sinistre entreprise.

            Il en va de même pour le petit ksar de Zâatcha, rasé et la population exterminée avec préméditation.

            Ceci étant, l'ensemble des génocides mis l'un à côté de l'autre, donnera un méga génocide qui s'applique à l'Algérie.
            Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance

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            • #7
              La « pacification », qui dura jusqu’au « nettoyage de la Kabylie » en 1857, fut obtenue au prix de la systématisation des razzias par le général Lamoricière et la politique de la « terre brûlée » du maréchal Bugeaud.
              De nombreuses affaires datant des débuts de la conquête confirment que l’armée d’Afrique accepta de mener une « guerre sans lois » (Pierre Montagnon), dans laquelle la fin justifiait souvent les moyens.
              Certaines opérations s’apparentaient à des crimes de guerre caractérisés. L’un des plus spectaculaires actes de cruauté froide, classable parmi cette catégorie de violences, fut le massacre, en avril 1832, de la petite tribu des Ouffia qui fut décidé par le gouvernement policier du duc de Rovigo.
              la tribu des Ouffia fut exterminée près de Maison-Carrée .

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              • #8
                Je vois que vous êtes bien informé russkov et ettargui, merci beaucoup. Avez des textes de l'époque ? Des témoignages ? Des articles sur les massacres, les enfumades, toutes les actes barbares de la France svp ?

                Merci.
                Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

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                • #9
                  Avez des textes de l'époque ? Des témoignages ? Des articles sur les massacres, les enfumades, toutes les actes barbares de la France svp ?
                  Si tu as du temps pour la lecture, moi je te conseille la bibliotheque numérique française : http://gallica.bnf.fr/?lang=fr
                  juste taper algérie française, plein de livres pdf anciens sur l'histoire coloniale.

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                  • #10
                    Aux négationniste du GÉNOCIDE des algériens durant la colonialisation française qui viennent "égorger" une nouvelle fois les algériens que sommes et, toute honte bue, absoudre les lâches criminels français des actes que ces derniers ont revendiqué avec une morbide fierté, voici quelques révélations fort révélatrices.

                    le canard enchaîne en 1960

                    M. F.
                    ..... La Conquête. Et qu’y trouve-t-on ? Exactement tout ce que nous ignorions, malgré nos livres d’école, non : à cause d’eux. Allons, direz-vous : encore un livre partisan – Les Editions de Minuit, n’est-ce pas ? — basé sur des témoignages d’extrême gauche. Vous n’y êtes pas du tout. Ses témoins, M. Habart ne les a pas choisis parmi les «traîtres» d’aujourd’hui ou d’hier : ni Jean- Paul Sartre, ni Lamartine. Il est allé les chercher tout bonnement à la Bibliothèque nationale, et ils s’appellent Louis-Philippe, Bourmont, Clauzel, Bugeaud, Saint-Arnaud, Thiers. Massacreurs d’Arabes et fusilleurs d’ouvriers, la caution est-elle assez bonne ? Si oui, lisez ce qui va suivre.

                    Un des mensonges ultras les plus en vogue dans cette guerre fut que lorsque les troupes françaises débarquèrent en Algérie, elles trouvèrent un pays anarchique, dépeuplé et misérable. Or écoutez ce qu’en dirent à l’époque les conquérants eux-mêmes. «Rien de comparable en Europe à la région de Blida» (colonel Saladin) ; «La Kabylie est superbe, un des pays les plus riches que j’aie jamais vus» (Saint-Arnaud). Pays couvert d’arbres fruitiers de toutes espèces, jardins cultivés jusqu'à la mer, grande variété de légumes grâce à un système d’irrigation très bien entretenu par les Maures» (Gentry de Bussy). Dépeuplée, l’Algérie ? En 1844, à la Chambre, le député Joly évalue le nombre des Algériens à plus de sept millions, chiffre probablement inférieur à la réalité (il y avait, à la même époque, huit millions d’habitants au Maroc). Sept millions, vous avez bien lu, à peine trois de moins qu’aujourd’hui. Il est vrai que, quelques années plus tard, de Bussy, le premier «ultra», avouera : «Depuis l’occupation, le pays n’offre plus que sécheresse et nudité.» Que s’est-il passé ? Ces pages, je le répète : écrites par les conquérants, nous l’apprennent. Elles nous racontent d’abord l’histoire d’un parjure : les troupes françaises n’entrèrent à Alger qu’en jurant «sur le sang» que les Arabes garderaient leur indépendance («Vous régnerez dans votre pays, maîtres indépendants de votre patrie»). Ensuite, l’histoire d’un crime. Ce crime ou, pour l’appeler de son nom, ce génocide, commença dès la prise d’Alger. On vit les «pacificateurs» — car le mot pacification avait déjà trouvé son plein emploi ! — piller, enfumer, assassiner, vendre en vrac, après le sac d’une ville, des bracelets auxquels adhéraient encore les mains coupées. On vit… Mais écoutez-les plutôt : «On a compté 78 têtes au bout des baïonnettes à l’entrée du camp» («Le Moniteur»). «Dans deux mois les tribus Hadjoutes auront cessé d’exister» (Clauzel). «Mes hommes ont trouvé leur distraction dans les razzias » (Changarnier). «Nous avons brûlé, pillé, ravagé les tribus entre Blida et Cherchell» (Canrobert). «Je brûlerai vos villages et maisons » (Bugeaud). Dans son journal l’Afrique française, le maréchal Clauzel avoue les raisons de ce carnage : «Il nous faut Tlemcen et Constantine comme il fallait Calais à la France… Les avantages de l’Algérie seraient immenses si, comme en Amérique, les races indigènes avaient disparu… Colonisons. Colonisons ! A nous la Mitidja ! A nous la plaine ! Toutes ces terres sont de première qualité ! A nous seuls !» Et Bugeaud, enfin, le définit : «C’est la guerre continue, jusqu’à extermination… » Cependant, tout ne va pas si bien dans le meilleur des massacres, et tandis que l’Europe ricane de ces «pauvres Français» engagés dans une guerre sans fin («Laissons-les faire ! Ils vont au désastre», dit Wellington et Lord Ellenborough : («Il n’y a pas de plus mauvaise affaire que l’Algérie»), la métropole, soudain, se mêle d’avoir une conscience et de protester. Dès 1840, de nombreux prêtres se plaignent des confessions «atroces» qu’ils reçoivent. «La torture débarquant à Alger avec l’armée française n’aura pas été un des moins curieux épisodes de notre époque» (Barchou-Pohen). «On parle beaucoup des excès des soldats, mais vous les jetez dans des combats féroces. Comment voulez- vous qu’ils ne soient pas cruels ?» (Passy). On évoque les supplices : la crapaudine, le clou au rouge, le silo, la barre, ancêtres de la «corvée de bois». On vitupère «les monstruosités judiciaires des tribunaux d’Alger»… Alors, l’Armée s’agite. Tout le mal vient de Paris qui ne la comprend pas, des «libéraux», des «traîtres» (déjà, mais oui !). Mais patience : il faut «algériser la France !» s’écrie Emile de Girardin, et Bugeaud : «Ne nous y trompons pas ! Les vrais Bédouins sont à Paris !» Parole sublime qu’un membre de la Congrégation, le comte de Brue, paraphrase en ces termes : «Devant la démoralisation, devant la perte du sentiment national du faible citadin, l’Armée, ce noble sanctuaire, a seul conservé honneur et loyauté. Que les clameurs de ces légistes se taisent et que ces rhéteurs verbeux qui cherchent à égarer la nation reculent devant le bruit de nos armes.» Ils reculeront, en effet. Pendant dix-huit ans, la France sera gouvernée par un homme qui ne fut peut-être pas plus mauvais qu’un autre. Il s’appelait Napoléon 3, et il avait compris, lui, que l’Algérie était «un boulet aux chevilles». (…) En 1872, il parut que l’Algérie était – enfin ! — pacifiée. Mais le 1er novembre 1954… La leçon de ce livre ? Non, certes, lecteurs d’Alger ! il ne faut pas oublier certains assassinats inutiles et odieux commis par ceux d’en face. Mais sincèrement, cette situation coupable, la guerre, n’est-ce pas nous qui l’avons installée dans ce pays, n’en sommes-nous pas, au premier degré, responsables ? Je l’ai écrit maintes fois : je ne crois pas au péché originel, et le petit Européen de Bab-El-Oued n’a pas à payer pour les massacres de Bugeaud. Ce n’est pas là une raison pour oublier ce que fut cette guerre de cent-trente années. Et maintenant, de la façon la plus directe, la plus humaine et la plus loyale possible, qu’on en finisse, vite, vite, avec ce cauchemar !
                    M. M.
                    Morvan Lebesque (In Le Canard enchaîné, janvier 1960).
                    Dernière modification par delci, 28 janvier 2012, 09h27.
                    ثروة الشعب في سكانه ’المحبين للعمل’المتقنين له و المبدعين فيه. ابن خلدون

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