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Kamal Benkoussa, économiste : "C’est un signal d’alarme très fort"

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  • Kamal Benkoussa, économiste : "C’est un signal d’alarme très fort"

    Kamal Benkoussa est partenaire dans un fonds américain à la Bourse de Londres. Il est trader en obligations d'État. Il analyse les inquiétudes du FMI sur l’économie algérienne, exprimées dans le dernier rapport de l’institution.

    Comment analysez-vous les inquiétudes du FMI sur l’économie algérienne ?

    Je commencerais plutôt par souligner les enseignements des chiffres publiés dans cette note. Entre parenthèses, étant donné la taille du secteur informel, évaluée à plus de 40 % du PIB, on peut s’interroger sur la réalité que traduisent ces données. Qui plus est, nous savons que l’appareil statistique de notre pays est très peu performant. A ce bémol près, on peut relever le fait que la croissance hors hydrocarbure est de 6 % (environ) et que la croissance globale tombe à 3 % si on ajoute le secteur des hydrocarbures. Quand on sait par ailleurs, comme souligné par le FMI, que la croissance est tirée par les dépenses publiques, financées essentiellement par les taxes sur les hydrocarbures, on ne peut qu’être frappé par la prédominance des hydrocarbures dans notre économie. Force est donc de constater que l’embellie, depuis le début des années 2000, des prix du pétrole n’a fait que renforcer la logique rentière de notre économie, et pis encore, de notre société toute entière.

    Ensuite, même si je ne crois pas à la fiabilité des chiffres d’inflation, on y apprend que celle-ci serait restée modérée du fait des nombreuses subventions de prix que l’État accorde aux biens de première nécessité. Par ailleurs, la hausse des salaires consentie par l’État aux fonctionnaires, depuis le début 2011, a eu un effet pervers sur l’économie : le secteur privé a dû relever les salaires alors que les gains de productivité demeurent médiocres.

    On y apprend également que nos réserves de change atteignent 178 milliards de dollars, soit 3 ans d’importations. On peut ainsi s’interroger quant à la rationalité qui sous-tend le fait d’exploiter de cette façon notre sol au lieu d’en faire une gestion stratégique en conservant une partie de ces ressources pour le développement économique futur de notre pays et donc pour le bien des prochaines générations. C’est d’autant plus inquiétant que l’effet d’entraînement de la politique des grands projets a été extrêmement faible. En somme, outre le fait que les hydrocarbures continuent à être la source de revenus dominante, ils engendrent également des effets pervers sur notre économie : l’État est prisonnier d’une logique de dépense, qui non seulement engendre un gâchis inouï de nos ressources, mais en plus, lui fait prendre des décisions néfastes pour notre compétitivité et le développement du secteur privé.

    Cette mise en garde du FMI est-elle un signal d’alarme pour l’Algérie ?

    Cela fait plus de 20 ans que le FMI souligne l’importance pour l’économie algérienne de se diversifier et cela fait plus de 20 ans que nos gouvernants font la sourde oreille et demeurent incapables de mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires. Aujourd’hui, nous avons atteint un seuil critique, puisque les dépenses menées servent de cache misère aux performances de notre économie. Nos gouvernants aveuglés cherchent avant tout à éviter une explosion sociale au risque de faire craindre le pire en termes de "soutenabilité" de notre déficit budgétaire.

    Le prix du baril nécessaire à un équilibre budgétaire est passé à 100 dollars, ce qui rend les finances publiques encore plus sensibles à la volatilité des prix du pétrole et donc à la conjoncture mondiale également. C’est en effet un signal d’alarme très fort puisque la fuite en avant des gouvernants a engendré une modification structurelle de la dépense publique à la source de déficits importants et non soutenables à moyen et long terme.

    Quelles sont les mesures que le gouvernement doit prendre rapidement pour éviter une situation économique désastreuse ?

    Je ne cesse de dire haut et fort que l’on se leurre en s’imaginant que nous ne savons pas comment sortir de cette trappe à médiocrité dans laquelle nous sommes enfermés. Serions-nous moins intelligents que nombre de pays émergents qui ont su faire prendre à leurs économies des tournants décisifs ? Et quand bien même ce serait le cas, ce ne n’est pas l’expertise qui manque partout dans le monde. J’aimerais d’ailleurs souligner que nombre d’économistes algériens mettent en garde depuis des années nos gouvernants quant aux dérives d’une politique économique tournant le dos aux vraies sources de richesse : le travail et l’innovation.

    À vrai dire, ce rapport du FMI ne nous apprend rien de nouveau. Le vrai mal dont nous souffrons est une absence de volonté politique qui permettrait de sortir enfin de ce modèle archaïque. Au titre d’une incompétence flagrante, nos dirigeants politiques ont décidé d’inscrire l’Algérie au registre des suicidés volontaires. Collectivement nous assistons en silence à la dérive d’un système qui consiste à vivre de la rente gazière et pétrolière, et d’en faire une source de contrôle absolu de la société.

    Depuis cinquante ans, nos dirigeants successifs n’ont cessé de freiner le développement économique et social de notre pays. Il est temps que cela change et qu’un nouveau modèle de société émerge pour qu’enfin le citoyen algérien retrouve sa vraie place dans la construction d’une grande Nation. J’espère que cela insufflera un nouvel espoir et ce pour la pérennité des générations futures.

    Vous me demandez ce qu’il faut faire sur le plan économique, alors que la source du problème est ailleurs. On sait depuis longtemps ce qu’il faudrait faire sur le plan économique : libérer les initiatives, tout simplement, et remettre le citoyen au cœur des préoccupations de l’État et de ses appareils. Il faut d’urgence moderniser l’administration et l’État, leur ôter leur pouvoir de nuisance, car ils sont une des sources majeures de notre mal-développement. Bref, le problème vient d’un système totalement sclérosé, conséquence directe de la folie et de l’incompétence de nos dirigeants.

    tsa

  • #2
    cessé de freiner le développement économique et social de notre pays.
    ??????? !!!!!

    qu’enfin le citoyen algérien retrouve sa vraie place dans la construction d’une grande Nation
    Comme celles qui sont entrain d’être déconstruites en occident ?

    Il faut d’urgence moderniser l’administration et l’État,
    Comme ne Angleterre, comme aux USA, comme en France, comme en Espagne, comme en Irlande, comme au Portugal, comme en Grèce, comme en Hongrie ?
    Dernière modification par Gandhi, 30 janvier 2012, 17h55.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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    • #3
      ce sont les conditions d'existence qui font la conscience
      monsieur est trader ça explique tout
      en tout cas ses leçons qu'il les garde

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      • #4
        je me demande si le FMI publie des rapports sur l'inquiétante dette américaine plus de 15 000 milliards de dollars! impossibles à rembourser.

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        • #5
          ces interventions me font bizarrement penser aux reactions des koraichis vis à vis du Prophete Sidna Mohammed

          ce specialiste algerien fait tonner l'alarme d'un danger iminent qui est déjà signalé par le FMI , et on trouve ici d'autres specialistes qui le jugent non pas sur ses propos , qui sont trés pertinents, mais sur ce qu'il est, sur son metier ......;et d'autres qui s'en prennent aux usa , au Fmi....qui ne sont pas concernés par la catastrophe qui s'approche de l'Algerie.

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          • #6
            et d'autres qui s'en prennent aux usa , au Fmi....qui ne sont pas concernés par la catastrophe qui s'approche de l'Algerie.
            c'est le syndrome de la main étrangère.

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