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Benkirane, la presse électronique et la « tache de Taza »

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  • Benkirane, la presse électronique et la « tache de Taza »

    Opinion. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, découvre les « charmes » de la presse indépendante marocaine qui a trouvé refuge au cyberespace. Il fait connaissance au passage, comme son illustre prédécesseur Abderrahman Youssoufi, avec les pressions du gouvernement de l’ombre, les conseillers du roi qui manœuvrent pour que le jovial barbu montre les dents, menace et exécute.

    Dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle MAP, Benkirane expose en quatre points sa vision des émeutes de Taza, cette cité paupérisée et abandonnée du pré-Rif.

    Le Primat se manifeste après, dit-il, un « examen approfondi des développements et des conséquences de ces incidents ». On n’aurait pu espérer mieux de la part d’un gouvernement « responsable ».

    Dans ce communiqué, qui a tout l’air d’avoir été écrit sous la dictée d’une éminence noire du Palais, des quatre points énumérés, trois sont exclusivement consacrés à des messages forts, du genre « maintien de l’ordre », « stabilité », « violation de la loi », « violation de l’ordre public » et « atteinte aux forces de sureté », puis des menaces : « poursuites » et « soumission à la justice ».

    Un troisième point est dédié à la presse électronique qu’il menace des foudres de la loi pour avoir fait son travail : informer sur ce qui se passe dans cette ville et dénoncer les abus des forces de l’ordre.

    Par contre, Benkirane fait une seule fois référence au « droit » de manifester qui est reconnu par la loi. Et, il n’utilise aucun mot de réconfort pour les victimes des brutalités policières, ne promet aucune enquête sur les destructions des biens privés des citoyens par les forces de l’ordre, et bien entendu ne dénonce pas les menaces et les injures dont ont été abreuvés les habitants de Taza. Rien.

    Il faut le dire, ce libelle est un véritable communiqué de guerre. Pour le barbu, qui était un fort en gueule au parlement quand il siégeait sur les bancs de l’opposition, les torts ne sont pas partagés. Il y a d’un côté les mauvais, des marocains va-nu-pieds qui sortent dans la rue pour manifester leur ras-le-bol et leur désespoir, et les bons, les policiers qu’on ramène d’autres régions du Maroc pour contourner la fraternisation des flics locaux avec les Tazis mais aussi pour leur permettre de tabasser, casser, menacer et injurier sans état d’âme et… au nom de la loi.

    Drôle de façon de gouverner pour un homme qui nous promet la justice sociale et la « liberté », un joli concept dont il a tenu à adorner le nom de son ministère de la justice.

    Autant qu’on y est, il faudrait peut-être rappeler à Benkirane, puisque manifestement il ne connaît pas l’histoire de son pays, que douar El Koucha se trouve dans une zone géographique que les Français appelaient au début du protectorat : « la tache de Taza ». C’était une région indomptable qui, des années durant, a résisté à l’occupation française alors que les autres régions du Maroc tombaient l’une après l’autre sous les coups de la « pacification ».

    Et ce n’est pas pour rien qu’en 1921, au début de la guerre du Rif, le maréchal Hubert Lyautey a mis toute son énergie pour tenter d’éviter que la « tache de Taza » ne s’étende à d’autres régions, ou n’opère une jonction avec la « tache rifaine », si vous permettez l’expression.

    Je ne sais pas si les inexpertes barbes qui occupent les bureaux de la primature sont conscientes de cet effet « tache ». Mais, je ne dirais pas la même chose du gouvernement de l’ombre du Palais.

    Ali Lmrabet
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