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tunisie:Lina Ben Mhenni : "Notre révolution nous a été confisquée"

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  • tunisie:Lina Ben Mhenni : "Notre révolution nous a été confisquée"

    La blogueuse star de la révolution de Jasmin s'estime "trahie" par le gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda.


    La blogueuse tunisienne Lina Ben Mhenni estime qu'on ne peut pas faire confiance aux islamistes d'Ennahda, au pouvoir en Tunisie.



    Comment expliques-tu la montée des incidents impliquant des salafistes en Tunisie ?

    Les salafistes sont réapparus après le départ de Ben Ali. Se sentant libérés de l'oppression, ils cherchent désormais à s'imposer sous l'oeil conciliant d'Ennahda.

    As-tu été victime de menaces ?

    Tout à fait. Au début, il s'agissait de commentaires anonymes sur mon blog ou sur ma page Facebook. Puis les choses se sont aggravées. Le groupe d'intégristes qui occupe depuis des mois la faculté de la Manouba a annoncé, lors de son assemblée générale, que je figurais sur sa liste de personnes à éliminer. Mon père aussi.

    Pourquoi des milliers de Tunisois ont-ils manifesté le 28 janvier dernier ?

    J'ai moi-même participé à cette manifestation géante. Il s'agissait d'une réaction de la société civile, qui s'est sentie menacée par la montée de l'intégrisme en Tunisie. Nous avons protesté contre la violence et l'atteinte aux libertés. Le rassemblement a surtout été provoqué par les propos du député d'Ennahda, Sadok Chourou, qui a appelé à couper les bras et les jambes et même à assassiner tous ceux qui effectuent des sit-in pour réclamer du travail. Là-dessus, une nouvelle fois, les autorités n'ont pas réagi.

    Justement, comment expliquez-vous la réaction pour le moins timide du gouvernement face aux intégristes ?

    Certains affirment que cela est dû au fait que ces personnes faisaient partie de la base de l'électorat d'Ennahda, d'autres qu'ils sont son bras armé. De toute façon, on sent une certaine complicité entre les salafistes et le parti islamiste.

    As-tu été surprise par la victoire d'Ennahda aux élections ?

    Pas du tout. Je m'attendais à ce genre de résultat. Je m'attendais au pire.

    Comment l'expliques-tu ?

    Ennahda a su mobiliser les foules. Ce parti a beaucoup travaillé sur le côté social en aidant les gens matériellement et en effectuant un travail de proximité, ce qu'ont totalement ignoré les autres partis. Le parti islamiste s'est affiché auprès de la population comme la seule véritable victime de Ben Ali, qu'il fallait aider et soutenir. Il s'est également présenté comme le parti de Dieu : voter pour eux signifiait gagner son ticket pour le paradis. Enfin, en votant pour un parti islamique, les Tunisiens ont cherché à couper avec les deux régimes précédents, qui avaient imposé la laïcité.

    D'où vient, selon vous, tout cet argent à disposition d'Ennahda ?

    Il provient principalement des États-Unis et du Qatar, qui interviennent dans la majorité de nos affaires internes. D'ailleurs, un des slogans de notre manifestation du 28 janvier était :" Nous avons fait la révolution pour la dignité : nous ne voulons ni de Hamadi (Hamadi Djebali, Premier ministre, NDLR) ni d'Obama."

    Estimez-vous que votre révolution vous a été volée ?

    Tout à fait. Personnellement, je pense que notre révolution nous a été confisquée. Celle-ci avait débuté avec des demandes sociales et économiques précises, en tête desquelles le travail et le développement de toutes les régions du pays. Elles ont pris par la suite un ton plus politique en réclamant le départ de Ben Ali et la fin de son régime, de la corruption et du népotisme. On manifestait également pour la liberté d'expression et davantage de libertés personnelles. Les manifestants se sentent trahis par ce gouvernement et commencent à organiser des sit-in dans différentes régions du pays.

    Qu'en est-il, un an plus tard ?

    C'est de pire en pire. Le nombre de chômeurs a augmenté, tandis que les libertés individuelles sont de plus en plus limitées au nom de la religion. Les partisans d'Ennahdha traitent de "mécréant" toute personne qui les critique, et refusent tout débat. Trois mois après l'élection de l'Assemblée constituante, il n'y a pas eu de discussions sur les vrais problèmes de notre nation. Les seuls débats organisés traitent de l'identité et de la religion : par exemple, si les députés vont être autorisés à prendre une pause pour prier pendant les réunions de l'Assemblée constituante. Quant au tourisme, un secteur vital pour l'économie tunisienne, il est au point mort depuis plus d'une année. Las des grèves et des sit-in, et effrayés par la montée des islamistes, les investisseurs ont préféré quitter le pays.

    Pourtant, Ennahda se pose comme le garant de la démocratie, avec pour modèle le parti AKP d'Erdogan en Turquie...

    Je ne peux qu'avoir une image sombre de la belle Tunisie quand je constate l'indifférence d'Ennahda vis-à-vis de la violence des salafistes ou lorsque j'entends des déclarations comme celles de Souad Abderrahim (élue d'Ennahda à Tunis, ndlr), qui s'est attaquée verbalement aux mères célibataires en les dénigrant. Je ne peux pas faire confiance à un parti qui tolère de tels discours ou reste indifférent à des incidents comme ceux de la faculté de la Manouba ou celles de Bir Ali dernièrement. Pour moi, l'islam modéré n'est qu'un mythe. Le religieux et le politique doivent être séparés. Le premier est spirituel et personnel.

    Propos recueillis par ARMIN AREFI

    *Auteur de Tunisian Girl : blogueuse pour un printemps arabe (éditions Indigène).
    lepoint
    Dernière modification par nacer-eddine06, 08 février 2012, 20h38.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Les salafistes sont "un outil" des Fréres Musulmans.
    Là où il y a des F.M, il y a des salafistes pour dire qu'il y a pire que les F.M.
    Les 2 sont de connivence et n'entrent jamais en conflit sérieux.

    Ainsi le peuple se comporte comme la grenouille qui fuit la pluie en plongeant dans l'étang de peur de se mouiller.

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    • #3
      Estimez-vous que votre révolution vous a été volée ?

      Tout à fait. Personnellement, je pense que notre révolution nous a été confisquée. Celle-ci avait débuté avec des demandes sociales et économiques précises, en tête desquelles le travail et le développement de toutes les régions du pays. Elles ont pris par la suite un ton plus politique en réclamant le départ de Ben Ali et la fin de son régime, de la corruption et du népotisme. On manifestait également pour la liberté d'expression et davantage de libertés personnelles. Les manifestants se sentent trahis par ce gouvernement et commencent à organiser des sit-in dans différentes régions du pays.
      Ca a débuté comme ça partout, que ce soit en Algérie des années 87-88, ou au Maroc dernièrement...
      Les démocrates ébranlent le régime, puis la marée verte prend les dividendes.

      Et oui, ils sont mieux organisés, les barbus, ils ont plus de souffle et savent mieux travailler au corps les masses.

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