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Italie: Incroyable dérapage des comptes publics

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  • Italie: Incroyable dérapage des comptes publics

    «LE DéFICIT PUBLIC est significativement supérieur aux évaluations faites jusque-là.» Le visage fermé, Tommaso Padoa-Schioppa, le ministre de l'Économie, a présenté hier les résultats d'un audit indépendant, annonçant un déficit public à 4,6% du produit intérieur brut (PIB) en fin d'année si aucune mesure de correction n'était prise d'ici là. Les dernières estimations officielles, de la fin mars, évoquaient un taux de 3,8% !

    Le ministre, qui en a référé hier soir, à Luxembourg, à ses collègues de l'Eurogroupe, estime «désormais inévitable» un collectif budgétaire. Les commentateurs s'attendent à une ponction de l'ordre de huit à dix milliards d'euros, probablement sous forme d'impôts nouveaux et de report d'investissements publics. Padoa-Schioppa a promis que le gouvernement de Romano Prodi s'emploierait à «ramener déficit et endettement publics à l'intérieur des paramètres européens». Son prédécesseur s'était déjà engagé à respecter les critères du pacte de stabilité d'ici à la fin 2007. Hier soir, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a salué la «forte détermination» de Rome à «consolider la situation des finances publiques», rappelant la nécessité de réduire de 1,6% du PIB le déficit structurel.

    La menace des agences de rating

    L'audit a été effectué à la demande du nouveau gouvernement par une commission composée d'experts de l'administration, de la Trésorerie générale de l'État, de la Banque d'Italie et de l'Institut national de la statistique, et présidée par un professeur de politique économique, Riccardo Faini.

    Cette commission indépendante chiffre le déficit «tendanciel» des comptes publics pour 2006 à 4,1% du PIB aujourd'hui. Mais elle pointe des «facteurs de risque» qui menacent de porter ce trou budgétaire à 4,6% du PIB fin 2006. Elle classe ces risques en deux catégories. D'une part, l'impossibilité, selon elle, d'appliquer toutes les mesures inscrites au budget 2006, dont le coût mesuré en perte de recettes fiscales représenterait 0,3 point de PIB. D'autre part, le financement plus coûteux que prévu d'investissements et de chantiers publics en cours d'exécution, qu'elle chiffre «de manière conservatoire» à 0,2% du PIB.

    Pour le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia, cet audit confirme que l'Ecofin a eu raison, fin mars, de souligner les risques auxquels s'exposait le programme de stabilité italien. Il estime toutefois que la correction du déficit «reste à portée de main». De son côté, Tito Boeri, professeur d'économie politique à l'université Bocconi de Milan, s'interroge sur les risques chiffrés par la Commission d'audit, estimant difficile de «quantifier» des programmes en cours d'exécution. Du moins cet audit a-t-il à ses yeux le mérite de photographier la situation réelle de l'économie au début de la législature : «Cela devrait permettre de gouverner en évitant les polémiques sans fin que l'on a connues en 2001.»

    Pour leur part, les agences de rating menacent à nouveau de déclasser la dette publique italienne. Pour S&P, le gouvernement doit adopter les réformes de structure appropriées, à commencer par un allégement du coût des retraites.

    Le Figaro
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