A la nuit tombée, lorsque Casablanca l’affairée dort à poings fermés, la métropole change de visage et devient la scène d’une vie souterraine qui fait froid dans le dos.
Ca se passe littéralement en bas de chez vous : sur les boulevards d’Anfa, Hassan II, Mohammed V et Zerktouni, dans les ruelles du quartier bourgeois Gauthier, aux abords de la wilaya, sur la Corniche ou encore près des rues piétonnes du Prince Moulay Abdellah, de très jeunes enfants shootés à la « colle » (en réalité un additif pour peinture ultra-toxique) errent, crasseux et paumés, dans les rues noires de la ville blanche. Ce sont les « chamkers », les abandonnés, les oubliés de la cité.
Alors que les « mieux lotis » vendent des chewing-gums aux feux rouges, certains mendient ou fouillent dans les poubelles pour trouver de quoi manger, et d’autres acceptent de monter dans la première voiture qui passe pour une poignée de dirhams et un aller simple en enfer. Portrait d’une ville à l’envers.
Dossier réalisé par Eve Boisanfray
Reportage photo : Brahim Taougar
***
Rédouane, 13 ans, drogué, prostitué
Rencontre avec l’un des enfants oubliés de la ville blanche.
Rédouane vit dans la rue. Il dit avoir 13 ans mais on lui en donne à peine 8. Il est tout petit, avec son bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles pour cacher deux grosses bosses de chaque côté de la tête, sa chemise verte trop grande pour lui, son petit jean tout crasseux et ses pieds nus dans des sandales en plastique dont les bords frottent une plaie purulente à la cheville.
Rédouane a la peau douce des bébés, de grands yeux verts colorent son regard un peu lointain mais encore vif, son nez droit descend sur une belle bouche à la moue boudeuse. Il sent la colle à plein nez.
Je m’arrête à son niveau, l’invite à monter et il grimpe dans ma voiture sans poser de questions, comme il suivrait n’importe qui, pour n’importe quoi.
Je le « ramasse », comme on ramasse un chat, vers une heure du matin, dans le vieux Casablanca. A cette heure-ci, les bars sont pleins, des cabarets s’échappent les chants des « chikhates » et les marchands de brochettes font fumer leurs grills pour une petite foule de fêtards dans le quartier « Prince » où Rédouane et sa bande de copains en loques, pas plus âgés que lui, font la manche, récupèrent par-ci par-là un morceau de pain ou un cornet de frites, se battent autour d’une cigarette et sont prêts à tout pour une poignée de dirhams…
Hamid, le chef de bande
Ce soir, Rédouane a de la chance de tomber sur moi. Au chaud et en confiance, il me raconte sa vie. Il n’est pas orphelin, ses parents vivent à Lalla Meriem et son grand frère est marié. Il rentre chez lui quelquefois, se lave, mange, se repose un peu puis retourne à la nuit et ses vapeurs de colle. Avec ses compagnons d’infortune, il dort à la grande poste ou dans une villa abandonnée de Casablanca, partout sauf dans la maison connue de tous les enfants des rues, squattée par un certain Hamid, un chef de bande « qui te met un couteau sous la gorge avant de te baisser le pantalon », murmure-t-il.
Plus tard, je me rends compte que ce Hamid est très connu dans le milieu, son nom revient sans arrêt dans les conversations et il est toujours évoqué avec effroi. « C’est lui qui vend la colle aux enfants », témoigne une infirmière du Samu social, l’organisme qui programme des rondes de nuit quotidiennes pour s’occuper des enfants (cf. reportage Samu social). Cet homme a une trentaine d’années et, comme dans Oliver Twist de Charles Dickens, règne sur un petit groupe d’enfants perdus qui ont eu le malheur de croiser sa route. « Lui est clean, décrit encore l’infirmière, il se fait passer pour un peintre afin de pouvoir acheter le silicium dans n’importe quelle droguerie de la ville, 15 dirhams le litre, qu’il revend 60 dirhams aux enfants, sachant que la consommation usuelle de chacun est d’un demi-litre par nuit… »
Des enfants sans défense
Des « Hamid », il en existe quelques-uns à Casablanca, qui profitent de la misère, de la détresse et de la pauvreté pour utiliser des femmes et des enfants à des fins commerciales monstrueuses.
Les réseaux de prostitution enfantine n’existent donc pas qu’à Marrakech, pour une clientèle étrangère aisée en quête d’interdit, mais aussi ici, pour une clientèle locale, qui ne nage pas dans l’opulence.
Une des éducatrices de l’organisme, créé en 2006, de permanence cette nuit de décembre, confie que « la plupart des enfants que recueille le Samu social ont été violés par des membres de leurs familles ou dans la rue, par un voisin ou le deuxième époux de leur mère, qui abuse de cet enfant du premier lit pour faire pression sur la mère et asseoir sa nouvelle autorité.
Beaucoup de filles sont d’anciennes bonnes qui se sont enfuies de chez leurs employeurs. Lorsqu’elles se retrouvent dans la rue, elles se font exploiter par des mères-maquerelles qui les attirent avec de beaux discours puis les enferment dans une maison où les clients se rendent ensuite à tour de rôle.
Quand elles tombent enceintes, celles qui décident de garder leur bébé se retrouvent à nouveau dans la rue et celles qui accouchent chez la « samsara » (maquerelle) sont assurées de ne plus revoir leur petit. Parce que la maquerelle le revendra ou le louera à une mendiante pour lui garantir de meilleurs gains ». Et lorsque les enfants ainsi loués atteignent l’âge de 6 ans, ils partent mendier tous seuls et deviennent alors de nouvelles proies faciles…
Dans la maraude de nuit du Samu social
Toutes les nuits, à Casablanca, des centaines de mineurs s’approprient les rues noires et dangereuses de la ville blanche. Abandonnés ou orphelins, ils sont exposés aux pires dangers d’une mégapole aveugle. En première ligne face à ce fléau, les « héros » ordinaires du Samu social.
Toutes les nuits, entre 21h et 5h du matin, une maraude du Samu social fait le tour de la plus grande ville du Royaume pour s’occuper de ces enfants oubliés. Ils sont « peut-être un millier, dont 300 qui passent chaque nuit dans la rue », selon les statistiques de Hicham, le travailleur social affecté à la ronde de cette nuit glacée de décembre.
De six à une vingtaine d’années, garçons et filles abandonnés survivent plus mal que bien dans l’obscurité et les recoins d’une cité de près d’une dizaine de millions d’habitants qui, pour la plupart, ne sont même pas au courant de la vie parallèle que mènent les jeunes perdus de la capitale économique.
En véritable service d’aide d’urgence, les trios qui composent les Equipes mobiles d’aide (EMA) du Samu social vont quotidiennement à la rencontre des enfants des rues, leur apporter une écoute, du réconfort, des conseils pas toujours suivis, du café chaud, des sandwichs au fromage et des soins de premiers secours. Mais pas seulement.
L’action sociale, une « évidence »
Cette nuit, Mustapha le chauffeur, Zineb l’infirmière et Hicham vont aussi répertorier les nouveaux arrivants, s’enquérir de celui qu’ils n’auront pas croisé ce soir auprès de ses amis, rechercher les personnes disparues dont les proches leur ont fourni le signalement. Et surtout, ils vont tenter de ramener au moins un jeune au siège du Samu social, dans le quartier Bourgogne, pour qu’il puisse se laver, manger un repas chaud, dormir dans un lit – en sécurité – et être aidé à proprement parler.
Des éducateurs sociaux, des psychologues, des médecins et des médiateurs essaieront, dès le lendemain matin, de recréer le lien familial brisé ou de trouver une solution concrète pour « le bénéficiaire », selon le terme consacré. « On crée un dossier, on discute avec eux pour connaître leur histoire, on les soigne s’ils en ont besoin mais comme c’est un service d’urgence : les jeunes ne restent pas plus de trois jours chez nous », explique Hicham. « Si nous n’arrivons pas à contacter leurs parents, nous les envoyons vers d’autres structures partenaires dont le métier est de faire le suivi sur le long terme », ajoute le jeune homme pour qui l’action sociale est « une évidence ».
L’heure de répit
Il est 21 heures, la maraude entame son circuit nocturne par les abords de la grande mosquée Hassan II. Mustapha repère trois jeunes garçons et stoppe l’estafette. Comme on s’en rendra compte à chaque arrêt, l’équipe est très attendue et accueillie avec la plus grande joie par les jeunes qui engloutissent leurs sandwichs avec la gloutonnerie des affamés et se balancent en arrière de soulagement à la sensation du café fumant qui vient réchauffer leurs corps maigres et cabossés.
Après s’être enquis de l’état des trois adolescents, la camionnette reprend sa lente course vers la Corniche. Près du McDo, une ribambelle d’enfants d’une dizaine d’années accompagnés de deux jeunes filles sautent au cou de Zineb, Mustapha et Hicham et sautillent d’impatience à la vue des quelques pulls et chaussettes que l’équipe leur a apportés. Hasna a 18 ans et sept ans de rue derrière elle.
Dans son survêtement rouge et sous un foulard lui couvrant le cou et la tête, on devine une chevelure abondante et un corps mince. Elle est contente de s’asseoir cinq minutes et de discuter avec l’infirmière qui dévoilera plus tard que Hasna est mère d’un bébé de sept mois qu’elle a eu alors qu’elle purgeait une peine de quatre mois de prison pour agression avec violence. « Elles sont toutes mères. Soit elles laissent leur petit chez leurs proches, soit elles l’abandonnent, soit elles le vendent, parfois à 500 dirhams. »
Ca se passe littéralement en bas de chez vous : sur les boulevards d’Anfa, Hassan II, Mohammed V et Zerktouni, dans les ruelles du quartier bourgeois Gauthier, aux abords de la wilaya, sur la Corniche ou encore près des rues piétonnes du Prince Moulay Abdellah, de très jeunes enfants shootés à la « colle » (en réalité un additif pour peinture ultra-toxique) errent, crasseux et paumés, dans les rues noires de la ville blanche. Ce sont les « chamkers », les abandonnés, les oubliés de la cité.
Alors que les « mieux lotis » vendent des chewing-gums aux feux rouges, certains mendient ou fouillent dans les poubelles pour trouver de quoi manger, et d’autres acceptent de monter dans la première voiture qui passe pour une poignée de dirhams et un aller simple en enfer. Portrait d’une ville à l’envers.
Dossier réalisé par Eve Boisanfray
Reportage photo : Brahim Taougar
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Rédouane, 13 ans, drogué, prostitué
Rencontre avec l’un des enfants oubliés de la ville blanche.
Rédouane vit dans la rue. Il dit avoir 13 ans mais on lui en donne à peine 8. Il est tout petit, avec son bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles pour cacher deux grosses bosses de chaque côté de la tête, sa chemise verte trop grande pour lui, son petit jean tout crasseux et ses pieds nus dans des sandales en plastique dont les bords frottent une plaie purulente à la cheville.
Rédouane a la peau douce des bébés, de grands yeux verts colorent son regard un peu lointain mais encore vif, son nez droit descend sur une belle bouche à la moue boudeuse. Il sent la colle à plein nez.
Je m’arrête à son niveau, l’invite à monter et il grimpe dans ma voiture sans poser de questions, comme il suivrait n’importe qui, pour n’importe quoi.
Je le « ramasse », comme on ramasse un chat, vers une heure du matin, dans le vieux Casablanca. A cette heure-ci, les bars sont pleins, des cabarets s’échappent les chants des « chikhates » et les marchands de brochettes font fumer leurs grills pour une petite foule de fêtards dans le quartier « Prince » où Rédouane et sa bande de copains en loques, pas plus âgés que lui, font la manche, récupèrent par-ci par-là un morceau de pain ou un cornet de frites, se battent autour d’une cigarette et sont prêts à tout pour une poignée de dirhams…
Hamid, le chef de bande
Ce soir, Rédouane a de la chance de tomber sur moi. Au chaud et en confiance, il me raconte sa vie. Il n’est pas orphelin, ses parents vivent à Lalla Meriem et son grand frère est marié. Il rentre chez lui quelquefois, se lave, mange, se repose un peu puis retourne à la nuit et ses vapeurs de colle. Avec ses compagnons d’infortune, il dort à la grande poste ou dans une villa abandonnée de Casablanca, partout sauf dans la maison connue de tous les enfants des rues, squattée par un certain Hamid, un chef de bande « qui te met un couteau sous la gorge avant de te baisser le pantalon », murmure-t-il.
Plus tard, je me rends compte que ce Hamid est très connu dans le milieu, son nom revient sans arrêt dans les conversations et il est toujours évoqué avec effroi. « C’est lui qui vend la colle aux enfants », témoigne une infirmière du Samu social, l’organisme qui programme des rondes de nuit quotidiennes pour s’occuper des enfants (cf. reportage Samu social). Cet homme a une trentaine d’années et, comme dans Oliver Twist de Charles Dickens, règne sur un petit groupe d’enfants perdus qui ont eu le malheur de croiser sa route. « Lui est clean, décrit encore l’infirmière, il se fait passer pour un peintre afin de pouvoir acheter le silicium dans n’importe quelle droguerie de la ville, 15 dirhams le litre, qu’il revend 60 dirhams aux enfants, sachant que la consommation usuelle de chacun est d’un demi-litre par nuit… »
Des enfants sans défense
Des « Hamid », il en existe quelques-uns à Casablanca, qui profitent de la misère, de la détresse et de la pauvreté pour utiliser des femmes et des enfants à des fins commerciales monstrueuses.
Les réseaux de prostitution enfantine n’existent donc pas qu’à Marrakech, pour une clientèle étrangère aisée en quête d’interdit, mais aussi ici, pour une clientèle locale, qui ne nage pas dans l’opulence.
Une des éducatrices de l’organisme, créé en 2006, de permanence cette nuit de décembre, confie que « la plupart des enfants que recueille le Samu social ont été violés par des membres de leurs familles ou dans la rue, par un voisin ou le deuxième époux de leur mère, qui abuse de cet enfant du premier lit pour faire pression sur la mère et asseoir sa nouvelle autorité.
Beaucoup de filles sont d’anciennes bonnes qui se sont enfuies de chez leurs employeurs. Lorsqu’elles se retrouvent dans la rue, elles se font exploiter par des mères-maquerelles qui les attirent avec de beaux discours puis les enferment dans une maison où les clients se rendent ensuite à tour de rôle.
Quand elles tombent enceintes, celles qui décident de garder leur bébé se retrouvent à nouveau dans la rue et celles qui accouchent chez la « samsara » (maquerelle) sont assurées de ne plus revoir leur petit. Parce que la maquerelle le revendra ou le louera à une mendiante pour lui garantir de meilleurs gains ». Et lorsque les enfants ainsi loués atteignent l’âge de 6 ans, ils partent mendier tous seuls et deviennent alors de nouvelles proies faciles…
Dans la maraude de nuit du Samu social
Toutes les nuits, à Casablanca, des centaines de mineurs s’approprient les rues noires et dangereuses de la ville blanche. Abandonnés ou orphelins, ils sont exposés aux pires dangers d’une mégapole aveugle. En première ligne face à ce fléau, les « héros » ordinaires du Samu social.
Toutes les nuits, entre 21h et 5h du matin, une maraude du Samu social fait le tour de la plus grande ville du Royaume pour s’occuper de ces enfants oubliés. Ils sont « peut-être un millier, dont 300 qui passent chaque nuit dans la rue », selon les statistiques de Hicham, le travailleur social affecté à la ronde de cette nuit glacée de décembre.
De six à une vingtaine d’années, garçons et filles abandonnés survivent plus mal que bien dans l’obscurité et les recoins d’une cité de près d’une dizaine de millions d’habitants qui, pour la plupart, ne sont même pas au courant de la vie parallèle que mènent les jeunes perdus de la capitale économique.
En véritable service d’aide d’urgence, les trios qui composent les Equipes mobiles d’aide (EMA) du Samu social vont quotidiennement à la rencontre des enfants des rues, leur apporter une écoute, du réconfort, des conseils pas toujours suivis, du café chaud, des sandwichs au fromage et des soins de premiers secours. Mais pas seulement.
L’action sociale, une « évidence »
Cette nuit, Mustapha le chauffeur, Zineb l’infirmière et Hicham vont aussi répertorier les nouveaux arrivants, s’enquérir de celui qu’ils n’auront pas croisé ce soir auprès de ses amis, rechercher les personnes disparues dont les proches leur ont fourni le signalement. Et surtout, ils vont tenter de ramener au moins un jeune au siège du Samu social, dans le quartier Bourgogne, pour qu’il puisse se laver, manger un repas chaud, dormir dans un lit – en sécurité – et être aidé à proprement parler.
Des éducateurs sociaux, des psychologues, des médecins et des médiateurs essaieront, dès le lendemain matin, de recréer le lien familial brisé ou de trouver une solution concrète pour « le bénéficiaire », selon le terme consacré. « On crée un dossier, on discute avec eux pour connaître leur histoire, on les soigne s’ils en ont besoin mais comme c’est un service d’urgence : les jeunes ne restent pas plus de trois jours chez nous », explique Hicham. « Si nous n’arrivons pas à contacter leurs parents, nous les envoyons vers d’autres structures partenaires dont le métier est de faire le suivi sur le long terme », ajoute le jeune homme pour qui l’action sociale est « une évidence ».
L’heure de répit
Il est 21 heures, la maraude entame son circuit nocturne par les abords de la grande mosquée Hassan II. Mustapha repère trois jeunes garçons et stoppe l’estafette. Comme on s’en rendra compte à chaque arrêt, l’équipe est très attendue et accueillie avec la plus grande joie par les jeunes qui engloutissent leurs sandwichs avec la gloutonnerie des affamés et se balancent en arrière de soulagement à la sensation du café fumant qui vient réchauffer leurs corps maigres et cabossés.
Après s’être enquis de l’état des trois adolescents, la camionnette reprend sa lente course vers la Corniche. Près du McDo, une ribambelle d’enfants d’une dizaine d’années accompagnés de deux jeunes filles sautent au cou de Zineb, Mustapha et Hicham et sautillent d’impatience à la vue des quelques pulls et chaussettes que l’équipe leur a apportés. Hasna a 18 ans et sept ans de rue derrière elle.
Dans son survêtement rouge et sous un foulard lui couvrant le cou et la tête, on devine une chevelure abondante et un corps mince. Elle est contente de s’asseoir cinq minutes et de discuter avec l’infirmière qui dévoilera plus tard que Hasna est mère d’un bébé de sept mois qu’elle a eu alors qu’elle purgeait une peine de quatre mois de prison pour agression avec violence. « Elles sont toutes mères. Soit elles laissent leur petit chez leurs proches, soit elles l’abandonnent, soit elles le vendent, parfois à 500 dirhams. »
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