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Les deux Soudan prêts à la guerre de l'or noir

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  • Les deux Soudan prêts à la guerre de l'or noir

    Khartoum et le nouvel État indépendant du Sud sont en désaccord sur le partage de la manne pétrolière.

    «Le climat actuel est plus proche d'un climat de guerre que d'un climat de paix.» La petite phrase du président soudanais, Omar el-Béchir, lancée vendredi, a sonné comme l'aveu que Khartoum se prépare à un conflit avec ses anciennes provinces méridionales. Le Soudan du Sud, pays qui a arraché son indépendance du voisin nordiste en juillet dernier après trois décennies de guerre civile, n'a pas répondu. Mais nul ne doute que Juba envisage aussi l'option des armes.

    La crise s'est nouée autour du pétrole. Avec l'indépendance, le Nord voyait s'envoler environ 70% de ses réserves, désormais situées dans la nouvelle nation. Une perte à laquelle Khartoum ne s'est jamais vraiment résolu. Or, le Soudan du Sud, État enclavé, dépend pour exporter son brut des oléoducs traversant le Nord. Mais jamais les deux pays ne sont parvenus à se mettre d'accord sur un droit de passage et un partage de la manne.

    Les négociations piétinent en fait depuis 2005 et l'accord de paix global (CPA) qui a mis fin à la guerre civile et ouvert la voie à l'indépendance. Les exigences sont trop éloignées. Le Nord demande 74.000 barils par jour (b/j) sur une production sudiste supposée de 350.000 b/j ou une taxe de 36 dollars par baril, très au-dessus des normes selon les experts. Juba ne propose que… 1 dollar. Un prix très en dessous des usages.

    Une dîme vitale pour Khartoum
    Pour Khartoum, cette dîme est vitale. La baisse de la rente pétrolière a déjà provoqué une crise économique profonde, une forte inflation au Soudan du Nord et un large mécontentement. Selon un diplomate, un appauvrissement supplémentaire mettrait plus encore en danger le régime et le Parti du Congrès national (NCP).

    Fin janvier, Khartoum accusait Juba de ne pas payer ses frais de transit et saisissait 1, 7 million de barils de brut avant de coincer dans ses ports quatre pétroliers contenant 2,2 millions de barils. Jusqu'alors larvée, la crise a dès lors éclaté. Par mesure de rétorsion, Juba, qui estime à plus de 800 millions de dollars la valeur du brut «volé», fermait ses puits.

    L'Union africaine, réunie en sommet à Addis-Abeba le 29 janvier dernier, a tenté une médiation pour enfin trouver une solution au vieux contentieux pétrolier entre les deux pays. En vain. Juba a demandé, avant tout règlement du problème pétrolier, que l'ensemble des autres dossiers laissés pendants depuis 2005 soient réglés, et notamment le tracé de la frontière entre les deux pays, jamais défini. «Le Soudan doit reconnaître les frontières de 1956 et rendre toutes les zones encore occupées», a insisté Stephen Dhieu Dau, le ministre sud-soudanais du Pétrole. Une exigence inacceptable pour Khartoum.

    «La situation a atteint un point critique»
    En parallèle, pour faire encore monter la pression, le gouvernement sud-soudanais a révélé avoir signé avec le Kenya un accord pour la construction d'un oléoduc pour exporter directement son pétrole sans passer par le Nord. Si les experts doutent de la faisabilité et de la rentabilité d'un tel projet, la menace est néanmoins réelle pour Khartoum. «Le premier coup de pelle de ce pipeline serait un casus belli pour le Nord», assure un diplomate qui se dit «inquiet».

    La secrétaire général de l'ONU ne se montre guère plus optimiste. «La situation a atteint un point critique, elle est devenue une menace majeure pour la paix et la sécurité dans toute la région», affirmait Ban Ki-moon la semaine dernière.

    Sur le terrain, les tensions pétrolières ont des répercussions de plus en plus évidentes. Juba et Khartoum s'accusent mutuellement d'armer des milices. Dans les zones frontalières disputées, notamment les provinces du Nil Bleu et du Kordofan du Sud, les conflits locaux s'enchaînent, aiguisant les haines tribales et provoquant des centaines de morts.

    Selon l'ONU, 120.000 personnes auraient déjà été déplacées par ces conflits, fuyant le Nord pour trouver refuge au Sud. Une guerre ouverte entre les frères ennemis provoquerait un afflux vingt fois plus important auquel le plus jeune État du monde serait totalement incapable de faire face.

    source: lefigaro.fr
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