L’Association France- Algérie participe à la 39e édition de la Foire internationale d’Alger. Son président par intérim, M. Jeanpierre Gonon, a l’ultime conviction que les relations d’amitié entre les deux nations pourraient également être édifiées en intensifiant l’activité économique entre Algériens et Français et en redorant l’image de l’Algérie chez le peuple français, en effaçant l’image négative véhiculée par les médias français. Dans cet entretien, M. Gonon revient sur les relations algéro-françaises, et précisément sur le traité d’amitié qui devait être signé par les deux Etats.
Le Soir d’Algérie :Vous êtes à la tête de l’Association France- Algérie, qui, peut-on dire, défend les relations bilatérales entre les deux nations. Que pensez-vous justement de la relation actuelle entre les deux pays ?
Jean-Pierre Gonon :Ma conviction, et celle aussi de la majorité des Français, est que la réconciliation des peuples est largement acquise depuis très longtemps. Cela a été même démontré par plusieurs événements qui ont lié les deux peuples, comme l’année de l’Algérie en France, où les Français, les Algériens établis en France, les pieds-noirs, les Algériens de l’Algérie, ont tous contribué à la réussite de cette manifestation. Un intérêt mutuel a été enregistré. L’accueil du président Bouteflika en France et celui du président Chirac en Algérie étaient également un signe de communion. Cependant, il y a encore quelques obstacles mis sur le chemin de cette réconciliation, et ce, par des petits groupes qui font dans la provocation, comme c’était le cas par l’inauguration d’une stèle dans la région de Marignane, à la gloire des «victimes» de l’OAS. Je dirai, aussi, qu’il y a une provocation dans la présentation de la loi du 23 février, où tout le monde a focalisé l’attention sur l’article 4, en occultant l’article 13 qui est, à mon sens, plus dangereux. Celui-ci prévoit, en effet, l’indemnisation des anciens de l’OAS qui ont été amnistiés. Tout le monde a crié au scandale concernant l’article 4, tout en justifiant la barbarie des soldats de l’OAS, sans l’article 13 de la même loi. C’est pour cela que j’insiste à dire qu’il y a eu manipulation de la part d’un groupe qui ne représente pas la France. Maintenant, il faut que les deux gouvernements mettent en application ce qui a été dit et décidé lors de la déclaration commune des deux chefs d’Etat français et algérien, en 2003, à Alger. Du côté français, le premier signal qu’il faut donner pour témoigner de cette volonté de refonder les relations algéro-françaises est de procéder à un changement radical des procédures d’examen des demandes de visas, qui ne sont pas dignes d’un pays qui prétend développer un partenariat exceptionnel avec l’Algérie. La France doit faire en sorte de se libérer des contraintes du Schengen, pour réserver un traitement particulier aux Algériens qui désirent se rendre en France. D’une manière générale, la France et l’Algérie doivent construire ensemble un espace euro-méditerranéen, pour la paix et la prospérité, comme l’ont fait la France et l’Allemagne, dans l’espace européen.
L. S. : Le président Bouteflika a conditionné la signature du traité d’amitié entre l’Algérie et la France par les excuses officielles de la France. Quelle est la position de votre association par rapport à cette exigence ?
J-P G. : Je crois que le système colonial est en lui-même condamnable totalement. Notre association s’est déjà exprimée sur cette question. Mais il faut aussi reconnaître que certains des Français nés en Algérie étaient eux-mêmes les instruments et les victimes du système colonial. Ces Français-là se sont battus pour l’indépendance de l’Algérie, ont apporté quelque chose au peuple algérien. C’est ces Français-là qui peuvent condamner sans réserve le système colonial, tout en reconnaissant la part qu’ils ont prise dans l’édification de l’Algérie.
L. S. : Quel est le rôle de votre association pour la reconstruction du lien Algérie-France ?
J-P G. : Nous voulons être un réseau d’influence pour mieux informer l’opinion publique française sur les réalités algériennes et être un lobby actif pour l’attitude constructive des pouvoirs publics, en faveur d’un partenariat d’exception qui doit traduire la densité des relations humaines entre l’Algérie et la France, malgré les affrontements et le drame du passé.
Propos recueillis
par R. M. Le Soir d'Algerie
Le Soir d’Algérie :Vous êtes à la tête de l’Association France- Algérie, qui, peut-on dire, défend les relations bilatérales entre les deux nations. Que pensez-vous justement de la relation actuelle entre les deux pays ?
Jean-Pierre Gonon :Ma conviction, et celle aussi de la majorité des Français, est que la réconciliation des peuples est largement acquise depuis très longtemps. Cela a été même démontré par plusieurs événements qui ont lié les deux peuples, comme l’année de l’Algérie en France, où les Français, les Algériens établis en France, les pieds-noirs, les Algériens de l’Algérie, ont tous contribué à la réussite de cette manifestation. Un intérêt mutuel a été enregistré. L’accueil du président Bouteflika en France et celui du président Chirac en Algérie étaient également un signe de communion. Cependant, il y a encore quelques obstacles mis sur le chemin de cette réconciliation, et ce, par des petits groupes qui font dans la provocation, comme c’était le cas par l’inauguration d’une stèle dans la région de Marignane, à la gloire des «victimes» de l’OAS. Je dirai, aussi, qu’il y a une provocation dans la présentation de la loi du 23 février, où tout le monde a focalisé l’attention sur l’article 4, en occultant l’article 13 qui est, à mon sens, plus dangereux. Celui-ci prévoit, en effet, l’indemnisation des anciens de l’OAS qui ont été amnistiés. Tout le monde a crié au scandale concernant l’article 4, tout en justifiant la barbarie des soldats de l’OAS, sans l’article 13 de la même loi. C’est pour cela que j’insiste à dire qu’il y a eu manipulation de la part d’un groupe qui ne représente pas la France. Maintenant, il faut que les deux gouvernements mettent en application ce qui a été dit et décidé lors de la déclaration commune des deux chefs d’Etat français et algérien, en 2003, à Alger. Du côté français, le premier signal qu’il faut donner pour témoigner de cette volonté de refonder les relations algéro-françaises est de procéder à un changement radical des procédures d’examen des demandes de visas, qui ne sont pas dignes d’un pays qui prétend développer un partenariat exceptionnel avec l’Algérie. La France doit faire en sorte de se libérer des contraintes du Schengen, pour réserver un traitement particulier aux Algériens qui désirent se rendre en France. D’une manière générale, la France et l’Algérie doivent construire ensemble un espace euro-méditerranéen, pour la paix et la prospérité, comme l’ont fait la France et l’Allemagne, dans l’espace européen.
L. S. : Le président Bouteflika a conditionné la signature du traité d’amitié entre l’Algérie et la France par les excuses officielles de la France. Quelle est la position de votre association par rapport à cette exigence ?
J-P G. : Je crois que le système colonial est en lui-même condamnable totalement. Notre association s’est déjà exprimée sur cette question. Mais il faut aussi reconnaître que certains des Français nés en Algérie étaient eux-mêmes les instruments et les victimes du système colonial. Ces Français-là se sont battus pour l’indépendance de l’Algérie, ont apporté quelque chose au peuple algérien. C’est ces Français-là qui peuvent condamner sans réserve le système colonial, tout en reconnaissant la part qu’ils ont prise dans l’édification de l’Algérie.
L. S. : Quel est le rôle de votre association pour la reconstruction du lien Algérie-France ?
J-P G. : Nous voulons être un réseau d’influence pour mieux informer l’opinion publique française sur les réalités algériennes et être un lobby actif pour l’attitude constructive des pouvoirs publics, en faveur d’un partenariat d’exception qui doit traduire la densité des relations humaines entre l’Algérie et la France, malgré les affrontements et le drame du passé.
Propos recueillis
par R. M. Le Soir d'Algerie
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