Le travail des associations et des autorités locales ne suffit pas aux besoins des sans-abri, surtout par ce temps glacial.
Un froid glacial souffle ces derniers temps sur la métropole. Les habitants tentent tant bien que mal de se réchauffer en mettant des vêtements chauds et en utilisant différents systèmes de chauffage ou tout simplement en se terrant chez eux. Toutefois, tout le monde n’a pas ce privilège. Beaucoup d’habitants de la capitale économique n’ont pas les moyens de résister au froid. Ils dorment, dans les gares, jardins, terrains nus, bâtiments abandonnés ou même sur les trottoirs. Il s’agit bien des sans domicile fixe (SDF) qu’on voit presque partout dans les rues de Casablanca. Ces hommes, femmes et enfants sont souvent mal habillés, sans nourriture et dans un état désespérant. Leurs corps usés par le temps se rabattent sur les lieux où ils peuvent avoir un peu de chaleur.
Le SAMU n’est pas toujours présent
Il faut dire que ces corps couverts de saleté et de tristesse font désormais partie du décor de la métropole. Ils ont acquis, bon gré mal gré, l’immunité contre la faim, la maladie et le froid. «J’ai quitté la maison de mes parents depuis plus de 4 ans. Je ne pouvais plus supporter la maltraitance de mon beau père et depuis je vis dans la rue hiver comme été», confie un jeune garçon qui a élu «domicile» à Hay Mohammadi.
«On m’a donné une veste et une couverture et chaque matin on dépose de la nourriture ou des pièces de monnaie à côté de moi», ajoute-t-il. À travers de vieilles couvertures et des pans de cartons, les Casablancais croisent chaque jour des centaines de visages de sans-abri attristés par le temps, l’oubli et le changement du climat. Certains d’entre eux leur donnent de quoi affronter le froid, alors que les plus généreux organisent des campagnes de collecte de vêtements et de denrées alimentaires.
C’est le cas de Fatima, une sexagénaire qui collecte de vieux habits auprès de ses amis et voisins pour les distribuer aux sans-abri de son quartier. «Je fais comme je peux pour aider ces personnes dans le besoin.
Certaines voisines et connaissances ont du mal à se débarrasser des vieux habits qui encombrent leurs armoires, alors que d’autres personnes en ont besoin. Donc je ne fais que le travail d’intermédiaire en rendant service aux deux parties», explique-t-elle.
Si Fatima considère cette activité comme un passe-temps, d’autres personnes et associations en font une vraie cause. «Nous œuvrons pour l’aide des sans-abri depuis plusieurs années.
Chaque hiver, on lance la campagne de collecte de dons au profit des personnes qui n’ont pas de logement, dans les bidonvilles et même dans les centres qui accueillent les SDF», explique Mounia, membre d’un groupe de jeunes qui dit «vivre pour le travail associatif». «On peut certes sensibiliser l’opinion publique à cette question, mais ce n’est pas assez. Les centres d’accueil doivent également être mobilisés. À titre d’exemple, j’ai appelé à plusieurs reprises le SAMU social de Casablanca pour déclarer des cas de sans-abri ou pour collaborer avec eux, en vain», ajoute un autre Casablancais. Normalement, selon la représentation du SAMU de Casablanca, cet établissement «apporte une aide d’urgence médicale et sociale appropriée aux enfants et jeunes femmes de la rue, une équipe mobile d’aide se rend à leur rencontre plusieurs fois par semaine, aussi bien la nuit que le jour». Contacté à propos de son plan d’action au cours de l’année en cours et des actions menées au profit des SDF pour les protéger du froid, le SAMU social de Casablanca a observé un silence radio. «Nous n’avons pas d’actions spécifiques pour la saison du froid. Notre centre n’accueille que les femmes et les enfants, alors que les hommes sont orientés vers le centre social de Tit Mellil», a répondu une assistante sociale au SAMU de Casablanca après insistance. Le froid que tout le monde craint et se prépare à affronter n’aurait donc aucune priorité pour le SAMU de Casablanca.
Par contre, le Centre social Dar El Kheir est très sollicité durant cette période. «L’ensemble des sans-abri recueillis sont emmenés à Tit Mellil», indique un responsable à la wilaya du Grand Casablanca.
On y offre une assistance sociale, psychiatrique et médicale. Toutefois, sa capacité d’accueil reste limitée par rapport au grand nombre de SDF du Grand Casablanca. Si certains sans-abri trouvent à Tit Mellil un espace d’accueil chaleureux, d’autres luttent toujours pour survivre.
Actions menées par les autorités locales
La wilaya du Grand Casablanca organise des rondes pour recueillir les sans-abri notamment durant la saison du froid. Au niveau de chaque préfecture, on trouve aussi un service spécialisé de ce genre d’affaires sociales. À titre d’exemple, la préfecture d’arrondissements Casa-Anfa mobilise chaque jour trois voitures pour sillonner les rues de son territoire et recueillir les sans-abri. Chaque ronde est effectuée par des employés de la préfecture, des agents de la police et des forces auxiliaires. Cette action est menée de façon quotidienne sans arrêt tout au long de l’année. Selon un employé de ladite préfecture, le parc de la Ligue arabe, le parc Yasmina, l’Ancienne Médina et les bidonvilles sont les principaux points de rassemblement des sans-abri. Une fois recueillis, ces derniers sont emmenés au centre social Dar El kheir de Tit Mellil.
Publié le : 10 Février 2012 - Nadia Ouiddar, LE MATIN
Un froid glacial souffle ces derniers temps sur la métropole. Les habitants tentent tant bien que mal de se réchauffer en mettant des vêtements chauds et en utilisant différents systèmes de chauffage ou tout simplement en se terrant chez eux. Toutefois, tout le monde n’a pas ce privilège. Beaucoup d’habitants de la capitale économique n’ont pas les moyens de résister au froid. Ils dorment, dans les gares, jardins, terrains nus, bâtiments abandonnés ou même sur les trottoirs. Il s’agit bien des sans domicile fixe (SDF) qu’on voit presque partout dans les rues de Casablanca. Ces hommes, femmes et enfants sont souvent mal habillés, sans nourriture et dans un état désespérant. Leurs corps usés par le temps se rabattent sur les lieux où ils peuvent avoir un peu de chaleur.
Le SAMU n’est pas toujours présent
Il faut dire que ces corps couverts de saleté et de tristesse font désormais partie du décor de la métropole. Ils ont acquis, bon gré mal gré, l’immunité contre la faim, la maladie et le froid. «J’ai quitté la maison de mes parents depuis plus de 4 ans. Je ne pouvais plus supporter la maltraitance de mon beau père et depuis je vis dans la rue hiver comme été», confie un jeune garçon qui a élu «domicile» à Hay Mohammadi.
«On m’a donné une veste et une couverture et chaque matin on dépose de la nourriture ou des pièces de monnaie à côté de moi», ajoute-t-il. À travers de vieilles couvertures et des pans de cartons, les Casablancais croisent chaque jour des centaines de visages de sans-abri attristés par le temps, l’oubli et le changement du climat. Certains d’entre eux leur donnent de quoi affronter le froid, alors que les plus généreux organisent des campagnes de collecte de vêtements et de denrées alimentaires.
C’est le cas de Fatima, une sexagénaire qui collecte de vieux habits auprès de ses amis et voisins pour les distribuer aux sans-abri de son quartier. «Je fais comme je peux pour aider ces personnes dans le besoin.
Certaines voisines et connaissances ont du mal à se débarrasser des vieux habits qui encombrent leurs armoires, alors que d’autres personnes en ont besoin. Donc je ne fais que le travail d’intermédiaire en rendant service aux deux parties», explique-t-elle.
Si Fatima considère cette activité comme un passe-temps, d’autres personnes et associations en font une vraie cause. «Nous œuvrons pour l’aide des sans-abri depuis plusieurs années.
Chaque hiver, on lance la campagne de collecte de dons au profit des personnes qui n’ont pas de logement, dans les bidonvilles et même dans les centres qui accueillent les SDF», explique Mounia, membre d’un groupe de jeunes qui dit «vivre pour le travail associatif». «On peut certes sensibiliser l’opinion publique à cette question, mais ce n’est pas assez. Les centres d’accueil doivent également être mobilisés. À titre d’exemple, j’ai appelé à plusieurs reprises le SAMU social de Casablanca pour déclarer des cas de sans-abri ou pour collaborer avec eux, en vain», ajoute un autre Casablancais. Normalement, selon la représentation du SAMU de Casablanca, cet établissement «apporte une aide d’urgence médicale et sociale appropriée aux enfants et jeunes femmes de la rue, une équipe mobile d’aide se rend à leur rencontre plusieurs fois par semaine, aussi bien la nuit que le jour». Contacté à propos de son plan d’action au cours de l’année en cours et des actions menées au profit des SDF pour les protéger du froid, le SAMU social de Casablanca a observé un silence radio. «Nous n’avons pas d’actions spécifiques pour la saison du froid. Notre centre n’accueille que les femmes et les enfants, alors que les hommes sont orientés vers le centre social de Tit Mellil», a répondu une assistante sociale au SAMU de Casablanca après insistance. Le froid que tout le monde craint et se prépare à affronter n’aurait donc aucune priorité pour le SAMU de Casablanca.
Par contre, le Centre social Dar El Kheir est très sollicité durant cette période. «L’ensemble des sans-abri recueillis sont emmenés à Tit Mellil», indique un responsable à la wilaya du Grand Casablanca.
On y offre une assistance sociale, psychiatrique et médicale. Toutefois, sa capacité d’accueil reste limitée par rapport au grand nombre de SDF du Grand Casablanca. Si certains sans-abri trouvent à Tit Mellil un espace d’accueil chaleureux, d’autres luttent toujours pour survivre.
Actions menées par les autorités locales
La wilaya du Grand Casablanca organise des rondes pour recueillir les sans-abri notamment durant la saison du froid. Au niveau de chaque préfecture, on trouve aussi un service spécialisé de ce genre d’affaires sociales. À titre d’exemple, la préfecture d’arrondissements Casa-Anfa mobilise chaque jour trois voitures pour sillonner les rues de son territoire et recueillir les sans-abri. Chaque ronde est effectuée par des employés de la préfecture, des agents de la police et des forces auxiliaires. Cette action est menée de façon quotidienne sans arrêt tout au long de l’année. Selon un employé de ladite préfecture, le parc de la Ligue arabe, le parc Yasmina, l’Ancienne Médina et les bidonvilles sont les principaux points de rassemblement des sans-abri. Une fois recueillis, ces derniers sont emmenés au centre social Dar El kheir de Tit Mellil.
Publié le : 10 Février 2012 - Nadia Ouiddar, LE MATIN
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