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Le doigt dans l’engrenage

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    Le doigt dans l’engrenage

    Bien qu’il n’ait pas été le seul à pousser à la roue, le Qatar aura tout fait pour obtenir le renversement de Kaddafi. C’est ainsi qu’il ne s’est pas contenté de faire adopter par la Ligue arabe la résolution demandant au Conseil de sécurité de prendre en charge le dossier libyen. Il a aussi pris part, il est vrai à titre purement symbolique, aux opérations militaires, tant aériennes que terrestres (en ce qui le concerne tout au moins), qui ont mené à la chute du dictateur libyen et puis à son lynchage – filmé dans le détail. Certes, tout ce qu’il a entrepris à cet effet l’a été en coordination avec les autres monarchies du Golfe, qui actuellement font la pluie et le beau dans le monde arabe. Mais qui toutefois se gardent de monter en première ligne toutes en même temps.

    S’agissant de la Libye, ce rôle de fourrier de l’intervention étrangère a donc échu au Qatar. Comme en l’espèce l’effort n’a pas été vain, que celui-ci s’est soldé au contraire par un franc succès, c’est encore à ce pays minuscule, mais à l’ambition, et parfois au comportement de superpuissance planétaire, qu’il est revenu de conduire à la même conclusion en Syrie. Erreur grossière, parce que la Syrie n’est pas isolée comme l’a été en son temps la Libye de Kaddafi. Elle dispose de soutiens, dans la région et dans le monde, dont la Russie, qui n’est quant à elle ni un pays minuscule ni une superpuissance de parodie. Qui plus est : dont la patience n’est pas inépuisable, comme le Qatar l’a sans doute compris dernièrement, quand son représentant au Conseil de sécurité, manquant de respect à la Russie, a provoqué l’ire de son homologue russe, qui lui a répondu en des termes on ne peut plus rugueux. Reparlez encore une fois de cette façon de la (Sainte) Russie, lui a-t-il dit en substance, et cette chose appelée le Qatar cessera d’exister.

    Depuis qu’est tombé le couperet du veto sino-russe, c’est comme si le Qatar avait fait un bond, un seul, en arrière, pour s’effacer devant une autre pétromonarchie, pas moins bouffie de dollars, et d’ambition hors proportion par rapport à ses forces réelles, que lui : l’Arabie saoudite. C’est désormais à cette dernière, qui a tout de même plus de plomb dans la cervelle, d’assumer les devants dans la crise syrienne, autrement complexe. Bien plus qu’on ne l’a cru d’abord, dans l’euphorie ayant suivi la chute tellement spectaculaire de Kaddafi, et qu’il semblait que toutes les républiques arabes étaient condamnées chacune pour son grade. Mais toutes pour ce crime de lèse-majesté : s’être dotées d’une constitution qui à elle seule constitue une forme de provocation, un cri de sédition, un appel à la révolte contre le principe monarchique.

    Si les monarchies du Golfe s’emploient aujourd’hui ouvertement à saper la stabilité de certains Etats arabes, ce n’est certainement pas parce que leurs régimes ne sont pas démocratiques, mais seulement parce que ce ne sont pas des monarchies. Et qu’importe si à peu près tous sont commandés par des autocrates.
    L’Arabie saoudite et le Qatar, avec, évidemment, la complicité des autres princes et roitelets de la région, ont profité de l’occasion offerte par ce qu’on a appelé le Printemps arabe pour vouloir mettre au pas, chercher à se subordonner des républiques, sinon les renverser toutes, dont ils pensent qu’elles leur vouent des sentiments d’une hostilité de même nature et probablement du même ordre que celle que l’on ne cachait pas il n’y a pas si longtemps.

    Toutefois, ce grand projet, caressé parce que censé leur garantir la pérennité, bute sur un obstacle qu’ils ont eu tendance à sous-estimer au départ : le régime syrien, qui pourtant n’a de républicain que le nom. Sans la possibilité de faire marche arrière, tant ils se sont engagés à son encontre. De sorte qu’ils risquent le retour de manivelle si lui-même en réchappe.

    Par Mohamed Habili
    Le Jour d'Algérie du 14 fvrier 2012
    "L' Algérie c'est le seul pays, où quand les gens me tendaient la main c'était pour m'offir quelque chose alors que dans les autres pays c'était pour m' en demander " Yann Arthus Bertrand
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