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Il y a cinquante-deux ans : La France faisait exploser sa première bombe atomique au Sahara

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  • Il y a cinquante-deux ans : La France faisait exploser sa première bombe atomique au Sahara

    Il y a 52 ans, le 13 février 1960, la France faisait exploser sa première bombe atomique, baptisée «Gerboise bleue», dans le ciel de Reggane, en plein Sahara.

    Il y a 52 ans, le 13 février 1960, la France faisait exploser sa première bombe atomique, baptisée «Gerboise bleue», dans le ciel de Reggane, en plein Sahara.
    Le «Hourra pour la France» du général de Gaulle reste pourtant un bien triste souvenir pour la population de cette petite ville du désert, ainsi que pour le peuple algérien qui souffre toujours des séquelles de ce crime.

    A l’initiative de l’Association Machaâl Chahid, en coordination avec le journal Echaâb, s’est déroulée hier, au Centre de presse du quotidien, la commémoration du 52e anniversaire d’un drame, suite naturelle des menées criminelles du colonialisme français en Algérie, celui de l’explosion atomique de Reggane qui eut lieu le 13 février 1960.
    En présence de M. Amar Mansouri, chercheur à l’Institut d’études nucléaires d’Alger, et de Me Fatma-Zohra Benbrahem, cette rencontre a été l’occasion pour les historiens et chercheurs de rappeler cette date sinistre pour la mémoire collective nationale, et qui, en même temps, a fait célébrer par la France, son entrée dans le club des puissances nucléaires militaires. Pour l’Algérie, celle-ci est un anniversaire qui rappelle à la conscience universelle, les conséquences d’un crime contre l’humanité. Cinquante-deux années après, la France, relève l’éminent chercheur Mansouri, «ne s’inquiète guère de ses actes et de leurs conséquences sur le peuple algérien». «Les essais et explosions nucléaires font partie des crimes multiples commis contre notre peuple», a-t-il déclaré. M. Mansouri a précisé que «la France continue à faire la sourde oreille aux revendications légitimes des victimes des essais nucléaires français» dont le nombre ne fait qu’augmenter et dont une partie disparaît chaque année dans l’anonymat.
    L’orateur a rappelé que le problème des essais nucléaires français en Algérie relève bien du crime colonial puisque les deux centres d’expérimentation, à savoir le site de Reggane (CSEM) et celui d’In Ekker (CEMO), ainsi que les laboratoires du CEA et les différentes bases vie ont été construits avant l’indépendance. «Ainsi, quatre essais atmosphériques et deux explosions souterraines ont eu lieu à l’époque de l’occupation française entre 1960 et 1962», a-t-il précisé. M. Mansouri a affirmé que des essais ont eu lieu sur ces sites après l’indépendance et ce jusqu’au 16 février 1966 en vertu d’annexes secrètes contenues dans les Accords d’Evian. Ces sites militaires sahariens ont été le théâtre respectivement d’essais nucléaires, chimiques, biologiques et balistiques. Nulle part dans les Accords d’Evian il n’est inscrit, souligne le chercheur, que les installations du CSEM à Reggane et du CEMO à In Ekker étaient destinées à des expériences nucléaires. La France aura réalisé ainsi ses premiers essais en plein moratoire international décidé par les trois puissances nucléaires en novembre 1958, qui a abouti le 5 août 1963 à la signature du Traité de Moscou, interdisant les essais d’armes nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace extra-atmosphérique et sous l’eau. Seuls les Etats-Unis, l’Union Soviétique et la Grande-Bretagne ont adhéré à ce traité. La France ne s’y est pas associée. L’historique de ces essais, rappelé par l’orateur, a débuté lors de la réalisation d’un champ de tir à Reggane en 1957.
    Par ailleurs, les autorités politiques et militaires françaises ont décrété le Sahara «zone totalement vide de vie animale ou végétale». «Pourtant les données géographiques montrent clairement », a fait remarquer M. Mansouri, que «des populations existaient bel et bien dans le Touat et le Tanezrouft, régions choisies par la France pour y installer ses sites militaires».
    Selon lui, les deux régions contiguës étaient peuplées de plus de 140 000 habitants, dont environ 40 000 résidaient à l’époque dans les palmeraies de Reggane et dans la vallée du Touat. «La ville de Reggane, peuplée de 8 000 habitants à l’époque, se trouve à 50 km seulement des points zéro des tirs aériens». Ailleurs dans le monde, ce sont des distances d’un minimum de 700 km. 57 essais - explosions et expérimentations - dans trois sites (Reggane et In Ekker) auront mobilisé 24 000 personnes entre civils et militaires français, nous apprend-on.
    «On ne connaît pas le nombre d’Algériens impliqués de force dans ces essais», a souligné M. Mansouri, ni l’importance de la population au moment des essais.
    Pour la levée du « secret défense »
    Dans ce contexte, il a plaidé pour la levée du secret défense sur toutes les archives se rapportant à ces essais et explosions au Sahara afin qu’elles servent de documents de référence aux chercheurs et experts, et comme condition pour toute discussion sur ce dossier avec la partie française. Etablir également la carte gamma des polygones de Reggane et de In Ekker avec le concours des institutions internationales habilitées, récupérer et stocker les matériaux contaminés et mettre en place un système de surveillance, comme en Polynésie, engager des études épidémiologiques sur les populations du Sud, des hôpitaux spécialisés et engager des discussions sur le droit à la réparation.
    M. Mansouri Amar a souligné dans son intervention que les cas d’exposition s’étaient produits à une distance particulièrement rapprochée du point zéro (50 kilomètres entre le point zéro et le site d’explosion à Reggane), alors que les normes situent cette distance à près d’un millier de kilomètres. C’est dire la monstruosité de l’action des autorités française contre des popu- lations innocentes. Il a également expliqué que «les autorités françaises se souciaient peu, ou pas du tout, des conséquences sur l’environnement, et qu’il fallait, pour nous Algériens, exiger des réparations pour les terribles séquelles laissées sur l’environnement dans les régions exposées».
    De son côté, Me Benbraham Fatima-Zohra, avocate, dont l’association a mis en lumière ce dossier, a mis en exergue le fait qu’«il y a une bataille juridique à mener».
    L’éminente juriste s’interroge sur la qualification des faits reprochés aux autorités politiques françaises au sujet des essais nucléaires effectués dans notre pays. Elle parle de crime contre l’humanité, de génocide, de crime de guerre, toutes qualifications qui rejoignent le crime commis contre le peuple algérien. Elle a évoqué la radicalisation de l’attitude française à l’égard de l’Algérie avec l’adoption de la loi glorifiant la colonisation française, qui a dû être atténuée par la suite face aux remous qu’a provoqués sa publication auprès d’une large partie de la population française et des milieux intellectuels de ce pays, sans compter les réactions dans notre propre pays. «Il est prévu dans le projet l’institution de tribunaux spéciaux pour instruire les crimes contre notre peuple et la poursuite de leurs auteurs», a-t-elle affirmé
    Pour en revenir aux essais nucléaires, Me Benbraham Fatima-Zohra rappelle que des plaintes avec constitution de partie civile ont été engagées auprès des tribunaux français aux fins de réparation pour les victimes. L’oratrice parle de crime continu commis par la France à l’égard de l’Algérie.
    Signalons que les radiations nucléaires sur la santé sont terribles. Les conséquences sanitaires sont tout aussi désastreuses, note-t-elle. Le rayonnement radioactif est extrêmement nocif, à plus forte raison quand il s’agit de radiations massives. Les cas de morbidité, de cancer sont extrêmement élevés avec des effets plusieurs années auprès.
    Les cas de cancers sont multiples et affectent gravement plusieurs parties du corps humain - gorge, poumons, foie, estomac, etc. -, ainsi que les cas de leucémie en rapport avec les rayons ionisants.
    Sihem Oubraham

  • #2
    Je salue le courage de cette avocate Me Benbraham Fatima-Zohra qui defend les irradiés dans leurs droits les plus légitimes.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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