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Les Hôpitaux universitaires de Genève refusent de promouvoir les frontaliers

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  • Les Hôpitaux universitaires de Genève refusent de promouvoir les frontaliers

    Bernard Gruson veut rétablir l’équilibre entre frontaliers et résidents genevois aux postes de responsable d’unité de soins.

    Bernard Gruson, directeur général des HUG: «Sur les 165 responsables d’unités de soins, 110 d’entre eux sont des frontaliers.»

    C’est un discours particulièrement explosif qu’a tenu vendredi dernier Bernard Gruson, directeur général des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Selon nos informations, alors qu’il s’adresse aux hauts cadres de l’administration de l’établissement lors d’une séance régulière d’information, le directeur déclare qu’il faut dorénavant éviter de nommer des frontaliers aux postes de responsable d’unités de soins. Une mesure qui détonne alors qu’au moins 40% des collaborateurs des HUG doivent effectivement traverser la frontière pour se rendre à leur travail. Certains cadres présents à cette réunion se déclarent par ailleurs «surpris», voire «franchement choqués» par la teneur des propos.

    Contacté, Bernard Gruson assume et explique ce qu’il considère comme un devoir. «Je constate que sur les 165 responsables d’unités de soins, 110 d’entre eux sont des frontaliers. Certains collaborateurs qui résident à Genève s’en sont plaints. J’ai donc décidé de privilégier un retour à l’équilibre. Pour tout engagement, ce sera ma priorité. Ce n’est absolument pas de l’ostracisme, mais mon rôle de dirigeant d’arbitrer les insatisfactions.» Cette politique risque-t-elle de déplaire aux collaborateurs frontaliers? «Oui, je le sais, mais il en va de la cohésion sociale au sein de l’entreprise.»

    Pour son directeur, il n’y a pas de lien entre cette annonce et la volonté du gouvernement genevois d’engager prioritairement des chômeurs. Une mesure prise en mai dernier – qui consistait à vérifier si un chômeur pouvait occuper un poste de travail à repourvoir avant de délivrer un permis de travail à un frontalier — et élargie seulement en décembre au Grand Etat (Services Industriels de Genève, Transports Publics Genevois, Hôpital cantonal ou encore aéroport). Pour Bernard Gruson, le message est clair: «A compétences égales, je souhaite que l’on désigne prioritairement des responsables d’unités de soins résidents du canton.»

    Discrimination

    Reste que les paroles du patron du premier hôpital universitaire de Suisse ne sont de loin pas passées inaperçues. Le SSP, syndicat majoritaire au sein de l’établissement, ne se prononce pas pour l’heure, «même si certains e-mails émanant de la direction ont déjà circulé parmi les militants». Lesquels se réuniront ce mercredi soir pour statuer sur d’éventuelles actions, annonce Corinne Beguelin, secrétaire syndicale. La réaction se veut plus tranchée du côté du président du Groupement transfrontalier européen (GTE), qui parle de discrimination. Michel Charrat ne comprend pas cette mesure: «Nommer des gens en fonction de leur lieu de résidence, c’est ignorer les qualifications professionnelles, c’est une absurdité! C’est aussi sanctionner les Genevois qui peinent à se loger ici. De plus, comment un cadre nommé de cette manière compte-t-il se faire respecter de ses subalternes? Il s’agit là d’une épuration.»

    Dernier point, la légalité de la pratique. Pour le directeur du Département du droit du travail à l’Université de Genève, Me Gabriel Aubert, «définir le lieu de résidence comme critère pour des postes qui ne touchent pas aux tâches régaliennes de l’Etat m’inspire les plus grands doutes». (TDG)
    Tribune de Genéve
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