À leur tour, les islamistes algériens se préparent à prendre le pouvoir. À moins de trois mois des élections législatives fixées au 10 mai, ils s’activent en vue de ne pas rester en marge de ce scrutin qui pourrait être qualifié « d’historique » s’ils arrivaient à le remporter.
Si on devait uniquement s’en tenir à la conjoncture régionale, très faste aux partis islamistes dans la région (Maroc, Tunisie, Égypte), on pourrait affirmer sans ambages que l’Algérie, non plus, n’échappera pas à la règle. Mais le jeu politique s’avère parfois très complexe. En dépit de la bonne volonté affichée par le pouvoir qui, sous la pression du Printemps arabe a été contraint de jouer la carte de l’ouverture, les islamistes algériens veulent rester sereins. Alger a notamment entrepris plusieurs réformes ces derniers mois. Une série de textes a été approuvée par président Abdelaziz Bouteflika en vue de garantir de meilleures conditions pour la tenue des élections. Dans la foulée, le pouvoir a donné son feu vert à la création de dix nouveaux partis dont le Mouvement des citoyens libres (MCL), le Parti des Jeunes (PJ), le Parti El Karama (PK), le Parti de la liberté et la justice (PLJ), et le Front de la justice et du développement (FJD – El Adala). Cette décision est une première depuis l’arrivée au pouvoir du président algérien en 1999. Même si le Printemps arabe n’a pas été au rendez-vous dans ce pays, il n’en demeure pas moins que cette bouffée d’oxygène démocratique est la résultante du contexte régional.
Démocratie
Parmi les textes promulgués, figure notamment la loi sur le régime électoral qui réduit de façon significative le poids de l’administration dans le processus électoral. Mieux, le texte exige désormais une plus grande représentativité des femmes dans les assemblées élues. Quant aux mesures concernant les médias, le pouvoir a également banni les délits de presse et réduit son hégémonie sur l’audiovisuel. Ledit texte exclut toute peine privative de liberté à l’encontre d’un journaliste auteur d’une diffamation. « C’est évidemment une bonne chose cette dépénalisation. Mais il y a un gros point noir. La loi reste évasive sur les atteintes à la nation. On ne sait pas ce que cela recouvre exactement. Il y a donc le risque d’une application très stricte qui conduira les journalistes à ne plus aborder les sujets qui fâchent. Certes, ils ne risqueront plus la prison, mais les pénalités financières, qui ont été démultipliées, constituent une menace très grave pour les entreprises de presse », a souligné Mounir Boudjema, le directeur de la rédaction du quotidien Liberté. Alger a, en outre, cédé l’autorité électorale à une commission de magistrats et demandé à l’Union Européenne d’envoyer des observateurs en vue de la supervision du scrutin. « Nous avons décidé d’inviter des observateurs étrangers pour suivre les prochaines élections. Le gouvernement a déjà envoyé ces invitations à des instances internationales dont nous faisons partie ou dont nous sommes partenaires pour qu’elles envoient leurs observateurs. Nous avons aussi envoyé des invitations à quelques ONG », a déclaré le chef d’État algérien Abdelaziz Bouteflika. Même si ces différentes mesures sont loin de convaincre l’opposition de la bonne foi du pouvoir, il faut toutefois souligner que le contexte actuel est plus que jamais favorable aux islamistes algériens. ◆
Le Soir Echos
Les leaders islamistes Abdallah Djaballah (FJD), Aboudjera Soltani (MSP) et le nationaliste Abdelaziz Belkhadem (FLN) lors d’un congrès le 10 février à Alger.
Si on devait uniquement s’en tenir à la conjoncture régionale, très faste aux partis islamistes dans la région (Maroc, Tunisie, Égypte), on pourrait affirmer sans ambages que l’Algérie, non plus, n’échappera pas à la règle. Mais le jeu politique s’avère parfois très complexe. En dépit de la bonne volonté affichée par le pouvoir qui, sous la pression du Printemps arabe a été contraint de jouer la carte de l’ouverture, les islamistes algériens veulent rester sereins. Alger a notamment entrepris plusieurs réformes ces derniers mois. Une série de textes a été approuvée par président Abdelaziz Bouteflika en vue de garantir de meilleures conditions pour la tenue des élections. Dans la foulée, le pouvoir a donné son feu vert à la création de dix nouveaux partis dont le Mouvement des citoyens libres (MCL), le Parti des Jeunes (PJ), le Parti El Karama (PK), le Parti de la liberté et la justice (PLJ), et le Front de la justice et du développement (FJD – El Adala). Cette décision est une première depuis l’arrivée au pouvoir du président algérien en 1999. Même si le Printemps arabe n’a pas été au rendez-vous dans ce pays, il n’en demeure pas moins que cette bouffée d’oxygène démocratique est la résultante du contexte régional.
Démocratie
Parmi les textes promulgués, figure notamment la loi sur le régime électoral qui réduit de façon significative le poids de l’administration dans le processus électoral. Mieux, le texte exige désormais une plus grande représentativité des femmes dans les assemblées élues. Quant aux mesures concernant les médias, le pouvoir a également banni les délits de presse et réduit son hégémonie sur l’audiovisuel. Ledit texte exclut toute peine privative de liberté à l’encontre d’un journaliste auteur d’une diffamation. « C’est évidemment une bonne chose cette dépénalisation. Mais il y a un gros point noir. La loi reste évasive sur les atteintes à la nation. On ne sait pas ce que cela recouvre exactement. Il y a donc le risque d’une application très stricte qui conduira les journalistes à ne plus aborder les sujets qui fâchent. Certes, ils ne risqueront plus la prison, mais les pénalités financières, qui ont été démultipliées, constituent une menace très grave pour les entreprises de presse », a souligné Mounir Boudjema, le directeur de la rédaction du quotidien Liberté. Alger a, en outre, cédé l’autorité électorale à une commission de magistrats et demandé à l’Union Européenne d’envoyer des observateurs en vue de la supervision du scrutin. « Nous avons décidé d’inviter des observateurs étrangers pour suivre les prochaines élections. Le gouvernement a déjà envoyé ces invitations à des instances internationales dont nous faisons partie ou dont nous sommes partenaires pour qu’elles envoient leurs observateurs. Nous avons aussi envoyé des invitations à quelques ONG », a déclaré le chef d’État algérien Abdelaziz Bouteflika. Même si ces différentes mesures sont loin de convaincre l’opposition de la bonne foi du pouvoir, il faut toutefois souligner que le contexte actuel est plus que jamais favorable aux islamistes algériens. ◆
Le Soir Echos
Les leaders islamistes Abdallah Djaballah (FJD), Aboudjera Soltani (MSP) et le nationaliste Abdelaziz Belkhadem (FLN) lors d’un congrès le 10 février à Alger.
Commentaire