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ouleymane Ndéné Ndiaye : "Personne ne peut battre Wade"

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  • ouleymane Ndéné Ndiaye : "Personne ne peut battre Wade"

    Le président sortant du Sénégal Abdoulaye Wade a le droit de briguer un troisième mandat. Pour son premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, c'est une évidence. Selon lui, la victoire du chef de l'État ne fait guère de doute.

    Comme Macky Sall avant lui - « un ami » dit-il, avec qui il a partagé sa chambre d'étudiant dans les années 1980 -, Souleymane Ndéné Ndiaye (53 ans) cumule les fonctions de Premier ministre et de directeur de campagne d'Abdoulaye Wade. Homme de caractère, impulsif selon ses proches, cet avocat de formation est un « historique » du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir), qu'il a rejoint au début des années 1980 après une brève expérience trotskiste. Porte-parole puis ministre du président Wade, il a gravi les échelons un à un jusqu'à obtenir la primature en avril 2009. « Ce n'est pas le plus brillant des libéraux, dit de lui un ancien ministre, mais c'est de loin le plus fidèle. » Le chef de l'État sénégalais n'ayant donné suite à aucune des sollicitations de Jeune Afrique, il était logique de se tourner vers lui pour porter la parole du camp Wade.
    Jeune Afrique : À l'heure où nous parlons, quatre personnes sont mortes à la suite des protestations contre la candidature d'Abdoulaye Wade [depuis, le bilan s'est alourdi à au moins six morts]. Le président a comparé ces événements à une simple « brise ». N'est-ce pas insultant ?
    Souleymane Ndéné Ndiaye : Il ne faut pas s'attacher aux mots employés. Le président Wade voulait dire que ce ne sont que des manifestations passagères, mais nous regrettons beaucoup ces décès.
    Craignez-vous que la campagne électorale dégénère ?
    Je ne le souhaite pas. Il faut que les hommes politiques retrouvent la raison, qui doit l'emporter sur les ambitions personnelles - je dirais même sur les prétentions personnelles ! J'espère que les gens comprendront qu'il faut aller faire campagne, plutôt que d'installer le chaos.
    Les opposants dénoncent la validation de la candidature d'Abdoulaye Wade. Ils parlent d'un Conseil constitutionnel « aux ordres »...
    Je regrette qu'on puisse caricaturer ainsi le Conseil constitutionnel. Regardez le CV des cinq membres : vous vous rendrez compte de la valeur de chacun d'entre eux.
    Ils ont tous été nommés par le président. N'est-ce pas un facteur de suspicion ?
    Le Conseil actuel est issu de la réforme du système judiciaire de 1992, voulue par les socialistes. Si on doit changer, pourquoi pas ! Mais le président n'a aucune relation avec aucun des membres du Conseil constitutionnel, ni de près ni de loin.
    Deux jours avant la décision des cinq « sages », Wade a déclaré à des journalistes : « La Constitution, c'est moi qui l'ai rédigée. Tout seul. » Est-ce le rôle d'un président de rédiger la Constitution ?
    En disant cela, il a voulu battre en brèche les innombrables individus qui se targuent d'avoir participé à la rédaction de ce texte alors qu'il n'en est rien. Le président avait une certaine vue de ce qu'il fallait faire pour rénover la Constitution. Il a couché sur le papier sa vision et ses objectifs. Puis il a remis le document à la disposition de juristes qui ont validé son travail. Le président Senghor n'aurait jamais pu rédiger la Constitution, car c'était un littéraire. Mais le président Wade est un juriste.
    L'idée phare de cette révision était de limiter à deux le nombre de mandats du président. Il s'agissait d'un engagement politique. En 2000, Wade a été soutenu par une coalition sur la base de cette promesse. En 2007, après sa réélection, il l'a réitérée. Aujourd'hui, il brigue pourtant un troisième mandat...
    Le chef de l'État est revenu plusieurs fois sur la valeur des propos qu'on lui prête. La réalité, c'est que la Constitution lui permet de briguer un autre mandat. Le président a été élu en 2000 sur la base de la Constitution de 1963, pour sept ans. Aussitôt élu, il a fait voter une Constitution qui a réduit le mandat à cinq ans [repassé à sept ans depuis, NDLR] et en a limité le nombre à deux. Mais cela ne s'appliquait pas à son premier mandat. Il n'a donc fait qu'un mandat sur la base de la Constitution de janvier 2001.
    Mais d'un point de vue éthique, n'est-ce pas choquant de revenir sur sa parole ?
    Il ne faut pas mélanger morale et droit. La violation d'une règle de droit appelle la sanction, mais la violation d'une règle de morale n'appelle que la réprobation.
    Abdoulaye Wade a officiellement 85 ans. En 2019, à la fin de son mandat s'il est réélu, il en aura 92. Est-ce un âge pour diriger un pays ?
    Contrairement à l'Occident, où l'âge est un handicap, chez nous en Afrique, c'est un atout. L'écrivain malien Amadou Hampâté Bâ nous rappelait qu'un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle. Wade est devenu un sage. Pour le voir tous les jours, je peux vous assurer qu'il est en pleine possession de ses moyens.
    N'a-t-il pas été pris à son propre piège en éliminant, au fil des années, tous ses successeurs putatifs, en l'occurrence Idrissa Seck et Macky Sall ?
    Wade n'a éliminé personne. Qu'ont fait ces gens qui étaient à ses côtés pour qu'il s'en sépare ? Il faut se poser cette question.
    Nous, nous étions sur le terrain pendant que les opposants occupaient les médias.
    Qu'ont-ils fait ?
    À la place de Wade, moi aussi j'aurais viré Idrissa Seck, parce qu'il ne travaillait pas pour le chef de l'État, il travaillait pour lui. La preuve : juste après avoir été chassé de l'entourage de Wade, il s'est présenté à la présidentielle.
    On lui prête l'intention d'imposer son fils, Karim...
    Je ne crois pas que le président Wade se soit séparé de ces hommes pour imposer son fils. Chacun sait que la dévolution monarchique est impossible au Sénégal ! Ceux qui sont partis le sont parce que leur loyauté a été prise en défaut.
    L'entourage du président parle d'une victoire dès le premier tour. Est-ce un espoir ou une certitude ?
    Sur les quarante-cinq départements du pays, je n'en connais pas un où nous sommes susceptibles de perdre.
    On ne va pas à une élection avec des certitudes. Par contre, ce que nous savons, c'est que nous avons bien travaillé et que nous étions sur le terrain pendant que les opposants occupaient les radios et les télévisions. Sur les quarante-cinq départements du pays, je n'en connais pas un où nous sommes susceptibles de perdre.
    L'opposition parle déjà d'une élection truquée...
    On ne peut pas truquer une élection au Sénégal. D'abord parce que nous sommes honnêtes. Ensuite parce que tout est fait pour qu'il y ait un contrôle le plus strict possible. Le président a demandé à l'Union européenne, à l'Usaid [Agence des États-Unis pour le développement international] et à tous nos partenaires d'intervenir en tant qu'observateurs, pour que cette présidentielle soit la plus observée du monde. L'époque où l'on pouvait truquer des résultats est dépassée. C'était le temps des socialistes.
    Envisagez-vous la défaite ?
    Je crois que personne ne peut battre Wade. Mais si la défaite survient, nous l'accepterons.
    De nombreux Sénégalais se plaignent de la cherté de la vie et du chômage, et tiennent le président pour responsable...
    C'est vrai, mais bien des prix nous échappent, comme celui du riz, du blé...C'est le marché international qui fixe le cours de ces produits que nous importons. Le président a fait beaucoup pour développer l'agriculture du Sénégal. Quand il est arrivé, le pays manquait d'infrastructures. Le président a estimé que la priorité se situait à ce niveau. Là et dans l'agriculture. Nous avons également beaucoup fait pour l'éducation, la santé, l'emploi...
    Ses deux mandats ont été entachés par de nombreux scandales politico-financiers : les comptes de l'Agence nationale de l'Organisation de la conférence islamique (Anoci), l'affaire Segura...
    Il n'y a pas de scandale Anoci ! Quant à M. Segura, bon, nous avons en Afrique nos traditions. À l'étranger aussi, on fait des cadeaux. Peut-être que nous n'avons pas la même culture. Ce qui peut être présenté comme un cadeau ici peut être perçu chez vous comme de la corruption.
    À l'étranger aussi, on fait des cadeaux. Peut-être que nous n'avons pas la même culture. Ce qui peut être présenté comme un cadeau ici peut être perçu chez vous comme de la corruption.
    Récemment, Wade a déclaré : « J'ai besoin de trois autres années pour terminer quelques grands chantiers qui vont achever [de] faire [du Sénégal] un pays émergent. » Est-ce à dire qu'il compte passer la main en cours de mandat, s'il est élu ?
    Non. Il faut distinguer les projets du président, qui restent à finir, comme l'autoroute à péage, l'aéroport, le port, et ses très grands projets : les autoroutes qui relieront Dakar à Saint-Louis, à Kolda, à Ziguinchor, le maillage du pays en stades régionaux, etc. Il voulait juste dire qu'il a besoin de trois ans pour finir les projets en cours.
    Il ira jusqu'en 2019 ?
    Inch'Allah.
    Quel est votre principal adversaire ?
    On n'a pas de principal adversaire. Il y a Wade et les autres.


    Jeune Afrique
    la curiosité est un vilain défaut.
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