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Yémen : Saleh a transmis son pouvoir à Mansour Hadi

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  • Yémen : Saleh a transmis son pouvoir à Mansour Hadi

    Pour la première fois en un an de révoltes arabes, un raïs déchu cède solennellement les rênes de son pays à son successeur.

    La scène est inédite depuis le début du Printemps arabe: lundi, dans le palais présidentiel de Sanaa, le président sortant, Ali Abdallah Saleh, a officiellement cédé le pouvoir, qu'il a exercé pendant 33 ans, à son successeur, Abd Rabbo Mansour Haddi, largement élu mardi, lors d'une élection où il était le seul candidat.

    Après un an de violentes manifestations, qui ont coûté la vie à plus de 300 personnes, le Yémen devient ainsi le quatrième état arabe à voir son principal dirigeant acculé à la sortie, mais le premier de manière négociée. Saleh ne connaîtra ni l'infamie de la prison comme Hosni Moubarak en Égypte, ni l'humiliation d'un départ forcé comme Ben Ali en Tunisie, ni à fortiori une exécution sommaire comme Mouammar Kadhafi en Libye.

    «Je mets la bannière de la révolution, de la liberté, de la sécurité et de la stabilité entre des mains sûres», a déclaré Saleh, en s'adressant à son successeur à la fin de la cérémonie retransmise par la télévision yéménite.

    Les invitations avaient été envoyées, il y a plus d'une semaine, au corps diplomatiques, mais jusqu'au dernier moment, l'incertitude planait sur cette passation des pouvoirs. Finalement, l'ex-raïs est revenu au pays tôt samedi matin, après avoir passé plus d'un mois aux États-Unis. Aussitôt, l'ancien président s'est installé dans sa résidence privée, et non dans le palais présidentiel, où il avait été victime d'un attentat le 3 juin dernier. Depuis, le fantasque dirigeant semble vouloir jouer le jeu de la transition démocratique. Dès son retour, il a invité les Yéménites à apporter leur soutien au nouveau pouvoir pour «reconstruire le pays».

    «Nous devrons être vigilants»
    Mais son statut de président intérimaire suscite encore de nombreuses interrogations. Va-t-il vouloir tirer les ficelles en coulisses, voire même rester à la tête du Parti du Congrès populaire, comme certains de ses proches l'ont laissé entendre? Va-t-il pousser son fils aîné Ahmed Ali à lui succéder, au risque de mécontenter de nouveau la rue? Ou au contraire, Ali Abdallah Saleh se contentera-t-il de couler une retraite paisible entre sa résidence de Sanaa et une seconde en Éthiopie ou aux Émirats arabes unis -où ses proches seraient déjà?

    «Nous devrons être vigilants», commente un diplomate occidental en pointe dans la résolution de la crise yéménite. «Ce ne serait pas sage qu'il essaie de pousser son fils», prévient-il. Mais d'un autre côté, rien n'empêche Ahmed Ali, qui dirige toujours la garde républicaine, d'entamer une carrière politique, aux termes de l'initiative des monarchies du Golfe, architectes d'un accord de transition, signé en novembre par le pouvoir et l'opposition. «C'est encore une autre spécificité à inscrire dans les annales, poursuit ce diplomate, voir des monarchies où la démocratie n'existe pas chez elle se mobiliser comme elles l'ont fait pour sortir leur voisin de l'ornière».

    Signe que cette transition reste toutefois fragile: la passation des pouvoirs a été boycottée par l'opposition parlementaire, qui fait partie du gouvernement d'entente nationale, sous prétexte que Mansour Hadi, fort de plus de six millions de vote, aurait pu s'en passer. Quant aux jeunes protestataires, ils ont d'ores et déjà appelé à une manifestation devant la résidence du nouveau raïs pour exiger qu'il se démarque définitivement de son prédécesseur. Beaucoup parmi eux contestent l'immunité accordée à Saleh, et exigent qu'il soit traduit en justice. Bref, une autre page de la transition s'ouvre au Yémen.

    Le Figaro
    la curiosité est un vilain défaut.
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