Fida DAKROUB
Avec beaucoup de ténacité, une soixantaine de pays occidentaux et d’autres arabes se réunirent à Tunis – devenu La Mecque des révolutionnaires printaniers – pour une conférence internationale sur la Syrie ; et cela dans le but d’exprimer, au peuple syrien égorgé par le « Vampire de Damas », leur amitié chaleureuse ainsi que leurs sentiments les plus distingués.
Généralités
Parmi ces conférenciers audacieux, nous distinguâmes les fantômes des grands orateurs de la première Révolution française, incarnés en personnages de défendeurs de l’humanité et des droits de la personne les plus célèbres, tels que le ministre saoudite des Affaires étrangères, Faysal – une figure remarquable dans le domaine de la lutte des droits de femmes, ami de Vergniaud– ; le ministre tunisien des Affaires étrangères, Abdul Salam – un révolutionnaire printanier distingué, ami de Danton – ; le premier ministre qatari, Hamad – un despote immanquablement « éclairé », parrain du feuilleton « Le printemps aux pays des Arabes », « un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres » [1] – ; la secrétaire d’État de l’Empire étatsunien, Clinton – oratrice connue pour sa défense des droits de l’homme arabe, surtout au Bahreïn, au Yémen, en Libye et en Palestine, amie de Robespierre – ; sans oublier, certainement, le président du « Conseil national syrien », monsieur Burhan Ghalioun – un jacobin stagiaire, postmoderne et burlesque à la fois, qui se fut précipité au théâtre de la Sainte-Révolution syrienne [2] en hurlant « Liberté, Égalité, Fraternité », ami de Desmoulins.
Summum de la campagne politique contre la Syrie
C’est encore une chose devenue universellement connue, qu’après divers échecs, les impliqués dans la conjuration contre la Syrie, à leur tête les émirs et sultans de la péninsule Arabique, qui, dépourvus de toute qualité leur permettant de s’élever au rang des Archanges gardiens des droits de l’homme, cherchent à se rassembler sur la scène internationale, la voix et le poing levés, pour proférer de nouvelles menaces au président syrien, Bashar al-Assad, et pour lui promettre de nouvelles séries de sanctions et de pressions pour qu’il leur cède la Syrie.
Pourtant, avant de se laisser prendre par la « danse avec les loups » [3]et les injures du Capitaine Haddock [4], observons, le trajet qu’avait pris la campagne arabo-atlantique aux niveaux politique, diplomatique et militaire, depuis le 4 octobre 2011, date du premier projet de résolution du Conseil de sécurité sur la Syrie.
Au préalable, la campagne politique contre la Syrie a atteint son « pinacle », le deuxième jour du mois d’octobre, date de la naissance du misérable « Conseil national syrien » et de l’élection de son président, monsieur Burhan Ghalioun. Nous nous rappelons bien de ce jour auguste où monsieur Ghalioun s’est précipité sur la scène des événements historiques s’habillant en Camille Desmoulins [5], levant par sa main droite le « Manifeste printanier » du CNS, qui n’était, en effet, qu’un amalgame d’idées mariant les déclarations des philosophes des Lumières avec celles des « Frères musulmans ». Cependant, au lendemain de ce jour grandiose, la foule opposante – s’agglomérant sous la bannière du CNS – se réveilla très tôt le matin, pour réaliser que tout ce bruit qu’elle eut fait la veille, restait sans horizon politique aucun. Dépourvue de tout agenda précis, autre que les injures et les cris de guerre, la foule opposante se trouvait de nouveau au point de départ, incapable de faire un pas en avant, lui permettant de pousser plus loin avec des pressions politiques contre la Syrie. Par contre, pour ne pas laisser la foule perdue dans son labyrinthe, deux jours plus tard, le 4 octobre, la Sainte-Alliance arabo-atlantique chevaucha au secours du CNS et présenta un projet de résolution au Conseil de sécurité, incriminant le président syrien et ouvrant la porte à une intervention militaire en Syrie. Heureusement, ce projet fut arrêté par l’opposition du double veto chinois et russe, qui tomba comme une bourrasque sur la tête de la Sainte-Alliance. Pour le ministre français des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, l’échec du Conseil à adopter une résolution condamnant Damas était « un triste jour pour le peuple syrien » et « pour le Conseil de sécurité » [6]. Dénuées de toute modestie, Paris comme Washington promirent de continuer à « soutenir » « les aspirations à la liberté et la démocratie du peuple syrien » [7]. M. Juppé assura que « la lutte des démocrates syriens pour la liberté est un juste combat », et que la France continuerait à le soutenir fermement « avec tous les pays qui le souhaitent » [8]. La France eut salué, quelques jours auparavant, la formation du « Conseil national syrien », et appelé le président Bachar al-Assad à quitter le pouvoir.
« En prison, jusqu’au jour où la loi et le cours régulier des sessions de justice t’appelleront à répondre ! », hurla Brabantio à Othello [9] .
Trajet descendant de la conjuration arabo-atlantique contre la Syrie
Après ce premier échec de la diplomatie arabo-atlantique, la Ligue arabe, dont le rôle et le poids furent réduits à un simple conseil Loya Jirga rassemblant les émirs et sultans du « Conseil de coopération du Golfe » (CCG), réussit, le 19 décembre, à pousser le régime syrien à signer un nouveau protocole de cesser le feu, de retirer l’armée des villes et de faciliter un déploiement d’observateurs arabes dans les zones de troubles [10].
Cette victoire « blitzkrieg » de la Ligue arabe n’était, en vérité, qu’une impression fautive du déroulement de la campagne contre la Syrie ; car le transfert du dossier syrien à la Ligue était, en effet, le résultat de l’échec diplomatique au sein du Conseil de sécurité. Il n’est plus secret que le dossier syrien fut transféré d’une organisation internationale – le Conseil de sécurité – à une organisation régionale déchirée par des conflits d’émirs et de sultans – la Ligue arabe.
Avec beaucoup de ténacité, une soixantaine de pays occidentaux et d’autres arabes se réunirent à Tunis – devenu La Mecque des révolutionnaires printaniers – pour une conférence internationale sur la Syrie ; et cela dans le but d’exprimer, au peuple syrien égorgé par le « Vampire de Damas », leur amitié chaleureuse ainsi que leurs sentiments les plus distingués.
Généralités
Parmi ces conférenciers audacieux, nous distinguâmes les fantômes des grands orateurs de la première Révolution française, incarnés en personnages de défendeurs de l’humanité et des droits de la personne les plus célèbres, tels que le ministre saoudite des Affaires étrangères, Faysal – une figure remarquable dans le domaine de la lutte des droits de femmes, ami de Vergniaud– ; le ministre tunisien des Affaires étrangères, Abdul Salam – un révolutionnaire printanier distingué, ami de Danton – ; le premier ministre qatari, Hamad – un despote immanquablement « éclairé », parrain du feuilleton « Le printemps aux pays des Arabes », « un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres » [1] – ; la secrétaire d’État de l’Empire étatsunien, Clinton – oratrice connue pour sa défense des droits de l’homme arabe, surtout au Bahreïn, au Yémen, en Libye et en Palestine, amie de Robespierre – ; sans oublier, certainement, le président du « Conseil national syrien », monsieur Burhan Ghalioun – un jacobin stagiaire, postmoderne et burlesque à la fois, qui se fut précipité au théâtre de la Sainte-Révolution syrienne [2] en hurlant « Liberté, Égalité, Fraternité », ami de Desmoulins.
Summum de la campagne politique contre la Syrie
C’est encore une chose devenue universellement connue, qu’après divers échecs, les impliqués dans la conjuration contre la Syrie, à leur tête les émirs et sultans de la péninsule Arabique, qui, dépourvus de toute qualité leur permettant de s’élever au rang des Archanges gardiens des droits de l’homme, cherchent à se rassembler sur la scène internationale, la voix et le poing levés, pour proférer de nouvelles menaces au président syrien, Bashar al-Assad, et pour lui promettre de nouvelles séries de sanctions et de pressions pour qu’il leur cède la Syrie.
Pourtant, avant de se laisser prendre par la « danse avec les loups » [3]et les injures du Capitaine Haddock [4], observons, le trajet qu’avait pris la campagne arabo-atlantique aux niveaux politique, diplomatique et militaire, depuis le 4 octobre 2011, date du premier projet de résolution du Conseil de sécurité sur la Syrie.
Au préalable, la campagne politique contre la Syrie a atteint son « pinacle », le deuxième jour du mois d’octobre, date de la naissance du misérable « Conseil national syrien » et de l’élection de son président, monsieur Burhan Ghalioun. Nous nous rappelons bien de ce jour auguste où monsieur Ghalioun s’est précipité sur la scène des événements historiques s’habillant en Camille Desmoulins [5], levant par sa main droite le « Manifeste printanier » du CNS, qui n’était, en effet, qu’un amalgame d’idées mariant les déclarations des philosophes des Lumières avec celles des « Frères musulmans ». Cependant, au lendemain de ce jour grandiose, la foule opposante – s’agglomérant sous la bannière du CNS – se réveilla très tôt le matin, pour réaliser que tout ce bruit qu’elle eut fait la veille, restait sans horizon politique aucun. Dépourvue de tout agenda précis, autre que les injures et les cris de guerre, la foule opposante se trouvait de nouveau au point de départ, incapable de faire un pas en avant, lui permettant de pousser plus loin avec des pressions politiques contre la Syrie. Par contre, pour ne pas laisser la foule perdue dans son labyrinthe, deux jours plus tard, le 4 octobre, la Sainte-Alliance arabo-atlantique chevaucha au secours du CNS et présenta un projet de résolution au Conseil de sécurité, incriminant le président syrien et ouvrant la porte à une intervention militaire en Syrie. Heureusement, ce projet fut arrêté par l’opposition du double veto chinois et russe, qui tomba comme une bourrasque sur la tête de la Sainte-Alliance. Pour le ministre français des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, l’échec du Conseil à adopter une résolution condamnant Damas était « un triste jour pour le peuple syrien » et « pour le Conseil de sécurité » [6]. Dénuées de toute modestie, Paris comme Washington promirent de continuer à « soutenir » « les aspirations à la liberté et la démocratie du peuple syrien » [7]. M. Juppé assura que « la lutte des démocrates syriens pour la liberté est un juste combat », et que la France continuerait à le soutenir fermement « avec tous les pays qui le souhaitent » [8]. La France eut salué, quelques jours auparavant, la formation du « Conseil national syrien », et appelé le président Bachar al-Assad à quitter le pouvoir.
« En prison, jusqu’au jour où la loi et le cours régulier des sessions de justice t’appelleront à répondre ! », hurla Brabantio à Othello [9] .
Trajet descendant de la conjuration arabo-atlantique contre la Syrie
Après ce premier échec de la diplomatie arabo-atlantique, la Ligue arabe, dont le rôle et le poids furent réduits à un simple conseil Loya Jirga rassemblant les émirs et sultans du « Conseil de coopération du Golfe » (CCG), réussit, le 19 décembre, à pousser le régime syrien à signer un nouveau protocole de cesser le feu, de retirer l’armée des villes et de faciliter un déploiement d’observateurs arabes dans les zones de troubles [10].
Cette victoire « blitzkrieg » de la Ligue arabe n’était, en vérité, qu’une impression fautive du déroulement de la campagne contre la Syrie ; car le transfert du dossier syrien à la Ligue était, en effet, le résultat de l’échec diplomatique au sein du Conseil de sécurité. Il n’est plus secret que le dossier syrien fut transféré d’une organisation internationale – le Conseil de sécurité – à une organisation régionale déchirée par des conflits d’émirs et de sultans – la Ligue arabe.
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