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Le bloc antidémocratique
La présidentielle de Russie a été marquée, hier, par un haut niveau de fraude. Pourtant, aucun des concurrents de Poutine ne semblait en mesure de menacer sa réélection. Globalement assuré de la victoire, il n'avait d'autre enjeu que celui de se faire élire dès le premier tour.
Poutine n'a pas changé la Constitution pour s'offrir un troisième mandat, mais il a fait mieux : il a fait chauffer la place par Medvedev, dont il était le Premier ministre, le temps d'un mandat pour s'assurer un troisième, retardé, et peut-être un quatrième. Resté l'homme fort du régime pendant l'intermède Medvedev, il en a profité pour rallonger le mandat présidentiel de quatre à six ans. Le voici donc probablement reparti pour diriger la Russie jusqu'en 2024 ! Le gouvernement de Moscou avait, pourtant, pris toutes les dispositions formelles destinées à prévenir les trafics, apportant involontairement la preuve qu'il n’y a pas d'antidote efficace contre la tricherie quand elle est décidée et conçue par le pouvoir qui organise les élections. Les 670 observateurs internationaux, les milliers d'observateurs nationaux et les 180 000 webcams installées dans les bureaux de vote n'ont ni découragé ni empêché que la fraude ne sévisse à large échelle dans toute la Russie.
Dès sa première élection en 2000, Poutine a commencé à saper les premiers acquis démocratiques des Russes (et son complaisant remplaçant continua l'œuvre, à partir de 2008), notamment par la révision de la loi sur la création de partis politiques et la loi électorale : pratiquement aucun parti ne peut être créé si le Kremlin ne l'agrée avant l'administration et aucun citoyen ne peut être candidat à la présidentielle si le même Kremlin n'y consent (une quinzaine de conditions renvoient les candidatures à la bonne volonté du président en exercice).
Beaucoup d'électeurs se présentent aux bureaux de vote pour contrer la seule forme de fraude qu'il peut encore combattre : éviter qu'on ne vote à leur place.
La Russie qui, à la fin des années 1990, a entamé son entrée en démocratie, n'aura pas eu le temps de s'y accoutumer. Depuis 2000, elle s'est installée dans un long processus de régression autoritaire qui se poursuit malgré les sporadiques mouvements de protestation populaire. Ce n'est pas un hasard si, dans les crises des dictatures arabes, en Syrie notamment, le régime russe se retrouve naturellement du côté des autocrates. Si le portrait de “la démocratie” russe a quelque intérêt, c'est parce qu'on peut y déceler certaines ressemblances avec l'expérience nationale et le processus de restauration autoritaire qu'elle connaît depuis, à peu près, la même période : entre autres, ce constat que la fraude n'a pas de solution technique, mais qu'une solution politique. Le Printemps arabe a contribué à l'émergence d'un pôle antidémocratique autour de la Chine et de la Russie pour contrer la “menace” de la revendication de libertés. L'avenir de la démocratie dans notre aire géographique dépendra largement de son avenir en Russie. Gorbatchev, commentant les élections d'hier, a déclaré qu'elles n'étaient “pas honnêtes” et que “des élections transparentes” sera “notre slogan des années à venir”. Il a surtout observé qu'il n'était “pas responsable de pousser à la contestation dans la rue”.
Liberté
Poutine n'a pas changé la Constitution pour s'offrir un troisième mandat, mais il a fait mieux : il a fait chauffer la place par Medvedev, dont il était le Premier ministre, le temps d'un mandat pour s'assurer un troisième, retardé, et peut-être un quatrième. Resté l'homme fort du régime pendant l'intermède Medvedev, il en a profité pour rallonger le mandat présidentiel de quatre à six ans. Le voici donc probablement reparti pour diriger la Russie jusqu'en 2024 ! Le gouvernement de Moscou avait, pourtant, pris toutes les dispositions formelles destinées à prévenir les trafics, apportant involontairement la preuve qu'il n’y a pas d'antidote efficace contre la tricherie quand elle est décidée et conçue par le pouvoir qui organise les élections. Les 670 observateurs internationaux, les milliers d'observateurs nationaux et les 180 000 webcams installées dans les bureaux de vote n'ont ni découragé ni empêché que la fraude ne sévisse à large échelle dans toute la Russie.
Dès sa première élection en 2000, Poutine a commencé à saper les premiers acquis démocratiques des Russes (et son complaisant remplaçant continua l'œuvre, à partir de 2008), notamment par la révision de la loi sur la création de partis politiques et la loi électorale : pratiquement aucun parti ne peut être créé si le Kremlin ne l'agrée avant l'administration et aucun citoyen ne peut être candidat à la présidentielle si le même Kremlin n'y consent (une quinzaine de conditions renvoient les candidatures à la bonne volonté du président en exercice).
Beaucoup d'électeurs se présentent aux bureaux de vote pour contrer la seule forme de fraude qu'il peut encore combattre : éviter qu'on ne vote à leur place.
La Russie qui, à la fin des années 1990, a entamé son entrée en démocratie, n'aura pas eu le temps de s'y accoutumer. Depuis 2000, elle s'est installée dans un long processus de régression autoritaire qui se poursuit malgré les sporadiques mouvements de protestation populaire. Ce n'est pas un hasard si, dans les crises des dictatures arabes, en Syrie notamment, le régime russe se retrouve naturellement du côté des autocrates. Si le portrait de “la démocratie” russe a quelque intérêt, c'est parce qu'on peut y déceler certaines ressemblances avec l'expérience nationale et le processus de restauration autoritaire qu'elle connaît depuis, à peu près, la même période : entre autres, ce constat que la fraude n'a pas de solution technique, mais qu'une solution politique. Le Printemps arabe a contribué à l'émergence d'un pôle antidémocratique autour de la Chine et de la Russie pour contrer la “menace” de la revendication de libertés. L'avenir de la démocratie dans notre aire géographique dépendra largement de son avenir en Russie. Gorbatchev, commentant les élections d'hier, a déclaré qu'elles n'étaient “pas honnêtes” et que “des élections transparentes” sera “notre slogan des années à venir”. Il a surtout observé qu'il n'était “pas responsable de pousser à la contestation dans la rue”.
Liberté
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