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Un journaliste condamné en Tunisie pour "atteinte aux bonnes moeurs"

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  • Un journaliste condamné en Tunisie pour "atteinte aux bonnes moeurs"

    Nasreddine Ben Saïda est le premier journaliste condamné depuis la chute du régime Ben Ali, pour avoir barré la Une d'Ettounsia, son journal, d'une jeune femme dénudée. Un signal inquiétant.

    "La nouvelle censure, ce sont les bonnes moeurs", s'inquiète Olivia Gré, du bureau de Reporters sans frontières à Tunis, à propos de la sanction prononcée à l'encontre du directeur du quotidien arabophone Ettounsia, la première à l'encontre d'un journaliste depuis 14 mois et la chute de Ben-Ali, prononcée par la justice tunisienne le 8 mars.


    Nasreddine Ben Saïda, 49 ans, a été condamné à payer une amende de 1000 dinars (500 euros). Son délit: avoir publié en Une, le 15 février, la photo du footballeur allemand d'origine tunisienne Sami Khedira, enlaçant sa compagne dénudée. Il devra également détruire les 20 000 exemplaires du numéro incriminé. Indignés par le jugement, ses avocats vont faire appel.
    L'affaire marque un tournant, un an après la chute de la dictature. Les conditions même de l'arrestation sont disproportionnées. Le jour même de la publication, les policiers se sont rendus dans les locaux d'Ettounsia pour y arrêter son directeur, le rédacteur en chef et l'auteur de l'article. Tous trois ont été interrogés au commissariat, menottés, puis enfermés dans une cellule de la prison de Bouchoucha (Tunis). Les deux derniers ont été relâchés dès le lendemain, mais Nasreddine Ben Saïda a passé huit jours derrière les barreaux. Au bout de quatre jours, il a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention.
    "Une mise en garde contre la presse"


    Le signal le plus inquiétant, c'est le recours au Code pénal pour un délit de presse. Plus précisément, à l'article 121-ter, qui prévoit une peine de six mois à cinq ans d'emprisonnement et une amende de 120 à 1200 dinars (60 à 600 euros) pour une publication de nature à porter atteinte à l'ordre public et aux bonnes moeurs. Or, cette disposition a été théoriquement abrogée après la promulgation au mois de novembre dernier du nouveau Code de la presse.
    "L'article date du temps de Ben Ali, s'insurge le patron d'Ettounsia. Pourtant, jamais l'ancien régime n'aurait décidé de porter plainte pour une simple photo suggestive, sans valeur politique. La Tunisie a une tradition de tolérance à l'égard de la nudité féminine". Nasreddine Ben Saïda relativise: "Je suis un cas isolé. Aujourd'hui, la ligne rouge imposée par l'ex-dictateur a disparu. Maintenant, on peut écrire ce que l'on veut."
    Olivia Gré souligne néanmoins: "C'est une mise en garde contre la presse." Aussi minime soit-elle, la sanction est préoccupante et lourde de conséquences. S'il devait refaire sa Une, Nasreddine Ben Saïda masquerait "le corps d'une bande noire".

    L'Express
    la curiosité est un vilain défaut.
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