Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le 8 mars 2012

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le 8 mars 2012

    Un ami vient de me transférer par e-mail les deux textes ci-après:

    8 Mars2012…
    Des mots pour
    Toutes les femmes du monde.


    Encore une fois, me voilà dans ce train qui m’éloigne de cette ville que je porte comme je porte mes enfants sur tous les chemins de ma vie. Il m’est très difficile de quitter Alger ; il m’est très difficile de quitter ma mère, ma famille, mes amis, mes souvenirs et une grande partie de mon histoire.
    Dans ce train qui m’éloigne (de moi), je porte aussi mes déchirures qui font de moi un sac qui voyage sans jamais se poser ; un sac pesant, lourd et gonflé de mots qui attendent d’être posés pour se libérer afin de construire un sens face à cette errance qui ne finit point ! Ce sac lexical qui porte des mots polysémiques est devenu mon espace, je cherche un sens pour m’accrocher, pour ne pas sombrer. Impossible de trouver une phrase descriptive qui peut porter entre ses mots tout ce que je n’ai pas eu : mes rêves avortés, les choses tant attendues que je n’ai jamais vu venir, cet amour gâché et ces instants de partage non vécus.

    Dans ce sac qui porte mes mots ami et ennemi, il y’a d’abord ces millions d’affamés qui sillonnent l’espace terrestre et qui nous montre combien on peut être cons jusqu’à la limite de la connerie humaine lorsqu’« ILS » nous roulent dans leur farine moisie juste avant de nous dire dans leurs chaines de télé mensongère qu’ils font tout pour sauver ces enfants chétifs desséchés par la famine alors que dans les heures qui suivent ces sac de riz déposés quelque part sur cette terre qui se meure, des guerres éclatent pour mettre encore une fois comme mainte fois, des enfants dénudés de tout dans la rue, sous les bombes et puis…dans les tombes.

    8 mars 2012……..il faut bien fêter ça, même si des millions de femmes de par le monde pleurent leurs enfants fauchés par des bombes humanisées grâce à l’action humanitaire de bombardiers assassins qui ont tué un million d’Irakiens dont……enfants ! Ils continuent à nous rouler dans leur farine pour nous faire avaler leurs gros mensonges qui servent à remplir encore et encore leur comptes en banque déjà gorgé à vomir de pièces d’or cumulés sur le dos d’êtres innocents qui ne demandent qu’à vivre dignement.

    Partout dans le monde, les femmes attendent la fin de ce cauchemar qui ne finit pas.

    Dans ce village où habitent les femmes qui m’ont appris à pétrir le pain lorsque l’accès aux vendeurs de pain devenait un chemin pouvant ôter le droit de vivre ; le couteau aiguisé pouvait se poser à n’importe quel moment de la journée sur nos gorges nouées de peur. La boulangerie devient alors l’inaccessible chemin qui t’oblige à regrouper toutes tes patiences pour faire face à la chaire de ta chaire qui réclame du pain et encore du pain toute la journée.

    Tôt le matin ou habitaient les femmes qui m’ont appris à pétrir le bon pain de chez nous avec juste une poignée de semoule ; nous nous organisions pour ne jamais manquer de vivres. En ces temps-là, il fallait anticiper toutes les situations de la vie, aucune erreur n’était permise ! Les médicaments, l’huile, le sucre, la semoule…la viande séchée, les gros pulls en laine étaient entassés dans les sacs de secours… les nuits étaient longues et ma plaie béante.Un matin, alors que l’odeur du pain embaumait les maisons qui abritaient nos peurs et nos espoirs, surgit de nulle part une jeune femme toute nue, oui toute nue ! Elle errait dans le champ au milieu des épis de blé qui commençaient à s’envelopper d’une couleur or sous le soleil printanier, bousculant toutes les incertitudes lorsque la splendeur de la vie te crucifie le cœur.Oui, elle était là, dénudée, fauchée, dévoilée. Nous avions essayé de couvrir son corps mais en vain. Nous avions essayé de l’approcher pour comprendre mais il n’y avait plus rien à comprendre, tout était là :la tête perdue, les yeux dans le noir, les pieds dans l’abime et ce corps épis de blé dans la poussière des rues. Elle n’avait plus sa tête, plus de maison, plus aucun rêve ; plus rien !

    Les gendarmes sont arrivés, ils l’ont ramassée ; ils étaient plusieurs à ramasser ce paquet humain – ce qui lui restait d’humain sous les couvertures. Elle prit le chemin de l’asile, escortée de gendarmes. Dans ce cortège funéraire, il y avait une femme qui a perdu sa tête parce qu’on lui a volé son corps ; toutes les nuits, on lui volait son corps, ils étaient plusieurs à s’acharner sur son sexe, à salir sa peau, à dénuder son être, à vider son corps. Elle n’avait plus de corps, plus de tête, plus de vie à vivre ; rien.
    C’était en 1995, dans un village où les femmes savaient pétrir le pain pour continuer d’exister face à cette déchirure qui a plongé l’Algérie dans un tourbillon de haine. Et moi, …moi, aujourd’hui, la mémoire de mes yeux me colle à la peau lorsque je me rappelle cette femme nue au milieu d’un champ de blé, vomissant la souillure de violeurs assassins qui savaient déloger l’espoir tout au fond de l’être pour effacer la vie. Le 8 Mars, c’est ce combat de femmes qui continuent à écrire la VIE partout dans le monde pour qu’il n’y est plus de femmes vampirisées qui errent dans les champs de blé sous un ciel d’AVRIL dénudé d’hirondelles lorsque plus rien n’est à sa place : les hommes terrés pour survivre, les femmes sur les chemins pour fuir, les enfants sur les routes poussiéreuses, fuyants les faiseurs de mort qui ont détruit leurs maisons…ces guerres qui ne finissent pas et toute cette haine qui continue àvider le ventre et la tête…
    Partout dans le monde, les femmes attendent la fin de ce cauchemar qui ne finit pas…..

    Mais rien ne peut m’empêcher de vous offrir ce bouquet d’arc en ciel pour vous rappeler que la vie mérite d’être vécue.



    Bonne fête à toutes
    les femmes du monde

    Je ne pouvais pas m’arrêter là, la beauté de ces roses a libéré mes mots.
    Gare à mes mots ! Je porte en moi la colère que les journaux n’ont pas encore racontée. Cette narration est mienne ; vécue, partagée, archivée dans les silences de ma mère et les chuchotements de ma grand-mère.
    Gare à ma colère, elle porte les chaines de tous les hommes bons qui portent les déchirures d’un monde écartelé par le profit démesuré qui écrase les peuples, tous les peuples du monde pour que les richesses continuent à gonfler les sacs d’or entassés dans des banques qui affament chaque jours un peu plus les enfants des hommes qui ne veulent pas de cet or ,non,non ! Ils cherchent juste à s’en sortir, ils cherchent juste un chemin qui leur donne le droit de vivre sans être rouler dans de la farine moisie.

    Il y a des choses que je ne peux pas dire, que je ne peux pas dire encore ; ma mère m’a appris à tisser les silences et cette tresse de mutisme que j’accroche à mes lèvres, m’empêche d’avancer : le monde n’est pas prêt à accueillir mes rêves.

    En attendant ce monde où mes rêves peuvent prendre leur envol, je sais que Partout dans le monde, les femmes attendent la fin de ce cauchemar qui ne finit pas.

    Elles font des rêves comme moi.


    Ce n’est pas interdit de rêver si ça peut nous rendre heureuses ; un tout petit peu … en attendant des jours meilleurs !

    Ps : Ma fille vient de me souffler une phrase ; pas mal du tout, je crois que j’ai déjà ma rose…ça c’est plus qu’une rose je pense :

    La plus belle femme au monde n’est pas miss monde mais celle qui m’a mise au monde.


    Houria.





    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

  • #2
    LA NUE ....DU CHAMP DE BLÉ

    Ici git votre horreur
    Dans un champ de blé
    On ramassera le corps
    Que vous avez violé
    Ma tète est béance
    ––––––––––––––––
    Plus besoin d’habits
    Je porterais l’errance
    Et me coifferais d’épis
    Pour déglinguer vos sens
    ––––––––––––––––
    Venez à ma danse
    Partager ma transe
    folle à en finir
    suis un coin d’aisance
    Sur vous je vais vomir !
    ––––––––––––––––
    Je vous salis ferme !
    Ramassez leur sperme
    sur tapis de prière
    Je ne suis que femme
    Leur fougue meurtrière
    ––––––––––––––––
    A ma source bois !
    Mon sexe froid
    Lardé de leurs lames
    Leurs cris de joie !
    Pour ce haut fait d’armes
    ––––––––––––––––
    Et surtout ne te lave !
    Ramasse l’épave
    Qui flotte sur l’urine
    Et leurs immondes octaves
    De psalmodies divines
    ––––––––––––––––
    Ils m’ont prise à mille
    Et plus que dix mille
    A douze parfois !
    sortir leurs nombril
    Ou dégouline leur foi
    ––––––––––––––––
    Viens ramasse ce qui luis
    Vois se dérober la nuit
    Un soleil qui se cache
    Une aube qui me fuit
    Cette succession de lâches
    ––––––––––––––––
    Viens sur mes reins!
    L’infâme sur mes seins
    En moi cette horreur
    Le moisi de leurs mains
    ses dejecteurs de peur
    ––––––––––––––––
    Viens enlève cette tache !
    La lame sur la gorge
    Elle passera si tu lâches
    C’est la foi qu’on forge
    Dans cette guerre des lâches
    ––––––––––––––––
    Ramassez mon chant
    Je ne chanterais plus l’amour
    Prenez la clé des champs
    J’ai fermé les jours,
    L’aube et ses atours !
    ––––––––––––––––
    Ramassez mes cheveux
    Et mon enfant futur
    L’amour de mes yeux
    Mon lendemain peu sur
    ils furent si pieux !
    ––––––––––––––––
    Portez-moi au fond !
    D’une étoilé fardée
    Qui explose par vaux
    en chair tailladée
    butin est ma peau
    ––––––––––––––––
    Ramassez ma tête
    Ramassez mon cœur
    Hier il fut fête !
    Dans ses champs d’honneur
    Pour germer défaite!
    ––––––––––––––––
    Vous couvrirez mon corps
    Vous avez peur en fait !
    Mes plaies sont un tord
    D’avoir affronté la bête
    votre honte et remords !
    ––––––––––––––––
    Dans l’enfer du monde
    Ramasser les restes
    Elles ne sont que cendres
    De ce vent de l’est
    Engrais à répandre
    ––––––––––––––––
    Enlever moi ce corps
    Je veux en finir !
    plus rien à vous dire
    Sauf qu'un jour viendra
    HOURIA va venir,
    Pour me refleurir !

    Fateh Agrane 07/03/2012
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

    Commentaire


    • #3
      benam
      trop émouvants sont ces écrits. je ne sais quoi dire. c'est si poignant!
      que de mauvais souvenirs remontent à la surface.
      que Dieu soit avec toutes les nues du champs de blé!
      j'ai mal, j'ai trop de peine pour elles.
      Dernière modification par Makhlouka, 09 mars 2012, 22h58.

      Commentaire


      • #4
        J'ai la gorge nouée en lisant ces textes.
        Quelle horreur mon Dieu, quelle horreur...
        Rien de plus horrible que les crimes commis contre les êtres les plus vulnérables : les femmes et les enfants.
        Mais je ne doute pas qu'un jour, justice soit faite.

        Commentaire


        • #5
          Bonjour Makhlouka. Bonjour parisette,

          Énormément de colère et de rage à la lecture de ces textes. C'est horrible ce qui est arrivé à cette femme.

          C'est horrible ce qu'ont subi des milliers de nos soeurs, filles, mères, parentes et voisines de la part d'hommes qui ont arboré et qui arborent toujours l'Islam comme alibi au libre cours à leurs plus bas instincts.

          Je remercie les auteurs de ces textes d'avoir réveillé en moi le souvenir de cette maîtresse d'école égorgée en pleine salle de classe devant ses élèves,

          de ces jeunes filles enlevées pour servir d'esclaves et qui, une fois enceintes après une multitude de terribles viols, étaient massacrées après de longs sévices,

          de ces jeunes enseignantes tuées à un faux barrage parce qu'elles ont affirmé leur détermination à continuer leur noble mission malgré les injonctions des "fous de Dieu",

          de cette amie qui a été torturée toute une nuit durant devant ses enfants ligotés, pour qu'elle donne des renseignements sur les propriétaires de fusils de chasse (elle travaillait à la Wilaya et tenait le registre de ces armes), devant son obstination à ne rien dire, ils lui ont tranché la tête, ont emportée celle-ci pour la jeter quelques centaines de mètres plus loin,

          de cette mère qui voit une horde d' "Afghans" débarquer chez elle pour égorger devant elle son fils qui a refusé de les aider,

          de ces milliers de jeunes femmes abandonnées peu de temps après avoir été "mariées" par une simple lecture de la Fatiha (en fait jetées en pâture) à des voyous de quartier reconvertis, les circonstances s'y prêtant, en "Emir" et "Sous-émir" et "Da'î",

          et d'autres et d'autres et d'autres...

          Des souvenirs terribles.
          Doit-on pour autant chercher à les oublier.
          Pas du tout.
          Même si on doit continuer à vivre et à rire, on doit en cultiver le souvenir parce que le ventre de la bête immonde est toujours fécond, les causes qui ont rendu tout cela possible sont toujours là.

          _
          "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

          Commentaire


          • #6
            benam
            on ne doit pas oublier, pour les victimes, pour le pays et pour la génération d'aujourd'hui. ces atrocités nous guettent toujours et elles nous narguent en plus.

            Commentaire


            • #7
              Le texte de Fateh Agrane est poignant! j'ai vraiment eu mal aux tripes en le lisant! tout comme ton témoignage Benam!

              Peut-on oublier cette période noire?! JAMAIS! à moins de vivre sur une autre planète!
              Santa Barara

              Commentaire


              • #8
                Merci Benam pour ce texte poignant, qui m'a secouée et remué en moi des choses fort douloureuses, mais il est tellement vrai.

                Elle a si bien su trouver les bons mots pour exprimer toutes ces choses, qui nous rongent et qu'on étouffe par le silence, pour faire semblant de vivre.
                Un cri de colère et de douleur qui met des mots sur les maux, il reste beaucoup à faire, mais les femmes ont ce courage en elles, ce je ne sais quoi, qui les fait tenir debout malgré tout.

                Merci pour cet hommage aux femmes en particulier aux algériennes qui ont vécu l'horreur et à toutes les femmes.
                Hope is the little voice you hear whisper "maybe" when it seems the entire world is shouting "no!"

                Commentaire

                Chargement...
                X