LES ORIGINES.
L’idée d’utiliser une force de police mobile supplétive est venue de l’expérience des "bureaux arabes" d’Algérie. En 1907, la France devait assurer la sécurité de la frontière algéro-marocaine et employait à cet effet des goums algériens levés dans les tribus des Hauts Plateaux . L’un d’eux fit partie du Corps de Débarquement à Casablanca et montra aussitôt l’intérêt de telles unités légères indigènes pour des opérations limitées.
Le 3 octobre 1908, fut créé le premier goum marocain (100 cavaliers) pour des opérations de police en Chaouïa (sud de Casablanca). Il fut dissous le 30 novembre suivant mais cette courte expérience montra l’intérêt de disposer de telles unités et le 1er novembre, l’ordre du jour N° 100 du général d’Amade fixa les conditions de recrutement et les missions de nouveaux goums pour assurer la paix et la sécurité dans la Chaouïa.
Il s’agissait donc bien, à l’origine, de forces de police intérieure chérifiennes sous encadrement européen destinées au maintien de l’ordre, organisées par les nations européennes en vertu de l’acte d’Algésiras signé le 7 avril 1906 prévoyant la restauration de la sécurité au Maroc.
Ainsi, la date du 1er novembre peut-elle être considérée comme le début de l’histoire glorieuse des Goums marocains. Le terme "goum" (Voir Sigles et définitions) fut préféré à celui de "milice marocaine" initialement proposé. Aussitôt commença le recrutement des 6 premiers goums dans les tribus de la plaine littorale de la Chaouïa (un capitaine, quelques officiers et sous-officiers français, 50 cavaliers et 150 fantassins marocains par goum)
LES PREMIÈRES OPÉRATIONS.
Au cours de l’année 1909, les six premiers goums participent à des tournées de protection des tribus soumises et à la couverture des troupes régulières. Les premières opérations ont lieu dès l’année suivante chez les Zaër, tribus à l’est de la Chaouïa et au sud de Rabat, au cours desquelles les 3e et 4e goums éclairent les deux colonnes composées de Tirailleurs sénégalais, de Légionnaires et de Zouaves et montrent leurs qualités foncières : endurance, rusticité, sens du terrain et fidélité.
En mai 1911, les goums participent à la marche sur Fez et à l’occupation de Mekhnès et, après leur brillant comportement au combat et leur discipline, la décision est prise le 5 octobre 1911 de doubler leur volume par la création de six autres goums qui sont créés en octobre de l’année suivante.
Le 30 mars 1912, est signé le traité de protectorat de la France sur le Maroc. Il a pour effet de déclencher un certain nombre de révoltes, notamment à Fez et chez les tabors de l’armée chérifienne qui massacrent leurs officiers et sous-officiers français. Les troubles s’étendent dans les régions jusque là pacifiées. Le général Lyautey devient alors le premier Gouverneur général au Maroc. Plusieurs colonnes sont constituées auxquelles participent les goums à cheval et à pied agissant toujours en avant-garde ou en couverture des gros. Ces colonnes sont engagées sur différents objectifs : Marrakech (août-septembre 1912), Boujad et Demnat (novembre-décembre 1912),Tadla (mars à juin 1913), jonction Maroc occidental et Maroc oriental (mai 1914), khénifra (juin 1914)
A la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale, il existe 16 goums marocains répartis dans la partie occidentale du Maroc entre l’Oued Sous au sud et le Maroc espagnol au Nord.
LA PACIFICATION ET L’UNITÉ DU MAROC.
Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918)
L’épouvantable hécatombe de 1914-1918 creuse, dès les premiers mois du conflit, des sillons profonds dans les effectifs combattants français et il est nécessaire d’opérer des prélèvements de plus en plus importants sur les troupes d’outre-mer. Lyautey joue le jeu de la solidarité nationale tout en voulant conserver à tout prix le Maroc sous le protectorat français sans lequel celui-ci sombrerait vite dans l’anarchie dont l’Allemagne à l’affût tirerait rapidement profit. Il rend à la Métropole le maximum de forces : "Je viderai la langouste, mais je conserverai la carapace". Soutenu par les autorités marocaines qui montreront en ces circonstances dramatiques pour la France que la loyauté n’est pas chez elles un vain mot, il réussira pendant toute la guerre à tenir le Maroc avec des effectifs réduits mais, selon sa méthode légendaire, en montrant sa troupe pour ne pas avoir à s’en servir.
Cette troupe fut en grande partie celle des goums. Pourtant, à plusieurs reprises il s’en fallut de peu que les Français n’échouent face à diverses tentatives de soulèvement, comme en novembre 1914 à El Herri ou dans le Moyen Atlas en 1915 ou à Tiznit en 1917, souvent fomentées par des agents allemands.
Dans ces opérations rapides mais risquées en raison de la faiblesse des moyens, les goums montrèrent leur valeur combattive et leur loyauté.
A la fin de la guerre, le nombre de goums était porté à 23.
La Guerre du Rif (1924-26)
La paix en Europe permet à la France de renforcer ses effectifs au Maroc. Mais les troubles ne s’arrêtent pas pour autant, surtout dans le Moyen Atlas et de nombreuses opérations sont menées entre 1920 et 1924 contre les tribus montagnardes qui faisaient des incursions ou razzias dans les plaines.
A partir de 1920, l’organisation des goums est modifiée sensiblement. De nouveaux goums sont créés, portant leur nombre à 28.au moment où se déclenche la guerre du Rif. Une plus forte décentralisation est adoptée pour la vie de chaque goum, son encadrement en sous-officiers qui devient davantage marocain, son recrutement, sa discipline et son instruction. Chaque goum est également renforcé d’armes collectives (fusils mitrailleurs puis mitrailleuses) Mais la personnalité initiale des goums est renforcée avec son commandement aux mains des officiers du Service des Renseignements et, sur le plan administratif, son rattachement au Chef de Corps délégué aux Goums Mixtes Marocains (GMM)
En 1924, enhardi par ses succès sur l’armée espagnole, Abdelkrim ambitionne de conquérir le Maroc en essayant dans un premier temps d’occuper la région de Fez. C’est le début de la guerre du Rif qui va durer deux ans jusqu’à la reddition d’Abdelkrim le 25 mai 1926.
Au cours de cette longue campagne, plusieurs goums sont engagés dans des conditions difficiles dans les régions montagneuses de la chaîne du Rif, notamment les 8e, 9e, 17e, 25e goums, au cours d’opérations que le Maréchal Lyautey, revenu résident général au Maroc après ses responsabilités de Ministre de la Guerre (décembre 1916-avril 1917), suit personnellement jusqu’à son éviction (septembre 1925)
L’affaire Lyautey - Pétain.
C’est, en effet, à cette époque que l’on voit surgir les intrigues du Maréchal Pétain, très proche du président du Conseil et ministre de la Guerre, Painlevé.
Painlevé, après avoir accepté d’envoyer des renforts pour le Rif sur l’insistance renouvelée de Lyautey, décide de dissocier les responsabilités de Résident général et de Commandement en Chef des Troupes au Maroc et de confier ce dernier au Maréchal Pétain. Ecœuré par les manœuvres politiciennes de Paris, le Maréchal Lyautey prend prétexte du rétablissement de la situation militaire pour donner sa démission par une lettre restée célèbre du 17 septembre 1925, démission que Painlevé s’empresse d’accepter pour placer son protégé.
La guerre va ensuite à son terme avec des renforts portant les effectifs à 150.000 et la création de 6 goums supplémentaires.
C’est à cette époque que l’on voit apparaître le légendaire Bournazel à la tête du 33e Goum.
La reddition d’Abdelkrim intervient le 27 mai 1926, mettant un terme à la guerre du Rif. Les 9e, 16e et 33e Goums participent directement aux conditions de cette reddition.
A Suivre...
L’idée d’utiliser une force de police mobile supplétive est venue de l’expérience des "bureaux arabes" d’Algérie. En 1907, la France devait assurer la sécurité de la frontière algéro-marocaine et employait à cet effet des goums algériens levés dans les tribus des Hauts Plateaux . L’un d’eux fit partie du Corps de Débarquement à Casablanca et montra aussitôt l’intérêt de telles unités légères indigènes pour des opérations limitées.
Le 3 octobre 1908, fut créé le premier goum marocain (100 cavaliers) pour des opérations de police en Chaouïa (sud de Casablanca). Il fut dissous le 30 novembre suivant mais cette courte expérience montra l’intérêt de disposer de telles unités et le 1er novembre, l’ordre du jour N° 100 du général d’Amade fixa les conditions de recrutement et les missions de nouveaux goums pour assurer la paix et la sécurité dans la Chaouïa.
Il s’agissait donc bien, à l’origine, de forces de police intérieure chérifiennes sous encadrement européen destinées au maintien de l’ordre, organisées par les nations européennes en vertu de l’acte d’Algésiras signé le 7 avril 1906 prévoyant la restauration de la sécurité au Maroc.
Ainsi, la date du 1er novembre peut-elle être considérée comme le début de l’histoire glorieuse des Goums marocains. Le terme "goum" (Voir Sigles et définitions) fut préféré à celui de "milice marocaine" initialement proposé. Aussitôt commença le recrutement des 6 premiers goums dans les tribus de la plaine littorale de la Chaouïa (un capitaine, quelques officiers et sous-officiers français, 50 cavaliers et 150 fantassins marocains par goum)
LES PREMIÈRES OPÉRATIONS.
Au cours de l’année 1909, les six premiers goums participent à des tournées de protection des tribus soumises et à la couverture des troupes régulières. Les premières opérations ont lieu dès l’année suivante chez les Zaër, tribus à l’est de la Chaouïa et au sud de Rabat, au cours desquelles les 3e et 4e goums éclairent les deux colonnes composées de Tirailleurs sénégalais, de Légionnaires et de Zouaves et montrent leurs qualités foncières : endurance, rusticité, sens du terrain et fidélité.
En mai 1911, les goums participent à la marche sur Fez et à l’occupation de Mekhnès et, après leur brillant comportement au combat et leur discipline, la décision est prise le 5 octobre 1911 de doubler leur volume par la création de six autres goums qui sont créés en octobre de l’année suivante.
Le 30 mars 1912, est signé le traité de protectorat de la France sur le Maroc. Il a pour effet de déclencher un certain nombre de révoltes, notamment à Fez et chez les tabors de l’armée chérifienne qui massacrent leurs officiers et sous-officiers français. Les troubles s’étendent dans les régions jusque là pacifiées. Le général Lyautey devient alors le premier Gouverneur général au Maroc. Plusieurs colonnes sont constituées auxquelles participent les goums à cheval et à pied agissant toujours en avant-garde ou en couverture des gros. Ces colonnes sont engagées sur différents objectifs : Marrakech (août-septembre 1912), Boujad et Demnat (novembre-décembre 1912),Tadla (mars à juin 1913), jonction Maroc occidental et Maroc oriental (mai 1914), khénifra (juin 1914)
A la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale, il existe 16 goums marocains répartis dans la partie occidentale du Maroc entre l’Oued Sous au sud et le Maroc espagnol au Nord.
LA PACIFICATION ET L’UNITÉ DU MAROC.
Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918)
L’épouvantable hécatombe de 1914-1918 creuse, dès les premiers mois du conflit, des sillons profonds dans les effectifs combattants français et il est nécessaire d’opérer des prélèvements de plus en plus importants sur les troupes d’outre-mer. Lyautey joue le jeu de la solidarité nationale tout en voulant conserver à tout prix le Maroc sous le protectorat français sans lequel celui-ci sombrerait vite dans l’anarchie dont l’Allemagne à l’affût tirerait rapidement profit. Il rend à la Métropole le maximum de forces : "Je viderai la langouste, mais je conserverai la carapace". Soutenu par les autorités marocaines qui montreront en ces circonstances dramatiques pour la France que la loyauté n’est pas chez elles un vain mot, il réussira pendant toute la guerre à tenir le Maroc avec des effectifs réduits mais, selon sa méthode légendaire, en montrant sa troupe pour ne pas avoir à s’en servir.
Cette troupe fut en grande partie celle des goums. Pourtant, à plusieurs reprises il s’en fallut de peu que les Français n’échouent face à diverses tentatives de soulèvement, comme en novembre 1914 à El Herri ou dans le Moyen Atlas en 1915 ou à Tiznit en 1917, souvent fomentées par des agents allemands.
Dans ces opérations rapides mais risquées en raison de la faiblesse des moyens, les goums montrèrent leur valeur combattive et leur loyauté.
A la fin de la guerre, le nombre de goums était porté à 23.
La Guerre du Rif (1924-26)
La paix en Europe permet à la France de renforcer ses effectifs au Maroc. Mais les troubles ne s’arrêtent pas pour autant, surtout dans le Moyen Atlas et de nombreuses opérations sont menées entre 1920 et 1924 contre les tribus montagnardes qui faisaient des incursions ou razzias dans les plaines.
A partir de 1920, l’organisation des goums est modifiée sensiblement. De nouveaux goums sont créés, portant leur nombre à 28.au moment où se déclenche la guerre du Rif. Une plus forte décentralisation est adoptée pour la vie de chaque goum, son encadrement en sous-officiers qui devient davantage marocain, son recrutement, sa discipline et son instruction. Chaque goum est également renforcé d’armes collectives (fusils mitrailleurs puis mitrailleuses) Mais la personnalité initiale des goums est renforcée avec son commandement aux mains des officiers du Service des Renseignements et, sur le plan administratif, son rattachement au Chef de Corps délégué aux Goums Mixtes Marocains (GMM)
En 1924, enhardi par ses succès sur l’armée espagnole, Abdelkrim ambitionne de conquérir le Maroc en essayant dans un premier temps d’occuper la région de Fez. C’est le début de la guerre du Rif qui va durer deux ans jusqu’à la reddition d’Abdelkrim le 25 mai 1926.
Au cours de cette longue campagne, plusieurs goums sont engagés dans des conditions difficiles dans les régions montagneuses de la chaîne du Rif, notamment les 8e, 9e, 17e, 25e goums, au cours d’opérations que le Maréchal Lyautey, revenu résident général au Maroc après ses responsabilités de Ministre de la Guerre (décembre 1916-avril 1917), suit personnellement jusqu’à son éviction (septembre 1925)
L’affaire Lyautey - Pétain.
C’est, en effet, à cette époque que l’on voit surgir les intrigues du Maréchal Pétain, très proche du président du Conseil et ministre de la Guerre, Painlevé.
Painlevé, après avoir accepté d’envoyer des renforts pour le Rif sur l’insistance renouvelée de Lyautey, décide de dissocier les responsabilités de Résident général et de Commandement en Chef des Troupes au Maroc et de confier ce dernier au Maréchal Pétain. Ecœuré par les manœuvres politiciennes de Paris, le Maréchal Lyautey prend prétexte du rétablissement de la situation militaire pour donner sa démission par une lettre restée célèbre du 17 septembre 1925, démission que Painlevé s’empresse d’accepter pour placer son protégé.
La guerre va ensuite à son terme avec des renforts portant les effectifs à 150.000 et la création de 6 goums supplémentaires.
C’est à cette époque que l’on voit apparaître le légendaire Bournazel à la tête du 33e Goum.
La reddition d’Abdelkrim intervient le 27 mai 1926, mettant un terme à la guerre du Rif. Les 9e, 16e et 33e Goums participent directement aux conditions de cette reddition.
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