Le portrait brossé par les autorités diffèrent des témoignages des proches du tueur présumé. Le point sur les informations dont on dispose.
Qui est Mohamed Merah ? Ce mercredi en fin d'après-midi, le suspect des sept meurtres commis à Toulouse et à Montauban était toujours retranché dans son appartement, dans la cité Belle-Paule à Toulouse, cerné par les équipes spéciales du Raid depuis 3*heures du matin. Les informations, tant sur la description physique du suspect que sur son parcours, divergent selon les sources. Le portrait brossé par les autorités diffère des témoignages des proches de Mohamed Merah, qui se sont manifestés ce matin. Ces personnes avec qui ont discuté nos envoyés spéciaux, «choquées» que Mohamed puisse être l'auteur des faits, décrivent «un homme calme, gentil».
Enfance. Mohamed Merah est né le 10*octobre*1988 à Toulouse. Il aurait grandi dans les quartiers de Bellefontaine puis des Izards, dans le nord de la ville. La famille de Mohamed est d'origine algérienne, et l'un de ses parents au moins viendrait de Mostaganem dans le nord-ouest de l'Algérie, selon Samir* qui se présente comme un ami d'enfance.
Mohamed aurait d'abord fréquenté l'école primaire Bastide dans le quartier de Bellefontaine, puis l'école primaire Ernest-Renan dans celui des Izards. C'est dans ce second établissement que Kamel*, 23*ans, l'a connu. Ils se sont perdus de vue en grandissant, avant de se renouer contact il y a trois*ans.
Kamel comme Samir, ancien membre du 17e régiment de parachutiste de Montauban, sont tombés des nues en apprenant que Mohamed Merah était suspecté. «On est traumatisés par ce qui c'est passé. On n'imaginait pas qu'il ait fait ça, ce n'est pas la personne que l'on connaît. C'est ce matin à la télé qu'on a appris qu'il était allé en Afghanistan.» Kamel ajoute*: «Je n'ai pas envie qu'on l'abatte, car on ne saurait jamais pourquoi il a fait ça. Je l'ai croisé en boîte il y a trois semaines, il fumait une chicha. Quelqu'un qui va en boîte, ce n'est vraiment pas un salafiste.»
«Il s'était fait une crête rouge l'été dernier»
Description physique. On a d'abord évoqué en début de semaine d'un tireur trapu, habillé de noir. Hier, le procureur de Paris a parlé d'un homme «blanc», avec «une silhouette plutôt fine, d'environ 1,70 m». Un témoin a rapporté qu'il avait «un tatouage ou une cicatrice au niveau de sa joue gauche». Samir, l'ami d'enfance, réfute*: «Je ne l'ai pas connu avec des tatouages ou une cicatrice, et pourtant je l'ai vu samedi dernier. Physiquement, il est fin, 1m75, une gueule d'enfant de 18 ans. Il s'était fait une crête rouge l'été dernier. Plus que fashion, je dirais plutôt "punk".»
Situation professionnelle. Selon une femme qui se présente comme une vieille «connaissance» du suspect, Mohamed Merah est au chômage et n'est pas resté longtemps à l'école. Il serait carrossier, selon un jeune homme résidant dans son quartier d'origine, aux Izards.
Poli et gentil. Le père d'un voisin le décrit comme une «personne normale», tandis que Me*Christian Etelin, son avocat «depuis 2004 ou*2005», le dit «poli et courtois», n'ayant jamais été «dans une délinquance de violence». Selon Samir, l'ami d'enfance, «c'est quelqu'un de gentil, de calme, le plus jeune de la fratrie. Il aime le foot, la moto, les voitures, les filles. Il n'avait aucun lien particulier avec la religion, ne portait pas de barbe, il allait en boîte. Je l'ai vu dimanche, il était très calme, normal. On ne parlait pas de politique.»
Aux antipodes de cette description, celle donnée par le procureur de Paris, François Molins, au cours de la conférence de presse, ce mercredi*: «Un homme au profil violent, qui a manifesté des troubles psychologiques étant mineur. Il a un parcours de solitaire. Il peut rester enfermé chez lui pendant longtemps. Tout ceci est d’une extrême violence.»
Croyances. «Il est croyant mais pas pratiquant. Il faisait le ramadan, c'est tout», selon Samir.
«Déterminé, de grand sang-froid, maître de lui»
Moudjahid. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a décrit le suspect comme «déterminé, de grand sang-froid, maître de lui». Cet homme «se revendique être un moudjahid [combattant de Dieu, ndlr]» et «appartenir à Al-Qaeda», a -t-il dit. Sa radicalisation s'est faite «au sein d'un groupe d'idéologie salafiste, et affermie semble-t-il lors de deux voyages, l'un en Afghanistan, l'autre au Pakistan». Il a séjourné dans des zones de combat, selon une source proche de l'enquête. Le procureur de Paris évoque deux séjours de Mohamed Merah en Afghanistan. Il avait été contrôlé inopinément par la police lors du premier séjour, et avait dû écourter le second, étant tombé malade (hépatite A).
Connu des services de police. Il avait «déjà commis plusieurs infractions de droit commun, dont certaines avec violences» en France, selon Claude Guéant. Dix-huit au total, a précisé une source policière.
Selon une source policière, Mohamed Merah n'aurait pas été accepté dans l'armée et aurait été récemment recalé en raison de ses antécédents judiciaires. Le suspect était «suivi depuis plusieurs années par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) et ses agents toulousains», selon Guéant.
Selon une source proche de l'enquête, Mohamed Merah avait aussi été arrêté fin*2010 à Kandahar, en Afghanistan, pour des faits de droit commun.
Son frère. Un de ses frères est «engagé lui aussi dans l'idéologie salafiste», selon Guéant.
*Samir et Kamel: les prénoms ont été changés à leur demande.
Par LIBÉRATION.FR
Qui est Mohamed Merah ? Ce mercredi en fin d'après-midi, le suspect des sept meurtres commis à Toulouse et à Montauban était toujours retranché dans son appartement, dans la cité Belle-Paule à Toulouse, cerné par les équipes spéciales du Raid depuis 3*heures du matin. Les informations, tant sur la description physique du suspect que sur son parcours, divergent selon les sources. Le portrait brossé par les autorités diffère des témoignages des proches de Mohamed Merah, qui se sont manifestés ce matin. Ces personnes avec qui ont discuté nos envoyés spéciaux, «choquées» que Mohamed puisse être l'auteur des faits, décrivent «un homme calme, gentil».
Enfance. Mohamed Merah est né le 10*octobre*1988 à Toulouse. Il aurait grandi dans les quartiers de Bellefontaine puis des Izards, dans le nord de la ville. La famille de Mohamed est d'origine algérienne, et l'un de ses parents au moins viendrait de Mostaganem dans le nord-ouest de l'Algérie, selon Samir* qui se présente comme un ami d'enfance.
Mohamed aurait d'abord fréquenté l'école primaire Bastide dans le quartier de Bellefontaine, puis l'école primaire Ernest-Renan dans celui des Izards. C'est dans ce second établissement que Kamel*, 23*ans, l'a connu. Ils se sont perdus de vue en grandissant, avant de se renouer contact il y a trois*ans.
Kamel comme Samir, ancien membre du 17e régiment de parachutiste de Montauban, sont tombés des nues en apprenant que Mohamed Merah était suspecté. «On est traumatisés par ce qui c'est passé. On n'imaginait pas qu'il ait fait ça, ce n'est pas la personne que l'on connaît. C'est ce matin à la télé qu'on a appris qu'il était allé en Afghanistan.» Kamel ajoute*: «Je n'ai pas envie qu'on l'abatte, car on ne saurait jamais pourquoi il a fait ça. Je l'ai croisé en boîte il y a trois semaines, il fumait une chicha. Quelqu'un qui va en boîte, ce n'est vraiment pas un salafiste.»
«Il s'était fait une crête rouge l'été dernier»
Description physique. On a d'abord évoqué en début de semaine d'un tireur trapu, habillé de noir. Hier, le procureur de Paris a parlé d'un homme «blanc», avec «une silhouette plutôt fine, d'environ 1,70 m». Un témoin a rapporté qu'il avait «un tatouage ou une cicatrice au niveau de sa joue gauche». Samir, l'ami d'enfance, réfute*: «Je ne l'ai pas connu avec des tatouages ou une cicatrice, et pourtant je l'ai vu samedi dernier. Physiquement, il est fin, 1m75, une gueule d'enfant de 18 ans. Il s'était fait une crête rouge l'été dernier. Plus que fashion, je dirais plutôt "punk".»
Situation professionnelle. Selon une femme qui se présente comme une vieille «connaissance» du suspect, Mohamed Merah est au chômage et n'est pas resté longtemps à l'école. Il serait carrossier, selon un jeune homme résidant dans son quartier d'origine, aux Izards.
Poli et gentil. Le père d'un voisin le décrit comme une «personne normale», tandis que Me*Christian Etelin, son avocat «depuis 2004 ou*2005», le dit «poli et courtois», n'ayant jamais été «dans une délinquance de violence». Selon Samir, l'ami d'enfance, «c'est quelqu'un de gentil, de calme, le plus jeune de la fratrie. Il aime le foot, la moto, les voitures, les filles. Il n'avait aucun lien particulier avec la religion, ne portait pas de barbe, il allait en boîte. Je l'ai vu dimanche, il était très calme, normal. On ne parlait pas de politique.»
Aux antipodes de cette description, celle donnée par le procureur de Paris, François Molins, au cours de la conférence de presse, ce mercredi*: «Un homme au profil violent, qui a manifesté des troubles psychologiques étant mineur. Il a un parcours de solitaire. Il peut rester enfermé chez lui pendant longtemps. Tout ceci est d’une extrême violence.»
Croyances. «Il est croyant mais pas pratiquant. Il faisait le ramadan, c'est tout», selon Samir.
«Déterminé, de grand sang-froid, maître de lui»
Moudjahid. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a décrit le suspect comme «déterminé, de grand sang-froid, maître de lui». Cet homme «se revendique être un moudjahid [combattant de Dieu, ndlr]» et «appartenir à Al-Qaeda», a -t-il dit. Sa radicalisation s'est faite «au sein d'un groupe d'idéologie salafiste, et affermie semble-t-il lors de deux voyages, l'un en Afghanistan, l'autre au Pakistan». Il a séjourné dans des zones de combat, selon une source proche de l'enquête. Le procureur de Paris évoque deux séjours de Mohamed Merah en Afghanistan. Il avait été contrôlé inopinément par la police lors du premier séjour, et avait dû écourter le second, étant tombé malade (hépatite A).
Connu des services de police. Il avait «déjà commis plusieurs infractions de droit commun, dont certaines avec violences» en France, selon Claude Guéant. Dix-huit au total, a précisé une source policière.
Selon une source policière, Mohamed Merah n'aurait pas été accepté dans l'armée et aurait été récemment recalé en raison de ses antécédents judiciaires. Le suspect était «suivi depuis plusieurs années par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) et ses agents toulousains», selon Guéant.
Selon une source proche de l'enquête, Mohamed Merah avait aussi été arrêté fin*2010 à Kandahar, en Afghanistan, pour des faits de droit commun.
Son frère. Un de ses frères est «engagé lui aussi dans l'idéologie salafiste», selon Guéant.
*Samir et Kamel: les prénoms ont été changés à leur demande.
Par LIBÉRATION.FR
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