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Trésor de la langue berbère

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  • Trésor de la langue berbère

    Le vocabulaire des animaux (I)
    La langue berbère possède des milliers de mots communs qui attestent à la fois de la communauté linguistique mais aussi culturelle des populations nord-africaines et du Sahara.

    En dépit de la diversité qui le caractérise, le vocabulaire berbère conserve une profonde unité : des centaines, voire des milliers de mots sont communs. Ce vocabulaire, qui remonte aux origines de la langue berbère, embrasse tous les domaines de la vie : actions et états, flore, faune, sentiments, corps humain...au fil des articles, le lecteur découvrira avec nous la richesse de ce vocabulaire qui n’a pas encore, malheureusement, été réuni en dictionnaire.

    Les animaux
    Les Berbères accordent une place importante aux animaux qui constituent aujourd’hui, notamment dans les campagnes, une source de revenus capitale. Ils fournissent une partie de l’alimentation – viande et surtout produits laitiers- ainsi qu’une foule de produits que l’on peut tirer de leurs laine, poils, cuirs et même ossements : vêtements, chaussures, couvertures, velum des tentes et ustensiles de cuisine, comme les coquilles d’œufs d’autruche, employées autrefois comme récipients, ou les cous de chameaux arrangés en vases. A cela s’ajoute l’utilisation de nombreux animaux, comme force de travail et, dans les régions escarpées, comme moyen de transport.

    Place des animaux
    Les Berbères ont-ils pratiqué, à l’instar d’autres peuples anciens, comme leurs voisins Egyptiens, la zoolâtrie ou culte des animaux ? Les auteurs antiques ont décrit des pratiques qui s’apparentent à un culte. Ainsi, selon Diodore de Sicile, les populations des confins de la Tunisie et de l’Algérie vénéraient les singes qui pouvaient aller et venir dans les maisons sans être inquiétés.
    A l’époque musulmane même, El Idrissi signale, dans une tribu du sud marocain, un culte du bélier. Mais cette pratique semble marginale puisque selon El Idrissi, les gens qui s’adonnaient à ce culte devaient se cacher, à cause de la désapprobation générale qu’ils encouraient (cité par G. CAMPS, 1988).
    Si certains auteurs comme M. Benabou (1976, ) soutiennent sans hésiter l’existence de la zoolâtrie chez les Berbères de l’antiquité, d’autres comme G. Camps (opus cité) la mettent en doute : "Que des animaux, pour différentes raisons, aient eu des liens puissants avec le sacré et qu’ils aient joui de privilèges particuliers (singes, serpents, certains oiseaux) que d’autres servent habituellement et préférentiellement d’offrandes sacrificielles, aient finalement bénéficié de relations étroites qui s’établissent avec les dieux (béliers) que d’autres comme le taureau Gurzil ou le lion pour le soleil ou Saturne, aient été les simulacres vivants de la divinité, cela ne suffit pas à établir un culte des animaux." (opus cité, p. 669).
    Il faut sans doute remonter loin dans la préhistoire pour retrouver, notamment dans les peintures rupestres, des traces de ce culte.

    Le vocabulaire des animaux
    Nous avons relevé, pour l’ensemble des dialectes que nous avons étudiés, moins de soixante-dix noms communs. C’est peu, pour un secteur censé être l’un des vocabulaires de base de la langue, donc celui qui change le moins. Les termes communs les plus nombreux désignent les animaux domestiques, les animaux sauvages, les mieux représentés sont ceux qui font partie depuis toujours du paysage berbère : lion, gazelle, chacal…
    La quasi-totalité des dialectes berbères emploient, pour désigner l’animal, des termes empruntés à l’arabe. Seuls les parlers touaregs disposent d’un mot berbère et encore est-il limité à la désignation de l’animal sauvage, axu "bête sauvage". Selon des témoignages que nous avons recueillis, le mot aurait existé en kabyle, avec le sens de "fauve", mais ce dialecte n’emploie, aujourd’hui, qu’une forme, en apparence apparentée à axu, abexxuc, avec le sens d’"asticot, cafard, bête rampante". Les parlers du Maroc central emploient un mot très proche, abaxxu, avec le sens d’"asticot, insecte" et tabaxxa dans celui d’"araignée". Un troisième mot, bexxu, a le sens d’ "ogre". En kabyle, on a introduit aujourd’hui une nouvelle désignation, aghersiw, qui provient de agherus ‘’peau d’animal, peau tannée etc.’’

    Les animaux sauvages
    La faune nor-africaine et saharienne est très variée, ce qui explique la différence des dénominations d’une région à une autre.

    Les mammifères
    -Gazelle
    On relève cinq mots communs. Ceux-ci, quand ils sont utilisés dans un même dialecte, devaient désigner, à l’origine, des espèces différentes. Mais aujourd’hui les distinctions sont rares.
    -Ahenkod’ "gazelle mâle" fém. tahenkod’ (Ihenkad’, "les gazelles", nom propre de la constellation du Lièvre ) (Touareg)
    -Azenkod’ "gazelle mâle" fém, tazenkot’ (Ghadames)
    -Azenk°ed’ "gazelle-mâle" fém. tazenk°ett’ (Chleuh)
    -edmi "gazelle d’une espèce de grande taille", fém, tedemit (Touareg)
    -Admu "gazelle mâle" fém. tadmit (Chaoui)
    -Dami "gazelle" (Zenaga)

    -Ehem "nom d’une espèce d’antilope" fém. Tehemt, p. ext. "bouclier" (Touareg)
    -Izem "gazelle" fém. tizemt (Nefousi)
    Le mot est attesté dans d’autres dialectes (Kabyle, Maroc central, chleuh) mais avec le sens de "lion".

    -Zerzer "gazelle" (Nefousi)
    -Izerzer "gazelle" (Qalaat Sned, Tunisie)
    -Izerzer "grande gazelle" tizerzert "petite gazelle" (Mzab)
    -Izerzer "gazelle mâle, grande gazelle, cerf" Tizerzert "gazelle, gazelle femelle" (Kabyle)
    Le kabyle emploie le verbe zerzer "courir, filer à vive allure" dont pourrait être issu le nom qui semble être d’origine expressive (redoublement total d’une base bilitère).

    -Enir "antilope mohor" (Touareg)
    -Anir "antilope" (Chleuh)

    Le touareg désigne encore l’antilope addax par le mot amallal, fém. tamallalt qui provient du verbe imlul "être blanc". La même désignation est attestée dans les parlers du Maroc central : amlal "gazelle".
    -Mouflon
    Son nom est commun à quelques dialectes mais son aire d’extension s’étend du nord au Sahara.
    -Udad "mouflon" (Touareg)
    -Awdad "mouflon" (Nefousi)
    -Udad "mouflon" (Ghadames)
    -Udad "mouflon" fém. tudatt (Maroc central, Chleuh)
    -Udad "mouflon" (Kabyle)

    -Sanglier
    Cet animal, répandu en Afrique du nord, a le même nom dans plusieurs dialectes, à l’exception du touareg qui emploie un mot propre, azubara :
    -Ilef "sanglier, porc" tileft "laie, truie" (Nefousi)
    -Ilef "sanglier" (Siwa)
    -Ilef "sanglier, porc" tileft "laie, truie" (Maroc central, chleuh, kabyle, chaoui)
    -Ilef, iref "sanglier" tileft, tireft "laie" (Rifain)
    Le mot est peut-être en rapport avec le nom de l’éléphant, elu, encore vivant en touareg sous la forme elu / telut, et attesté dans la toponymie des régions du nord . L’arabe dialectal nord-africain a emprunté ilef sous la forme de h’eluf.

    M.A Haddadou
    A suivre

  • #2
    tu m'as l'air d'être trés calé en ce qui concerne la litt berbere!
    je travaill actuellement sur une étude comparative concernant les contes kabyles et alld, peutêtre pourras tu m'aider?
    a trés bientôt j'espére.

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    • #3
      Interessé...

      Azoul fell-ak ay ameddakoul-inou

      Travail précis dis donc...
      Pourrais tu me donner tes sources car c'est vraiment très interessant.

      Envoie moi un MP et je te donnerai mon email. Je suis passionné par le rapport entre les dialectes berbères donc ton travail m'intéresse beaucoup.

      Ar toufat

      Commentaire


      • #4
        Contes berbères et contes européens

        Bonjour,

        Il y a effectivement des ressemblances frappantes entre les contes berbères et les contes de beaucoup d'autres pays et cultures dans la zone méditerranéenne et européenne.

        En effet, j'ai constaté qu'il y avait des ressemblances même entre des contes kabyles et des contes russes. Je crois que cela est dû à la transmission des contes d'une culture à une autre ou d'un pays à l'autre. Cependant, il n'est pas exclu que certains contes puissent avoir une origine très ancienne, qu'ils pourraient appartenir à un fond commun, "paléo-méditerranéen", très ancien.

        Cette "culture" paléo-méditerranéenne existe bel et bien et a laissé des traces dans de nombreuses choses de l'histoire. Par exemple, lorsqu'on essaie de savoir quelle est l'origine de la poterie berbère d'Afrique du Nord, on constate qu'elle a des points communs avec d'autres poteries du bassin méditerranéen : la poterie Etrusque (peuple vivant en Italie et originaire de Turquie), la poterie Phénicienne et bien d'autres. Lorsqu'on s'interesse à la langue, on trouve également que certains mots qui sont communs à toutes les langues méditerranéennes, bien que ces langues aient une origine génétique différentes (c'est à dire qu'elles n'appartiennent pas à la même famille de langues). C'est ainsi que certains spécialistes dans l'onomastique (l'étude des noms propres et des toponymes) ont commencé à penser depuis des années que certains noms de lieux dans les pays Méditerranéens présentent des caractéristiques communes qui ne seraient dues au hasard, et c'est ainsi qu'on pourrait penser qu'il y avait, dans un temps de la préhistoire, une culture et une langue communes à toutes les nations anciennes de la Méditerranée, et pourquoi pas une littérature ?

        Au revoir

        Commentaire


        • #5
          contes berberes

          si quelqu'un est calé en littérature berbere, qu'il me contacte!
          cet aide est assez urgente.
          je ne trouve pas grand chose quant à l'interprétation du conte kabyle, la symbolique (qui est différente de celle européénne)...
          le conte que j'étudie c'est "el fahma", je ne trouve rien dessus!
          J'aimerai aussi l'avoir en version originale.
          *****

          === Modération ===

          Merci de ne pas communiquer de données privées sur le Forum (Tel, mail etc...)

          Commentaire


          • #6
            Contes berbères

            Bonjour Tiziri,

            Je suis membre d'une association culturelle, l'association Imedyazen, qui active pour la préservation et la promotion de la langue amazighe. Voici notre site :

            http://imedyazen1.tripod.com (en langue amazighe)

            Nous avons déjà publié 3 livres de contes amazighs (entièrement rédigés en langue amazighe et sans traduction) pour la promotion de la lecture en amazigh.

            Je fais de la recherche en lexicographie amazighe, onomastique et toponymie, et je collecte la littérature orale kabyle.

            S'il y a quelque chose que je peux te faire, tu seras la bienvenue,

            Ar timlilit (au revoir)

            Commentaire


            • #7
              Bonjour Amazighe

              Moi, personnellement, je ne connais pas ce conte, mais il ressemble étrangement à celui de la Belle et la Bête. En effet, certains contes amazighs ressemblent à des contes européens ou méditerranéens. Il se pourrait que ces contes aient traversé les frontière dans un sens ou dans un autre. Dans la région des Ouadhias, on raconte un conte kabyle qui ressemble à l'histoire de Blanche Neige.

              Au revoir

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              • #8
                !!!

                Trésor de la langue berbère
                Le vocabulaire des animaux (II)
                Nous continuons à examiner, dans cette partie, les dénominations des animaux sauvages communs aux dialectes berbères. Certains de ces animaux comme le lion ont disparu mais leurs noms, parce que véhiculés par le folklore et la littérature, sont toujours vivants.

                l Le lion
                Cet animal, autrefois très répandu, a presque entièrement disparu du Maghreb et du Sahara. Il était encore présent au début du XXe siècle, et les saltimbanques en promenaient dans les villages et les villes, notamment en Oranie. En Kabylie, des traces de lion ont été relevées jusque dans les années 40. On en trouverait encore dans le Haut-Atlas marocain, mais sa survie semble très hypothétique. Le nom du lion est cependant encore vivant dans les contes, la poésie et les proverbes, ce qui lui a permis de subsister dans divers dialectes.
                -ahar " lion " fém. tahart (Touareg)
                -war " lion " fém. twart (Nefousa)
                -ar " lion " (Sned, Tunisie)
                -abur " lion " (Ghdames)
                -ar " lion " (arch.) (Ouargla)
                -abuharu " lion " (composé de har + bu " maître, celui de " (Rif.)
                En kabyle le nom du lion est izem (terme que l’on relève aussi au Maroc central et en chleuh), cependant, le nom commun est relevé dans la toponymie sous la forme
                -war, (par exemple Azru bbwar, ‘’le rocher du lion’’, dans la région de Mizrana).

                l Autres fauves
                Les autres fauves, tels que la panthère ou le lynx (souvent confondus) n’ont pas de noms communs.
                Quelques dialectes algériens et marocains emploient aghiles pour ces animaux, le touareg a amayas pour le guépard et damsa pour la panthère, etc.

                l Le singe
                Cet animal semble avoir revêtu un caractère sacré dans le Maghreb antique : les auteurs grecs et latins parlent de villages où les singes jouissaient d’une protection, allant et venant comme bon leur semblait. Au plan linguistique, le singe porte divers noms selon les dialectes, peut-être à cause de tabous qui interdisaient l’emploi de son nom et son remplacement par des noms plus neutres. Un nom est commun à quelques dialectes cependant :
                -abiddaw " singe " fém. tabiddawt (To)
                -biddu " singe " (Ghd)
                -iddew " singe " fém. tiddut (MC)
                -iddew " singe " fém. tiddewt ; biddu, ms. (plaisant) (K)

                Le mot est attesté en néfousi, beddiw, en mozabite et en wargli, abeddiw, avec le sens de "fou, aliéné". Ces dialectes possèdent des verbes, beddu, sbiddu, signifiant "être, devenir fou". Il s’agissait sans doute d’un sens secondaire, devenu principal. C’est par transfert métaphorique que le nom du singe, animal connu par ses extravagances, en est venu à désigner le fou.
                En Kabylie, le nom le plus répandu du singe est ibekki, fém. tibekkit’, forme qui semble propre à ce dialecte mais que l’on peut rapprocher à un verbe attesté en touareg :
                beket " se tapir, se blottir de manière à ne pas être vu "sebbeket" faire se tapir "abki, pl. ibkiten " fait de se blottir ", asebbeki, pl. isebbeka "gîte d’un animal sauvage" et, par extension, tisebbeka "embuscade".

                l Le chacal
                Cet animal est sans doute le plus répandu au Maghreb, c’est aussi le plus célèbre du folklore dans lequel il représente la ruse et la débrouillardise, à l’instar du renard dans la littérature populaire européenne. Son nom est commun à plusieurs dialectes, à l’exception du touareg qui emploie un terme propre.
                -weccin " chacal " (Ghdamès)
                -uccen " chacal " (Nefousa, Sned)
                -uccen " chacal " fém. tuccent (Mzab)
                -uccen " chacal " tuccent " femelle du chacal, p. ext. effondrement du sol, fissure dans les parois " (Ouargla)
                -uccen " chacal " fém. tuccent (Maroc central, Chleuh, Rifain, Chaoui)
                -uccen " chacal " tuccent " femelle du chacal, p. ext. fissure, lézarde dans les parois des murs " (Kabyle) ;
                Le nom a fourni de nombreux toponymes et il est utilisé comme nom propre de famille, dans tous les pays du Maghreb, même dans les régions arabophones.

                l Le renard
                L’“homologue’’ du chacal, le renard, ne jouit pas, lui, d’une telle notoriété : il apparaît rarement dans les récits, et son nom, on le comprend, n’est pas très répandu. Le kabyle, le chleuh et le Maroc central emploient, cependant, une dénomination commune, abaragh, sans doute dérivé de awragh ‘’jaune’’, par référence à la couleur fauve de sa pelisse.

                l L’hyène
                Comme partout dans le monde, cet animal charognard a mauvaise réputation, considéré notamment comme porte-malheur. Son nom, qui semble d’une grande antiquité, est aussi répandu que celui du chacal :
                -fis " hyène " fém. tifist (Nefousa)
                -ifis " hyène " fém. tifist (Sned, Mzab, Maroc central, Chleuh, Rifain, Kabyle, Chaoui)

                Le touareg emploie aridal, fém. taridalt qui pourrait être non pas le nom de l’animal mais son sobriquet. Le mot signifie, en effet, dans quelques dialectes (Maroc central, Rifain) " boiteux ", avec un verbe sridel " boiter " (Rifain).

                l Le mulot, la belette
                Les dénominations divergent d’un dialecte à un autre. Une seule est commune à deux dialectes relevant d’aires différentes :
                -tadghagha " mulot, rat de palmier " (Ouargla)
                - tadghaghat " belette, fouine " (Kabyle)

                Le nom peut-être rapporté à un verbe attesté en touareg, deghideghi "trottiner" relevé également dans les parlers du Maroc central sous la forme deghidgey "chercher, fouiller avec anxiété, p. ext. être agile" et l’arabe dialectal l’a emprunté sous la forme deghdegh ‘’chatouiller’’

                l Le hérisson
                Comme le chacal, le hérisson est un animal familier du folklore et de la littérature populaire maghrébine, qu’elle soit d’expression berbère ou arabe. Comme le chacal, avec qui il est souvent confronté, il représente la ruse, la finesse et l’intelligence mise au service du mal. Le nom est commun à plusieurs dialectes, avec souvent la chute de la première radicale :
                -ekenesi " hérisson ", fém. tikenesit (Touareg)
                -akkunsi " hérisson " (Ghadames)
                -insi " hérisson " fém. tinsit (Ouargla, Maroc central)
                -insey, inisi " hérisson " fém. tinseyt (Rifain)
                -inisi " hérisson " fém. tinisit (Kabyle)
                -insi " hérisson " fém. tinsit (Chaoui)

                Le nom est peut-être en rapport avec le verbe knes " se quereller, se disputer " attesté en touareg et en ghadamsi.

                7.2.1.6. rat, souris
                Le nom est commun à la plupart des dialectes considérés, à l’exception du touareg.
                -gardi, agerdi " souris " (Nefousa)
                -agerdi " rat " (Siwa)
                -agherda " rat, souris ", fém. tagherdayt (Ouargla, Mzab, Maroc central, Chleuh, Rifain, Kabyle, Chaoui)

                M.A HADDADOU
                (A suivre)


                Pour Malik94 et Tiziri77: http://www.depechedekabylie.com/qsearch.php

                En Kabylie et à Alger il y a beaucoup de livres qui se vendent dans ce domaine

                Commentaire


                • #9
                  Trés interressant. Mais dis ce berbére, ce serait du plutot du berbére comment dire...littéraire? Parce que le berbére que j'entends ne ressempble pas tout à fait à ça...

                  Commentaire


                  • #10
                    Trésor de la langue berbère

                    Trésor de la langue berbère , Le vocabulaire des animaux (3)

                    Le nom de l’oiseau et celui du serpent sont communs à la plupart des dialectes. C’est peut-être l’indice d’anciennes pratiques magiques communes aux sociétés berbères.

                    Des pratiques magiques liées aux oiseaux, on citera l’ornithomancie ou la divination par le vol, le cri et les entrailles des oiseaux, la fameuse t’ira des Kabyles, déjà dénoncée dans l’antiquité par Saint Augustin, proscrite par l’Islam, mais longtemps pratiquée. Quant au serpent, il tenait une place particulière dans les rites de fécondité : associé à la fertilité de la terre, il était tantôt vénéré, tantôt craint et combattu.

                    Les oiseaux
                    Le nom générique de l’oiseau est commun à la plupart des dialectes berbères. Il relève d’une racine GD’D’, et il est réalisé sous différentes formes :
                    -ajd’did’ (touareg, mzab, Ouargla, rifain) , agd’id’ (ghadames), ajet’it’ (Nef)
                    acîiî "oiseau" (Siw, Skn), agd’id’ (kabyle, chaoui, Maroc central etc.)
                    Le nom semble dériver d’un verbe signifiant "sauter, voler, s’envoler", attesté en touareg, egged’ et en ghadamsi, ekked’. Les parlers touaregs du Niger possèdent un nom d’agent, emajjad, avec le sens de "volatile, animal volant". Signalons qu’en kabyle l’oiseau femelle, tagd’it’ a donné son nom à une maladie enfantine la dysenterie. Selon la légende, une oiselle a battu son fils sous le regard amusé des femmes qui ne firent rien pour l’empêcher de le tuer : l’oiseau a alors juré de s’en prendre, à chaque fois que cela lui était possible, aux enfants des humains et de les tuer.
                    Quelques espèces d’oiseaux ont des noms communs.

                    Hirondelle
                    - tafilellest, tifirellest "hirondelle" (kabyle)
                    - tafelillest "hirondelle" (ghadames, siwa)
                    - teflillist "hirondelle" (nefousi)
                    - taflillist "hirondelle" (mzab)
                    - taslallaft "hirondelle" (Ouargla)
                    - taflilist "hirondelle" (aflillis "animal rapide placé, à l’extérieur de l’attelage dépiquant les céréales") (Maroc-central)
                    - tiflellust "hirondelle" (chleuh)
                    - tifredjdjest "hirondelle" (rifain)
                    - tifilillest "hirondelle" (chaoui)

                    Aigle, vautour
                    Un mot est commun à quelques dialectes. Il désigne parfois des espèces différentes mais le mot a partout le sème commun "oiseau de proie .
                    - igider, ijider "aigle, vautour, milan, oiseau de proie" (kabyle)
                    - eheder, ejadar "aigle" (touareg)
                    - igider "aigle, vautour" (Maroc-central)
                    - gider, ijidar "vautour, aigle" (chaoui)

                    Buse, milan, oiseau de proie
                    - tamedda "buse" ameddiw "buse, épervier, oiseau de proie" (kabyle)
                    - tamidda "nom d’un oiseau de proie" (touareg)
                    - timdi "buse" amedda "milan" (Maroc-central)
                    - tamedda "épervier" (rifain)

                    Corbeau
                    - tagerfa "corbeau, corneille" agerfiw "corbeau, corbeaux (col.)" (kabyle)
                    - udjerf "corbeau" (ghadames)
                    - tejarfi "corbeau" (nefousi)
                    - tjarfi "corbeau" (sokna)
                    - ajerfi "corbeau" tajerfit "corbeau, corneille" (Ouargla)
                    - tjarfit "corbeau" (rifain)
                    - jarfi "corbeau" (chaoui)

                    Hibou, chouette
                    - tawik "chouette" (touareg)
                    - tiyukt "chouette" (siwa)
                    - tawikt "hibou, chouette" (Maroc-central)
                    - tawukt "hibou, grand duc" (chleuh)
                    Le kabyle emploie des termes propres : awi’ruf, littéralement "savant, qui connaît", sans doute un euphémisme, l’animal étant porte-malheur, et une onomatopée : bururu..

                    Les reptiles
                    Le nom du serpent diffère d’une aire à une autre. Un seul mot est commun à quelques dialectes :
                    - figher "serpent, reptile, vers intestinaux" (mzab, Ouargla)
                    - ifigher "serpent, reptile" tifighra "vipère, couleuvre" (Maroc-central)
                    - ifighar "serpent" (rifain)
                    - figher " serpent" (chaoui)
                    Le kabyle emploie azrem, sans doute de az’rem ‘’boyau’’. Le mot commun, ifighar, est attesté dans la toponymie (ifigha), le même mot semble entrer en composition dans la formation du nom du "crabe" dans ce dialecte, ifiraghqes, composé probable de ifigha et eqqes "piquer". Le touareg emploie accel pour désigner le serpent en général. Le diminutif, taccelt, désigne la vipère. Le mot se retrouve en mozabite, taccelt, avec le même sens. C’est un autre mot qui désigne, dans les autres dialectes.

                    La vipère
                    - talefsa, tanefsa "vipère" (kabyle)
                    - talifsa "vipère" (ghadames, Ouargla, mzab)
                    - telifsa "vipère" (nefousa)
                    - talifsa "vipère" alefsa "crapaud" (Maroc central)
                    - talefsa, tarefsa "vipère" (rifain)
                    - talefsa "vipère" (chaoui)

                    Le mot est peut-être à rattacher à un verbe, elfes, attesté en touareg avec le sens d’"aplatir, être aplati", par référence à la forme aplatie de la tête du reptile.

                    Les batraciens
                    Un seul batracien, la grenouille, porte un nom commun :
                    - adjeru "grenouille" (touareg)
                    - a’âedjdjur " grenouille " (ghdames)
                    - ajru "grosse grenouille" tajrut "petite grenouille, reinette" (mzab, Ouargla)
                    - agru, ajru "grenouille, crapaud" (Maroc-central)
                    - agru "crapaud" (chleuh)
                    - ajru "grenouille" (rifain, chaoui)
                    Signalons que ce mot est passé dans l’arabe dialectal maghrébin, sous la forme djrana. En kabyle, on emploie un mot provenant d’une onomatopée : amqaqur, par référence au cri de l’animal. Signalons que l’animal est sacré et qu’il est interdit de le mettre à mort. C’est sans doute ce caractère sacré qui a fait que son nom est subsisté chez les populations arabisées.

                    Les poissons

                    Le vocabulaire des poissons est très varié et chaque région côtière possède son propre vocabulaire.
                    Nous reviendrons plus tard, dans un article spécial, sur ce vocabulaire.
                    Signalé, ici, que le nom générique de l’animal est commun à tous les dialectes, y compris le Sahara.
                    - asûlmay "poisson" tasûlmit "arête de poisson" (touareg)
                    - aslem "poisson" taslemet "petit poisson, p. ext. muscle du bras" (Maroc central)
                    - aslem "poisson" (kabyle, chleuh,)
                    - asrem "poisson" (rifain)

                    - Depeche de Kabylie

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