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Amina ne sera pas le Bouazizi du Maroc

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  • Amina ne sera pas le Bouazizi du Maroc

    Le tragique suicide d'une adolescente marocaine, Amina, 16 ans, mariée à son violeur avec le consentement d'un juge, est un électrochoc pour un pays qui disait avoir résolu une année d'agitation sociale par des réformes. Le fait-divers a aussi bouleversé les blogosphères étrangères mais Amina ne sera pas le Bouazizi du Maroc. En s'immolant par le feu en décembre 2010 Mohamed Bouazizi était devenu le déclencheur de la révolution tunisienne.

    Un nouveau compte s'est ouvert sur Twitter le 17 mars. @RipAmina (repose en paix, Amina). Bio : "Je suis une charmante fille de 16 ans, qui cherche un gentil pervers ou violeur de préférence pour Mariage et plus si affinité". Le bon gout des réactions est secondaire, dans les réactions à la barbare affaire Amina. Une jeune fille de 16 ans a été mariée de force avec l'homme qui avait abusé d'elle et avec la bénédiction juridique d'un juge du tribunal de Larache - près de Tanger - et depuis le 10 mars, les réactions surTwitter sous le mot-clé #ripamina (repose en paix Amina) débordent d'émotion et de colère.

    L'article 475 du code pénal

    Le webzine marocain Exceptionnelles résume le processus judiciaire inique qui a conduit au suicide d'une jeune fille d'une famille modeste après son union forcée avec Mustapha, de dix ans plus âgé qu'elle :"S’empoisonnant avec de la mort-au-rat, la victime a voulu mettre fin à son calvaire après avoir été contrainte d’ épouser son violeur. Aux termes de la loi, le viol est puni de 5 à 10 ans de prison, et cette peine est de 10 à 20 ans en cas de viol sur des mineurs. Mais Mustapha, toujours libre, a pu éviter sa condamnation par la justice en s’aidant de l’article 475 du code pénal, selon lequel: "Lorsqu’une mineure nubile ainsi enlevée ou détournée a épousé son ravisseur, celui-ci ne peut être poursuivi que sur la plainte des personnes ayant qualité pour demander l’annulation du mariage et ne peut être condamné qu’après que cette annulation du mariage a été prononcée".
    Amina n'était pas un cas isolé. Le journal marocain La vie éco a publié sur son site un enquête et des témoignages d'autres femmes mariées dans ces circonstances : "'Elles vivent avec leur violeur".

    Le gouvernement, après la réforme constitutionnelle de 2011 et l'élection qui a porté le parti islamiste Justice et Vérité au gouvernement a fait acte de présence à la télévision avec Mme Hakkaoui, ministre des femmes, et a promis de réexaminer la loi. Un instant, devant la virulence de l'émotion tant au Maroc que dans les diasporas, on a pu se demander si Amina allait être le Mohamed Bouazizi du Maroc. Si c'est le cas, ce ne sera pas une trainée de poudre. Seulement 300 personnes se sont déplacées pour un sit-in de protestation devant le parlement de Rabat le samedi 17 mars.

    Préjudice d'image

    Sur le Net, avec une moyenne de 200 commentaires révulsés sous les statuts Facebook mentionnant l'affaire, comme celui de "La revue de Kenza", ou sur le site de Al Jazeera, et des centaines de blogs s'indignant sur l'affaire dans le monde entier, l'indignation boue, partout, contre cet aspect soudain dévoilé d'un Maroc vu comme plutôt progressiste. Des images sur CNN de la manifestation de Rabat, une pétition sur le site international d'activisme Avaaz, ont alors provoqué un bombardement de tweets sur le compte Twitter du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, (@benkiraneabdel) qui n'a pas réagi.

    Sans doute las de cette déferlante d’opprobre, un juriste marocain a alors publié sur son blog une explication érudite de cette loi, qui descendrait du droit de l'Ancien régime français, "le rapt de séduction", réservée à l'époque aux jeunes amoureux voulant se marier sans le consentement parental. Ce qui lui a valu, parmi des éloges, ce commentaire : "Lutter contre la “pollution coloniale” de la société, oui, sans doute mais pas n’importe comment".

    En Tunisie, en Egypte, le sort d'Amina a aussi mobilisé les blogueuses. Egyptian Chronicles a découvert à quel point l'article de loi qui a conduit à la mort d'Amina était intégré à la vie courante.


    "Je viens d'apprendre qu'il existe une série télé turque appelée "Fatimah" où Fatimah, l’héroïne, est violée par quatre jeunes hommes et forcée d'épouser l'un d'entre eux !! Les filles en Égypte et dans le monde arabe trouvent beau le type qui a violé puis épousé Fatimah parce qu'il est mignon, elles prennent même sa défense !! Bien sûr, à la fin, on apprendra qu'il n'avait pas commis ce viol, mais elles ne le savent pas encore !!"

    Deux jours avant le suicide d'Amina, à l'occasion de la Journée de la femme, des Iraniennes exilées avait publié un manifeste-choc, le "calendrier des Iraniennes", en posant nues pour leurs droits, avec un slogan : "Je ne suis pas l'honneur de quelqu'un".

    Atlantico.fr
    veni vidi vici .
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