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Le Pakistan s'accroche à la croissance

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  • Le Pakistan s'accroche à la croissance

    Bonjour, avec 165 millions d'habitants, le Pakistan, un pont entre le Moyen Orient et l'Asie a tout pour plaire, surtout pour les investisseurs Emiratis.
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    En cinq ans le Pakistan s'est hissé dans le club des dragons d'Asie. Islamabad a besoin d'améliorer le niveau de vie de la population pour contenir les poussées extrémistes. Mais la bataille est loin d'être gagnée.

    La filière textile et vêtement est le pilier de l'économie pakistanaise, elle concentre 60% de ses exportations et emploie le tiers de sa main-d'oeuvre. L'année dernière, le pays a affiché une croissance de 8,3%.

    UNE NORIA de mannequins défile sur un fond de musiques ethniques... Pendant la dernière soirée de mars Karachi a oublié ses violences quotidiennes pour devenir la vitrine mondiale de la mode. L'avant-garde du stylisme pakistanais s'était donnée rendez-vous sous un chapiteau de toile blanche pour présenter ses créations à 800 professionnels venus d'Europe et des États-Unis. La «gentry» de Karachi s'était aussi invitée pour goûter ce moment de fraîcheur et de luxe après des semaines de manifestations sanglantes contre les caricatures de Mahomet. A l'entrée du chapiteau une garde prétorienne imposait sa présence pour rassurer les professionnels invités à grand prix. «Personne ne s'est porté volontaire pour m'accompagner» se souvient Antonio Barberi Ettaro, consultant international dépêché à cette deuxième édition d'«Expo Pakistan 2006» par l'Association néerlandaise de l'habillement.

    Point d'orgue de la soirée, le président Pervez Musharraf a tenu à adresser à ses visiteurs un message de bienvenue très personnel : «Vous êtes nos meilleurs alliés pour lutter contre le fondamentalisme et le terrorisme» leur a-t-il lancé. Un slogan tout militaire repris à l'unisson par la classe politique. «Ou bien le Pakistan continue à attirer les investissements étrangers et à améliorer les conditions de vie des plus pauvres. Ou bien leur nombre va augmenter et allonger le cortège des exaltés qui prient toute la journée dans les mosquées», explique un expatrié français à Karachi. D'où les exhortations du général : «c'est maintenant qu'il faut investir au Pakistan alors que l'économie va bien !».

    Le constat est juste. Au bord de la faillite, il y a cinq ans, «l'ex-État paria» a affiché l'année dernière une croissance de 8,3%, un taux parmi les plus élevés au monde derrière celui la Chine. Et cette année (l'exercice en cours s'achève à la fin de ce mois) devrait se terminer sur une augmentation du PIB de 7%.

    Ce petit miracle récompense la stabilité politique imposée par le général Musharraf depuis son coup d'État de 1999. Son premier ministre Shaukat Aziz, ancien banquier international, pousse à la roue par sa politique d'inspiration «thatcherienne» mâtinée de planification du développement.

    Une renaissance économique

    Reste que cette soudaine renaissance économique s'explique surtout par les conséquences inattendues des attentats du 11 septembre 2001. Les États-Unis et l'Europe ont levé toutes leurs sanctions à l'égard du Pakistan. Washington a accordé une aide de 600 millions de dollars pour rembourser les dettes les plus urgentes, et effacé une ardoise de 1,5 milliard. Le Congrès y a rajouté en 2004 une enveloppe de 3 milliards de dollars d'aide économique et d'assistance militaire échelonnée sur cinq ans.

    Rassurés par ce retour en grâce international, les banquiers islamiques accourent à Islamabad. Le Pakistan a levé 500 millions de dollars en 2004, puis 600 en 2005 et encore 800 millions il y a moins de deux mois dont une tranche de 300 millions à trente ans ! «Quel signe plus éclatant du retour de la confiance !» s'extasie un diplomate français à Karachi qui avait regretté «le départ du Crédit agricole Indosuez, et de la Société générale».

    La diaspora pakistanaise est elle aussi sur le retour. Avec en tête du cortège les expatriés vivant aux États-Unis. Plus de 4 milliards de dollars sont rentrés au pays au cours des onze derniers mois. D'où le bourgeonnement des chantiers dans le quartier chic de Clifton sur le front de mer, et le triplement des prix de l'immobilier ces trois dernières années.

    La suite...
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    La Bourse flambe

    Sans oublier la Bourse qui flambe. Au cours des douze derniers mois le «Karachi Stock Exchange 100 index» a fait un bond de plus de 50%. En cinq ans il a été multiplié par 7, une performance supérieure à celle des plus dynamiques marchés émergents tels que ceux du Brésil, de la Russie, de l'Inde ou de la Chine.

    Plus fertilisants pour l'économie, les investissements directs étrangers (IDE) affluent : entre juillet et février dernier, ils ont atteint 2 milliards de dollars. «On parviendra à 3 milliards cette année», répète à ses visiteurs étrangers Shaukat Aziz. Un montant égal à près de la moitié de celui des IDE reçus par l'Inde en 2005 dont la population est 6 fois celle du Pakistan...

    Reste que ce décollage est encore fragile. Depuis le 11 septembre 2001 «les capitaux venus de l'étranger ont représenté près de 8% du PIB par an», a calculé Shahid Javed Burk, un économiste qui relativise l'ampleur du dynamisme local dans ses chroniques au quotidien Dawn. Selon lui, la croissance intrinsèque du pays, hors capitaux étrangers, privatisations et soutien de la politique budgétaire et monétaire, n'aurait pas dépassé 3,5% ces dernières années. De fait, les investissements privés stagnent alors que les dépenses publiques ont fait un bond de 42% l'année dernière. Ce budget de relance massif, conjugué a l'explosion du crédit à la consommation, a permis aux dépenses des ménages de progresser de près de 17% sur les trois dernières années !

    Au prix d'une remontée du déficit public, d'une inflation qui ne désarme pas et d'une forte dégradation de la balance commerciale. Et même à ce prix le chemin du développement promet d'être long : compte tenu d'une démographie galopante (autour de 2% par an !), le revenu par tête n'a finalement progressé que de 5,9% sur les trois dernières années.

    Antonio Barberi est pourtant rentré à Amsterdam rassuré et confiant en ce qui concerne le potentiel d'affaires à Karachi. L'industrie du vêtement du Pakistan a «un vaste potentiel pour augmenter ses parts sur le marché hollandais», a-t-il déclaré à ses interlocuteurs. Mais pour l'heure, il ne leur a fait qu'une seule promesse : revenir une autre fois avec une délégation de professionnels hollandais.

    Georges Quioc
    13 juin 2006 Le Figaro
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