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Il faut élire le ministre de l'intérieur, pas l'APN

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    Il faut élire le ministre de l'Intérieur, pas l'APN

    Le chroniqueur s'est toujours demandé comment le régime algérien allait sauver la mise le 10 mai prochain, date de vos élections ? Comment va-t-il essayer de ne pas trop frauder, tout en laissant passer les islamistes, tout en gardant la main haute sur la nation et la propriété, tout en exportant des élections propres et honnêtes validées par des observateurs étrangers ? Car, il ne faut pas oublier qu'ici en Algérie, il y a de l'avance sur le retard du monde arabe : on sait comment faire des élections prêt-à-exporter et on sait que les islamistes sont une menace quand ils sont nombreux. «Un ça va, mais, c'est quand ils sont nombreux que les choses se gâtent» dit, en secret, le régime en reprenant la phrase d'un ministre français à propos des immigrés.

    Donc, avec le temps, le chroniqueur s'est dit que quelqu'un a dû sûrement trouver la solution de l'énigme, la clé de la situation qui permet de faire élire des opposants et des élus non contrôlés, et de revendre ces élections sans rien perdre des pouvoirs du Pouvoir. Et l'explication était là, sous le nez : ce qu'il fallait faire, c'était d'augmenter l'intrigue sur les apparences, de monter une tension sur les prochaines législatives, le corps électoral, la menace de retrait des islamistes, l'inflation des agréments pour fixer les regards sur la peinture et s'occuper du reste, sous la peau de tous. Pendant ce temps, l'essentiel se fait donc ailleurs : concocter et faire passer des lois qui font en sorte que même si vous élisez Gandhi et même si les islamistes passent en majorité, ils seront majoritaires dans une assemblée où des assemblées de wilayas, sans pouvoirs, sans réelle puissance et sans incidence sur la mécanique intestinale du pays et la distribution de sa rente et de ses butins. La solution était de permettre une assemblée opposante mais en même temps une assemblée inutile. Du coup, cela fait bien à l'internationale, sans faire du mal en local. En preuve ? Le nouveau code de wilaya interdit, par exemple, l'audition du wali par des élus. Une assemblée de wilaya doit avoir l'accord du ministre de l'Intérieur pour créer une commission d'enquête. Le wali a le droit d'annuler toutes délibérations menées par l'APW.

    Par ailleurs, toute décision concernant le foncier, les budgets, les comptes, les allocations, les jumelages avec des communes tierces, la gestion de dons étrangers et de budgets de soutien, tout cela ne peut être avalisé sans la signature du ministre de l'Intérieur. Le nouveau code est entré en vigueur cette semaine, derrière le dos de tous, pendant que tous ont les yeux rivés sur le montage de la scène et les acrobates et les jongleurs.

    Et c'est là que le chroniqueur a compris : la solution et de remplir l'assemblée avec des élus et de la vider de ses pouvoirs. Ainsi, tout le monde sera content : les élus, les islamistes, le monde international, l'ONU, Bouazizi, le printemps arabe, etc. Sauf, bien sûr, ceux qui veulent que ce pays soit gouverné par les siens et pas par ses seigneurs féodaux.

    La solution à cette arnaque intelligente de la démocratie contrôlée ? Simple : demander à élire le ministre de l'Intérieur et laisser le Pouvoir désigner les élus de l'assemblée. C'est plus utile, plus efficace et plus intelligent.


    par Kamel Daoud


    Le Quotidien d'Oran

    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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