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Aziz Ridouan cheville ouvrière de la Ségosphère

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  • Aziz Ridouan cheville ouvrière de la Ségosphère

    ce militant pour la liberté d'échanger les films sur internet,jeune issu de l'immigration participe a la compagne de segolene royal sur internet,en compagnie du fils du couple royal-hollande.

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    Retenez bien son nom. Pas parce qu'il est le protégé de Ségolène Royal, SR dans le répertoire de son portable (500 numéros, dit-il). Il a fait irruption avant qu'elle ne prenne ses grands airs de candidate. C'était à l'Olympia, il y a deux ans, un jour de conférence de presse, les patrons des puissantes compagnies de disques annonçaient que tout petit malin qui télécharge pourrait être poursuivi. Lui s'est faufilé. Sa bande d'internautes s'était cotisée pour lui payer le billet de train Saumur-Paris. Entre deux questions, il a demandé le micro, s'est levé et a dit:«Je m'appelle Aziz Ridouan, je suis lycéen. Je télécharge de la musique et des films. Je vis avec ma maman qui gagne l'équivalent du RMI. Je ne veux pas aller en prison.» Il avait 16 ans. Sa carrière était lancée. Il a quelque chose à la place de la peur, un élastique cousu à la volonté, ou bien un ressort sous les baskets, quelque chose qui ne surgit que rarement à cet âge-là.


    Aziz Ridouan a toujours son ordinateur sur le dos. L'écran est constellé de petites fenêtres, qu'il ouvre et ferme à toute vitesse. L'ordinateur est sa fenêtre. «C'est son ouverture d'esprit», dit sa soeur Nadia. Il l'a réclamé à 11 ans. Il avait rencontré l'écran à l'école, un petit Mac tout d'un bloc, une antiquité comme en recueille souvent l'Education nationale. L'instituteur avait demandé aux élèves d'écrire un poème et de le taper. «On était tous attirés par le mot "police", mais il nous faisait peur, moi j'ai cliqué... et on a découvert des tas d'écritures.» Alors, chez lui, il a insisté, tout en sachant ce que ça coûtait. HLM. Mère seule, femme de ménage, quatre enfants, père parti vivre à Nice après le divorce. Il était petit. «A la sortie de la maternité», dit la mère. «Mon père, je ne le vois pas, mais je m'en fiche », dit-il. Il a insisté pour l'ordinateur. Sa mère a cédé. Elle a demandé un prêt à la consommation. «Le seul qu'elle ait jamais fait.» L'Internet fut rapidement installé et c'est ainsi que les journaux entrèrent au quatrième étage de l'immeuble de Doué-la-Fontaine. A 12 ans, un an plus tard, Aziz était cité dans les médias français et américains. En quelques mois, il avait monté une association contre son fournisseur d'accès qui s'autorisait des déconnections, organisé côté français la fronde contre AOL, sommé de récupérer ses CD publicitaires et de les recycler, et dénoncé PèreNoël.fr, qui n'honorait pas son carnet de commandes.

    Aujourd'hui, Aziz Ridouan vit seul avec sa mère depuis deux ans. Il a sa chambre pour lui, les aînés sont partis, vers la pharmacie, l'armée et le tourisme. Il a l'allure d'un jeune homme pas encore sorti de l'adolescence, plus près du premier de la classe que du dragueur en scooter. Chez lui, le mot «ami» peut désigner un internaute qu'il n'a jamais rencontré. Il est à la tête d'une association, les Audionautes, petit coup de génie devenu porte-voix des pirates.

    Quand Ségolène Royal l'a rencontré en mars dernier, elle faisait comme tout le monde. Il avait déjà été chez Sarkozy, UMP * rue La Boétie, le temps d'une table ronde sur le droit d'auteur. Pascal Rogard, président de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), en était et se souvient qu'Aziz n'a pas dit un mot pendant la réunion et beaucoup parlé ensuite devant les caméras : «Il est à l'aise, sympa, pas terroriste. Il est mûr et... il a le sens des médias.»La figure du gamin parmi l'élite vieillissante et larguée est évidemment porteuse. Tous l'ont compris, l'intéressé le premier. L'assistante de Sarkozy, trop contente de voir passer un jeune internaute au grain de peau marocain, lui demanda d'où venait sa mère, et ce qu'il pensait de la discrimination positive. Mais le jeune lobbyiste, qui traînait ses guêtres à l'Assemblée, rencontrait sénateurs, députés et ténors, frayait déjà avec la gauche. «Est-ce un internaute qui fait de la politique, ou un politique qui fait de l'Internet ?» se demande Razzye Hammadi, patron du Mouvement des jeunesses socialistes (MJS). Petit, il insultait les hommes politiques qu'il voyait à la télé, preuve d'intérêt plus que de répulsion. Il est passé par le MJS. Aussi par l'UNL, syndicat lycéen proche du PS, qui a fini par l'exclure. «Pour haute trahison», dit-il en rigolant. Les jeunes syndicalistes rigolent moins. Ils racontent un personnage «de plus en plus construit», «une grosse tête qui va se prendre un mur», qui menaça de verrouiller le site du syndicat, dont il avait les clés et les codes, et qui le jour de son exclusion se présenta avec un avocat. Aziz Ridouan, en première économique et social au lycée Duplessis-Mornay de Saumur, ne fut d'ailleurs pas très actif contre le CPE. «J'étais occupé à autre chose.» Il y avait le droit d'auteur. Et aussi LE besoin d'une voie personnelle. «Sur le fond, je suis un pragmatique.»

    Il avait tout pour s'entendre avec Ségolène Royal. Elle fut la plus habile. «C'est la seule qui m'a convaincu. Chez les autres, j'entendais les mêmes mots, la même prudence. Elle réagit illico, elle me raconte ses enfants qui téléchargent et qui, du coup, découvrent des groupes, des concerts... Les autres me proposaient de les rejoindre, pas elle. Je n'ai pas reçu d'offre de recrutement.» Le fonceur est parfois naïf. C'est lui qui a rappelé pour proposer ses services «sur tous types de sujet». Elle a vite laissé un message sur son répondeur pour dire qu'elle était ravie qu'il «souhaite s'engager pour l'intérêt général». Que sa championne soit très mère de famille ne peut que rassurer ce petit dernier tout juste majeur, veillant sur sa mère, qu'il laisse de plus en plus seule. Les récentes paroles sécuritaires de Ségolène ne l'embarrassent pas. «Elle veut sortir les jeunes de leur cité pour qu'ils finissent ailleurs qu'en prison. Elle parle aux gens. Quand je vois Ségolène Royal, je vois ma mère. Elle se dit : "Qu'est-ce que je ferai pour mes enfants ?"» Il ne prononce aucun mot qui le rattache à la communauté des fils d'immigrés. Contrairement à ses frères et soeurs, il a très peu joué en bas de l'immeuble avec les autres. «Il n'était jamais dehors, se souvient sa soeur, il était avec l'ordinateur. Tout le monde disait qu'il était solitaire. Ce n'est qu'après qu'on a compris qu'avec l'Internet il s'était fait plein d'amis.»

    Il est une des chevilles ouvrières de la Ségosphère, «bientôt en ligne», qui promet des blogs, du débat, et annonce d'ores et déjà le premier ségo-café. Il y travaille avec Thomas, le fils aîné du couple Royal-Hollande. «Je n'ai pas d'attribution précise, on est une petite équipe chargée de créer un réseau jeune basé sur l'Internet.» Toutes les semaines, ils se retrouvent à 5 ou 6, font des synthèses, réfléchissent au futur site, et à comment rajeunir la mère de famille. «On veut des trucs fun et faire des choses qui l'influencent.» Lui est un adepte des choses sérieuses. Il ne se définit pas par la musique qu'il écoute, «de tout sauf du rap». Il aime les séries américaines, notamment West Wing, virtuose ballet dans les couloirs de la Maison Blanche. Il continue de télécharger et prévoit de devenir avocat. Le jour de la conférence de presse qui le vit surgir parmi les journalistes à l'Olympia, Pascal Nègre, président d'Universal France, lui répondit (il cite de mémoire) : « Les petites filles rêvent de 253 diamants. Au final, elles n'en auront aucun ou peut-être un seul.»

    Le petit Aziz rêvait de sortir de chez lui, et il a réussi.


    http://www.********.com/article-societe-1289.html
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