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Tunisie :Les islamistes lâchent du lest sur l’application de la charia

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  • Tunisie :Les islamistes lâchent du lest sur l’application de la charia

    La société civile tunisienne s’est fortement mobilisée pour faire reculer les partisans d’un État théocratique.

    “Nous considérons que les prochaines élections présidentielles et législatives (ndlr) ne devraient pas dépasser le mois de juin 2013. Il est préférable qu’elles se tiennent le 9 avril ou à la fin du mois de juin, après l’achèvement de l’année scolaire et universitaire”, a déclaré, dans les colonnes du quotidien La Presse, le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, issu du parti islamiste Ennahda, majoritaire au sein de l’Assemblée nationale constituante.
    Ayant annoncé au préalable la réactivation de la Commission électorale indépendante dont il préconise la reconduction de son président, il a en outre souhaité que “l’Assemblée nationale constituante fournisse l’effort nécessaire pour accélérer le processus de rédaction de la Constitution.” Aucune limite officielle n’a été fixée à cette Assemblée mais les principaux partis s’étaient engagés, à l’issue des élections du 23 octobre, à ce qu’elle ne siège qu’un an. Les débats ont néanmoins traîné en longueur en son sein, ayant achoppé sur la nature même du régime à consacrer et sur la délicate question de la place de l’islam dans la future loi fondamentale. Certains députés du parti majoritaire, Ennahda, ainsi que certains autres issus de partis d’obédience islamiste, encouragés par des actions d’éclat menées par des salafistes et d’autres militants islamistes en dehors de l’hémicycle, ont fait un forcing pour constitutionnaliser la charia en vue d’en faire la source privilégiée du droit et de la législation. Après avoir longtemps hésité, comme s’ils observaient et évaluaient les rapports de force en présence, les dirigeants d’Ennahda, son principal responsable en tête, ont fini par renoncer à ce projet aux antipodes des attentes des Tunisiens. De fait, la société civile s’est fortement mobilisée pour faire reculer les partisans d’un État théocratique.

    Très conciliant, comme voulant à tout prix montrer un visage à la fois ouvert et modérateur, il n’a même pas hésité à faire son mea culpa en ce qui concerne le peu d’efficacité de son gouvernement et le retard qu’il a accumulé dans le traitement de nombreux dossiers, comme celui relatif aux victimes de la “révolution.” Concernant la question centrale de l’extrémisme religieux, sur laquelle son parti est souvent accusé de duplicité, le Premier ministre tunisien a eu une réponse qui aurait fait rougir de jalousie un laïc convaincu, si seulement il avait fait référence aux libertés, celles-là même pour lesquelles s’est soulevé le peuple tunisien. “Le combat du Tunisien, ce n’est pas tant de savoir s’il est musulman ou non, mais c’est surtout le travail, le coût de la vie, le loyer, le transport”, a-t-il en effet déclaré. “Il y a en fait deux extrémismes : celui de droite et celui de gauche. Il y a deux salafismes : le salafisme djihadiste et le salafisme de l’anarchie et du chaos”, a-t-il précisé en les rejetant avant de clamer l’attachement des Tunisiens “à la modération et à l’équilibre.”
    Les propos du Premier ministre tunisien sont sans doute à saluer, ne serait-ce que parce qu’ils consacrent une première victoire des partisans d’un État civil, pour respecter la terminologie en cours dans les débats tunisiens.
    Faut-il pour autant que les modernistes croient tout danger écarté ? Il ne le faut surtout pas, car le chemin est encore long et les luttes sans doute encore plus rudes.
    C’est d’autant plus vrai que la Tunisie entre déjà, comme l’a annoncé le Premier ministre lui-même, dans une période préélectorale décisive, puisque ce ne sont rien moins que les élections législatives et présidentielle qui pointent à l’horizon. Et tous ceux qui ont eu affaire aux mouvements islamistes savent combien ils ont le génie de l’humilité, de la modération et de l’ouverture avant chaque scrutin, et combien ils sont capables de volteface en cas de victoire.

    Liberté
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