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Œuvre mémorielle !
Par Hakim Laâlam
Enormément de réactions, hier à la chronique traitant de la vente
des instruments de torture du bourreau de la France coloniale,
Meyssonnier. Entre autres cette lettre que j’ai pris la liberté – avec
l’autorisation de son auteur bien sûr — de vous donner à lire. Elle
exprime parfaitement ce nouvel état d’esprit qui tend merveilleusement
à dépoussiérer de manière salvatrice, parce que sans complexe
et sans concessions, notre rapport à l’histoire et à l’occupant :
Bonjour,
Votre journal, ses journalistes, vous-même, vous êtes ma fierté. En ce qui concerne la repentance, parlons de Saint Leu(*), en plein cœur de la zone industrielle d’Arzew. Faisons connaître ce centre d’internement, de quoi s’agit-il ? Qui étaient les victimes, les tortionnaires, quels instruments de torture, quelles séquelles, où sont les rescapés, faisons-les parler, demander justice. Une démarche rationnelle documentée (pourquoi pas une carte d’Algérie de la torture avec des noms de bourreaux associés à jamais à l’infamie ?), pour redonner dignité et fierté à tous, pour éradiquer hogra et harga. Un seul meurtre jugé et puni vaut mieux que tous les discours. Où est notre Simon Wiesenthal ? Peut-être niche-t-il déjà à la Fondation du 8 Mai 1945 ou à la Fondation de l’émir Abdelkader ? Simon Wiesenthal et d’autres n’ont pas poursuivi l’Allemagne ou le nazisme, mais ils ont traqué les nazis (Barbie, Eichmann,...) où qu’ils soient et les ont emmenés devant la justice pour recevoir leur châtiment. Plus est, les crimes qualifiés de crimes contre l’humanité ou de génocide sont imprescriptibles de juridiction universelle. Je me rappelle, il y a quelques années, l’ENTV a passé un documentaire sur les exactions dans la région de Mostaganem, elle a montré des victimes des tortures perpétrées par les colons sur les habitants dans les cuves, caves,… encore un peu et elle lançait l’enquête et pointait un doigt accusateur vers les bourreaux, beaucoup plus pratique que la France. Car accuser la France reste vague et commode (ou incommode), quelle France ? la France des colons, la France des paras, la France des visas de la honte ou la France de Sartre et des 117, des porteurs de valises, des défenseurs des sans-papiers, de Pasteur, de Camus… ne serait-on point mûrs, ou notre perte de dignité, d’humanité est consommée ? On veut nous le faire croire, non, non et non ! Car sur terre, il y a une seule espèce : Homo sapiens. Je suis confiant, le jour viendra.
Cordialement à vous,
Mustapha Rahmani
*Bethioua (ex-Saint Leu).
Voilà cette missive de lecteur, ce cri du cœur. Je me permets juste d’ajouter que je suis à titre personnel favorable à la… vente de la collection des instruments de torture du bourreau Meyssonnier. Oui ! Parfaitement ! Mais à une condition. Que l’Algérie des 200 milliards de dollars de réserves de change, l’Algérie du pétrole et du gaz aille à cette foutue vente aux enchères et acquière tout le lot ! Qu’elle le rapatrie ici, en Algérie, où ces instruments ont torturé les nôtres. Et que les jeunes générations qui n’ont pas vécu cette période puissent enfin aller voir, se recueillir dans ce mémorial entièrement dédié à l’«œuvre civilisatrice» de Fafa. Mieux ! Que ce mémorial soit inscrit comme étape obligée lors des visites officielles de chefs d’Etat, de responsables et de personnalités débarquant de l’étranger. L’œuvre mémorielle, c’est aussi cela ! En attendant que ce «rêve» puisse se réaliser un jour, fumons du thé et restons éveillés, le cauchemar continue.
Le Fumeur de thé
Par Hakim Laâlam
Enormément de réactions, hier à la chronique traitant de la vente
des instruments de torture du bourreau de la France coloniale,
Meyssonnier. Entre autres cette lettre que j’ai pris la liberté – avec
l’autorisation de son auteur bien sûr — de vous donner à lire. Elle
exprime parfaitement ce nouvel état d’esprit qui tend merveilleusement
à dépoussiérer de manière salvatrice, parce que sans complexe
et sans concessions, notre rapport à l’histoire et à l’occupant :
Bonjour,
Votre journal, ses journalistes, vous-même, vous êtes ma fierté. En ce qui concerne la repentance, parlons de Saint Leu(*), en plein cœur de la zone industrielle d’Arzew. Faisons connaître ce centre d’internement, de quoi s’agit-il ? Qui étaient les victimes, les tortionnaires, quels instruments de torture, quelles séquelles, où sont les rescapés, faisons-les parler, demander justice. Une démarche rationnelle documentée (pourquoi pas une carte d’Algérie de la torture avec des noms de bourreaux associés à jamais à l’infamie ?), pour redonner dignité et fierté à tous, pour éradiquer hogra et harga. Un seul meurtre jugé et puni vaut mieux que tous les discours. Où est notre Simon Wiesenthal ? Peut-être niche-t-il déjà à la Fondation du 8 Mai 1945 ou à la Fondation de l’émir Abdelkader ? Simon Wiesenthal et d’autres n’ont pas poursuivi l’Allemagne ou le nazisme, mais ils ont traqué les nazis (Barbie, Eichmann,...) où qu’ils soient et les ont emmenés devant la justice pour recevoir leur châtiment. Plus est, les crimes qualifiés de crimes contre l’humanité ou de génocide sont imprescriptibles de juridiction universelle. Je me rappelle, il y a quelques années, l’ENTV a passé un documentaire sur les exactions dans la région de Mostaganem, elle a montré des victimes des tortures perpétrées par les colons sur les habitants dans les cuves, caves,… encore un peu et elle lançait l’enquête et pointait un doigt accusateur vers les bourreaux, beaucoup plus pratique que la France. Car accuser la France reste vague et commode (ou incommode), quelle France ? la France des colons, la France des paras, la France des visas de la honte ou la France de Sartre et des 117, des porteurs de valises, des défenseurs des sans-papiers, de Pasteur, de Camus… ne serait-on point mûrs, ou notre perte de dignité, d’humanité est consommée ? On veut nous le faire croire, non, non et non ! Car sur terre, il y a une seule espèce : Homo sapiens. Je suis confiant, le jour viendra.
Cordialement à vous,
Mustapha Rahmani
*Bethioua (ex-Saint Leu).
Voilà cette missive de lecteur, ce cri du cœur. Je me permets juste d’ajouter que je suis à titre personnel favorable à la… vente de la collection des instruments de torture du bourreau Meyssonnier. Oui ! Parfaitement ! Mais à une condition. Que l’Algérie des 200 milliards de dollars de réserves de change, l’Algérie du pétrole et du gaz aille à cette foutue vente aux enchères et acquière tout le lot ! Qu’elle le rapatrie ici, en Algérie, où ces instruments ont torturé les nôtres. Et que les jeunes générations qui n’ont pas vécu cette période puissent enfin aller voir, se recueillir dans ce mémorial entièrement dédié à l’«œuvre civilisatrice» de Fafa. Mieux ! Que ce mémorial soit inscrit comme étape obligée lors des visites officielles de chefs d’Etat, de responsables et de personnalités débarquant de l’étranger. L’œuvre mémorielle, c’est aussi cela ! En attendant que ce «rêve» puisse se réaliser un jour, fumons du thé et restons éveillés, le cauchemar continue.
Le Fumeur de thé